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La
Sainte Baume de l'Estérel, la grotte Saint Honorat
" A six milles
environ de Fréjus, un puissant contrefort de l'Estérel s'avance
en pointe dans la mer, où il forme le cap connu sous le nom de Cap-Roux
(Capo-Rosso). Dans les flancs abrupts de la montagne, à une hauteur que
l'œil ne mesure pas sans effroi, s'ouvre une grotte sauvage, nid
d'aigle, tanière de bête fauve plutôt qu'habitation humaine. Ce n'était
pas sans
danger qu'un homme pouvait y parvenir, en s'aidant des pieds et des
mains,
en s'accrochant aux angles aigus du roc ou aux branches pendant sur
l'apique. Honorât
et Caprais escaladèrent ces hauteurs, et, pleins de joie, ils prirent
possession de la grotte sauvage, comme ils auraient fait d'un palais. "
(Saint
Eucher. Lérins et l'église de Lyon au Vème siècle - P. André Gouilloud
- 1881).
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"
Honorat (Honoratus) était de famille patricienne. Il naquit à Toul,
d'un père et d'une mère adorateurs des faux dieux. De ce foyer païen,
il y avait loin jusqu'à Lérins, jusqu'à la fondation du célèbre
monastère de ce nom. Mais le Seigneur, qui sait rapprocher les
distances, fraya la route au jeune Honorat, et l'achemina, non sans le
faire passer par bien des épreuves, vers ses futures destinées. " |
"
Dès ses premières années, l'enfant fit paraître une âme ouverte au
sentiment du bien, à la pratique des vertus accessibles à son âge.
Aussi fut-il vivement attiré vers la religion du Christ, dès qu'il put
la connaître. " Regardez bien, deux zones fortifiées sont visibles. |
" Arrivés sur les côtes de Provence (avec Caprais),
les deux voyageurs allèrent se présenter à Léonce (Leontius), évêque de
Fréjus. Ils firent part à ce pontife de leur perte récente, de leurs
projets pour l'avenir, et lui demandèrent l'autorisation de se retirer
en quelque lieu désert de son diocèse, qu'il voudrait bien leur
désigner. Léonce accueillit ces deux hôtes avec la tendresse d'un père
... " |
"
Honorât et Caprais partent de Fréjus. Ils cheminent sans s'arrêter
jusqu'à la montagne, ils cheminent toute la nuit au souffle de la bise
; ils s'avancent par l'Estérel à travers bois et halliers. Au lever du
soleil, les saints arrivent sur la plage d'Agay ; ils tombent à genoux
sur le rivage et conjurent le Seigneur de leur montrer quelque caverne où ils puissent le servir en paix, car d'aucune chose ils n'ont désir si grand. Et ils se relèvent de leur prière. " |
"
Soudain, ils voient venir droit à eux une louve blanche, avec deux
louveteaux. La bête paraissait douce et privée comme une innocente
brebis. Or voilà que de ses dents inoffensives elle saisit un pan de la
robe d'Honorat, et se met à le tirer de son mieux pour inviter le saint
à le suivre. Bientôt après, la louve lâche prise et s'élance en avant
avec ses deux louveteaux. Elle monte, elle monte à travers bois et
fourrés. Et les deux saints de gravir à sa suite. Arrivé à une grande
baume qui s'ouvre dans le rocher, l'animal s'arrête, et regardant les
saints d'un air caressant, il semble leur dire : Voici ma tanière. Moi et mes louveteaux nous la cédons volontiers aux serviteurs de Dieu. Et la louve s'enfonça dans le plus épais de la forêt, où elle disparut avec ses deux louveteaux. Alors les deux saints prirent possession de la caverne, rendant grâce au Seigneur qui avait exaucé leur prière. " |
"
Enfin ils avaient trouvé une retraite favorable à la pénitence et à la
prière, à la vie de l'âme élevée à sa plus haute puissance. La légende
s'est attachée à la découverte et à la prise de possession de cette
grotte, comme les lianes festonnent de verdure et de fleurs un arbre de
la forêt. " |
"
Honorat goûtait en paix les austères voluptés de la vie érémitique,
lorsque la renommée qui s'attachait, malgré lui, à ses pas, vint le
troubler dans la grotte du Cap-Roux. Le saint fut trahi par ses vertus, par la bonne odeur qui s'en exhalait et se répandait de proche en proche sur toute la côte. Bientôt des pèlerins vinrent trouver cet autre Antoine sur sa montagne. Importuné de ces visites, le solitaire songeait à reprendre son essor et à s'envoler bien loin, lorsque, à une impression secrète, il comprit qu'il ne devait point aller planter sa tente loin du Cap-Roux. Du haut de sa montagne, le Seigneur lui montra, dans une petite île, assez rapprochée, la terre de promissions où le lait et le miel couleraient pour lui et pour ses nombreux enfants. Avant de se déterminer, Honorât eut recours aux lumières de Léonce. Enfin, fort des conseils de l'évêque de Fréjus, il arrêta ses vues et ses desseins sur Lérina (île de Lérins). " En 405 Saint Honorat arrive sur l’île de Lérins avec son vieux compagnon Captais et quelques compagnons. Aujourd'hui l'abbaye de Lérins située sur l'île Saint Honorat perpétue le souvenir de l'ancien ermite. |
Laurens Bonhomme,
un autre ermite.
