50
cm entre les deux
chapelles Sainte
Christine de Cuers et de Solliès
Pont.
Atypique et cocasse
: deux chapelles dédiées à la même Sainte - Christine - sont situées
sur le territoire de deux communes - Cuers et Solliès-Pont - séparées
par
un tout petit espace large de 50 centimètres, c'est la
frontière communale !
" La jeune Christine ne put échapper à l'influence mystérieuse
qu'exerçait sur les âmes, encore pures de la souillure du siècle, la
religion du Christ. Son père Urbain, gouverneur de Tyr en Toscane,
était un zélé réprésentant de l'empire et du paganisme. Il ne
comprenait pas qu'on pût adorer d'autres dieux que les siens, sans
songer en même temps à comploter la ruine de la société et du trône.
Son prétoire était dans son propre palais où tous les jours étaient
traînés les néophytes, pour être jugés et condamnés. "
|

"
C'est par l'interrogatoire qu'on leur faisait subir, que
Christine,
âgée de dix ans, dit la légende, apprit à connaître les préceptes de
l'Évangile. Quelques daines chrétiennes instruites de ses sympathies
pour la nouvelle doctrine, la firent baptiser à l'insu de son père.
Elle poussa, dit-on, sa religieuse ardeur si loin, qu'elle brisa toutes
les idoles d'argent, auxquelles son père attachait un grand prix. Le
châtiment qu'il lui infligea, après de vaines exhortations, fut
rigoureux. Le fouet, la prison, la roue, rien ne put ébranler sa foi,
et son père exaspéré de ne pouvoir triompher de sa fermeté, succomba à
une atteinte apoplectique. " (Bulletin de la Société d'études
scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan - 1868).
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A
gauche, la chapelle Sainte Christine prolongée par l'ermitage Saint
Maur,
tous deux situés sur la commune de Solliès Pont ; et à droite une
deuxième la chapelle Sainte Christine, située elle, sur le territoire
de
la commune de Cuers.
" La garde de l'Ermitage fut toujours confiée à des Ermites, vivant du
produit de leurs quêtes et de leur travail. En 1626, Jacques Fournis,
natif de Besse, fut pris par des pirates : il avait fait voeu de vivre
dans la solitude, s'il parvenait à racquérir sa liberté. Il acquitta
son vœu en se faisant ermite de sainte Christine.
Aujourd'hui même nous avons trouvé là haut un ermite, du moins d'après
ce qu'il a dit, et son extérieur le prouvait assez. Mais qu'y fait-il ?
La plupart du temps il est absent, et quand il est à son poste, il n'a
pas même la faculté de vous montrer la chapelle dont il dit ne pas
avoir la clef. " (Bulletin de la Société d'études scientifiques et
archéologiques de la ville de Draguignan -
1868) |

