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- " L'abbaye Saint Victor de
Marseille, chers visiteurs, soyez les
bienvenus."
![]() A partir du XIème siècle, la puissante abbaye n'est pas seulement propriétaire sur tous les points de la Provence ; elle étend ses possessions à l'ouest au delà du Rhône, en Languedoc, Rouergue, Quercy, et au nord jusqu'en Nivernais. Outre des propriétés innombrables dans les provinces d'Aix, d'Arles, d'Avignon et d'Embrun, ses biens sont disséminés dans treize diocèses : ceux de Toulouse, d'Albi, de Rodez et de Nevers, pour ne citer que les plus éloignés de Marseille. (Les possessions de l'abbaye Saint-Victor de Marseille en Rouergue - Annales du Midi méridionale... - 1904). |
St Lazare, Saint Victor, St
Cassien... L'abbaye
Saint Victor de Marseille résonne toujours de ses illustres locataires
et aujourd'hui encore pas
d'Histoire sans référence à cette église dont le
prestige, l'influence et le rayonnement étaient immenses. Si sa
blibliothèque a malheureusement été dispersée, l'héritage de ses Grand
et
Petit
Cartulaires est un trésor pour les historiens et témoigne de la
grandeur de
l'institution. |
"
Au milieu de cette pléiade de martyrs, saint Victor reluit comme une
étoile au milieu des diamants... "
|
![]() ![]() Un peuple immense la remplissait ; et ses vaisseaux lui apportaient les trésors des contrées lointaines de tous les points de l'horizon. Aussi l'empire romain en avait-il fait une de ses capitales. Il y avait en même temps intronisé l'Olympe de ses démons ; et la ville les avait adoptés, et les entourait d'un culte jaloux et barbare. La persécution contre les chrétiens y durait sans intervalle et sans trêve ; et ce zèle farouche redoublait encore à l'approche des empereurs. Alors elle n'épargnait ni les femmes, ni les enfants, ni ses propres citoyens, et les faisait tomber en immolation au pied des autels diaboliques, comme des hécatombes de taureaux. Au milieu de cette pléiade de martyrs, saint Victor reluit comme une étoile au milieu des diamants, soit par la noblesse de sa race et par la vigueur de sa foi, soit parce qu'ayant engagé un combat singulier avec cette bête fauve qui avait nom Maximien, son triomphe en ait été plus glorieux et plus insigne. " (Les Fleurs des saints, actes des saints martyrs, J-M B de Saint-Victor - 1847). Vitraux de l'église Saint Victor d'Artenay dans le Loiret. |
Le
bienheureux Victor face à César allumant sa rage aux torches de l'enfer.
![]() " Maximien, en effet, venait d'arriver à Marseille, précédé de rumeurs terribles, et tout sanglant du massacre de la légion thébaine. Il arrivait porteur d'épouvantables édits, par lesquels il n'était laissé à tout chrétien d'autre alternative que de sacrifier ou de périr dans les tortures. Sous le poids de l'orage prêt à éclater, Victor se constitua le chef de cette armée pacifique qui allait combattre et mourir. Chaque nuit, il allait, de porte en porte, visiter toutes les maisons des fidèles, véritables tentes de ce camp chrétien, allumant dans tous les cœurs le mépris d'une mort éphémère et l'amour de la vie éternelle. Surpris dans cette glorieuse veille d'armes, il fut arrêté et traduit devant les tribunaux des proconsuls. ... Mais les juges, considérant la noblesse de sa race, le renvoyèrent au jugement de César. A peine celui-ci en eut-il reçu la nouvelle, que dans les transporte impatients de sa colère, il ordonna qu'on traduisit aussitôt le saint athlète devant lui. Le bienheureux Victor fut donc amené devant la face du César en fureur. Là, on le pressa, avec toutes les violences de la menace, de sacrifier aux dieux ; mais comme fortifié par le poids même de ses chaînes, le martyr confondit le cruel empereur par sa sagesse et sa prudence, en démontrant la vanité des idoles et la divinité du Christ. Le bienheureux Victor fut donc amené devant la face du César en fureur. Là, on le pressa, avec toutes les violences de la menace, de sacrifier aux dieux ; mais comme fortifié par le poids même de ses chaînes, le martyr confondit le cruel empereur par sa sagesse et sa prudence, en démontrant la vanité des idoles et la divinité du Christ." ... |
