21
août 1944, Evenos, le lieutenant de vaisseau
Louis
REVEL, le matelot Jacques ROUX. 21 août 1944, le lieutenant Girardon, tombés avec 11 de ses hommes lors de l'attaque du fort du Coudon.
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21 août 1944, stèle du LV Louis Revel
sur le
massif du Croupatier (commune d'Evenos)
Il y a plus de dix ans, en randonnant sur le Croupatier, plateau du nord-ouest toulonnais, sous le Baou des 4 Oures, je m'étais étonné de découvrir une tombe isolée mentionnant : " EV Louis Revel, mort pour le France, 21 août 1944 ". M'interrogeant sur ce triste destin, la présence d'un corps, je laissai une question sur mon site, appelant à me renseigner sur l'histoire de cet homme. |
Quelques
mois plus
tard, je recevais ...
De Marcel : " Le LV Louis REVEL a été tué lors d'une escarmouche le 21 août 1944, date de libération de la commune d'Evenos. Officier des Marins Pompiers de Toulon (commandant la 3ème compagnie) il venait de prendre des instructions et de l'armement à l'Etat Major des troupes de libération au REVEST et regagnait Toulon en passant par le Croupatier pour éviter les allemands présent dans les quartiers nord de Toulon. En cours de route ses hommes et lui eurent un accrochage avec dres allemands et se dispersèrent. REVEL continua sa progression avec un de ses hommes vers le Croupatier où était posté un groupe de tiralleurs algériens. Ces derniers alertés par les tirs accueillirent les deux marins français par un feu nourri croyant avoir à faire avec des ennemis. Louis REVEL fut mortellement touché au cours de cette méprise et la stèle du Croupatier marque l'endroit où il fut provisoirement inhumé. Aujourd'hui il repose au carré militaire du cimetière de Lagoubran à l'ouest de Toulon. Il avait 28 ans et déjà un passé glorieux. Il s'était notamment opposé à l'entrée des troupes allemandes dans l'arsenal de Toulon au cours du sabordage de la Flotte. La stèle, où vient se recueillir sa famille chaque année, est aujourd'hui entretenue par les Marins Pompiers de Toulon. " Henri : " Une cérémonie à laquelle j'ai participé s'est déroulée le samedi 30 juin au Croupatier à la mémoire du LV REVEL. Il semblerait que l'enseigne de vaisseau REVEL, pompier, et 8 de ses hommes ont traversé les lignes allemandes pour rejoindre les alliés sur le plateau du Croupatier. Au cours de l'ascension, ils ont eu des escarmouches avec les allemands. La compagnie de pompiers s'est disloquée. L'EV REVEL et un de ses hommes ont continué pendant que les autres faisaient demi-tour. Ils auraient tués 2 allemands en cours de route (enterrés à la gipière). Malheureusement, dans la nuit, en arrivant sur la plateau, les tirailleurs marocains les ont confondus avec les allemands et ont fait feu. L'EV REVEL a été tué et son camarade blessé. C'était le 21 août 1944, la veille de la libération de Toulon. " |
Et quelques années plus tard ...
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Louis, Marcel, Marie, Joseph Revel était né
le 09 février 1916
à Roanne, département de la Loire. Il
avait été admis à l'Ecole Navale qui forme le officiers de
carrière de la Marine nationale en 1936, promu enseigne de vaisseau de
2ème classe en 1938, enseigne de vaisseau de 1ère classe le 1er janvier
1940, il fut élevé au grade de lieutenant
de vaisseau à titre posthume le
20 août 1944. Il fut successivement affecté sur le croiseur Gloire, l'aviso-dragueur Commandant Duboc basé à Toulon, sur le sous-marin Marsouin à Bizerte, à l'Unité marine de Beyrouth avant de revenir à Toulon pour servir à terre, à bord du contre-torpilleur Vauquelin et enfin au Bataillon des marins-pompiers. |
Près de 60 ans séparent ces photos. La croix a été changée mais la plaque
sommairement gravée et bien que fendillée est toujours là. Cette
dernière mentionne le grade d'enseigne de vaisseau alors que l'actuelle
(voir infra) le désigne
lieutenant de vaisseau. Par ailleurs, le lieutenant de vaisseau Louis Revel a été cité à l'ordre du Corps d'armée avec Croix de guerre avec palme et Etoile de vermeil : " Modèle d'esprit militaire, s'est porté, le 21 août 1944, avec un groupe d'hommes, au devant des troupes d'investissement dans la région de Toulon pour y établir le contact avec un bataillon du 3e RTA. A été tué au cours d'une escarmouche, alors qu'il rejoignait les lignes françaises. " (décision n°111 E.M.G./3 du 15 novembre 1944). |
Le
LV Louis Revel reposa un temps à ... (endroit ?) aux côtés de (?) avant
de rejoindre le Carré Militaire du cimetière de Lagoubran. Emmanuel
Dissais pense que l'inhumation provisoire a eu lieu au Revest les Eaux. Si quelqu'un connait
- reconnait - cet endroit, vous pouvez m'écrire grâce au formulaire en
bas de page.
