Monastère Notre-Dame
Clémence de La Verne - ancienne chartreuse de la Verne, Collobrières,
massif des Maures
" Les ruines de la Chartreuse de
Notre-Dame de La Verne sont situées sur une petite plateforme rocheuse
de 415 mètres d'altitude, au milieu des collines des Maures, à 12 km
kilomètres de Collobrières. De ce site sauvage, la vue s'étend jusqu'au
golfe de Saint-Tropez et les Maures, découvrant un admirable panorama.
Tout autour, des vallons couverts de châtaigniers, de chênes-liège, de
pins, à travers lesquels court le ruisseau abondant de la Verne.
" Ce magnifique paysage tenta les moines au XIIème siècle, et ils y
établirent leur Chartreuse. La prière leur paraissait plus douce et
plus encline à prendre son vol, sous les châtaigniers bordant les
abîmes, en face de la cime moutonnante des forêts bleues, de la mer
émeraude ou lilas des montagnes toutes poudroyées d'argent et d'or.
Malheureusement les Maures avaient fait école, et les seigneurs de
Bormes étaient aussi friands de rapines que de beaux sites. ... "
(Revue Mabillon : archives de la France monastique - 1931). |
... " Les pauvres moines s'en aperçurent. Et, un certain
matin de l'an de disgrâce 1416, tandis que le prieur Jean Nauge et le
procureur Pierre Bœuf se promenaient innocemment sous les futaies, ils
furent, comme un simple gibier, saisis par des chasseurs à la solde du
sire de Bormes. Ni leur robe, ni leur capuchon, ni la menace du Dieu
vengeur ne purent sauver les deux victimes injuriés, enchaînés,
séquestrés dans une horrible geôle, ils y râlèrent plusieurs jours. Et
peu après, découvrant enfin le secret d'échapper à la traîtrise des
hommes, les deux moines moururent. »
L'histoire de cette maison est complètement inconnue ; tous les
documents anciens, toutes ses archives ont péri dans la tourmente
révolutionnaire ; peut-être quelque épave s'en retrouvera-t-elle un
jour
dans les rayons inexplorés d'une bibliothèque. "
Tels sont les termes qui accompagnent une notice sur cette Chartreuse,
dans l'histoire des Maisons de l'Ordre des Chartreux, écrite par un
religieux, en 1913. En effet, dans les archives civiles on ne trouve
aucun document important concernant ce couvent. Heureusement qu'au
XVIIe siècle, un érudit religieux de cet Ordre, D. Joseph Capus, profès
de Villeneuve-lès-Avignon et prieur de Montrieux en 1665, a laissé un
manuscrit dont le titre porte Fundationes et dispositiones Cartusiarum
Provinciae, 1681, qui donne un inventaire raisonné de tous les titres,
chartes, bulles, etc., qu'il avait vus et compulsés à la chartreuse de
La Verne ; de sorte que si ces originaux n'existent plus aujourd'hui,
on
en possède la nomenclature et la copie complète de quelques-uns. "
|

