Chemin privé !
26 - Oppède le Vieux, " une position aussi forte et agréable avait dû être recherchée des Romains, qui firent de ce lieu un Oppidum, d'où dérive le nom d'Oppède. " Sauf que ...

Une origine romaine incertaine. " comme pour la plupart des œuvres humaines, les humbles commencements de ce village se perdent dans l'ombre du passé. C'est seulement vers le XIIe siècle que le nom d'Oppède se trouve mentionné dans des anciens actes (ndlr 1008, selon le site de la commune).


A cause de la similitude du nom d'Oppède avec le mot latin oppidum, dont la signification la plus vulgaire est celle de place fortifiée, et de son emplacement sur un rocher escarpé, qui semble justifier cette qualification, quelques personnes, sans trop approfondir la question et sans fournir d'ailleurs aucune justification à l'appui, ont émis l'avis que le nom d'Oppède pourrait être dérivé d'oppidum.
Mais... Ni dans les ruines du château, pas plus que dans celles des autres maisons du Alliage, on n'a trouvé des vestiges de constructions romaines, des monnaies ou des débris de poteries antiques.

Si on veut bien remarquer que la situation d'Oppède était absolument sans aucune importance militaire, au point de vue de la défense de la province Narbonnaise en particulier, pas plus que pour celle de l'Empire romain lui-même, on comprendra que les Romains n'ont jamais pu songer à faire de ce village une forteresse quelconque. Enfin, le fait que le nom d'Oppède ne figure pas sur la liste des oppida latina de la province Narbonnaise, du temps de. l'empereur Auguste, corrobore tout ce qui précède et semble clore définitivement le débat sur ce point.  Mais dira-t-on peut-être, si Oppède n'a pas été une forteresse romaine, ce village n'en a pas moins été jadis une place forte, justifiant ainsi son nom si caractéristique.  " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).


Le nom d'Oppidum, chez les Romains, définissait d'abord le statut d'une place, d'une ville ... L'Oppidum venait après le municipe (cité italienne conquise par Rome qui conservait son autonomie municipale tout en participant plus ou moins aux droits et devoirs de la cité romaine) et passait avant le bourg.
oppede le vieux aire de battage
" Cet amphithéâtre de maisons étagées les unes au-dessus des autres, le ton chaud et coloré des pierres coupé par des bouquets de verdure, tout donne à Oppède une physionomie italienne. Au sommet du village on est en plein moyen-âge. Comme les habitations tendent à descendre, beaucoup de maisons sont abandonnées ou en ruines. Elles sont toutes de Construction romane. Partout de grandes portes à plein-cintre, dont les voussoirs allongés se lient à la maçonnerie ; partout des substructions en moellons, également cintrées, formant la base des anciens bâtiments. "
oppede le vieux place du village
" OPPÉDE (Oppidum, Aupeda). En 1876 " Cette commune, à 13 kilomètres O. de Bonnieux, 25 d'Apt et 38 d'Avignon, est perchée comme Ménerbes, sa voisine, sur un mamelon, entre le Coulon et et le Lubéron. Population : 1366 habitants (presque autant de nos jours : 1361 en 2016) ; superficie : 3410 hectares. Altitude (clocher) : 300 mètres. Son terroir est fertile : il produit toutes sortes de grains, beaucoup de légumes secs, des pommes de terre, du vin et des fruits. La principale récolte est celle des cocons (ndlr : de soie). ... Oppède possède un hospice, et quatre foires par an, les 6 janvier, le lundi après le 29 janvier, le 10 août et le 22 novembre. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).

En 2018, " 38%  du  territoire de  la  commune  est  constitué de terres  valorisées par l’agriculture ... la  surface  agricole  a  fortement  chuté  depuis  les  années  80 ;  passant  de 691ha en 1988 à 378ha en 2010. Les surfaces agricoles se répartissent en 2/3 de vignes, ¼ de labours et le reste en vergers." (Enquête publique Élaboration du PLU).
" ... quand le désordre devint général, quand les hordes barbares envahirent la Provence, les nécessités de leur défense personnelle obligea les propriétaires agriculteurs voisins à se grouper, pour mieux résister à l'ennemi commun.