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Les tombes de Jacques
Roux et Louis Revel.
La tombe du LV Louis Revel est à droite. Remarquez la plaque au pied de la croix, elle mentionne " Le groupe Chaffois, à son chef regretté, en témoignage d'admiration ". Elle orne toujours la tombe du marin pompier, voir ci-après. " Une énigme sur le compagnon d'infortune qui repose aux côtés du LV Louis Revel, le travail d'agrandissement ne suffit pas à lire correctement le nom gravé sur la croix, peut-être "Roux" ou "Dour", ou "Bour" Là aussi, j'avais laissé cette question en suspens sur le site en espérant un jour une réponse. Quand ... |
Emmanuel Dissais,
opiniâtre, me transmettait quelques jours plus tard : " j'ai identifié
le 2ème soldat : il s'agit de Jacques (Ovide Hilarion) ROUX, Mort pour
la France le
22-08-1944 (Le Revest les Eaux, 83 - Var), Né le 26-04-1924 à
Uzès (Gard) - carrière/statut
: militaire - Marine - Grade : matelot radiotélégraphiste - unité :
bataillon des marins pompiers (BMP) de Toulon. Mention Mort pour la
France. Cause du décès tué au cours de la libération de Toulon.
Effectivement, son nom figure sur le monument aux morts d'Uzes, photo
ci-contre (colonne de droite, 10ème nom). Si vous revenez au récit d'Henri un peu plus haut vous pourrez lire " l'EV REVEL a été tué et son camarade blessé " peut-être s'agissait-il déjà du matelot Roux, mort de ses blessures (?) le 22 août ... Photo geneanet.org
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La tombe du LV Louis Revel au cimetière
de Lagoubran à Toulon |
Le Carré Militaire du cimetière de Lagoubran à Toulon. |
La
tombe du LV Louis Revel. Derrière le bouquet, couchée sur le gravier,
la plaque que nous avons pu observer plus haut et qui ornait déjà la
sépulture : "
Le groupe Chaffois, à son chef regretté, en témoignage d'admiration ",
voir la photo ci-dessous à droite. |
Je
souhaiterais compléter cette page par quelques informations sur le
groupe Chaffois car je ne possède aucune information sur celui-ci, je
vous propose donc de m'écrire grâce au formulaire en bas de page et
vous remercie par avance. |
Le Carré Militaire
(cimetière de Lagoubran
?) avant sa restauration. Le LV
Louis Revel repose, comme aujourd'hui, aux cotés de Jean Heim, adjudant
au 411ème BA (1913-1942). Si quelqu'un peut me confirmer qu'il s'agit déjà du Carré Militaire du cimetière de Lagoubran (m'écrire grâce au formulaire en bas de cette page) ? |
Attribution de la Légion d'honneur - extrait du Journal officiel de la République française du 29 juillet 1941. |
Paru au Journal officiel le
29 juillet 1941, l'enseigne de vaisseau Louis Revel a été nommé
Chevalier de
la Légion d'honneur pour prendre rang du 8 juillet 1941 : " ... officier remarquable. D'un courage calme et réfléchi et d'un parfait sang-froid, chargé d'installer des observatoires côtiers entre Saïda et Damour, a pleinement réussi, sous le feu, à renseigner le commandement avec précision et une constante et intelligente compréhension de la situation. Blessé le 19 juin 1941 au cours d'une liaison, a tenu à achever sa mission avant d'être évacué. Le 7 juillet 1941, détaché au poste de guet de Damour, apprenant que le poste de commandement du colonel commandant le secteur, était encerclé par l'adversaire, a contre-attaqué avec les 7 marins de son personnel, assurant toutefois la permanence du guet. A réussi à dégager le poste de commandement et à sauver les officiers qui s'y trouvaient. Après avoir protégé le repli de ces officiers, est revenu dans Damour rechercher le corps d'un de ses marins tué au cours de l'action et l'a enterré. N'a cessé de lutter toute la nuit, contre les éléments britanniques qui s'étaient infiltrés dans nos positions." |
Le monument aux morts d'Evenos, le LV Louis Revel, Léonce Bonifay et André Magnien |
En passant par Evenos je retrouvai un autre hommage au LV Louis Revel sur le monument aux morts du village : "Lt de vaisseau Louis Revel mort pour la France le 21/08/44 à l'âge de 28 ans lors des opérations de libération d'Evenos". |
Deux
autres noms figurent sur ce monument :
- " BONIFAY Léonce, 114ème d'infanterie mort pour la France le 18 juin 1915 ".
