" Voici le quartier de Fontfrège (la
Source froide). A l'ombre de peupliers, de saules et de chênes, là
s'élèvent deux ou trois fermes et, dans leur voisinage, se creusent
dans le sol rocailleux des espèces de puits qui, profonds de 20 à 30
mètres, en ont 15 ou 20 de diamètre et dont, haute de 2 ou de 3, la
margelle forme une espèce de tour trapue que, chargée de cailloux qui
résistent au vent, ferme un toit en cône aplati et que perce une porte
; ce
sont des glacières. " (Excursion
à La Sainte-Baume : les étapes d'un touriste en France - Marius Bernard
- 1902). Du XVII au XIX s. les glacières de la Sainte-Baume, approvisionnaient Marseille et Toulon en glace fabriquée l'hiver et stockée dans ces immenses puits. |
La
grande glacière
Pivaut
à Mazaugues
Une vingtaine de
glacières subsistent à l'est du massif, principalement sur des terrains
privés de la commune de Mazaugues. Avec ses 23 m. de
haut, 19 m. de diamètre et une capacité de stockage de 3600m³, la
glacière Pivaut est aujourd'hui la plus remarquable. Elle a été
restaurée en 1997 par le Conseil Général du Var, soutenu par l'ASER ;
facilement accessible, elle est ouverte aux visites commentées par
l'intermédiaire du musée de la glace de Mazaugues. |
" A
diverses hauteurs, sur le coteau qui porte Saint-Cassien, des carrés de
terrain sont
entourés de parapets et constituent ainsi des sortes de bassins que la
pluie remplit en hiver ; de la glace s'y forme et, lorsque l'homme qui
les garde la trouve assez épaisse, les paysans d'alentour, qui
répondent de loin à l'appel de sa trompe sonnant dans le silence des
campagnes blanches de neige, viennent la précipiter dans ces puits où
elle se prend en masse compacte et où elle passe l'été. " (Excursion à
La Sainte-Baume : les étapes
d'un touriste en France - Marius Bernard - 1902). Rappelant l'exploitation des marais salants, les bassins de congélation s'étendaient sur un replat en amont. Si les adductions d'eau ont disparu, l'eau reste abondante sur ce versant nord de la Sainte-Baume. La présence d'argile à faible profondeur imperméabilisait le fond des bassins. D'une surface de 5000 m², avec une épaisseur de 15 cm de glace, une récolte sur la totalité de la surface permettait de remplir le quart du réservoir de la glacière. |
Dimensions : - hauteur : 25 m dont la moitié enfouie ; - diamètre extérieur : 19,80 m ; - épaisseur des murs : 2,50 mètres. Ouvertures - elles définissent le niveau de remplissage. - autrefois 5, équipées d'une triple fermeture avec des portes. Tous les matériaux de construction proviennent des abords de la glacière. Les murs sont en blocs de calcaire et de grès ajustés au mortier de chaux. Une console en blocs de tuf ceinture la coupole. Isolation. Un mur écran enveloppe la partie hors-sol du bâtiment. Le vide entre ce mur écran et le mur du réservoir est rempli de terre argileuse. |
Il
fallait renouveler quatre fois l'opération pour remplir totalement la
glacière à la faveur des gelées hivernales fréquentes sur cet ubac
froid et humide. Les bassins étaient séparés par des butées de terre et
des murettes qui servaient à la circulation des ouvriers et qui
permettaient un fractionnement des opérations de
remplissage. Aucun arbre n'était présent sur les bassins qui étaient en
glace l'hiver et
en herbe à la belle saison. |
La rampe située
entre les
bassins et la glacière permettait le remplissage de la glacière."