Lithographie de
Charles-Philibert de Lasteyrie - 1818
" Alors César, furieux et cruel comme une bête fauve, allumant sa rage aux torches de l'enfer, ordonna que le saint confesseur, roulé dans les replis d'une corde, fût traîné à travers la fange et les pierres, dans toutes les rues de la ville. Cette sentence rendue, la multitude s'ébranle et court s'échelonner sur le passage du martyr. Pieds et bras liés, l'athlète du Christ est traîné par les rues que son corps et ses membres ensanglantent : chaque main le lapide, chaque bouche le maudit ; et tous s'estiment heureux d'augmenter son supplice. On le ramène, saignant et brisé, devant le tribunal : là, on le presse de nouveau de renier le Christ et d'adorer les dieux. " ... |
«
Puisqu'il en
est ainsi,
répondit Victor, que mes actions viennent donc confirmer mes paroles :
je
méprise vos dieux
et j'adore le Christ. Vos licteurs peuvent commencer. » " Les deux préfets, exaspérés par cette réponse, se disputèrent d'abord, entre eux, le martyr : Eutichius cédant enfin, ce fut à Astérius qu'échut le droit de la torture et la fonction de bourreau. Il commença d'abord par faire mettre en croix le soldat du Christ. Les douleurs de ce crucifiement furent si vives et si navrantes, que le martyr, levant les yeux au ciel, demanda à Dieu qu'il en amortit miséricordieusement la violence. Jésus ne le fit pas attendre : il apparut à son vaillant soldat, portant, entre ses bras, cette enseigne des batailles saintes qu'il lui avait appris à tenir, cette croix qui avait été son lit avant d'être le sien : « Paix à toi, ô mon Victor, lui dit-il ; je suis Jésus, et je souffre, dans mes saints, les injures et les tourments qu'ils souffrent pour moi. Agis en homme, et sois robuste de corps et d'âme : je serai ton allié pendant le combat, et ta récompense après la victoire. » A la voix du Christ, toutes les douleurs du martyr s'éteignirent comme un brasier sous une pluie abondante. " ... |
![]() Le matin venu, le bruit de la conversion d'Alexandre, de Longin et de Félicien (tels étaient les noms de ces soldats), s'étant répandu par la ville, Maximien, ce dragon infernal, fut saisi d'une rage furieuse, et ordonna de redoubler de rigueur envers Victor, et de ne laisser aux trois soldats d'autre alternative que l'apostasie de leur nouveau Dieu ou la mort. " |
Victor,
suivi de
toute la ville, fut conduit avec eux au prétoire. ...
" Un orage de malédictions et de huées grondait sur leurs têtes ; mais le saint restait impassible, et répondait à ceux qui le pressaient de rendre au culte des dieux les soldats qu'il en avait détournés « Je ne puis démolir ce que j'ai bâti. » Les martyrs Alexandre, Félicien et Longin ayant persévéré dans leurs confessions, furent, sur-le-champ, conduits au supplice ; et leurs âmes sortirent ressuscitées et vivantes de leurs corps décapités. Victor, témoin de cette triple et glorieuse exécution, conjurait Dieu d'une voix suppliante de ne plus tarder à l'associer à leur « passion » et à leur gloire. Ramené au prétoire, au milieu des cris et des injures du peuple, il fut suspendu de nouveau et flagellé à coups de bâton et de nerfs de bœuf. Les bourreaux, lassés, l'ayant reconduit en prison, il y resta trois jours à pleurer et à recommander son martyre à Dieu. " ... |
« Tu
as vaincu, bienheureux Victor ! tu as vaincu ! »