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- André MAGNIEM. " Ici est
mort pour la France
Magniem André, maréchal des logis au 7ème RCA le 21/08/44 à l'âge de 23
ans ". Il était né le 20-12-1921 à Toulon. Après le débarquement de Provence les troupes alliées foncent sur Toulon, elles passeront notamment par Evenos où le fort Pipaudon est tenu par les Allemands. La place forte bombardée dès le 17 août 1944 ne tombera finalement que cinq jours plus tard, le 22 à 18h30, "assommées par d’incessants tirs d’artillerie". Sainte-Anne est libérée le 21 août par le 4ème escadron de Spahis qui arrive du Beausset. Le 7ème RCA (Régiment de Chasseurs d'Afrique) peut partir à l'assaut d'Evenos et de sa forteresse. Les chars avancent, mais "alors qu’ils se trouvent devant le monument aux morts des obus tirés du Gros Cerveau s’abattent sur eux. André Magniem, chef du char TD (Tank Destroyer) Dragon 2, est tué. Il venait de quitter sa tourelle pour examiner la situation". (source mairie.evenos.free.fr/doc2010/ presse/revel.pdf - M.B.L.). "C'était un chic type" dira de lui Lucien Lozza, pilote du char. Passage obligé par le site www.chars-français.net pour lire un article sur A. Magnien et l'évènement tragique du 21 août. Interrogation orthographique : le monument aux morts d'Evenos orthographie Magniem, avec un "M" alors que les sites "Mémoire des hommes" et "Chars-français" l'écrivent avec un "N" ? |
De gauche à droite Jean CASTERAN – André MAGNIEN – Henri MARTINEZ – Marcel VALENTE – Lucien LOZZA (http://www.chars-francais.net) |
A droite, le monument aux
morts d'Evenos au sortir de la
guerre. Il y
manquait la plaque rendant hommage au LV Louis Revel. La reconstruction de ces histoires s'achève ici, elle laisse encore quelques interrogations qui trouveront peut-être des réponses dans les prochains mois :
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La Marine Nationale, " Cols Bleus " et le LV Louis Revel |
Il y a quelques mois, en sillonnant les chemins du Croupatier, un chasseur de Six-Fours découvre une stèle cachée par un bosquet. Il s'agit de celle élevée à la mémoire de l'EV Louis Revel, tué le 21 août 1944, jour de la libération d'Évenos. L'information parvient au président des anciens combattants d'Évenos, Marcel Leguay qui entreprend des recherches. Pendant les premières années de l'Occupation, l'EV Revel demeure en situation d'activité sur les bâtiments de la Marine à Toulon. En 1942, il prend une part active au sabordage de la flotte et rejoint aussitôt les rangs de la Résistance, puis ceux des FFI qui préparent le Débarquement. Quand il se produit, Louis Revel se met au service des troupes alliées dès qu'elles arrivent au contact. Le jour du drame, avec ses hommes, il devait être en position d'observation sur les hauteurs du Croupatier et a probablement été atteint par des tirs de l'artillerie allemande. Il a été élevé au grade de lieutenant de vaisseau à titre posthume. Lors des cérémonies marquant le 60" anniversaire de la libération d'Évenos, les personnalités civiles et militaires se sont rendues pour la première fois devant cette stèle pour rendre un vibrant hommage à l'officier disparu. La plaque à la mémoire de ce valeureux marin, scellée au fronton du monument aux morts sur l'initiative des anciens combattants d'Évenos, a été inaugurée au cours de la cérémonie." |
Ci-dessous, un autre extrait du magazine "Cols Bleus", hebdomadaire de la marine nationale, édition du 25/07/2009 : " Evenos rend hommage aux marins-pompiers de Toulon. Évenos et le marins-pompiers de Toulon scellent leur parrainage". La ville d'Évenos a accueilli, dimanche 28 juin, une délégation de la compagnie de marins-pompiers de Toulon afin de sceller le parrainage qui les unit. Des liens très étroits ont en effet déjà été tissés depuis de nombreuses années autour d'un nom : Louis Revel. Officier en second de la compagnie des marins-pompiers de Toulon, Louis Revel commandait une section de résistants lorsqu'il fut abattu sur la commune d'Évenos le 28 août 1944. Le corps de ce héros de la résistance a été enterré sur place avant d'être déplacé dans le carré militaire du cimetière de Toulon quelques années plus tard. Une stèle marque l'endroit de sa première sépulture et son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune. Depuis plusieurs années les marins-pompiers se sont engagés, en collaboration avec la mairie d'Évenos, à entretenir cette stèle et à assister chaque année aux cérémonies de libération de la Provence. " ... |
...