C'est
vers 1170 que Pierre Isnard, évêque de Toulon et Frédol d’Anduze,
évêque de Fréjus, décident de fonder un monastère pour le vocable de la
Vierge et choisissent l’ordre des chartreux déjà présent à Montrieux,
dans le diocèse de Marseille. La première église romane fut consacrée
le 3 octobre 1174. Elle fut détruite par un incendie et reconstruite.
De la période romane, il reste très peu d’éléments : le mur nord de
l’église ainsi qu’une partie de l’abside (Source WIKIPEDIA).
" Les bâtiments monastiques, comme nous le montre une
gravure conservée à la Grande Chartreuse (ci-dessous), étaient
construits sur le plan adopté par l'Ordre. La haute porte en serpentine
qui existe encore se compose de deux parties : celle du bas dont
l'ouverture monumentale entre deux colonnes en bossage est de style
Renaissance, et la partie haute, au fronton triangulaire, de style grec
avec ses colonnes doriques, qui porte une grande niche vide dans
laquelle devait se trouver la statue de la Vierge, patronne du couvent.
Cette porte, qui constituait l'unique entrée de la Maison, était fixée
dans un mur élevé et crénelé, flanqué de tours de défense à ses
extrémités. Ce genre de construction était très répandu au Moyen-Age
dans ces monastères isolés, afin de pouvoir se défendre contre les
surprises des pillards ou des bandes armées des seigneurs voisins qui
se montraient trop souvent. Une grande cour séparait cette porte de
l'hôtellerie où les étrangers recevaient l'hospitalité. "
|
" Son territoire ne cessant de s'accroître, c'est par suite
de ces
libéralités que la Chartreuse de la Verne devint propriétaire d'une
étendue considérable de terrains - plus de 3.000 hectares lui furent
abandonnés par les seigneurs de Collobrières, de Bormes, de la Mole -
dont la circonscription forma un domaine particulier ne dépendant
d'aucune commune voisine, où elle exerça tous les droits féodaux et
seigneuriaux, en vertu de grands privilèges qui lui furent accordés par
Alphonse 1er, comte de Provence. " (Bulletin de l'Académie du Var
- Emmanuel Davin 1957).
" Pour le temporel, les Chartreux de
La Verne s'occupaient
principalement de l'élevage des troupeaux, qui, devenus trop importants
et ne trouvant plus assez de pâturages dans le territoire de La Verne,
devaient en franchir les limites, ce qui nécessita une demande de
bornage par la communauté de Bormes en 1225, puis de celle de
Collobrières en 1250.
De là surgissent de nombreux procès entre les Chartreux et ces communes
et aussi avec tous les seigneurs voisins; procès qui en plusieurs
circonstances amenèrent ces seigneurs à se livrer à des voies de fait
sur les Chartreux et leur personnel. " Pour exemple ...
|

La
chapelle entièrement restaurée et une
cellule dédiée à la retraite spirituelle.
" En 1416, Dom Jacques Nauge, prieur, et
Dom Pierre Bovis, procureur,
sont surpris par quelques nobles qui les emmènent dans leur château et
les détiennent en prison. Par menaces et molestations, ces nobles
arrivent à extorquer de leurs prisonniers un écrit par lequel ils
renoncent à un droit que la Chartreuse possédait dès sa fondation. La
Communauté de la Verne ayant enfin appris la détention de son prieur et
de son procureur, envoya son vicaire, Dom Pierre Rocelli, pour réclamer
leur mise en liberté, ce qui se fit par acte notarié du 24 Mai 1416.
Trois jours après, les prisonniers furent mis en liberté, mais ils
moururent des suites de leur captivité dans les deux mois.
Le vicaire, devenu prieur, porta l'affaire devant le comte de Provence,
roi de Sicile, Louis II. Le tout se termina par un arrangement conclu
le 3 Octobre 1416, et par la restitution des biens extorqués, tant par
les coupables que par leurs antécesseurs. "
|
Le grand
cloître de la Solitude.
" A la Verne, les sépultures des serviteurs du monastère
s'effectuaient au côté gauche de la croix, dans le petit cimetière de
la Chartreuse. Mais les religieux de cette Maison n'étaient pas
ensevelis obligatoirement dans leur cimetière. Ainsi, les registres
paroissiaux de Bormes contiennent l'acte de décès du Frère Pierre
Vergne, de l'Ordre des Chartreux de la Chartreuse de la Verne, décédé à
la Verrerie le 13 Octobre 1760, âgé de 68 ans, et enseveli dans le
cimetière de la paroisse de Bormes. Ceci s'explique par l'éloignement.
En 1271, un incendie occasionné
par un feu de broussailles qui était
allumé tout proche pour y semer ensuite du blé, selon la coutume du
pays, détruisit le couvent ; mais les évêques de Fréjus, de Toulon et
de Grasse, ne voulant pas voir s'éloigner les religieux, rebâtirent la
Maison et recommandèrent leurs diocésains de contribuer à la
réédification du couvent, leur accordant 40 jours d'indulgence s'ils le
faisaient étant confessés. " (Revue Mabillon : archives de la
France monastique - 1931). La Chartreuse fut incendiée en 1214, 1271 et
1318.
En 1792 " La Chartreuse était en pleine prospérité spirituelle, mais
non temporelle ; elle comptait 16 religieux qui ne
furent pas expulsés, comme cela eut lieu presque partout ailleurs. On
se contenta de les dépouiller de tout l'argent qu'ils possédaient, et
tous les biens furent mis sous séquestre, ne leur laissant que la
maigre pension que l'Assemblée Nationale avait accordée à chaque
religieux, insuffisante pour leur permettre de vivre. "
|