(extrait
des panneaux explicatifs à proximité de la glacière, source ASER centre
Var). " Ce qui caractérise sans doute le mieux l'A.S.E.R., ce sont ses travaux sur ce qu'il est convenu d'appeler l'architecture vernaculaire, cabanes de charbonniers, fours à chaux, bergeries et bastides, glacières, etc., points de départ d'une analyse proprement ethnologique des acteurs et de la société qui ont engendré ces structures. L'inventaire de ces témoignages architecturaux est indispensable à la compréhension de l'occupation des terroirs mais il n'est rien d'autre qu'une étude quantitative et imparfaite. L'Association a donc réalisé de nombreuses enquêtes orales auprès des derniers acteurs de la distillation du cade, de la cuisson du bois de chêne, du pastoralisme, de l'apiculture... Le recueil de ces témoignages est indispensable tant la mémoire individuelle et collective des faits et des chaînes opératoires disparaît vite. " (Bulletin de l'Académie du Var - 2000). |
" En Hiver la
glacière était remplie en
peu de jours entre décembre et mars
grâce à la participation de 30 à 100 paysans des alentours, selon les
besoins. Sur les bassins la glace était sciées en morceaux amenée vers
le réservoir par divers moyens, à dos d'homme, avec des bêtes, des
wagonnets ... " |
Profession
: " Maître de glacières. Le fait de posséder une
glacière et d'y conserver de la glace constitue la profession de maître
de glacière (sans qu'il y ait à distinguer si la glace est naturelle ou
si elle a été obtenue par des moyens chimiques). Et pour les éléments d'imposition, droit fixe : " Le droit fixe afférent à cette profession est établi sur la capacité des glacières ..." (Recueil des arrêts du Conseil d'État - 1882). |
Le puits de la glacière :
23 m. de haut,
19 m. de diamètre pour une
capacité de stockage de 3600m³. |
"
Déjà à demi vide, l'un d'entre eux est ouvert. Verticale, une échelle
qui part de
sa porte descend vers les blancheurs qui miroitent, là-bas, au fond de
ses ténèbres, et, nous gelant les doigts à ses barreaux de fer, nous y
descendons avec elle. Un froid intense nous saisit dans ce trou
sibérien ; la glace grince sous nos pieds, tandis que, en haut, le
soleil flambe et, bottés, armés de pics, des ouvriers en font des
ballots et en moulent dans de grands cylindres de fer les débris qui
s'agglutinent. " (Excursion à La Sainte-Baume : les étapes d'un
touriste en France - Marius Bernard
- 1902). " ... Basculée dans le puits, la glace était rangée et compactée par d'autres ouvriers. En été, la glace, sciée et tassée dans des moules de forme cylindrique était remontée en fin de journée et la nuit. Les "pains de glace" une fois démoulés étaient chargés sur des charrettes où on les recouvrait avec des étoffes, puis de la paille, des fougères, des feuillages ... Ils étaient acheminés de nuit vers Toulon et Marseille. Le trajet prenait une nuit par la montagne, deux nuits s'il fallait la contourner (route de Nans et d'Auriol)." (extrait des panneaux explicatifs à proximité de la glacière, source ASER centre Var). |
17 OCTOBRE
1937 - " UNE BELLE
REALISATION TOURISTIQUE DANS LE VAR. ... C'est une belle réalisation
routière et touristique qui vient d'être
inaugurée dans le Var : la route qui, de Mazaugues, conduit au massif
de la Sainte-Baume, en suivant le flanc des collines accotées à
l'imposant massif rendu célèbre par Sainte-Marie-Madeleine. Mazaugues
est, dans un cadre charmant de rochers et de verdure, une riante
bourgade provençale située entre de nombreuses collines dominées, d'une
part par le Mont de la Loube et
d'autre part, par le massif de la Sainte-Baume. " (L'Humanité). |
Sortie du canal d'évacuation des eaux de fusion (fondues)..