Ceux qui s'étaient déjà temporairement retirés sur le rocher d'Oppède, et qui en avaient apprécié les avantages défensifs, vinrent s'y réfugier pour y établir leur demeure. Comme, par la suite, le nombre des maisons dut s'augmenter peu à peu, au point d'attirer l'attention et de faire de cette agglomération un objet de convoitise pour les pillards, les habitants furent obligés d'élever alors une muraille pour fermer l'entrée de leur village, afin de se mettre ainsi tout à fait à l'abri des incursions possibles des bandes ennemies.

Telle semble avoir été l'origine de l'agglomération et des fortifications d'Oppède. C'est probablement à partir de l'époque indécise et indéterminée où ce village a été ainsi mis à l'abri des attaques, qu'il a commencé à être considéré comme une espèce de place forte." (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).


oppede le vieux porche
rue oppede la vieux
" Oppède, qui, en 1209, avait été placé temporairement sous l'autorité du pape, resta compris dans les domaines que le comte de Toulouse, Raymond VII, céda définitivement à Grégoire IX par le traité de Paris, conclu en 1229, entre ces deux princes et le roi de France. C'est en vertu de cette cession, que le pape gouverna paisiblement le comté Venaissin, de 1229 à 1233.

En 1253, " Alphonse de Poitiers, pour connaître tous ses droits et revenus dans le comté Venaissin, fit faire, en 1253, par Beroardi, évêque
de Carpentras, et Bermond, notaire, une enquête sur toutes les propriétés, droits, censes et hommages lui revenant. Cet inventaire constitue ce qu'on appelle le Livre rouge. Ses commissaires vinrent à Oppède le 29 octobre, et reconnurent que le prince y possédait en toute propriété un château avec des jardins, des terres labourables, des bois et des prés. Il avait la juridiction souveraine sur tout le pays et avait seul le four à cuire le pain ; il était également en droit d'envoyer moudre son blé au moulin des Augustins de Sénanque (moulin des Hermitants) en donnant une poignée de blé pour chaque charge (2 hectolitres ou 160 kil.) de blé moulu.


Les particuliers d'Oppède, chevaliers et feudataires exceptés, ayant une bête de somme, devaient une journée de travail pour transporter à la maison du seigneur le bois de chauffage coupé par ceux qui n'avaient point d'animaux de bât. Chaque homme devait également une journée de travail pour la récolte du blé, du foin, des vendanges et pour les semailles.

Oppède n'avait donc pas, à cette époque, de seigneur féodal particulier, et seul le comte de Poitiers, prince souverain, y possédait un château ou maison fortifiée, habité par son représentant. On trouve, en effet, dans sa correspondance l'ordre donné au châtelain d'Oppède de faire envoyer ses chevaux à Avignon ou à Tarascon. Le domaine seigneurial d'Oppède produisait à Alphonse de Poitiers, comme revenu annuel, la somme de 30 livres tournois, et les droits de juridiction lui rapportaient encore 20 livres. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux chapelle saint antonin  penitents blancs
Chapelle Saint-Antonin des Pénitents Blancs.

" Comme dans la plupart des communes, il existait jadis, sur le territoire d'Oppède, plusieurs chapelles rurales ... La chapelle de Saint-Antonin semble avoir été de tout temps une propriété privée, dépendant du domaine de Saint-Antonin, au quartier de ce nom ; on ne peut pas affirmer que le quartier ait pris le nom de la chapelle, mais cela paraît probable. Elle appartient, comme construction, à l'époque romane, mais elle a subi quelques modifications et restaurations depuis le XIIIe siècle.

On ignore la date de la construction de cette chapelle ; on peut dire seulement, au sujet de son antiquité, qu'elle se trouve mentionnée au Livre rouge de 1253, et indiquée dans un acte du 27 avril 1564, sous la dénomination d'église de Saint-Antonin.