" L'inventaire, qui avait été fait du mobilier, comprenait
les
objets en
argent à l'usage du culte ou de la table du couvent, qui furent
transportés à l'Hôtel de la Monnaie de Marseille. Environ quarante
tableaux décorant les diverses pièces du monastère, quelques-uns de
grande valeur ; les livres de la bibliothèque et un médaillier qui
contenait une collection de 1.300 pièces, tout cela fut livré aux
enchères. Le bel autel en marbre, déjà cité, et attribué à Puget, alla
d'abord à l'église de Collobrières.
Les bâtiments inoccupés furent démolis ou s'écroulèrent ; il ne reste
que ceux dont nous avons parlé au début de cette étude, que les
propriétaires actuels entretiennent. Ils servent à abriter, au moment
de la récolte des châtaignes, si abondantes dans cette région, les
ouvriers employés à la cueillette, quelquefois au nombre d'une
cinquantaine, qui viennent camper dans les salles abandonnées de ces
vastes ruines. Puis un garde ... un garde et les nombreux chasseurs qui
se réunissent pour la chasse aux sangliers ; ils oublient vite, grâce à
leur hôte obligeant, que cette Maison fut autrefois une Maison de jeûne
et d'abstinence. " (Bulletin de l'Académie du
Var - Emmanuel Davin 1957). |

Les ruines de l'ancienne Chartreuse
de la Verne ont été classées par décret du 18
janvier 1921 et arrêté du 22 octobre 1976. Le
1er mars 1961, le service des Eaux et
Forêts devenait affectataire des lieux et contribuait aux premiers
travaux de restauration.
" Les bâtiments actuels sont essentiellement de la fin du XVIIe et du
XVIIIe siècle. On employa pour cette restauration, notamment pour les
parties monumentales (portails, frontons, arcatures...) la serpentine
des Maures, pierre dure de couleur verte mettant en valeur les
encadrements des ouvertures. "
|

Une restauration particulièrement importante. " Précédée
d'une
étude préalable, réalisée
par Dominique Larpin architecte en chef des monuments historiques,
puis un repérage précis, effectué d'une part par l'association des Amis
de la Verne créée en août 1968 et qui était devenue locataire le 15
janvier 1968, et d'autre part du Groupement "R.E.M.P.ART" de toutes
les pierres découvertes dans les ruines environnantes, et enfin une
maîtrise d'œuvre réalisée par Francesco Flavigny, architecte en chef
des
monuments historiques, ont permis une restauration de grande qualité.
" (WIKIPEDIA).
|

" Le nom de Laverne ou La Verne. Cette Chartreuse prit le
nom
de Laverne ou La Verne de celui de la montagne sur laquelle elle était
bâtie ; mais d'où venait ce nom à la montagne ? M. Henri Vienne, ancien
archiviste de la ville de Toulon, essaye de nous renseigner à ce sujet
: "Le champ est ouvert aux conjectures, nous dit-il. Etait-ce de ce
que, suivant la tradition, un petit temple, Sacellum, y a été érigé en
l'honneur de la déesse des voleurs ? D'après Alphonse Denis, on suppose
qu'il existait en cet endroit un temple dédié à Diane, déesse des
forêts, dont le culte avait remplacé celui de la divinité barbare
Laverna.
... Les Chartreux donnaient, dit-on, une étymologie plus simple au
surnom de leur Maison en l'appelant Cartusia verna. Verna était, selon
eux, une épithète qui se rapportait à la douceur du climat. C'est, en
effet, à la Verne que la Grande Chartreuse envoyait les Pères et les
Frères fatigués par les rigueurs du climat dauphinois. Il en était de
même à la Chartreuse de Montrieux.
... Mais nous préférons à tout cela l'étymologie vernus relative au
printemps et qui, comme le dit Henri Vienne, baptiserait mieux la
douceur de ce site, délicieux de la montagne des Maures, dont le nom,
montem mauram, montagne de couleur noire, existait bien avant l'arrivée
des Maures dans dette région. "
|