" Ensuite, sous l'égide de M. Moukbirian, délégué
général de
l'association des villes marraines, et en présence du CV Wilz,
représentant le préfet maritime de la Méditerranée, de nombreux élus,
des représentants des associations d'anciens combattants, M. Legay,
maire d'Évenos, et le CF Charenton, commandant la compagnie de
marins-pompiers de Toulon, ont signé la charte avant d'en faire la
lecture et d'échanger les traditionnels cadeaux. Ainsi s'est achevée
cette cérémonie, en souvenir de Louis Revel, mais aussi en celui de
tous les marins-pompiers morts en service. " |
21
août 1944, le lieutenant Girardon, tombés avec 11 de ses hommes lors de
l'attaque du fort du Coudon.
Progrès de l'artillerie faisant, le besoin d'éloigner les places fortes protégeant Toulon font l'objet d'études dès 1867, elles concernent alors la création de fortifications sur La Colle Noire, le Mont Caume, le Croupatier, le Gros Cerveau, le Thouars, Six-Fours et le Coudon. En 1878, le projet de fortification du Coudon est approuvé autour d'un fort à l'Est (aujourd'hui Fort Girardon, ancien Fort du Coudon) associé à des batteries dont le fortin du Bau Pointu (initialement Ouvrage de la Bergerie). La construction commence en 1879 et s'achève en 1884. " Après 1883, l'effectif total de la garnison d'artillerie était fixée à 336 hommes. L'artillerie des ouvrages du Coudon comprenait deux canons de 24 cm, seize canons de 155, quatre canons de 120, quatre canons de 7 cm et deux mortiers de 22 cm. Le fort Est n'étant armé que de huit canons de 155 et de deux canons de 7 cm. Le poids total de poudre que pouvait contenir le magasin à poudre (la plus grande salle en casemate) était de 146 tonnes. " (Cols Bleux - ed du 30/07/1983). En 1943, une garnison de la Kriegsmarine allemande occupe le fort. Ce dernier sera repris le 21 août 1944, par le capitaine Ducournau, à la tête d'un commando de choc des Commandos d'Afrique, mais des hommes vont tomber, dont le lieutenant Girardon qui laissera son nom au fort rebaptisé ainsi en hommage en 1946. |
Après
s'être égaré dans son approche le 20 août 1944, le Groupe des Commandos
d'Afrique décide d'attaquer le fort le lendemain 21 août. Le colonel
Bouvet
a confié le commandement des 1er et 3ème
Commandos de l'opération au capitaine Ducourneau
qui s'était déjà illustré au fort blockhaus de Mauvanne. Après quelques escarmouches contre des patrouilles allemandes, les unités de tête sont à proximité immédiate de l'ouvrage mais la garnison bloque leur avance. C'est alors que Ducourneau décide d'escalader la muraille nord avec les sections Chauchon et Maury. Il se déchausse et escalade le premier la muraille, pieds nus, profitant des pavés de l'arête du fort, et lance en bas une corde qui permet à un groupe de le rejoindre dans le fort, tandis que d'autres s'infiltrent par un pan de mur effondré, découvert par le sergent-chef du Bellocq ; à l'aplomb d'une faille inaccessible. Le Lieutenant Girardon et le 3ème Commandos pénètrent par la face sud à l'aide d'une échelle trouvée sur place. L'ennemi ne s'aperçoit de l'invasion que lorsque les premiers coups de feu éclatent. Les Français se lancent alors à l'assaut des 120 marins de la Kriegsmarine retranchés dans le fort. On se bat au corps à corps dans la première enceinte puis dans les galeries souterraines qui sont nettoyées à la grenade. A 15h30, le commandant du fort lance par fusée le signal "tirez sur nous". Les projectiles fusants sont meurtriers pour les 2 camps. Le lieutenant Girardon est tué, le capitaine Dicourneau et le sous-lieutenant Maury blessés. Sur les 120 hommes de la Kriegsmarine qui occupaient le fort, six seulement sont trouvés indemnes. A 17h, le fort du Coudon est redevenu Français. " le G.C.A. et son chef, Bouvet, participèrent au grand défilé de la victoire, dans Toulon libéré, pour célébrer la première grande victoire de la Première Armée française en territoire métropolitain. " (Commandant A. Maury). Plaque commémorative au fort du Coudon
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Les soldats tombés le 21 août 1944 : sergent Paul ATLAN dit
Dormeau, caporal-chef François BELLEGARDE, volontaire Lucien BENBARON,
lieutenant Bernard GIRARDON, caporal, Pierre HAUROU, sergent Ben Rahal
KADDOUR, volontaire Ben Kaddour
LARBI, volontaire Ali ORIF, caporal-chef Jean PANGOURELIAS, volontaire
Edouard ROUSSET, volontaire Raoul TÊTON, sergent-chef Lucien THÉVENOT. |
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