Le 25 janvier 1348, un violent tremblement de terre se fit sentir à Oppède et dans tout le Comtat. Durant la même année, la peste ravagea la région en faisant de nombreuses victimes, et le fléau reparut encore en 1360. Le Comtat fut à cette époque envahi et dévasté par les bandes de Tuchins, Malandrins, Routiers, Tard-venus, etc., mais il ne semble pas qu'Oppède ait eu à souffrir de ces invasions. A cette occasion fut rendue " l'ordonnance du 9 mars 1383, par laquelle le légat de l'antipape Clément VII prescrivait que toutes personnes, nobles ou non, devaient garder les portes et les murailles du village, pour la défense commune. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux eglise alydon dolidon
" Église Notre-Dame-d'Alydon ou Notre-Dame-de-Dolidon. " L'église paroissiale d'Oppède est désignée sous le vocable de Beata Maria Dolidonis dans, la bulle de 1546, dans un acte de 1709 et dans une bulle du pape Pie VI, en date du 25 septembre 1779. On ne connaît pas l'origine de ce vocable. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).

" L'église paroissiale, à côté du château, était desservie par un chapitre, dont la fondation était due à Jean de Meynier, premier président au parlement de Provence. Comme elle se trouve éloignée du faubourg, qui est descendu dans la plaine et que les habitants n'ont pu s'entendre encore sur l'emplacement d'une nouvelle paroisse, deux nouvelles chapelles s'élèvent pour la remplacer. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).
oppede le vieux eglise nd Alydon dolidon
" La seigneurie d'Oppède fut inféodée par le pape Alexandre VI, en 1501, au père de Jean, Accurse de Meynier, son ambassadeur à Venise. Clément VII l'érigea en baronnie, en 1529 : c'était la quatrième du Comtat. Elle fut portée en mariage, par la seconde fille de Jean, à François de Pérussis, baron de Lauris, dont la fille unique, Claire, substituée aux biens, nom et armes des Meynier, par testament de son aïeul du 2 juin 1558, la porta à son tour à Jean de Forbin, seigneur de Lafare et premier consul de la ville d'Aix. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).
oppede le vieux vue sur le ventoux
Oppède le Vieux, vue sur le Mont Ventoux

" En 1420, le pape Martin V donna la garde du château d'Oppède à Guillaume des Baux, avec des gages fixes et le titre de capitaine, châtelain et bayle. Celui-ci, en prenant possession de sa charge et trouvant le château dévasté et ruiné par les gens d'armes de Benoît XIII, dépensa 874 florins (environ 10,800 fr.) pour y effectuer les premières réparations nécessaires.

Le 24 mai 1425, il céda son office à Jean Cadard, citoyen d'Avignon, conseiller du roi et seigneur de Beauvezet, qui lui remboursa les sommes déjà dépensées pour les premières réparations urgentes. Jean Cadard, nommé à vie par le pape capitaine, châtelain et bayle d'Oppède, continua les réparations et dépensa de nouveau 2,800 florins (environ 35,000 fr.), dont il fut remboursé par la Chambre apostolique, suivant le procès-verbal d'expertise dressé le 26 novembre 1460. Ce procès-verbal, qui donne la description des travaux ainsi effectués à ce château, aujourd'hui en ruines, permet de se rendre compte de l'importance de sa reconstruction à cette époque. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
chateau oppde le vieux
http://forteresse-oppede.org " L’association “Forteresse d’Oppède” a été créée par Jean-Jacques Lohier en 2013 qui a saisi l’occasion de faire revivre ce site spectaculaire. Les bénévoles qui la composent se rendent régulièrement sur les lieux pour mener des petits travaux d’entretien. Mais aujourd’hui, la menace est grande sur l’intégrité du site et le projet de valorisation prend un tournant plus actif pour permettre son accessibilité. "

" Le château, sur le point le plus culminant, était un de ceux que l'Église se fit livrer par Raymond VI, en 209, pour la sûreté de ses promesses. Innocent III le donna en garde aux moines de Montmajour ; mais cette garde leur étant onéreuse ou inutile, au bout de sept années, ils supplièrent le pape Honorius de les en décharger. En 1411, ce fut un des derniers postes que rendirent les Catalans de Rodrigue de Luna aux troupes du Légat. Une ordonnance du vicaire-général de l'antipape Clément VII. du 9 mars 1383, porte que les personnes nobles d'Oppède seront tenues, comme les autres habitants, de garder les portes et les murailles, en temps de guerre comme en temps de paix (aux archives).

