Le
four une fois alimenté, le bûcheron devient distillateur.
" Lorsque la provision de matériaux est
suffisante pour assurer à l'homme plusieurs journées de travail, le
bûcheron disparaît, cédant à son tour la place au distillateur.
Celui-ci enlève à la pelle la terre qui recouvre le sommet de la jarre,
soulève la pierre obturant l'orifice supérieur et remplit la cavité
avec les bûchettes préparées, sans faire un arrangement très régulier,
jusqu'au sommet du récipient, dont l'orifice est aussitôt fermé par la
pierre. Puis la terre recouvre le tout : il ne reste plus qu'à
chauffer. " ...
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Photo ci-dessus, 2 vignettes de gauche : le feu est
entretenu dans la galerie entourant la jarre via les 2 évents
correspondant au repère "f" du schéma ci-contre. A centre
et vignette de droite, "la porte" (repère "c") d'où s'écoutera le
produit de la distillation.
... " C'est une opération importante dans sa simplicité. En
effet, si l'on chauffe trop fort, on obtient de « l'huile brûlée »,
utilisable, mais opaque et de vente difficile. Si l'on chauffe
insuffisamment, l'épuisement du bois est incomplet, le rendement est
moindre et le charbon renferme encore de l'huile.
Le feu est entretenu dans la galerie
circulaire, dans laquelle, de
loin en loin, on enfonce très profondément, au moyen d'un long bâton
taillé en fourche, des branches sèches qui s'enflamment aussitôt en
donnant par l'orifice d'entrée une épaisse fumée qui signale de loin la
petite usine champêtre.
La température s'élève rapidement et se
transmet sans peine au bois contenu dans la jarre, la paroi de briques
de celle-ci étant, comme on l'a vu, fort mince.
La combustion du bois de Cade commence par le haut de la jarre et
descend peu à peu ; mais l'huile n'apparaît pas tout de suite.
D'ordinaire, le feu étant allumé de bonne heure, vers 5 heures du malin
par exemple, le premier liquide d'écoulement se montre sous la porte
inférieure de la jarre quatre ou cinq heures après.
Cette « eau », que
le distillateur ne conserve pas, est peu épaisse et de teinte
légèrement brun-rouge ; c'est seulement quelques heures plus tard, vers
deux ou trois heures de l'après-midi, qu'elle s'épaissit et fonce
fortement pour devenir l'huile ou plus exactement le liquide épais qui
donnera l'huile par le repos. En même temps que l'huile sortent sous la
porte des fumées acres et abondantes. "
(Bulletin mensuel
de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - 1911).
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Four à cade à Rocbaron.
... "
Lorsqu'on a chauffé une heure ou deux encore, on peut s'arrêter. On
bouche alors, au moyen de deux pierres plates, les orifices
d'introduction du combustible, et la distillation continue toute seule
pendant la soirée entière et une grande partie de la nuit. En somme,
l'opération totale dure environ vingt-quatre heures ; elle produit de 4
à 6 litres de bonne huile, suivant que la matière est de médiocre ou de
bonne qualité, soit en moyenne 5 litres par chauffe. ...
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Four à cade sur les
chemins du patrimoine à Riboux
... Je
rappelle que la capacité de la jarre est d'environ
un mètre cube ; si l'arrangement des bûches était bien régulier, cela
formerait un stère de bois ; mais la projection, même soignée, par le
trou supérieur et la forme très tortueuse des branches, rendent la
quantité réelle certainement très inférieure. M. Masson estime à 250
kilogrammes le poids du bois contenu dans la jarre lorsqu'elle est bien
pleine. Cela fait environ du 2 %. Beaucoup d'auteurs indiquent un
rendement plus fort ; mais il faut tenir compte qu'il s'agit
probablement de branches décortiquées, presque sans aubier, et qu'on
observe de grosses différences suivant l'âge de l'arbre et suivant le
terrain. ...
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Au
Broussan
et sur les chemins du patrimoine à Riboux.
...
Lorsque l'écoulement a cessé, on ouvre la porte
inférieure de la jarre, et l'on retire le bois transformé en un charbon
qui, à la vue, semble complètement débarrassé des matières résineuses.
Ce charbon est immédiatement jeté dans une excavation d'environ 1 mètre
cube, l'étouffoir, ouverte dans le sol juste devant le four, et
recouvert rapidement de cendres et de terre. " ...
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Jean m'a
transmis ces informations :
"... celui de Siou Blanc porte comme nom : "Signes 05
: four de la Barallière".
