Chemin privé !
FOURS A CADE - 1/2
1911 " L'huile de Cade est un produit des plus utiles et des plus actifs, d'usage encore très répandu dans nos campagnes, et que, pour certains cas tout au moins, aucun autre goudron ne peut remplacer. "

" Très ancien remède populaire en Provence, son emploi est devenu courant et médical depuis que Serre publia dans le Bulletin général de Thérapeutique (1846, tome XXX, p. 81) une étude sur l'emploi de l'huile de cade et de genévrier dans les affections eczémateuses de la peau, et principalement dans l'ophtalmie scrofuleuse. " (Traitement externe des dermatoses. Notes de thérapeutique et de matière médicale, par le docteur Veyrières et R. Huerre, docteur ès sciences, membre de la Société de pharmacie de Paris - 1924).


Plus de 200 fours au sud de la Sainte Baume.

Plus de 200 fours à cade ont été répertoriés au sud et au voisinage de la Sainte Baume, dont 22 sur la commune de La Cadière d'Azur. Ils sont les témoins d'une véritable activité industrielle qui a prospéré durant la totalité du XIX siècle et jusqu'au milieu du XX siècle, activité de production de cade obtenue par distillation du bois de genévrier répandu dans cette région, le genévrier oxycèdre ou cade, à fruit marron de 6 à 8 mm de diamètre et à feuillage piquant.

" L'huile de Cade véritable, liquide épais, inflammable, huileux, très foncé, brun noir par réflexion ou sur épaisseur, rouge par transmission, limpide et transparent, d'odeur forte, résineuse, de goudron mêlée de fumée, très désagréable, et de saveur acre et caustique. C'est ce dernier produit, but même de toute l'opération, qui constitue la substance commerciale. " (Bulletin mensuel de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - Petites Industries Agricoles - L'HUILE DE CADE - Dr Louis PLANCHON, Professeur à l'Université de Montpellier. 1911).

Fruit du genévrier oxycèdre ou cade, fruit marron de 6 à 8 mm de diamètre et à feuillage piquant.

LA PLANTE - " Le CADE, OU OXYCÈDRE (Juniperus Oxycedrus L.), est une plante de la région méditerranéenne, plus ou moins commune dans toute la Péninsule Ibérique, la France méditerranéenne, en Corse, Sardaigne, Italie, Péninsule Balkanique, Grèce, Crète, Archipel, Syrie, Afrique N., Madère. Il s'élève jusqu'à la base de la zone du châtaignier, un peu plus haut que le Pin d'Alep, vers 600 mètres dans le Roussillon... Il est indifférent au sol et à la sécheresse, s'accommode de l'absence de pluie et vient aussi bien sur les granits et les micachistes que sur les calcaires compacts ou marneux.

... il ressemble alors beaucoup au Genévrier commun (Janiperus communis L.), dont il est pourtant facile de le distinguer. Le Cade, en effet, a des fruits rougeâtres, globuleux, de la dimension d'un gros pois chiche, tandis que le Genévrier porte des fruits bleuâtres, et bien plus petits, qui constituent la baie de Genièvre des industriels et des pharmaciens. Si les fruits manquent, les feuilles persistantes, aciculaires, aiguës des deux arbustes, permettent une distinction aisée : 5 lignes longitudinales, alternativement vertes et blanches, caractérisent le Cade, tandis que le J. communis n'en a que trois, deux vertes aux bords, une blanche centrale, quelquefois avec une tendance à une ligne verte médiane à peine indiquée. " (Bulletin mensuel de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - 1911).
four à cade la cadiere
Positionné sur la carte IGN, nous passons par un four à cade en montant vers le Grand Caunet. Il s'agit du " Four à cade du vallon du Coutelas nr 15 " à la Cadière d'Azur. Avec ceux du Destel, de Cuges les Pins, de la Maison des 4 Frères ... il compte parmi les mieux conservés (et restaurés) que nous ayons vus.
Un panneau explicatif élaboré à partir du travail du docteur Porte : " Fours à cade, four à poix dans la Provence littorale " (ed Les Alpes de lumière) et réalisé avec la participation financière du conseil général du Var, rappelle les principes de fonctionnement de ces fours.