Les Calvinistes n'osèrent rien contre lui, pendant les guerres du XVIe siècle. Aujourd'hui, il est en ruines : des chênes croissent parmi ses décombres. La vieille construction romane est, pour ainsi dire, étouffée au milieu des remaniements opérés pour mettre le château en harmonie avec le nouveau système de défense. La barbacane, la grande tour du couchant et plusieurs courtines sont percées de meurtrières pour les armes à feu. Ces parties ont été ajoutées du XVe au XVI° siècle. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).
opede le vieux
" Comme ce point était sur la limite des Vulgientes et des Cavari, ce pourrait être le Fines des anciennes cartes. L'Itinéraire d'Antonin donne d'Apt à Fines seize milles et douze de Fines à Cavaillon. Cette distance convient parfaitement à Oppède et non aux Baumettes, comme le veulent quelques auteurs. Si l'on fait attention que l'ancienne voie romaine, chemin Romieu actuel, longe la rive opposée du Coulon, on penchera avec plus de raison pour Oppède.

On trouve souvent, au pied de la colline, des fragments de mosaïques, des vases en verre, des monnaies, des lampes, des urnes avec des piédouches d'une argile rouge très-fine, destinés à supporter un vase ou une coupe. Dans le centre on lit généralement le nom du fabricant PRIMVS. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).
oppede le vieux maison médievale

Les Vaudois de Provence, chrétiens des Alpes, déjà proscrits au XIVe siècle.

Début XVIe siècle " Le peu d'importance des événements qui se sont passés à Oppède, depuis sa fondation, a été cause que son histoire s'est trouvée, jusqu'à cette époque, comme liée et confondue avec celle du comté Venaissin. Il en aurait peut-être toujours été de même, sans la notoriété acquise par les barons d'Oppède, qui a mis ce nom en évidence et l'a rendu célèbre. Il en est résulté que la réputation des seigneurs a si bien dominé le renom du village,  que l'histoire de cette agglomération, ne peut pas, en quelque sorte, se séparer de celle de cette famille. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).


XVIe siècle. " Les Vaudois de Provence, restes de ces chrétiens des Alpes déjà proscrits au quatorzième siècle, cultivaient paisiblement le territoire qui s'étend aux environs d'Apt et de Vaucluse, sur les confins du comtat d'Avignon. Sobres, patients, laborieux, ils avaient fertilisé des terres incultes ; et libres dans leurs bourgs et dans leurs villages, ils pratiquaient naïvement la foi de leurs pères et de leurs pasteurs.


Quand l'explosion de la Réforme eut excité les craintes et les poursuites du pouvoir royal, les montagnards de la Provence furent troublés jusque dans leurs retraites. Le Parlement d'Aix leur fit enjoindre d'abjurer leurs croyances ou de quitter le pays. Les Vaudois étant restés sourds à cet avis, le Parlement obtint des lettres de François Ier, qui portaient ordre d'agir contre eux selon les lois, in eos legibus agatur. " (L'Éloquence et le barreau dans la première moitié du seizième siècle - Théodore Froment - 1874).

" Le mouvement vaudois, fondé par le Lyonnais Valdès (ou Valdo, Vaudès - illustration de droite) dans le dernier quart du XIIe siècle, s'était donné pour objectifs la prédication itinérante, confiée à des laïques, et la pratique d'une vie conforme à la perfection évangélique.
" (Universalis). Mouvement parti de Lyon, s'étendant progressivement dans quelques régions d'Europe (Catalogne, Languedoc, Pièmont, Lombardie, Bohème, Brandebourg ...) ; le mouvement ne pouvait que déplaire à Rome, excommuniés en 1184, déclarés hérétiques en 1215, l'avenir était sombre.
oppede le vieux ancienne maison
1545, le massacre des Vaudois ou la triste exécution d'un arrêt des Etats de Provence confiée à Jean de Maynier, second baron d'Oppède.

"  « ... les lieux de Mérindol et autres, qui jusqu'alors avaient été le foyer de l'hérésie, seraient démolis, les maisons rasées jusqu'aux fondements ; que les forts, les cavernes et autres lieux souterrains dans lesquels les Vaudois se cachaient seraient détruits, les forêts coupées et les arbres fruitiers arrachés ; que les.... (dix-neuf personnes nommées dans l'arrêt) ... expireraient dans les flammes ; que les femmes, les enfants, les domestiques même de ces habitants seraient bannis, et que leurs biens seraient confisqués et acquis au seigneur roi, et que personne, soit noble ou roturier, ne pourrait leur donner asile ni secours... » (Papon, Histoire de Provence, t. IV, p. 93 ; Fabre, Histoire de Provence, t. III, p. 163 et suiv.) !