![]() ![]() Victor, tout brûlant des ardeurs de l'Esprit, et ne pouvant plus contenir le bouillonnement de son sang, s'approche et, du pied, renverse l'autel. César fait abattre ce pied d'un coup de hache le soldat le consacre à Dieu comme les prémices sanglantes de ce corps qu'il allait lui offrir lambeaux par lambeaux. Son heure étant enfin venue, on le mena, par ordre de César, dans un moulin de meunier ; là, les licteurs ajustent son corps saignant et mutilé sous la meule, les bourreaux s'y attellent et lui impriment une rotation violente qui broie ce froment de Dieu et ce pain d'élection. Cependant, la meule s'étant miraculeusement démontée, et un souffle de vie restant encore au martyr, la mort vint enfin pour lui après tant d'agonies on lui trancha la tête. Au moment où elle tombait, une voix éclata dans le vide, qui criait : « Tu as vaincu, bienheureux Victor ! Tu as vaincu ! ». César fit jeter les corps des quatre martyrs dans le bras de mer qui environne Marseille, du côté du midi, espérant qu'ils y deviendraient la pâture des poissons ; mais Dieu, par le ministère de ses anges, les fit pousser doucement par le flux des vagues, sur la rive opposée, où les chrétiens les ensevelirent dans une crypte creusée dans le roc, et que ce saint dépôt a rendue miraculeuse. " (Les Fleurs des saints, actes des saints martyrs - J-M B de Saint-Victor - 1847). |
Le
Grand
et le petit cartulaires de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille
L'abbaye St-Victor nous a légué deux documents extrêmement précieux : le Grand Cartulaire qui couvre la période 1001 - 1200 et le Petit cartulaire, période 1201 - 1300 qui dressent l'inventaire des possessions de l'abbaye ainsi que des droits seigneuriaux associés. " Le premier est particulièrement précieux pour les historiens de Provence à cause de sa richesse et parce qu'il couvre tout l'espace provençal ..." (Mémoire et documents de l'école des chartes - Les cartulaires). " Le grand Cartulaire de Saint-Victor de Marseille, qui, dès le commencement du XVe siècle, était connu sous le nom de Liber magnus cartarum, forme un volume de 187 feuillets de parchemin, format in-folio. Il paraît avoir été écrit à la fin du Xlo et au commencement du XIIe siècle. Les premiers rédacteurs avaient laissé en blanc des feuillets ou des portions de feuillet, qu'on a remplis dans le cours du XIIe et du Xe siècle. Ordinairement le titre des chartes est écrit sur les marges en lettres capitales. Le texte est assez souvent incorrect ; mais la plupart des fautes doivent être imputées aux rédacteurs des chartes, et non pas aux copistes du Cartulaire. Les pièces sont généralement classées suivant l'ordre topographique. ... Mais pas que, " l’abbaye Saint-Victor de Marseille a possédé la plus importante collection de livres du Midi de la France, qui sera dispersée à l’époque des guerres de religion. Son histoire illustre la stratégie d’une abbaye au destin exceptionnel qui du XIe au XVe siècle, au fil d’alliances et de conflits, parvient à s’affirmer comme l’un des principaux centres de pouvoir de l’Europe médiévale. " ; (Ref La bibliothèque de l’abbaye Saint-Victor de Marseille XIe-XVe siècle, autrice : Donatella Nebbiai-Della Guarda, Directrice de recherche au CNRS - Institut de recherche et d’histoire des textes). |
Aparté
muséal, voir les collections des musées de Marseille.
Si le MUCEM concentre les influences, le Musée de l'histoire de Marseille, celui de l'Archéologie méditerranéenne dans l'ancien Hospice de la Vielle charité (ci-dessous), celui des Beaux arts à Longchamp sont des incontournables d'une visite culturelle de la cité phocéenne, vous monterez bien sûr à ND de La Garde et ne manquerez pas une visite de la réplique de la grotte Cosquer (pensez à réserver), surtout si vous avez des enfants. Prenez vos chaussures de marche ! |
Aux
archives départementales des Bouches du Rhône.