L'huile de cade, produit de la distillation du cade.

En 1770 : " Le principe qu'il y propose consiste à mêler le sel avec de l'huile-de cade ou de genièvre. Ce mélange lui donne une qualité très-propre à garantir les troupeaux des maladies : il rend aussi leur laine plus fine & plus abondante. " (Journal de l'agriculture, du commerce et des finances).

L'huile de cade, qui nous intéresse ici, après décantation et conditionnement en fûts ou bidon, était vendue aux pharmaciens ou utilisateurs de Marseille, Paris, Nice etc ... Ses usages, souvent connus depuis la plus haute Antiquité, étant :
- en médecine vétérinaire : principalement pour le traitement de la gale du piétin (vulgairement rogne), du claveau (picote), du Fourchu, des eczémas, des dermites, Dartres (Teigne, Noir-Museau), psoriasis, scrofule, propriétés parasiticides, voire odontalgie et ophtalmies chroniques.
- en médecine humaine : en dermatologie, traitement des psoriasis, eczémas, impétigo ...
- en cosmétologie : shampoing, crèmes, fard, huile de rasage, et certains savons.

" SOUS QUELLES FORMES EMPLOYER L'HUILE DE CADE ? On a voulu désodoriser l'huile de cade, avoir un produit moins gluant ; et, en effet, on isole, par entraînement à la vapeur d'eau, les plus volatils et par suite les plus fluides de ses composants. Mais une distillation fractionnée qui laisse comme résidu un goudron très épais et à peu près désodorisé ne va pas sans modifier la composition des divers éléments séparés. Car, si on additionne ce goudron des divers produits séparés par le fractionnement, on ne reconstitue pas du tout l'huile de cade ; si l'on veut avoir l'action de l'huile de cade, il faut absolument s'en tenir au produit naturel, intégral. " (Traitement externe des dermatoses - docteur Veyrières et R. Huerre - 1924).

four cade vallon du coutelas nr 15 cadiere azur

LE FOUR.

Le four est traditionnellement une construction massive en pierres sèches de dimensions imposantes 5 à 7 mètres de large et 2,5 à 3 m de de haut. Une cornue centrale en brique, remplie de bois de cade, hermétiquement close et chauffée extérieurement, permet la distillation de l'huile de cade qui va s'écouler par le bas.

La face frontale (photo ci-dessus) présente un profond renfoncement qui conduit à l'orifice de sortie de l'huile : " la porte " dont la base est constituée par un moellon réfractaire carré par où s'écoulera l'huile.
Sur le faces latérales s'ouvrent les orifices d'un large tunnel destiné à l'alimentation et au tirage du vaste foyer dont les flammes chauffent une marmite centrale : " la jarre ".
four a cade
Cette jarre (construite en briquettes réfractaires, sera remplie de buchettes de cade et fermée hermétiquement sur le haut par un moellon (pierre plate). Au cours du chauffage, l'huile de cade exsudera et s'écoulera par la " porte " (en bas) dans un récipient.

" Dans la distillation du bois de l'oxycèdre, on obtient, comme dans celle du bois de pin, un goudron et une substance plus fluide qui surnage le goudron : c'est cette dernière partie qui constitue l'huile de cade. Certaines observations nous font penser que ce goudron serait peut-être plus actif que l'huile de cade. " (Traitement externe des dermatoses - docteur Veyrières et R. Huerre - 1924).

four a cade four à cade
A gauche : la porte du four permet la récupération de l'huile. A droite : la chambre du foyer entoure la jarre, le feu y sera entretenu.

La construction.

