Le
remède.
" L'huile de Cade est un produit des plus
utiles et des plus actifs, d'usage encore très répandu dans nos
campagnes, et que, pour certains cas tout au moins, aucun autre goudron
ne peut remplacer. Très anciennement connue, elle n'était cependant
qu'un remède populaire, réputé seulement par tradition transmise, et
n'avait fait l'objet que de très rares observations scientifiques,
lorsque SERRE d'Alais en 1846 l'appliqua à la médecine humaine, suivi
bientôt par plusieurs médecins célèbres : BAZIN, GIBERT, DEVERGIE,
RABUTEAU, etc. Elle a rendu et peut rendre encore de grands services
contre diverses maladies : dermatoses (eczéma, psoriasis), scrofule et
ses manifestations, maladies parasitaires (gale surtout), voire
odontalgie et ophtalmies chroniques.
On l'a même souvent donné à
l'intérieur contre les dartres, les maladies pulmonaires et surtout les
parasites intestinaux. Malheureusement son odeur très forte,
désagréable et persistante, la couleur noire qu'elle donne à la peau,
ont toujours restreint son emploi chez l'homme. Mais, par contre, la
médecine vétérinaire en fait grand cas dans des maladies variées, tout
spécialement les ulcères des chevaux, la gale des moutons et les
diverses affections cutanées des animaux domestiques Acre, caustique,
très antiseptique, elle est bien plus active que le goudron ; sèche
plus vile, adhère mieux, agit plus énergiquement. Sa miscibilité à
l'huile, à la glycérine, à l'axonge, etc., en facilitent beaucoup
l'emploi. " (Bulletin mensuel de l'Académie
des sciences et lettres de Montpellier - 1911).
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Toujours
sur les sentiers de La Cadière d'Azur, le four N° 7, dit de " la Barre
des
Figuières ".
" Si l'huile de cade est employée depuis longtemps, ce
n'est que
récemment que les travaux de Pépin ont établi nettement son origine
géographique. Pendant longtemps, on indiquait comme habitat du cadier
le sud de la France et les Carpathes.
Pépin put se rendre compte de son
inexistence dans les Carpathes, l'huile de cade étant d'ailleurs nommée
en Hongrie oleum cadimum verum Gallicum. Il en chercha vainement dans
les environs de Sisteron, mais en trouva dans le Var.
Les lieux de
fabrication habituelle sont d'ailleurs le Var et le Gard. Mais on
trouve des cadiers dans les Pyrénées-Orientales, au Maroc et, d'une
façon générale, sur de nombreux points du littoral méditerranéen. "
(Traitement externe des dermatoses - docteur Veyrières et R. Huerre -
1924).
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Ci-dessus,
four à cade
du Font de Marc, du côté de Sainte-Anne du Castellet.
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Les
principaux
composants de l'huile de cade
1924. " Les travaux de Schûltz ont montré
que l'huile de cade contenait
de
l'acide acétique et ses homologues, des carbures d'hydrogène (carbures
aromatiques et surtout sesquiter-péniques), des corps résineux et des
phénols.
Les phénols, dont le rôle thérapeutique est capital,
représentent environ, pour Schûltz, 10 % de l'huile de cade. Nous avons
trouvé des chiffres variant entre 8 et 11 % dans des huiles de cade que
nous avons préparées nous-même. Schûltz a caractérisé dans ces phénols
un peu de gaïacol, beaucoup de méthyl-gaïacol (créosol) un peu d'éthyl
et de propyl gaïacol.
Pas de monophénols, pas de triphénols (pyrogallol
et dérivés), qui existent dans le goudron de hêtre, de tremble (mono et
triphénols) et de bouleau (monophénols). " (Traitement
externe des dermatoses - docteur Veyrières et R. Huerre - 1924).
2007.
A gauche, les principaux
composants de l'huile de cade - Thèse pour le diplôme d'état DE DOCTEUR
EN PHARMACIE par Anouck BELLIOT - Présentée et soutenue publiquement le
05 novembre 2007.
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Si vos paupières sont rouges : ... 20
gouttes d'huile de cade !
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Si votre peau est irritée, un savon
"surgras" à l'huile de cade.