21 FEVRIER 1864 - DES BRIGANDS A FONT-FREGE ! Dans la soirée du 21, à la tombée de la nuit, quatre individus, masqués et armés de fusils à deux coups, pénétrèrent bruyamment dans une maison isolée du quartier des Glacières, de la commune de Mazaugues. Les voleurs avaient sans doute attendu le moment où le sieur Jh. Michel, propriétaire de cette maison, était absent et où il ne restait au logis que sa femme et son jeune fils. Dès leur entrée, les malfaiteurs se sont emparés du fils Michel, l'ont attaché à un arbre, et tenant la mère en respect, ils ont fouillé les coins et recoins de la maison, voulant, disaient-ils, la somme d'argent qu'ils savaient y être déposée. Leurs recherches étant infructueuses, ils ont fait main basse sur les provisions de bouche, et ont emporté une blouse, un fusil, deux paletots et une somme de cinq francs trouvée dans un meuble. A leur sortie de la maison, s'apercevant sur le fils Michel était parvenu à se débarrasser de ses liens et à prendre la fuite, ils se sont mis à sa poursuite, mais, heureusement, sans l'atteindre. La justice s'est rendue sur les lieux et elle informe. » (Le Temps - édition du 02/03/1864). |
Flaque gelée de Sainte Baume. Le salaire moyen d'un ouvrier de la glace était de 3 Francs par jour, les 100 Kg de glace se revendaient alors 8 Francs 50 à Marseille qui garde encore le souvenir de cette époque au travers le nom d'une de ses rues : " la rue de la Glace ". |
" Traînés par des chevaux, des palans la hissent au jour et, par un horrible chemin de montagnes, des charrettes l'emportent. Elle laissera, cette nuit, des traînées de gouttes" d'eau dans les villages de la route et elle arrivera, le matin, à Marseille, aux cafés de la Cannebière, aux paquebots qui, grâce aux conditions de leur aménagement, lui feront faire le voyage de la Chine et du Japon. Et, assis en face d'un large paysage qui, avec, en plus, les collines du Var, est un peu celui de la Grand'Bastide, nous nous rafraîchissons avec des morceaux de glace apportés de là- bas et nous revenons à l'hôtellerie. " (Excursion à La Sainte-Baume : les étapes d'un touriste en France - Marius Bernard - 1902). |
Autres
glacières de la Sainte Baume |
" Rien n'est plus saisissant, rien n'est plus délicieux que les environs immédiats des glacières de Font-Frège. Les sources, même en plein été, jaillissent de toute part, donnant à la végétation une exubérance inaccoutumée. Jadis, l'industrie de la glace, fabriquée dans de larges bassins de faible profondeur, recueillie et conservée ensuite dans des puits aux toits coniques surbaissés, faisait de ces régions un centre d'activité à laquelle fait place maintenant la solitude et le silence. Silence à peine troublé par la monotonie du murmure des sources et les appels au loin du berger rassemblant son troupeau sur les pentes. " (Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille - 1916). |
Maître de glacières vs Justice en 1881 : " Recours contre un
arrêté du 15 nov. 1881; Var; commune de Mazaugues ; maître de
glacières. Le requérant qui se borne à récolter la glace et à
l'emmagasiner dans ses glacières ne saurait être considéré comme maître
de glacières, profession que la loi du 15 juil. 1880 a considérée comme
industrielle ; d'ailleurs, en admettant cette qualification, il y
aurait lieu de n'imposer le requérant qu'au demi-droit fixe, les
glacières ayant dû chômer en partie par suite du manque de froid. CONSIDÉRANT, d'une part, qu'il résulte de l'instruction que le sieur Saisse possède dans la com. de Mazaugues des glacières où pendant l'année 1881 il a conservé de la glace ; que ces faits constituent l'exercice de la profession imposée aux tarifs annexés à la loi du 15 juil. 1880 sous la dénomination de maitre de glacières. Considérant, d'autre part, que le droit fixe afférent à ladite profession est calculé sur la capacité réelle des glacières, sans qu'il y ait lieu de rechercher quelles sont les quantités de glace qui y ont été emmagasinées ; que le sieur Saisse n'allègue pas que la capacité attribuée à ses glacières soit exagérée, et qu'il ne saurait se prévaloir de ce qu'elles n'ont été qu'incomplètement utilisées pendant l'année 1881 pour demander une réduction de droit fixe ... REJET ! |
Glacière du Pic de Bertagne
(Sainte Baume)
" De Gémemos, parle beau vallon de St-Pons (à 3
kilomètres), trois heures suffisent pour faire l'ascension du
Pic-de-Bretagne (1043 mètres d'altitude), d'où l'on jouit d'un panorama
splendide sur les rades de Marseille et Toulon, les chaines de la
Sainte-Baume, Sainte-Vie Loire, le mont Venteux. les sommets neigeux
des Alpes, etc. Sur le parcours de Gémenos il la la Sainte-Baume, au
pied du pie de Bretagne, il a été installé un refuge, au lieu dit La
Glacière, pour les excursionnistes. " (Indicateur marseillais : guide
du commerce : annuaire du département des Bouches-du-Rhône ... Pierre
Blanc - 1913). |
Le
cadre. Profitez du parc St Pons à Gémenos avant de monter à la glacière
du Pic de Bertagne par le vallon du Fauge (sur la droite de l'image) ;
vous redescendrez ensuite par le bien nommé chemin de la glace (par la
gauche ...). |
La grande glacière est
située à 670 m.