Jean de Maynier, fils unique d'Accurse, est né à Aix le 10 septembre 1495. Reçu docteur à Avignon, en 1620, il fut nommé conseiller au parlement de Provence en 1522. Nommé, le 26 février 1544, lieutenant général du roi en Provence, pour remplacer temporairement le baron de Grignan, il fut contraint, en cette qualité et sur la demande des États de Provence, en date du 15 décembre 1544, de faire exécuter l'arrêt très rigoureux, rendu par le parlement d'Aix, le 18 novembre 1540, contre les Vaudois, habitant les versants du Luberon.

En se reportant aux termes de cette sentence inhumaine, il est facile de comprendre la résistance opiniâtre des Vaudois et les excès commis par les soldats employés à cette expédition et exaspérés par la défense qui leur fut opposée. De concert avec le légat du pape, l'arrêt fut, malgré tout, exécuté dans sa rigueur, en 1545, par les ordres de Jean de Maynier et sous la surveillance de l'avocat général Guérin, commis à cet effet par le parlement. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).

" Une petite armée formée de bandes du Piémont, de milices bourgeoises enrôlées à Aix et à Marseille ; des soldats du vice-légat d'Avignon auxquels s'étaient joints des aventuriers et des fanatiques, envahit le pays des Vaudois. D'Oppède était à la tête des troupes et avait pour lieutenants l'avocat général Guérin et le baron de La Garde.

 Il n'y eut ni résistance ni combat : les Vaudois surpris furent massacrés. Ceux qui échappèrent s'enfuirent dans les bois et dans les montagnes. Mérindol, vide d'habitants, fut livré aux flammes.

Continuant le cours de ses succès, le président d'Oppède marcha sur Cabrières. La place, qui était fortifiée, essaya vainement de se défendre ; ses défenseurs durent ouvrir leurs portes. D'Oppède leur avait promis la vie sauve ; il les fit tous passer au fil de l'épée.


Vingt-deux villages furent envahis et livrés aux flammes : plus de deux mille personnes furent exterminées ; les femmes et les enfants devinrent la proie des égorgeurs. Le peu qui survécut fut vendu par les soldats à des capitaines de galères comme des esclaves. Cette contrée hier si calme et si florissante n'était plus qu'un désert ensanglanté, jonché de ruines et d'ossements. " (L'Éloquence et le barreau dans la première moitié du seizième siècle - Théodore Froment - 1874).
Stèle à Cabrières d'Avignon : " 19-20 avril 1545. En ce lieu de Cabrières du Comtat les 19 et 20 avril 1545, les troupes du Roi et les mercenaires du pape dirigés par Maynier d'Oppède s'unirent pour exécuter les populations vaudoises du Lubéron, retranchés dans ce château  sous la conduite d'Eustache Marron. Cabriérois. "

" Le lendemain vingtième d'Avril, de grand matin on commença la batterie. Et environ huit heures, le président d'Oppède, et le seigneur de Cabrières, et le capitaine Poulain parlementèrent avec les habitants de Cabrières ..." Une sortie possible ? Mais à quel prix : " se retirer au pays des Allemagnes, avec leurs femmes et enfants, sans rien emporter : mais abandonner leurs biens meublés et immeubles ... "

... Mais le tyran d'Oppède, ayant le courage de bête sauvage, fit grande lâcheté, et faussa sa promesse. ... Il fit prendre vingt-cinq ou trente hommes ... qui firent misérablement par les soldats tués et hachés en pièces. ... Le seigneur de Pourriers, gendre d'Oppède, était le plus vaillants à faire ce beau massacre : et pour complaire à son beau-père, s'ébattait à tuer les morts, ôta à l'un la tête de dessus les épaules, à l'autre coupait bras et jambes.