Parmi les errements savoureux, se disperser puis se perdre dans les consultations de bonds en rebonds. Des trésors sont en ligne. Les deux cahiers qui restent comprennent, l'un les biens de la val de Weaulne, l'autre ceux du pays de Theonnes. - La première région renferme Auriol, Peipin, Roquevaire, Gémenos, Riboux, le Plan d'Aups, Nans, Orgnon, Saint-Zacharie. - Dans la seconde se trouvent : Six-Fours, Ollioules, la Cadière, Ceyreste, la Ciotat, la Vernette. Dans presque toutes ces localités, l'abbé de Saint-Victor a pleine juridiction. " A droite, " Prise de possession par l'abbaye de Saint-Victor des terres et seigneuries de Ceyreste, de la Ciotat (Bouches-du-Rhône) et de la Cadière (Var), et de la part que le comte d'Avelin y possédait, ainsi que de la portion de la terre de Roquevaire (Bouches du Rhône), appartenant à Raymond Bernard. " |
Une
grotte, une carrière, un sanctuaire, une chapelle, une
nécropole, une église souterraine...
Telle fut la fondation de cette célèbre abbaye. " Il est aujourd'hui parfaitement prouvé, par des documents authentiques des Vème, VIIIème siècles et des suivants, que la première des villes d'Occident, Marseille, eut le bonheur de recevoir la bonne nouvelle du salut d'abord de Magdeleine et de ses compagnons ; puis, quelques années plus tard, de Lazare, l'ami de Jésus-Christ, qui en devint ensuite le premier évêque. Les prédications de ces apôtres convertirent un grand nombre d'habitants. Le nombre des chrétiens s'étant considérablement accru, les gouverneurs romains en prirent ombrage. Lazare fut pris, mis en prison dans la partie des caves de Saint-Sauveur que l'on appelle encore prison de saint Lazare... Après avoir souffert divers supplices, le saint évêque fut décapité, et son corps inhumé avec honneur dans une grotte située hors la ville, dans laquelle les chrétiens se cachaient durant la persécution pour célébrer les saints mystères. C'est auprès de cette grotte que les chrétiens bâtirent une église souterraine quand leur nombre nécessita cet agrandissement, et sur laquelle fut, plus tard, bâtie l'Abbaye. ... |
" Cette catacombe fut aussi honorée des reliques d'un grand nombre de martyrs. Mais celles de saint Victor furent toujours célébrées avec un culte particulier, et ont enfin donné le nom à l'abbaye. " (Essai historique et archéologique sur l'abbaye de Saint-Victor-lez-Marseille - C. Kothen - 1850). ... |
" Le maître autel et le tabernacle, consacrés en 1966, sont des œuvres de Jean Bernard et des compagnons du Devoir. Le maître autel est en pierre et en bronze. On trouve sur la frise des paroles de saint Paul : en grec « un seul seigneur Jésus Christ ». Cet autel est supporté par deux pieds comportant quatre statues chacun : saint Victor, saint Pierre, saint Paul, saint Cassien ; saint Jean-Baptiste, Urbain V, saint Lazare, sainte Marie-Madeleine. " (Wikipédia). |
Un baptême à Saint-Victor - d'après le
tableau de M. Joanny Rave... " Une collection de types et de costumes
si bien choisis, et si exacts qu'il pourra être un jour un précieux
document pour les ethnographes et pour les historiens futurs de la
Provence. " (La Provence artistique & pittoresque - éd du
19/03/1882). " Quand les chrétiens, eurent toute liberté pour l'exercice de leur culte, cette grotte ne cessa d'être honorée et fréquentée, quoique des temples eussent été élevés au vrai Dieu. Au Vème siècle, une homme de grande réputation de sainteté et de science, vint fonder près de ces catacombes l'un des monastères les plus célèbres de la chrétienté. Cassien, que Gennade, et plus tard Guesnay, disent originaire de la Scythie, que d'autres auteurs font naître dans les Gaules ou en Afrique, après avoir parcouru la Terre-Sainte, visité les solitaires de la Thébaïde, fut se fixer à Constantinople, sur l'invitation de saint Jean-Chrysostome qui l'ordonna diacre de son église. A la mort de ce saint archevêque, il va à Rome, où il reçoit fonction sacerdotale. Mais cette capitale ayant été prise par Alaric, il se réfugie en Provence. Arrivé à Marseille vers l'an 420, il demande à l'évêque, qui était alors Proculus, l'autorisation de fonder un monastère près de la grotte où reposaient les reliques de saint Lazare et de saint Victor ce qui lui ayant été accordé, il vit quelques années après, sous sa conduite, tant dans son monastère que dans ceux qu'il fonda aux environs, jusqu'à 5000 religieux. Telle fut la fondation de cette célèbre abbaye. " (Essai historique et archéologique sur l'abbaye de Saint-Victor-lez-Marseille - C. Kothen - 1850). |
Le
sarcophage de la remise de la Loi par le Christ (Traditio Legis),
première moitié du VIème siècle.