" Enfin, en botanique, verne ou vergne est le nom
vulgaire de l'aulne. Faut-il croire que cet arbre, tout au moins
l'aulne
blanchâtre, croisssait dans dette région des Maures ? Comme nous le
conseille très justement notre érudit confrérie ! M. Louis Honoré,
ouvrons, à la portée de notre main, le magistral Trésor du Félibrige de
Frédéric Mistral : « Verno, av&rno (Var), vèrni (limousin) vergno
(périgourdin), bergno (gascon), bergne (bordelais), verne (forézien),
(roman, verna, vernha ; bas latin, vergna, vernia ; latin, verna arbor,
arbits: printanier), s.f. Verne, aulne, arbre qui croît au bord des
eaux, voir vèr, vergne ; marécage, en Rouergue, voir palun ; La Verne,
La Vergne, La vergne, Laverhne, Laverny, lies Vernes, Les Vergnes, de
la Vergne, Delaverhne, Verne, Vergne, Vernhe, noms de lieux let de
famille fréquents en Auvergne, Limousin, Périgord, Gascogne et
Rouergue....
La Verno est un nom de lieu humide (palun) très fréquent dans le Midi,
où croissent l'aulne et le peuplier. Est-ce là l'origine de la Verne ?
Mon ami, M. l'abbé Marès, le croit. "
|

" Ce beau site des Maures de Provence a été amoureusement
décrit par Paul Arène, Jean Aicard et, plus près de nous, par Louis
Henseling, le commandant de Civrieux et M. Paul Vialar.
« L'homme qui a construit cette retraite devait être un désespéré »,
disait Guy de Maupassant, avec cette impression de tristesse exagérée
qui le caractérise. L'auteur de Sur l'Eau, ajoute M. Donnadieu,
oubliait que l'âme des moines s'épanouissait devant ce paysage
qui glorifiait la Providence, et ceci mieux qu'une oraison. La prière
montait de leurs lèvres ardentes et ils emportaient dans leurs cellules
cette émotion très douce, très apaisante qu'avait fait naître l'œuvre
de Dieu.
Non, le fondateur de la Chartreuse de la Verne ne pouvait être un
désespéré. " (Bulletin de l'Académie du Var -
Emmanuel Davin 1957).
Toutes les informations sur la vie religieuse et les horaires de visite
sur le site internet du diocèse de Fréjus.
Ruines de la chapelle Saint Pons
|

Au
X siècle, la région était sous la férule de seigneurs qui avaient reçu
ces terres en récompense. A l'endroit du vieux village, les seigneurs
de Pierrefeu édifièrent un château sur un éperon rocheux dominant le
Réal Collobrier. Une église paroissiale baptisée Saint-Pons, en hommage
à son généreux
donateur Pontius, fut élevée à la place de la chapelle (Source OT
Collobrières).
En 1060, le seigneur Pontius de Vicino Castro fit don
de la chapelle du château à l'Abbaye de Saint-Victor à Marseille au
profit de la population. Elle servit longtemps de paroisse comme
l'indique la bulle d'Innocent II : « Ecclesia parrochialis Sancti
Pontii de Çolubrera ». Elle fut abandonnée et remplacée, en 1878, par
une autre, construite sur l'emplacement de la chapelle Saint-Jean.
Chapelle de la
Malière
|

L'étonnante chapelle gothique de la Malière est privée. |
|