" Comme la mémoire du
juste doit durer toujours, selon
l'Ecriture, je vais tâcher de conserver ici celle d'un serviteur de
Dieu qui a vécu plus de
quarante ans dans le désert de Cauroux près de Fréjus, nommé
communément la
Sainte-Baume. Je l'ai connu particulièrement. Sa naissance était
obscure, mais
sa vertu fut éclatante ; il était illettré, mais Dieu lui donna la
science des
Saints. Il s'appelait Laurens de son baptême, et Bonhomme de sa
famille. Je sais, par le rapport d'un de ses frères, qu'il avait
toujours évité,
pendant sa jeunesse, les danses, les jeux, les assemblées et les
débauches des
jeunes gens de son temps ; qu'il se confessait souvent à un saint
prêtre et qu'il
aimait fort la solitude dès son bas âge. ... J'atteste de plus à la
postérité qu'il
aimait son état, le travail, la prière, la parole de Dieu ; qu'il était
doux,
affable, modeste, bienfaisant, charitable, officieux, pénitent. ... Ce grand désert nourrit des loups, des sangliers et des cerfs ; ces animaux semblaient le respecter et l'aimer, ils ne lui ont jamais nui ; les cerfs, quelque timides qu'ils soient, paissaient tranquillement près de sa cellule et allaient boire quelque fois à la fontaine en sa présence. Une laie passant un jour près de lui avec ses marcassins, frère Laurens eut l'adresse d'en prendre un qui suivait de loin sa mère, et l'apprivoisa si bien, que cet animal le suivait de Cauroux a Fréjus. L'évêque de ce temps là le lui demanda, et il se fit un plaisir de le lui remettre, et cet animal resta dans la cour de l'évêché: Un mois après frère Laurens parlait à quelqu'un sous la fenêtre du palais épiscopal, le marcassin était alors par hasard dans la salle, et entendant la voix de son ancien maître, il monta sur un tabouret qui était devant la fenêtre, et l'ayant aperçu au-dessous, il se jeta en bas pour l'aller joindre et le caresser : ce fait, que tout Fréjus sait, est rapporté dans un livre intitulé : Le bonheur du parfait solitaire. " ... |
... " Ayant été le voir de grand
matin le dernier jour de l'an, je le trouvai sans force, tendant â
l'agonie ; et comme je vis qu'il
remuait les lèvres et parlait tout bas, j'eus la curiosité de savoir ce
qu'il disait ; je baissai mon oreille sur sa bouche et je l'entendis
qui disait :
"Mon Dieu ! Ayez pitié de moi, parce que je suis seul et pauvre" ; ce
qui est tiré du psaume 24, et ensuite il dit : "Mou Dieu ! Je vous aime
de tout mon coeur." Enfin il mourut paisiblement sur les six heures du
soir,
le 31 décembre, âgé de soixante cinq ans, finissant l'année temporelle
1705, et allant, ainsi que nous le croyons, commencer dans le ciel les
années éternelles
qu'il n'avait jamais perdu de vue. Son acte de décès mentionne : " L'an mil sept cent cinq, et le premier du mois de janvier, muni des sacrements est décédé dans le séminaire de cette ville le père Laurent Bonhomme, âgé d'environ soixante-trois ans, ermite depuis quarante et un an de l'ermitage de la Sainte-Baume de Cap Roux ; bon serviteur de Dieu et irréprochable dans ses mœurs, du lieu de Vidauban, et a été enseveli dans le cimetière, ayant été accompagné des Messieurs du clergé, moi vicaire soussigné présent. Signé : Léget, vicaire, Funel, Ordan, Brun." (Description historique du diocèse de Fréjus / manuscrits de Girardin et d'Antelmy - 1872). |
D'autres personnes se recueillent dans une autre zone
fortifiée située un peu plus bas. |
Jean
Cocteau et Notre-Dame
de Jérusalem à Fréjus
Fréjus, après
l'épopée "Cité Romaine" du quartier de La Tour de Mare dans les années
1960, Louis Martinon rencontre Jean Cocteau alors
résidant sur la Côte d'Azur, il le persuade alors de dresser les plans
d'une
chapelle et d'en assurer la décoration. En 1961, le Vatican lui-même
prend contact avec l'artiste qui débordé de travail, fait attendre sa
réponse jusqu'en août 1962. C'est aidé de Jean Tiquenot, architecte
décorateur à Cannes, qu'il commence les travaux en décembre de la même
année.