" Placé au-dessus de six sarcophages orientés vers l'Est ou vers le Sud, le sarcophage XX (ndlr, celui de cet article), était entouré de huit autres sarcophages, dont six furent certainement mis en place après lui, ainsi qu'une sépulture à coffrage de tegulae (ndlr : dans l'Antiquité, tuile plate qui servait à couvrir les toits, en argile cuite ou marbre ou bronze et quelquefois dorée) en bâtière qui se prolongeait sur son couvercle. L'exiguïté de la fouille empêche de savoir si une telle densité de sépultures est un phénomène exceptionnel sur ce site : elle témoigne en tout cas d'une mise en place précoce que n'altéra aucun remaniement, ainsi que le prouvait d'autre part le parfait état de conservation de la tombe. " Les intéressés liront les articles " Les fouilles de Saint-Victor de Marseille " de Gabrielle Demains d'Archimbaud paru en 1971 puis, en collaboration avec M. J-M Allais et M. Fixot, : " Saint-Victor de Marseille : fouilles récentes et nouvelles interprétations architecturales " paru en 1974 dans les " Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ". Ce sarcophage, mis à jour parmi d'autres sans décor et superposés dans les cryptes, fut découvert à 2,35 m. de profondeur en 1970 lors des fouilles dirigées par Gabrielle Demains d'Archimbaud et le Laboratoire d'archéologie médiévale d'Aix. Remarquable directrice dont nous avions pu mesurer la passion et le professionnalisme ici : Tout a commencé avec Rougiers, Trouvé intact, c'est à dire ni pillé, ni réemployé, ce sarcophage contenait le corps d'une jeune femme (la vignette de la photo étant une interprétation/reproduction). Sa riche iconographie constitue un ouvrage unique la nécropole paléochrétienne de Saint Vicor qui compte plus de 250 tombes plus modestes. Les quelques autres beaux sarcophages de marbre situés dans les cryptes sont interprétés comme des réemplois. |
Au centre, la
scène reprend le thème du don de la Loi par le Christ dressé sur la
montagne d'où s'écoulent les Quatre fleuves du paradis. Il tend le
rouleau contenant sa loi à Pierre qui les reçoit les mains voilées,
tandis que Paul, l'autre prince des apôtres fait un geste d'acclamation
et de témoignage. A gauche, la scène biblique de sacrifice d'Abraham. A droite, inspirée de scènes du Nouveau testament, la guérison miraculeuse d'un aveugle par le Christ. Dirigé par R. Boyer, la fouille en laboratoire de la sépulture contenue dans la cuve a révélé le corps sommairement embaumé d'une jeune femme décédée à l'âge de 20 ans et souffrant sans doute de séquelles d'une poliomyélite (jambe droite). Elle portait une couronne de fleurs, une croix en or déposée sur son front. Des bouquets avaient été placés sur le corps vêtu d'habits rehaussés de fils d'or. |
LES
CRYPTES
" On sait par l'histoire et les fouilles pratiquées pour le creusement du bassin de carénage sont venues le confirmer, que plusieurs cimetières successifs et superposés avaient été établis dans cet endroit par les colons phocéens d'abord, puis par les Romains. Une carrière avait même été exploitée dans ces temps reculés, ou l'on a retrouvé des tombeaux et autres objets seulement ébauchés. C'est là qu'au milieu des rochers, les chrétiens trouvèrent une grotte naturelle qu'ils agrandirent successivement en