Après le président d'Oppède fit prendre trente-six ou quarante femmes : entre lesquelles y en étaient plusieurs enceintes, et les fit enfermer en une grange et puis fit mettre le feu aux quatre coins. Et quand aucunes pour fuir la flamme du feu voulaient sortir, elles étaient repoussées au feu à grands coups de piques et hallebardes. ... (Histoire mémorable de l'exécution et saccagement du peuple de Merindol et Cabrières et autre circon-voisins, appelez Vaudois - J. Crespin - 1556 ).
1545 massacre vaudois monument cabrieres  avignon
massacre vaudois merindol gustave dore A Mérindol, des soldats " avaient pris dedans l'église de Mérindol plusieurs femmes ... pour mener à Cavaillon et à Avignon.

Et " ... en cheminant firent chacun leur plaisir desdites femmes et filles ... Eux arrivez à Lauris dépouillèrent lesdites filles & femmes toutes nues et les firent tenir par les mains comme en une danse, et ainsi les firent aller par la ville et autour du château, les battant et frappant inhumainement ; et aux vieilles mettaient des cornets de papier, pleins de poudre à canon et parties honteuses devant et derrière, puis y mettaient le feu.

Après ils les menaient sur le haut du rocher qui est prés du château, leur faisaient dire leur Pate Noster, puis leur donnaient du pied, et les faisaient  tomber au bas du rocher  ; et s'ils les trouvaient en bas encore en vie, ils les achevaient à coups d'épées et de pierres, comme chiens enragés. " (Histoire de l'exécution de Cabrières et de Mérindol et d'autres lieux de Provence -  Jacques Aubéry - 1555).


Massacre de Mérindol - gravure de Gustave Doré (1832-1886).

Le blason des Vaudois.

Créé en 1668, u
n chandelier posé sur la Bible couronné de 7 étoiles représentant les sept églises persécutées de l'Apocalypse.

I
l faudrait ajouter la devise du mouvement vaudois "Lux lucet in tenebris" (La lumière luit dans les ténèbres).
oppede le vieux fenetre
LE PROCES. " Après la mort du roi François 1er, et sur une nouvelle dénonciation, le roi Henri II fit évoquer l'affaire des Vaudois devant le parlement de Paris, qui, après une enquête minutieuse de quatre années consécutives, durant lesquelles Jean de Maynier resta en prison, prononça, le 2 novembre 1553, son acquittement, en déclarant qu'il n'avait fait qu'obéir aux injonctions du parlement de Provence. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).

" Malgré cette indignation unanime, malgré l'éloquent plaidoyer d'Aubery, malgré l'évidence des crimes qui retombaient sur l'accusé, l'issue de ce procès trompa l'attente générale. « Exitus judicii spem omnium frustratus est, » dit de Thou. Le baron d'Oppède et les conseillers du Parlement d'Aix furent absous. Seul l'avocat général Guérin expia la faute de tous : il fut condamné à mort. " Et exécuté ! (L'Éloquence et le barreau dans la première moitié du seizième siècle - Théodore Froment - 1874).
" Le baron d'Oppède reçut même, au sujet de cette affaire, une lettre de félicitations du ministre du roi, en date du 18 décembre 1553. A la suite de l'arrêt du parlement de Paris, il fut, en 1554, rétabli dans ses honneurs et dignités et reprit possession de ses fonctions de premier président. C'est à cette époque qu'il fit graver, sur la porte de son hôtel, cette devise : Veritas omnia vincit.