... La construction de la fabrique demande à l'ouvrier de vingt à vingt-cinq jours, car pour cette construction, comme pour l'exploitation ultérieure, il travaille toujours seul. L'appareil à distiller se compose des parties suivantes :

Un récipient, qui contiendra les branches coupées destinées à la distillation. Ce récipient a la forme d'une sorte de jarre renversée (J), dont l'ouverture rétrécie repose sur une large pierre plate très légèrement inclinée en avant ; la paroi s'élargit vers le haut et se termine en calotte sphérique ; ce récipient est établi parfois presque au niveau du sol, ordinairement un peu plus haut, et non dans une fosse. Cette JARRE (en patois la jerlo) est construite en fragments de briques empilées à plat et simplement réunies au moyen d'argile gâchée. Les parois ont environ 15 à 20 cent, d'épaisseur, et transmettent très bien la chaleur. Le diamètre inférieur, sur la pierre plate, est de 45 à 50 centimètres. Au niveau de celle partie rétrécie basilaire, les parois sont plus épaisses. Le diamètre augmente à mesure qu'on s'élève jusqu'à 1m20 au tiers supérieur ; enfin la hauteur de la jarre, dans laquelle le fabricant entre assez souvent pour en effectuer le nettoyage, est de 1m70 ; soit une capacité d'environ un mètre cube.

La jarre présente deux ouvertures :

1° Une supérieure circulaire, de 20 à 25 centimètres de diamètre, par laquelle on introduit le bois à distiller, et qu'on ferme au moyen d'une pierre plate (p) ;

2° Une inférieure placée en avant de la partie rétrécie et fermée par une porte (c) d'environ 40 centimètres de côté. Par cette ouverture, on retire le charbon après la combustion.
Quant au produit de la distillation, il s'écoule le long de la pierre plate inférieure, au-dessous de la porte, et tombe dans une terrine vernissée ; il n'y a là, comme on le voit, aucun tuyau d'écoulement. L'espace étroit laissé sous la porte suffit, non seulement pour l'écoulement du goudron, mais pour l'échappement des gaz et des vapeurs, dont la pression risquerait de faire éclater la jarre.

Une fois les deux ouvertures fermées, on voit que le récipient est clos, sauf la légère ouverture sous la porte : la combustion est donc tout à l'ait soustraite à l'accès de l'air, condition essentielle pour obtenir le produit désiré.

A quelque distance de la base de cette jarre, le constructeur élève un mur épais, de pierres sèches (m) distant d'environ 45 centimètres. Ce mur, légèrement incliné, vient joindre en haut le sommet renflé de la jarre, laissant autour de celle-ci un espace sans aucune cheminée dans lequel le distillateur entretiendra le feu. Ce mur, et le foyer qu'il circonscrit (f), sont presque circulaires et forment un fer à cheval fermé par un mur vertical. Ce mur laisse seulement trois ouvertures : l'une centrale, plus grande, aboutit à la porte inférieure de la jarre par un couloir court et assez haut (c) ; les deux autres, latérales, d'environ 35 centimètres de côté, sont destinées à l'introduction du combustible dans le foyer qui entoure la jarre, et peuvent être fermées par une grosse pierre.
Illustration ci-dessus : vue de profil, " Fours à cade, four à poix dans la Provence littorale " - Docteur L. Porte - édition Les Alpes de lumière.

Dans le petit couloir médian (c), qui peut laisser passage à un homme, on place, juste sous la porte de la jarre, élevée d'une quarantaine de centimètres au-dessus du sol, une terrine vernissée qui doit recevoir le produit de la distillation.

A gauche - actuellement une production industrielle de cade existe encore dans les Cévennes (Distillerie des Cévennes).

Tout cet ensemble est recouvert d'une couche de terre (t), de 20 à 25 centimètres au sommet de la butte, plus forte encore sur les bords, qui soutient les murs et empêche la perle de calorique.