creusant d'autres excavations communiquant à la première par des conduits souterrains et qu'ils disposèrent de leur mieux pour servir de temple au Très-Haut. Puis, obligés de mieux cacher leur retraite, à mesure que le christianisme se propageant avec une merveilleuse rapidité, que les historiens païens furent eux-mêmes forcés de constater, ils établirent successivement des passages souterrains aboutissant à d'autres cubicula (Larousse : chambre sépulcrale, dans les catacombes) nécessités par l'affluence des néophytes. " (Notice sur l'abbaye de Saint-Victor ès Marseille - Victor Verlaque - 1865). |
" Plan terrier, de la crypte et des catacombes chrétiennes
de Marseille, dressé par M. Berengier, architecte de cette ville, le 15
octobre 1815. " (Monuments inédits sur l'Apostolat de Sainte
Marie-Madeleine en Provence... M. l'abbé
Faillon - 1818). Ce plan
est en fait une rectification d'un plan établi en 1777 par B., prêtre
habitué
de cette église". Remarquez qu'il manque l'ancienne sacristie. |
Presque 50 ans plus tard en 1864, le même plan est largement complété quand il reparait sous l'intitulé "Plan de l'église inférieure, collégiale Abbaye des comtes de St Victor lez Marseille" paru dans la " Notice sur les cryptes de l'abbaye Saint-Victor-lez-Marseille " de Charles Kothen. Et encore aujourd'hui, le plan n'est plus tout à fait le même, la statue de la Vierge Noire n'est plus par exemple à la place indiquée, quelques Saints ont aussi joué les pèlerins. |
![]() |
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Atrium (Larousse :
Avant-cour fermée par des portiques à colonnes dans les basiliques
paléochrétiennes, qui était accessible aux incroyants et aux
catéchumènes). " Les colonnes originales furent utilisées pour
orner des jardins et des carrefours. Une de ces colonnes supporte, rue
d’Aubagne, le buste d’Homère. " (Wikipédia). Ces photos témoignent de la complexité du site que Gabrielle Demains d'Archimbaud éclaire dans un article écrit en collaboration avec M. J-M Allais et M. Fixot : " Saint-Victor de Marseille : fouilles récentes et nouvelles interprétations architecturales " paru en 1974 dans les " Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres " : " La chapelle Saint-André, située dans l'axe de la confession anciennement étudiée, se trouve ainsi plaquée à l'ouest contre le mur nord-sud, en grand appareil, de l'ancienne sacristie, et se juxtapose aux constructions méridionales (mur à arcatures et fondations accolées). Elle est insérée par ailleurs sous la voûte annulaire nord, débordant de 0,60m au-dessus de la voûte septentrionale de la chapelle (cette dernière ayant été sectionnée par une construction tardive, dont la tranchée de fondation entaille tous les niveaux en place, lors d'un aménagement destiné peut-être à stabiliser la tour lors de son exhaussement en une période plus tardive). " |
Chapelle saint Blaise. |
Chapelle Saint-Mauront, le sarcophage de saint-Maurice et celui des compagnons de saint-Maurice. |
Sarcophage de Saint-Cassien situé dans la partie
paléochrétienne de l'abbaye. Daté de la première moitié du Vème siècle,
il était destiné à un enfant (présentation
de l'enfant mort représenté
sur la gauche). |
Saint Lazare et
Sarcophage des saints Innocents. " ...