Jean de Maynier n'a jamais habité le château d'Oppède et n'a pas été, comme il vient d'être dit, inhumé en l'église de ce lieu. Sur ce point, on ne s'est pas conformé aux dispositions de son testament du 20 septembre 1546, dans lequel il disait : « Je veux que mon corps, n'importe où je mourrai, soit enseveli selon le rite catholique, dans l'église d'Oppède, en ma chapelle et dans le tombeau que je charge mes héritiers de faire construire, pour perpétuer la mémoire vénérée de mes aïeux et parents... ».
Timoléon Marie Lobrichon - La fuite des Vaudois pendant les massacres de Mérindol et Cabrières - 1863
Avec Jean de Maynier s'est éteinte la ligne directe des premiers barons d'Oppède, dont les biens, les titres et les armes ont passé par substitution à une ligne collatérale, en vertu du dernier testament en date du 2 juin 1558. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux vieille porte oppede le vieux vieille fenetre
" En 1564, pour mettre le village d'Oppède en mesure de résister à une attaque, en cas. de retour de l'armée protestante, il y fut envoyé de Cavaillon 100 arquebusiers. Au mois de novembre de la même année, la peste se déclara dans, ce village, et fit d'assez nombreuses victimes ; au mois de janvier 1565, un abaissement extraordinaire de la température fit périr un grand nombre des oliviers de la région. ... " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux rue
Météo, loups, coupes sauvages et tremblement de terre. " Le 20 octobre 1652, un débordement des eaux du torrent du Caulon causa des grands dommages dans le terroir d'Oppède. ... En 1660, une grande sécheresse se fit sentir dans la région. ... En 1727, pour encourager la destruction des loups, il fut attribué aux habitants du village une prime de 3 livres par chaque loup tué. ... En juin 1731 eut lieu un tremblement de terre qui occasionna des dégâts à certains édifices. En 1744, d'après M. Bancal, il fut ouvert à Oppède la première école, et le rescrit du vice-légat qui l'autorise porte que la maîtresse recevra 10 écus par an. ... En 1777, des poursuites furent exercées contre divers habitants pour coupes abusives de chênes-verts effectuées dans la forêt du Luberon. Le torrent du Caulon déborda, en 1788, et dévasta le territoire. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux porte oppede le vieux porte
Fin XVIIe siècle, " Dans cette période naquit à Oppède Jean-Ange Maucord, sculpteur de grand mérite, qui y fut baptisé le 5 octobre 1673. Il se retira ensuite à Toulon en 1781, où, en qualité de maître entretenu de la marine, il fit construire, en 1738, la superbe porte de l'arsenal ; il y mourut le 12 janvier 1761, à l'âge de 88 ans. Ange Maucord est digne de figurer en bon rang dans, la liste des sculpteurs français; il honore grandement son pays, où il est malheureusement à peu près complètement oublié, quoique sa mémoire mérite d'être consente. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux rue est
" Nonobstant la décision prise, en 1789, par l'assemblée des trois États de la province, réunis à Carpentras, de repousser la demande formulée au sujet de la réunion du Comtat à la France, l'assemblée des États généraux, composée des députés de toutes les communes, réunie à Carpentras, adopta d'abord, le 29 mai 1790, la constitution française et les décrets de l'Assemblée nationale, dans tout ce, qui était compatible avec les convenances locales et le respect dû au Souverain-Pontife. Puis, pour mettre un terme à l'état de trouble et de guerre intestine qui désolait le pays, les habitants de Carpentras, réunis le 14 juin 1791, en assemblée générale dans l'église de Saint-Siffrein, et se ralliant aux demandes présentées par les habitants d'Avignon le 12 juin 1790, supplièrent l'Assemblée nationale et le roi de les réunir, à la France.

Un décret des 14 et 23 septembre 1791 annexa alors le comté Venaissin, et par suite, Oppède à la France. " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux passage
" Son territoire fournit aussi la plus belle pierre à bâtir du département : blanche, tendre, durcissant à l'air et y prenant une espèce de vernis. Comme elle gît par masses énormes, et non par couche, on en tire des blocs immenses, propres aux grands ouvrages d'architecture. Son grain, sans être d'une extrême finesse, est si uniforme, si égal, qu'il ne laisse pas deviner son lit et que la pierre peut être posée dans tous les sens. On s'en est servi à la façade de l'hôpital de Carpentras. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876)
oppede le vieux porte
" Après l'annexion du comté Venaissin à la France, c'est-à-dire à partir du 14 septembre 1791, le village d'Oppède n'a pour ainsi dire plus d'histoire particulière. Simple commune de l'arrondissement d'Apt, sa vie municipale suit le mouvement général que lui imprime l'administration supérieure, et sa situation isolée l'empêche d'être mêlée d'une façon directe et active aux luttes et aux révolutions politiques du pays. D'autre part, le baron d'Oppède n'étant pas le seigneur féodal de ce village, la suppression des droits, censes et revenus de ce fief particulier n'eut aucune conséquence sur l'organisation de la localité." (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
oppede le vieux maison medievale petit four gabrielli
Maison médiévale, dite du Petit four, ou Gabrielli (4 maisons du XIII, XIV, XVIe siècle remaniée au XVII, XVIII et restaurée au XXe

" Comme les membres de la famille Forbin d'Oppède n'émigrèrent pas durant la Révolution, leurs biens ne furent pas confisqués, et le château d'Oppède resta toujours leur propriété. ...