Entre les
deux : 50 cm !
La commune de Solliès se rend processionnellement trois fois par an à
la
chapelle de sainte Christine : le 1er dimanche de mai, le 8 septembre,
le 24 juillet. Il s'agit de remonter a l'origine de ces trois
processions votives, c'est ce que nous allons essayer de faire.
" La première que l'on avait cru avoir été instituée pour rappeler
l'inondation, qui menaça d'engloutir tout le territoire, le 8 septembre
1651, est évidemment antérieure à cette époque d'après un document qui
mentionne celle de 1650 . Nous croyons pouvoir affirmer, sans crainte
d'un démenti, qu'elle fut motivée par la peste de 1580, époque où le
fléau sévissait tout autour, depuis Grasse jusqu'à Marseille et à Aix,
à la suite de torrentielles pluies de printemps auxquelles succédèrent
d'insupportable chaleurs. Les ravages de cette peste durèrent près de
huit ans. La procession de septembre n'eut pas d'autre motif ni d'autre
occasion. L'une rappelle le commencement de l'épidémie, l'autre en
remémore sans doute la fin. "
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La
chapelle Sainte Christine de Solliès-Pont.
" Un pèlerinage à la Chapelle Sainte Christine (Solliès Pont). Nous
craindrions d'encourir le reproche d'une digression intempestive, si
nous traitions, dans ses minutieux détails et ses plus subtils
délinéamens, la topographie des quatre Solliès et des groupes des
hameaux circonvoisins. Cependant, il nous paraît l'un des plus
délicieux pays de la Provence, ce territoire de Solliès, dominé par de
vieilles tours et de vieux clochers, et entouré par d'immenses jardins
que, de toutes parts, décorent les ruisseaux, les prairies, les vergers
et les élégantes familles des fleurs. ...
Vers la septième heure du matin, fut aperçue la procession qui,
défilant le long de la grande route, se développait sur un espace
d'une centaine de mètres. Elle se composait des vieillards, des jeunes
gens des deux sexes ; des pénitents blancs et des pénitents bleus,
bannière en tête ; de la compagnie des Suisses de la cité, heureux
d'étaler leur rouge uniforme ; enfin, d'un détachement de Dragons
indigènes précédé de leur tambour-major et d'un drapeau gigantesque.
Les Dragons, coiffés d'un tricorne, décorés d'une épaulette en argent,
d'un habit vert garni de parements, de retroussis et de boutons en
étamine aurore, escortaient le dais empanaché de blanches houppes et
illuminé par quatre candélabres. Sous ce dais cheminait le saint
Ministre tenant une petite croix d'argent qui, figurait à ses pauvres
ouailles le grand Consolateur des indigents et des affligés. La troupe
des musiciens-amateurs alternait les psaumes de la liturgie par des
mélodies graves et appropriées à la majesté de la cérémonie. " (Bulletin de l'Académie du Var - 1841). |
La chapelle de Cuers (à droite sur la
photo) fut construite en 1554 et agrandie en 1628 ; celle de
Solliès-Pont (à gauche sur la photo) fut édifiée au XIème siècle. Leur
existence suscita au cours des siècles divers conflits entre les
villageois des deux communes. Ces conflits prirent fin en juillet 1983
lors de la "grande réconciliation". Remarquez le clocher aujourd'hui
disparu.
" La chapelle de sainte Christine est-elle une construction romaine ?
Sur cette question nous n'avons aussi que des données très vagues, et
de document point. Nous sommes pour l'affirmative, en considération de
nos prémisses. Les Sarrasins se seraient-ils réfugiés sur cette colline
s'ils n'y avaient trouvé un abri tout prêt ? Cet édifice est de
modestes dimensions, si l'on ne veut pas y comprendre la bâtisse
attenante à l'usage de l'ermite, etc. Il a une longueur de 8m 40°, et
une largeur de 10m dans œuvre; sa hauteur peut être évaluée à 16
mètres. ...
Malheureusement ces édicules ont subi des changements qui ne permettent
pas, à défaut de document authentique, de vider archéologiquement le
débat. Aussi la façade de la chapelle de Cuers, longeant vers le nord
celle de Solliès, accuse à peine le stylé du XVII° siècle, si toutefois
elle n'est pas plus récente encore. Des pilastres toscans, cannelés, de
calcaire magnésien, tiré évidemment' des environs,' encadrent la porte
d'entrée tournée vers l'Orient. " (Bulletin de
la Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de
Draguignan - 1868). |

"
En ce qui concerne l'histoire de la construction des chapelles
dédiées à Ste Christine, nous ne possédons que peu d'éléments fiables :
d'après le livre de René Jacob " Histoire chronologique de Cuers "
réédité en 2006.
La légende veut que la création de cette chapelle - il est ici question
en théorie de celle de Cuers mais en réalité, c'est
celle de Solliès qui a été édifiée vers le milieu du XI°s - soit
due
à Irénée, Prince d'Achaïe qui, au XI° s fut pris dans une forte
tempête près des côtes provençales, promit alors à Ste Christine
de Tyr, de lui construire un sanctuaire sur le premier lieu aperçu par
lui sur la dite côte. Il semble que depuis sa fondation et ce
jusqu'à la fin du XIX° s, un ermite demeurait et officiait en la
chapelle et que, toutes les années à l'occasion de la fête de la Sainte
(24 juillet) il se faisait un pèlerinage avec fifres et tambours. "
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" En
1707, à la fin du mois de juillet, la chapelle fut pillée de fond
en comble par les troupes du duc de Savoie et du Prince Eugène. A part
cela, on peut dire qu'à l'époque médiévale, les fiefs étaient
d'une part celui de Solliès-Ville, d'autre part, celui de Cuers et que
nous sommes certains de l'antériorité de la chapelle de Solliès -
normalement rattachée à son fief. La chapelle de Cuers a été
édifiée bien plus tard, fin XVI° ou début XVII° s et le pèlerinage de
Cuers à "sa chapelle" n'a donc pas pu commencer
avant. Le bourg de Solliès-Pont date lui aussi de cette époque avec la
construction du nouveau château puisque l'ancien a été détruit à la fin
de l'époque médiévale. Donc, il y a certainement eu une rivalité
après le XV° s entre les deux bourg, avec une sorte de jalousie des
habitants de Cuers qui ont eux aussi voulu leur chapelle.
J'espère avoir répondu à votre attente. Au plaisir de vous voir un jour
peut-être dans notre petite cité ". Merci à Danielle de l'OT de
Cuers qui m'a gentiment transmis ces
informations.
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