Le Petit Marocain,
édition du 27/01/1943 |

Oleum
Tacum, huile de Tac, Oli de cade, huile de cade
1750. " TAC. Maladie de brebis espèce de peste. Du mot de tache selon
l'opinion de Scaliget ... Nous appelons aussi tac, une espèce d'huile
de cèdre ; et nous l'appelons de la sorte cause qu'on s'en sert pour
guérir le tac. ... " (Dictionnaire étymologique de la langue française
- Gilles Ménage ; éd 1750).
1775 " Au commencement du seizième siècle, on parlait beaucoup, en
France d'une maladie des brebis, qui ressemble, à beaucoup d'égards, à
celle des bœufs, dont on vient de parler, connue sous le nom de Tac, febris pestifera varinigri, maladie
extrêmement contagieuse, & formidable pour les Bêtes à laine, qu'on
distinguait très-bien de la Clavelée, puisque Rabelais dit plaisamment,
en raillant ceux qui font de trop grands souhaits ; " ne nous avient
souvent que le Tac & la Clavelée » . Un des premiers Auteurs, après
Gesner, qui ait parlé du Tac, c'est Bélon, savant Médecin du XVIe
siècle, cet Auteur à l'occasion de l'huile de Tac, oleum Tacum, ainsi
nommée parce qu'on l'employait dans la maladie de ce nom ajoute que, «
c'est un mal pestilentiel, qui s'attache aux brebis et les
tue. Les paysans de la Gaule Celtique, dit-il, plus savants que nous,
pour les guérir, viennent chez les apothicaires demander du Tac, qui
est une huile empyreumatique tirée du bois de genièvre, qu'on appelle
dans la partie méridionale de la France, du Cade Serbin, nom emprunté
des Juifs ».
Il paraît que le nom de Tac a été donné à la maladie qu'il désigne, à
cause de l'extrême facilité qu'elle a à se répandre par l'attouchement
- ou le Tac \ ou bien, suivant l'opinion de Scaliger, à cause des
marques ou taches pourpreuses qui paraissent sur la peau dans cette
maladie, comme si l'on était couvert de taches. " (Recherches
historiques et physiques sur les maladies épizootiques, avec les moyens
d'y remédier dans tous les cas. J-J Paulet - éd 1775).
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Sur les
chemins du patrimoine à Ollioules,
un autre très joli four à cade restauré avec sa cheminée et son foyer.
1859,
Traitement à l'huile de cade de 6 bêtes, dont deux dans un état
déplorable.
En 1790. "
Les moutons seront tondus, brossés, lavés on les laissera séchés &
ensuite on les onctionnera dans les endroits galeux avec le sain-doux
ou le beurre frais, ou l'onguent populeum les Bergers s'en servent
ordinairement du goudron de l'huile de Cade, de l'essence de
térébenthine incorporée dans une graisse quelconque ... " (Bibliothèque
physico-économique, instructive et amusante ... - éd : 1790).
En 1859 " Des six
bêtes traitées par ce procédé deux surtout étaient dans un état
déplorable : chez l'une, une large plaque dénudée couverte de
tubercules galeux profondément ulcérés s'étendait de l'occiput à la
région dorsale, présentant une surface malade égale à près de la moitié
du corps de l'animal, une autre plaque large comme la main occupait la
région sacrée.
Chez l'autre les mêmes phénomènes étaient mais dans des proportions un
peu moindres. Les quatre dernières atteintes plus superficiellement
offraient encore tous les signes d'une gale bien déclarée. L'œil
terne, le port de la tête ainsi que la démarche lente de ce petit
troupeau, décelait un état de souffrance bien manifeste. ... " |

" ... Une
seule friction avec l'huile de de Cade fut faite en
présence de la commission, qui s'assura que le liquide avait été
appliqué bien exactement, sur toutes les parties malades ; le résultat
fut des plus satisfaisants. ...
La commission a été frappée à Juste
titre de ce résultat ainsi que de la facile application du remède. Un
homme seul, (le berger), peut à l'aide d'un pinceau enduire les bêtes.
Son innocuité, la quantité minime nécessaire, son bon marché rendent
encore ce médicament précieux. Aussi votre commission croit-elle, pour
tous ces motifs, devoir recommander ce médicament de préférence à
l'arsenic qui lui inspire des craintes légitimes, et réclamer
l'impression du mémoire de M. Vigneau. (Annales de la Société
économique d'agriculture, commerce, arts et manufactures du département
des Landes - 1859).
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