Parmi les riches familles nobles ou bourgeoises habitant le village d'Oppède, on peut citer celles des Catelan, des Jauffret, des Flaux, des Peliden, des Piot, des Roland, etc. De plus, le duc de Caderousse, le seigneur de Maubec, les sieurs de Guilhem, de Gabrielli, Roger de Châteauneuf, de Soissac, etc., possédaient de belles maisons à Oppède. Le chapitre de Saint-Agricol d'Avignon y avait également une maison. " ...

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" ... comme sous la Révolution, l'ancien intendant du baron n'osait peut-être rien faire pour défendre les droits de la famille Forbin d'Oppède, une espèce d'impunité sembla accordée aux premiers pillards. Ce fut évidemment, sous le concours de ces circonstances que dû s'accréditer l'opinion que, par suite de l'abolition de la baronnie, le château d'Oppède, quoique propriété privée, était devenu un bien commun, dans lequel les habitants du village pouvaient prendre ce qui leur convenait. "
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" Aussi, sous l'empire de ces idées, la destruction de cette demeure prit peu à peu un caractère général, et dégénéra enfin en vandalisme, lorsque les enfants en firent le théâtre de leurs jeux destructeurs. Les intempéries vinrent ensuite en aide à l'œuvre des hommes, pour compléter la ruine du château. "
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" Telles semblent avoir été la cause et la marche progressive de la destruction de cette habitation seigneuriale, chose dont personne n'a jamais rendu compte d'une façon précise. Il faut remarquer que, depuis 1648, dernier séjour du baron de Forbin-Maynier, on ne signale ni invasion, ni siège, ni incendie ou pillage à Oppède ; que nul n'a parlé d'un soulèvement des habitants contre le seigneur, et que les bandes armées qui, de 1790 à 1795, dévastèrent le Comtat et vinrent jusqu'à Ménerbes, ne sont pas signalées à Oppède, ce qui pourrait même faire croire que son château était déjà dévasté à cette époque. Or, puisque l'état de ruine du château existe, si on exclut toutes les causes étrangères, brusques et violentes, on est alors forcé d'admettre une action dévastatrice locale, lente et continue, dont la responsabilité ne peut incomber qu'aux seuls habitants du village. "
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" Le marquis de Forbin d'Oppède est mort, sans postérité, le 28 février 1900, dans son château de Saint-Marcel, près Marseille, et a été inhumé à Aix. Avec lui s'est éteinte l'illustre famille des Forbin-Maynier, barons d'Oppède et marquis de la Fare. "
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" Le village d'Oppède, éloigné de tout courant industriel, ou commercial, devait surtout sa prospérité à l'agriculture et aux familles riches, nobles, et bourgeoises, qui s'y étaient fixées et auxquelles le château, même inhabité, servait de point de ralliement. Aussi, sa destruction a eu une conséquence à laquelle les habitants, auteurs peut-être inconscients du fait, étaient loin de s'attendre c'est la ruine lente et continue du pays. "
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" Après la destruction du château, les familles aisées que rien ne retenait dans le village l'ont quitté peu à peu ; la consommation locale ayant, par suite, diminué, les petits commerçants ont abandonnée leur tour cette localité et, actuellement, les habitants qui y séjournent encore ne doivent point s'étonner de voir les maisons abandonnées tomber en ruine. C'était fatal : la ruine du château devait entraîner celle du village !

" Il y aura peut-être encore dans l'avenir une commune d'Oppède, mais sur l'emplacement de cet ancien village il n'y aura bientôt plus que les décombres des anciennes maisons abandonnées et écroulées, servant de cadre lugubre aux ruines du château des anciens barons. C'est ainsi que toutes les choses s'enchaînent et s'entraînent tour à tour dans le passé. Telle est la philosophie de l'histoire ! " (Mémoires de l'Académie de Vaucluse - 1901).
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Croire en l'avenir car aujourd'hui " La commune d’Oppède est caractérisée par un cadre naturel et culturel très attractifs. Oppède-le-Vieux  voit  passer  100000 visiteurs par an. L’offre en hébergements touristiques est importante. " (Enquête publique Élaboration du PLU).

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