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La pose de la première pierre a lieu le 24 février 1963
en présence de Monseigneur Gilles Barthe, du maire de Fréjus André
Léotard et de la princesse de Bourbon Parme, marraine de la chapelle. De forme octogonale, la chapelle est coiffée d'un globe et d'une croix potencée de l'ordre du Saint Sépulcre. A l'extérieur, la galerie bâtie en grès vert, rythmée de colonnes et d'arcs plein-cintre est décorée de six mosaïques. |
A la mort de Jean Cocteau en octobre 1963, la chapelle
reste inachevée et c'est Edouard Dermit qui réalise le décor intérieur.
Au-dessus de la porte de gauche, une représentation de la Cène autour d'un verre de vin d'une couleur rouge soutenue qui préfigure le sang du Christ. Jean Cocteau est représenté parmi les apôtres : deuxième en partant de la droite, avec également : Jean marais et peut-être certains de ses familiers. A gauche, le Christ aux outrages. Jésus est couronné d'épines et entouré de deux soldats, l'un juif, l'autre romain. Un ange déployant ses ailes survole la scène. |
Au sol, la Croix du St Sépulcre représente par ses cinq
croix les cinq plaies du Christ (coté mains et pieds). La couleur des
croix (gueules) est le symbole de la vie, de la force et du sang. |
Le Blason pourrait être une interprétation par Jean Cocteau
du blason original des chevaliers du Saint Sépulcre. |
Deux
chevaliers en armes entourés de flammes rappellent la condamnation au
bûcher des chevaliers de l'ordre des Templiers pour hérésie par
Philippe
le Bel, roi de France. |
La figure du Christ. Deux groupes de personnages coiffés de
hauts chapeaux, revêtus de la cape à la croix potencée et tenant en
main
ce qui semblerait être des partitions de musiques, chantent les
louanges du Christ. Le visage de Jésus tracé au fusain pourrait faire
penser au Saint Suaire. |
Aidé par le peintre Raymond Moretti, Jean Cocteau construit
les maquettes des
vitraux des trois portes en taille réelle dans les studios de la
Victorine à Nice les maquettes. Ils seront ensuite réalisés par André
Pélissier, maître
verrier céramiste de la Tour de Mare. La passion, les Croisades, et
plus particulièrement l'Ordre des Chevaliers du St-Sépulcre, sont les
thèmes de cette décoration. |
C'est également grâce à la collaboration de Jean Dermit que
la chapelle ND de Jérusalem voit sa décoration achevée en 1992 avec la
réalisation de six mosaïques décorant la galerie extérieure et
exécutées suivant les maquettes de Jean Cocteau. Les thèmes sont extraits de l'ancien Testament : de la prise de Jérusalem et de l'exil du peuple juif à la renaissance de la ville Sainte à travers sa libération et la reconstruction du temple de Salomon. Ci-dessus, le Centaure symbolise le mal, Babylone commandant à la chute de Jérusalem. |
Le souffle nouveau, le souffle "évangélique" ... |
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