Le four à cade, dans son ensemble, a l'aspect d'une grosse taupinée, de 6 mètres de diamètre et de forme hémisphérique, sauf le côté tronqué formant façade, où s'ouvrent les trois ouvertures déjà décrites.

Ce côté tronqué de la butte est orienté d'ordinaire dans la direction d'où le vent souffle le plus communément, afin que la fumée, qui sort en abondance par les trous d'alimentation du foyer soit autant que possible rejetée loin de l'opérateur. Enfin, non seulement le four, mais le campement tout entier est entouré d'une barricade circulaire de fagots ou de branchages, destinée à abriter la fabrique du vent, qui nuit à la régularité de la combustion. (Bulletin mensuel de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - 1911). (Bulletin mensuel de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - 1911).

A droite, "Flacon d'huile de cade vraie"  (Collection Musée ENVA - https://www.biusante.parisdescartes.fr)
Four à cade du Revers de Boquier, La Cadière d'Azur
Four à cade des sentiers de La Cadière, N° 17, dit du " Revers de Boquier ".

Le remède.

" L'huile de Cade est un produit des plus utiles et des plus actifs, d'usage encore très répandu dans nos campagnes, et que, pour certains cas tout au moins, aucun autre goudron ne peut remplacer. Très anciennement connue, elle n'était cependant qu'un remède populaire, réputé seulement par tradition transmise, et n'avait fait l'objet que de très rares observations scientifiques, lorsque SERRE d'Alais en 1846 l'appliqua à la médecine humaine, suivi bientôt par plusieurs médecins célèbres : BAZIN, GIBERT, DEVERGIE, RABUTEAU, etc. Elle a rendu et peut rendre encore de grands services contre diverses maladies : dermatoses (eczéma, psoriasis), scrofule et ses manifestations, maladies parasitaires (gale surtout), voire odontalgie et ophtalmies chroniques.

On l'a même souvent donné à l'intérieur contre les dartres, les maladies pulmonaires et surtout les parasites intestinaux. Malheureusement son odeur très forte, désagréable et persistante, la couleur noire qu'elle donne à la peau, ont toujours restreint son emploi chez l'homme. Mais, par contre, la médecine vétérinaire en fait grand cas dans des maladies variées, tout spécialement les ulcères des chevaux, la gale des moutons et les diverses affections cutanées des animaux domestiques Acre, caustique, très antiseptique, elle est bien plus active que le goudron ; sèche plus vile, adhère mieux, agit plus énergiquement. Sa miscibilité à l'huile, à la glycérine, à l'axonge, etc., en facilitent beaucoup l'emploi. " (Bulletin mensuel de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier - 1911).
four a cade
Toujours sur les sentiers de La Cadière d'Azur, le four N° 7, dit de " la Barre des Figuières ".
" Si l'huile de cade est employée depuis longtemps, ce n'est que récemment que les travaux de Pépin ont établi nettement son origine géographique. Pendant longtemps, on indiquait comme habitat du cadier le sud de la France et les Carpathes.

Pépin put se rendre compte de son inexistence dans les Carpathes, l'huile de cade étant d'ailleurs nommée en Hongrie oleum cadimum verum Gallicum. Il en chercha vainement dans les environs de Sisteron, mais en trouva dans le Var.

Les lieux de fabrication habituelle sont d'ailleurs le Var et le Gard. Mais on trouve des cadiers dans les Pyrénées-Orientales, au Maroc et, d'une façon générale, sur de nombreux points du littoral méditerranéen. " (Traitement externe des dermatoses - docteur Veyrières et R. Huerre - 1924).

four a cade nr 7 de la barre de la Figuière la cadiere saint anne
Ci-dessus, four à cade du Font de Marc, du côté de Sainte-Anne du Castellet.
 