Une très vieille et très respectable tradition rapporte que le premier évêque de Marseille y conférait les sacrements aux nouveaux convertis. ... Cette figure, très grossièrement travaillée, pourrait être l'ouvrage de quelque chrétien entièrement étranger à la sculpture. Elle offre des formes aussi imparfaites. que celles que l'on remarque sur les trois sujets incrustés dans les murs de la crypte de St-Maximin en Provence. " (Saint-Victor de Marseille et Notre-Dame de la Garde, Théophile Bérengier, 1892). |
Chapelle Saint Lazare. Bas relief représentant Marie
Madeleine (œuvre incertaine de Pierre Puget). |
Sarcophage des
compagnes de sainte Ursule (1er quart du Vème siècle). " Au centre, le
Christ, couronné par la main de Dieu, debout sur une montagne d'où
s'écoulent les quatre fleuves du Paradis ; il remet la Loi à Pierre,
Paul étant à sa droite. La frise représente le paradis. " Au centre, deux anges portent un cadre au-dessus duquel sont représentés deux dauphins encadrant un chrisme. À droite, sont figurés le miracle des noces de Cana et celui de la grappe de la terre promise " (WIKIPEDIA). |
La chapelle de
Notre Dame de Confession (ou Vierge Noire), avant-corps du sanctuaire
paléochrétien. Au Vème siècle les pèlerins
parvenaient à la basilique dédiée au martyr de Marseille, Victor, en
cheminant à l'air libre dans un front de " La statue que l'on révère dans ce sanctuaire, est de la plus haute antiquité. Une pieuse tradition en a fait un ouvrage de saint Luc. On croit assez généralement qu'elle est faite en bois de fenouil, mais il est aisé de se convaincre du contraire ; elle est en bois très dur et très lourd, peinte et rehaussée de dorures. On la recouvre d'une espèce de chape qui la cache en entier, et ne laisse à découvert que la tête et, comme cette partie, par suite de la vétusté, a contracté une couleur très-brune, on la désigne sous le nom de Vierge noire. Cette statue est en très-grande vénération. Tous les samedis on célèbre les saints mystères dans cette chapelle. Quelques fidèles, en trop petit nombre, viennent y invoquer N.-D.-de-Confession car, peu de personnes connaissent cette pieuse pratique. Mais c'est surtout pendant l'octave de la Chandeleur, que le concours est immense. Chacun se fait un devoir de visiter cette crypte, et d'emporter chez soi un de ces cierges, teints en vert, qui brûlent continuellement devant cette statue ; et cette couleur mystérieuse des bougies est encore un privilège dont jouit cette seule chapelle, et qui remonte une haute antiquité. Jadis, quand la sécheresse se faisait sentir trop vivement, nos consuls, et plus tard nos échevins, demandaient que l'on fit sortir la Vierge Noire. « Et l'on trouve dans l'Hôtel de-Ville, plus de cinquante procès-verbaux qui font foi que le Seigneur a accordé à nos besoins, la pluie qu'il refusait depuis longtemps. » (Essai historique et archéologique sur l'abbaye de Saint-Victor-lez-Marseille, C. Kothen, 1850). La statue, datée fin XIIème-début XIVème siècle, mesure 98 cm de haut, elle est en fait en bois de noyer. Pendant la Révolution, cette statue a pu être sauvée mais le trésor, constitué de vêtements et bijoux, est dispersé en 1794. La statue est vendue aux enchères et adjugée à M. Laforêt, officier municipal ; elle est ensuite exposée dans différentes églises puis portée solennellement à Saint-Victor le 22 mai 1804. Elle est tout spécialement honorée le 2 février, jour de la chandeleur. |
A propos de la chandeleur : " Suivant
le chapitre XII du Lévitique de
l’Ancien Testament, une femme qui accouche d'un garçon doit attendre 40
jours pour fréquenter à nouveau le temple ; ce délai est de 80 jours en
cas de naissance d'une fille. La Vierge Marie présente donc son fils au
temple le 2 février et y apporte des offrandes. Ce jour est appelé la
chandeleur. La statue de la Vierge noire est exposée dans l'église
supérieure et une procession est organisée. Cette fête, typiquement
marseillaise, est très populaire et rassemble au début du XIXe siècle
entre 60 000 et 80 000 personnes. À cette occasion, on achète à la
boulangerie proche des navettes. Ce biscuit en forme de bateau rappelle
la barque qui, selon la légende, aurait amené aux Saintes Maries de la
Mer : Marie Salomé, Marie Jacobé et Marie Madeleine accompagnées de
Sarah. " (Wikipédia). |
Martyrium parce qu'on y a découvert " Les Martyrs du IIIème