... Le
Goudron de Cade recueilli est mis dans des tonneaux où on le
laisse reposer pendant au moins huit jours. Il se forme alors trois
couches :
1° L' « eau
», inférieure. Ce liquide, déjà décrit, n'a aucune valeur ;
il est simplement rejeté ;
2° La « bourbe » ou la « boue » appelée
dans le pays plutôt « fond » ou
« bouse »,
mélange d'huile et d'eau, sorte de lie opaque, noirâtre et non
commerciale. Ce liquide sirupeux, épais, qui correspond au goudron de
bois dans la fabrication de ce produit, est laissé en repos pendant un
temps assez long, et fournit alors une zone boueuse inférieure (l'eau
s'étant rapidement et complètement séparée au premier repos), et une
certaine quantité d'huile de bonne qualité. Plus le repos est long,
plus la pureté est grande. Mais il reste toujours une petite quantité
d'un Goudron non séparable et qu'on rejette ;
3° L'huile de Cade véritable, liquide épais, inflammable, huileux, très
foncé, brun noir par réflexion ou sur épaisseur, rouge par
transmission, limpide et transparent, d'odeur forte, résineuse, de
goudron mêlée de fumée, très désagréable, et de saveur acre et
caustique. C'est ce dernier produit, but même de toute l'opération, qui
constitue la substance commerciale. " ...
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En
montant au Jas de Frédéric à Cuges les Pins.
... Il y a d'ailleurs un autre élément du bois de cadier qui
intervient
dans la formation de l'huile de cade : ce sont les résines. Si, après
avoir privé le bois de cadier d'essence, on le traite par divers
solvants : essence de pétrole, éther sulfurique, on obtient des résines
; et ces résines, soumises à la distillation sèche, fournissent des
liquides plus légers que l'eau qui entrent certainement dans la
composition de l'huile de cade.
Or, ces goudrons plus lourds que
l'eau se dissolvent dans l'essence
de cadier : si bien que l'huile de cade peut être en définitive
considérée comme une solution de goudrons (au sens général du mot) dans
l'essence de cadier, et dans les produits plus légers que l'eau,
résultant de l'action de la chaleur sur les résines solubles dans
l'essence de pétrole et dans l'éther sulfurique que contient le bois de
cadier. ... |
... On
voit que le mot de « Goudron de
Genévrier », qu'on emploie
quelquefois comme synonyme de celui d'Huile de Cade, n'est pas très
exact. « L'huile »
correspond, en effet, plutôt à la couche d'huile
qui
surmonte le goudron de bois, après distillation et repos, et qu'on
nomme « Huile de Goudron », ou même souvent « Huile de Cade des
vétérinaires », dénomination des plus fâcheuses, qui prête aux plus
déplorables confusions, semble légitimer les fraudes, et contribue
certainement à déprécier l'Huile de Cade véritable. Celle-ci devrait
plutôt s'appeler, si l'on veut un synonyme, « Huile de Goudron de
Genévrier », Le vrai Goudron correspond à la bourbe goudronneuse placée
entre l'huile et l'eau. " (Bulletin mensuel de l'Académie des sciences
et lettres de Montpellier - 1911). |
Four à cade au Beausset
Un imposant four à cade
à Cuers, en partie effondré.
De nouveau au Beausset,
un premier
four à cade sur les circuits de "La Maison des quatre
frères".
"
L'huile de Cade ainsi fabriquée ne sort pas de la région. Le
distillateur vend tout son produit directement aux propriétaires de
troupeaux, ou aux bergers du pays. Il lui serait même facile de trouver
le placement d'une quantité plus grande, s'il pouvait la produire. Il
est vrai qu'il est à peu près seul, dans un rayon de pays considérable,
à se livrer à celle industrie.
Or, s'il offre son huile à ce
prix-là aux grandes maisons de
droguerie, on ne lui répond même pas ! L'huile de Cade soi-disant pure,
après prélèvement de bénéfices par tous les intermédiaires est offerte
sur certains catalogues au prix de 1 fr. 40, 1 fr. 25 et même moins.
Mais aussi, elle n'agit pas et les vétérinaires n'en veulent plus. Tout
commentaire affaiblirait l'éloquence de ces chiffres. Dr Louis
PLANCHON, Professeur à l'Université de Montpellier. " (Bulletin mensuel
de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - 1911).
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Le
deuxième
four (restauré) est en parfait état.
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