_____________________



Les principaux composants de l'huile de cade

1924. " Les travaux de Schûltz ont montré que l'huile de cade contenait de l'acide acétique et ses homologues, des carbures d'hydrogène (carbures aromatiques et surtout sesquiter-péniques), des corps résineux et des phénols.

Les phénols, dont le rôle thérapeutique est capital, représentent environ, pour Schûltz, 10 % de l'huile de cade. Nous avons trouvé des chiffres variant entre 8 et 11 % dans des huiles de cade que nous avons préparées nous-même. Schûltz a caractérisé dans ces phénols un peu de gaïacol, beaucoup de méthyl-gaïacol (créosol) un peu d'éthyl et de propyl gaïacol.

Pas de monophénols, pas de triphénols (pyrogallol et dérivés), qui existent dans le goudron de hêtre, de tremble (mono et triphénols) et de bouleau (monophénols). " (Traitement externe des dermatoses - docteur Veyrières et R. Huerre - 1924).

2007. A gauche, les principaux composants de l'huile de cade - Thèse pour le diplôme d'état DE DOCTEUR EN PHARMACIE par Anouck BELLIOT - Présentée et soutenue publiquement le 05 novembre 2007.

Si vos paupières sont rouges : ... 20 gouttes d'huile de cade !
Si votre peau est irritée, un savon "surgras" à l'huile de cade.



Le Petit Marocain,
édition du 27/01/1943
four a cade
Oleum Tacum, huile de Tac, Oli de cade, huile de cade

1750. " TAC. Maladie de brebis espèce de peste. Du mot de tache selon l'opinion de Scaliget ... Nous appelons aussi tac, une espèce d'huile de cèdre ; et nous l'appelons de la sorte cause qu'on s'en sert pour guérir le tac. ... " (Dictionnaire étymologique de la langue française - Gilles Ménage ; éd 1750).
 
1775 " Au commencement du seizième siècle, on parlait beaucoup, en France d'une maladie des brebis, qui ressemble, à beaucoup d'égards, à celle des bœufs, dont on vient de parler, connue sous le nom de Tac, febris pestifera varinigri, maladie extrêmement contagieuse, & formidable pour les Bêtes à laine, qu'on distinguait très-bien de la Clavelée, puisque Rabelais dit plaisamment, en raillant ceux qui font de trop grands souhaits ; " ne nous avient souvent que le Tac & la Clavelée » . Un des premiers Auteurs, après Gesner, qui ait parlé du Tac, c'est Bélon, savant Médecin du XVIe siècle, cet Auteur à l'occasion de l'huile de Tac, oleum Tacum, ainsi nommée parce qu'on l'employait dans la maladie de ce nom ajoute que, « c'est un mal pestilentiel, qui s'attache aux brebis et les tue. Les paysans de la Gaule Celtique, dit-il, plus savants que nous, pour les guérir, viennent chez les apothicaires demander du Tac, qui est une huile empyreumatique tirée du bois de genièvre, qu'on appelle dans la partie méridionale de la France, du Cade Serbin, nom emprunté des Juifs ».

Il paraît que le nom de Tac a été donné à la maladie qu'il désigne, à cause de l'extrême facilité qu'elle a à se répandre par l'attouchement - ou le Tac \ ou bien, suivant l'opinion de Scaliger, à cause des marques ou taches pourpreuses qui paraissent sur la peau dans cette maladie, comme si l'on était couvert de taches. " (Recherches historiques et physiques sur les maladies épizootiques, avec les moyens d'y remédier dans tous les cas. J-J Paulet - éd 1775).
four a cade
Sur les chemins du patrimoine à Ollioules, un autre très joli four à cade restauré avec sa cheminée et son foyer.
1859, Traitement à l'huile de cade de 6 bêtes, dont deux dans un état déplorable.

En 1790. " Les moutons seront tondus, brossés, lavés on les laissera séchés & ensuite on les onctionnera dans les endroits galeux avec le sain-doux ou le beurre frais, ou l'onguent populeum les Bergers s'en servent ordinairement du goudron de l'huile de Cade, de l'essence de térébenthine incorporée dans une graisse quelconque ... " (Bibliothèque physico-économique, instructive et amusante ... - éd : 1790).