siècle" dans une tombe jumelle du sanctuaire (vignette : photo Editions
de France - Marseille). Après la construction des cryptes, le sanctuaire de la basilique du Vème siècle fut abandonné, et le culte de rétracta à cette seule partie, qui était isolée par des grilles jusqu'au XXème sièle. " Une autre statue, en argent, se voyait dans la niche, à droite. C'était un camérier de l'abbaye, de la famille de Jarente, qui en avait fait présent. L'autel renfermait, outre diverses reliques, celles des quarante religieuses qui, dans une invasion des Sarrasins, voyant leur couvent sur le point d'être forcé, se mutilèrent le visage. A l'exemple d'Eusébie, leur abbesse, pour conserver leur virginité, et furent massacrées par ces barbares. Le tombeau d'une abbesse, du nom de Tilisiola, dont on peut voir l'épitaphe dans Ruffi, et un autre tombeau inconnu à cet historien, se voyaient aussi dans cette chapelle. " |
L'ancienne sacristie a été découverte en 1857, elle contient des épitaphes et sarcophages dont celui des brebis et des cerfs (ci-dessous). |
Statue de St
Victor - "sarcophage des brebis et des cerfs", Vème
siècle, en pierre de Cassis
Au centre, l'agneau divin debout sur une montagne d'où s'écoule les fleuves du paradis, à gauche et à droite respectivement les miracles de Canna et de la multiplication des pains. |
Pierre
tombale d'Isarn
" Cette abbaye eut plusieurs fois à souffrir de l'invasion des divers peuples barbares qui envahirent la Provence aux Vème, VIème et VIIème siècles. Mais dans le IXème siècle, une horde de barbares, que les chartes nomment Gens pagana et barbarica, la ruina de fond en comble et ce ne fut que longtemps après que Guillaume Ier, vicomte de Marseille, et Honoré, évêque de cette ville, la relevèrent de ses ruines. Wilfred, abbé de ce monastère, commença cette entreprise, qui ne fut terminée que par saint Isarn (1020-1047), son successeur. Le pape Benoît IX vint de Rome, en 1040, procéder à la dédicace de cette église, l'une des plus célèbres dont il soit fait mention, et à laquelle assistèrent vingt-trois évêques, une multitude d'abbés et de moines, et près de dix mille laïques. " (Essai historique et archéologique sur l'abbaye de Saint-Victor-lez-Marseille - C. Kothen - 1850). ... |
Isarn fut inhumé
dans un précieux sarcophage de marbre placé dans la partie nord de
l'église supérieure. Aujourd'hui les cryptes conservent la dalle
funéraire qui devait affleurer au niveau du sol. Inscriptions datées de la fin du XIème siècle, donc gravées peu de temps après la mort d'Isarn survenue en 1047. On peut y lire : De notre illustre père Isarn ce sont là les restes sacrés,
les membres rendus glorieux par tant de mérites.
Son âme, elle, est heureusement parvenue aux cieux. De mœurs exceptionnelles et d'esprit pacifique il était accompli en toutes formes de vertu. Homme de Dieu, il était pour tous et en tout joyeux. Ce qu’il enseigna il le mit en pratique, abbé bon et bienheureux. De ses disciples aussi il fit des hommes bons. Telle fut sa règle de vie et contraint de passer le seuil de l’existence c’est avec courage qu’il la quitta. Il régit, fidèle, deux fois dix plus sept (27) ans, le doux troupeau du Seigneur à lui confié, qu’il abandonna le huit des calendes d’octobre (24 septembre) pour entrer dans le lumineux royaume. Autour de la tête : Sois attentif, je t’en prie, toi le lecteur, à ce qu’a fait de moi, Misérable défunt, la loi née de la faute du premier homme. Aux pieds : Et, ainsi, gémissant, du fond du cœur, dis et répète : Dieu, aie pitié de lui. Amen. |
Cassien béni
par Honorât et accompagné par douze moines s'était dirigé vers
Marseille qui avait alors Proculus pour évêque... Ce dernier, « heureux
de voir arriver dans son diocèse ces colons du désert, laissa Cassien
libre du choix de sa retraite. Après quelques hésitations notre saint
fondateur porta ses regards sur une forêt épaisse, qui s'étendait
depuis les rivages de la mer, jusqu'aux montagnes, qui entourent
Marseille. La colonie phocéenne allait donc être édifiée par la vie de
ces austères cénobites, elle devenait le premier champ ouvert à leurs
labeurs apostoliques, c'était par là que la foi avait pénétré dans les
Gaules ... » (Notice sur l'abbaye de Saint-Victor ès-Marseille - Victor
Verlaque - 1865). Chers (futurs)
visiteurs
de l'Abbaye Saint Victor de Marseille, vous
serez les
bienvenus...
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