d'altitude à l'ouest du massif. Seule son toit en partie effondré est
visible. |
Regard et bouche d'alimentation. |
"Ici
la glacière fût fondée par Paul Ruat le 28 mars 1897. La société des
excursionnistes marseillais." Paul Ruat laisse également son nom au
refuge situé à proximité immédiate de la glacière. |
Un peu plus au nord, la glacière du château d'Entrecasteaux |
Atypique, au XVIIIe siècle, le seigneur du château d'Entrecasteaux s'était fait construire une petite glacière au pied des remparts nord de son château. |
La
glacière de la maison du patrimoine à Roquebrune sur Argens.
La maison du patrimoine à Roquebrune sur Argens,
" incontournable pour qui veut découvrir l'histoire de
Roquebrune-sur-Argens de la préhistoire à nos jours ". Effectivement,
incontournable et pour le moins très original car vous marcherez
au-dessus d'une " authentique glacière du XVIIe siècle, en parfait
état, dans son emplacement initial "
(https://roquebrunesurargens-tourisme.fr). |
Ci-dessus, le plancher de verre recouvrant la glacière. "
Cette ancienne écurie, construite en 1883, a cédé sa place à la
présentation de l’étendue et la variété du patrimoine historique de la
commune, dont cette glacière. C'est en 1600 que Gaspard de Badier,
coseigneur de Roquebrune, s'est associé à Jean Bœuf, tailleur
d'habits, pour faire bâtir une petite glacière dans le quartier
Barbacane du village. Dotée d'une capacité de stockage limitée, elle
n'était probablement qu'un dépôt de glace achetée dans un autre lieu de
production. La glace était transportée de diverses manières. Ainsi en 1665, il était prévu, par contrat, d'acheminer à dos de mulet, de la glace de Roquebrune jusqu'à la tour de Sainte Maxime et de là, par bateau, à Saint-Tropez. " Ne manquez pas non plus, dans la même maison du patrimoine, la borne milliaire romaine, qui était l'objectif initial de ma visite à Roquebrune. |
La glacière Saint Martin à Cotignac |
La glacière
Saint Martin de
Cotignac fut achevée en 1701. Elle ne fut exploitée que quelques années
faute de revenus suffisants. |
Les
premiers blocs de glace étaient posés sur des troncs d'arbre, et afin
d'assurer une isolation, des bottes de paille étaient plaquées contre
les murs. On abritait le tout avec des planches et de la paille, puis
on fermait la glacière jusqu'à la fin de printemps. |
La source Saint Martin. |
La glacière du pont de
Ratton à Ampus |
La commune, l'Association pour la préservation du Patrimoine
d'Ampus (APPA) et la Communauté d'agglomération dracénoise (CAD) ont
œuvré à la réhabilitation de cette glacière situé dans l'endroit le
plus froid de la commune. Profitez-en pour visiter le village. |
Glacière du château Peiresc
à Belgentier |
" Cette tour fut sans doute un colombier et une glacière - pour la conservation de produits alimentaires et non de glace ... " (Brochure les Amis de Peiresc). |
Construire
sa glacière.
En 1818, pour
ceux
qui souhaitaient construire leur propre glacière ... , " Les
propriétaires qui n'ont point de glacière peuvent se procurer le
plaisir de prendre des glaces qu'en hiver ; mais comme c'est surtout en
été qu'elles sont le plus en usage, nous croyons donc devoir leur
indiquer un moyen facile d'établir à peu de frais une glacière dans
leurs propriétés. Une glacière est un lieu creusé dans un terrain sec
pour y serrer de la glace ou de la neige pendant l'hiver, pour la
conserver pour l'été. (L'art d'employer les fruits - M. Audot - 1818).
|
Ou encore en 1898, toujours du même auteur, " Si, profitant d'une situation heureuse, on a pu se construire une petite glacière, utile, d'ailleurs, à la conservation des substances alimentaires, on sera bien aise de savoir faire des glaces ... " (La cuisinière de la campagne et de la ville : contenant indication des jours maigres, table des mets selon l'ordre du service... 76e édition mise au courant du progrès annuel - M. Louis-Eustache Audot, 1898.) |
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