En 1859 " Des six bêtes traitées par ce procédé deux surtout étaient dans un état déplorable : chez l'une, une large plaque dénudée couverte de tubercules galeux profondément ulcérés s'étendait de l'occiput à la région dorsale, présentant une surface malade égale à près de la moitié du corps de l'animal, une autre plaque large comme la main occupait la région sacrée.

Chez l'autre les mêmes phénomènes étaient mais dans des proportions un peu moindres. Les quatre dernières atteintes plus superficiellement offraient encore tous les signes d'une gale bien déclarée. L'œil terne, le port de la tête ainsi que la démarche lente de ce petit troupeau, décelait un état de souffrance bien manifeste. ... "
four a cade ollioules
" ... Une seule friction avec l'huile de de Cade fut faite en présence de la commission, qui s'assura que le liquide avait été appliqué bien exactement, sur toutes les parties malades ; le résultat fut des plus satisfaisants. ...

La commission a été frappée à Juste titre de ce résultat ainsi que de la facile application du remède. Un homme seul, (le berger), peut à l'aide d'un pinceau enduire les bêtes. Son innocuité, la quantité minime nécessaire, son bon marché rendent encore ce médicament précieux. Aussi votre commission croit-elle, pour tous ces motifs, devoir recommander ce médicament de préférence à l'arsenic qui lui inspire des craintes légitimes, et réclamer l'impression du mémoire de M. Vigneau. (Annales de la Société économique d'agriculture, commerce, arts et manufactures du département des Landes - 1859).

four a cade    Four à cade, Ollioules

La corne à huile de cade

Conséquence " Dans le département de l'Hérault, où les bêtes à laine sont évidemment mieux soignées que dans la Lozère, on ne rencontre que très-rarement la gale dans un troupeau. Nos bergers ont le soin de porter toujours avec eux une corne remplie d'huile de cade ... " (Bulletin de la société d'agriculture, industrie, sciences et arts du département de la Lozère - 1858)

" Il n'y a pas si longtemps encore, nos bergers utilisaient couramment des cornes de bovins pour transporter leur boisson, leur huile, certaines substances pulvérulentes (poudre de chasse par exemple) ou les pierres à aiguiser les couteaux. Ils en employaient d'autres comme récipients pour les produits destinés à soigner le troupeau, et l'objet de ce court travail est de présenter celles à huile de cade et à jus de tabac. ... Grâce à l'obligeance de M. Jean Cuisenier, conservateur en chef du Musée des Arts et traditions populaires, à Paris, et à l'aimable collaboration de Mme Loux, attachée de recherches au C.N.R.S., il m'est possible de vous présenter plusieurs cornes à huile de cade. ... Les cornes reproduites proviennent des Alpes de Haute-Provence et de l'Hérault.
- La première mesure 275 mm de long et 70 mm de diamètre. Elle comporte un orifice d'un seul côté et se portait attachée à la ceinture ou au poignet. L'ouverture de la corne est obturée par un disque de bois comportant un trou bouché au liège. Origine : Alpes de Haute-Provence, XIXe siècle (fig. 1).

- La deuxième mesure 255 mm et 77 mm. Elle comporte un orifice pour le remplissage, un autre pour l'usage, simple ouverture sur le côté, au quart inférieur, fermé par une cheville de bois. Une courroie insérée dans une encoche permet la fixation et le transport (même pl., fig. 2). " (Article "Cornes de bovins à usage pharmaceutique utilisées par les bergers" de Charles Bourgeois paru dans la "Revue d'Histoire de la Pharmacie", année 1974, nr 221, pp. 83-87 - www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1974_num_62_221_8736).

Page 2, la suite en page 3 - Retour haut de page