Des
meulières dans le Var et en Provence - 4
" Aussi trouve-t-on dans les temps les plus reculés le broiement du blé à la main. Chacun, sans doute, triturait ainsi ou faisait triturer le sien chez lui, suivant ses besoins. Mais les hommes qui s'employaient à ce travail, quels qu'ils fussent, simples ou intelligents, durent bientôt s'apercevoir que cette préparation longue et pénible pouvait être susceptible de quelque perfectionnement, et chercher les moyens d'abréger et d'adoucir ce travail. Ils imaginèrent la pierre à mortier et le pilon. Ce fut la première amélioration notable ; mais elle ne dut pas non plus paraître suffisante, et les inventeurs eurent à continuer leurs recherches. ... Le premier qui eut l'idée de superposer deux petites meules et de leur communiquer le mouvement à l'aide d'une manivelle, fut le créateur de la meunerie. " (Traité historique et pratique sur la meulerie et la meunerie par Auguste Piot, 1860). L'illustration avec quelques meulières du Var et un usage toujours indispensable ; un joli patrimoine... |
Meulières du col de la Pierre du Coucou
à Bagnols en
Forêt
Déjà en 1786, " On retire des montagnes du Puget vers le Nord vis à vis Bagnols de très belles pierres meulières que l'on transporte jusqu'à Marseille ; c'est un grès fort dur & très propre à cet usage. La moitié de ce terroir vers cet endroit est inculte ." (Histoire naturelle de la Provence, contenant ce qu'il y a de plus remarquable dans les règnes végétal, minéral, animal & la partie géoponique - M. Darluc). |
C'est la qualité abrasive de la
roche qui avait décidé de ce lieu d'exploitation abandonné au XVIIIème
siècle. |
Dans un moulin à vent, les
meules tournante et gisante ont le même
diamètre, souvent supérieur à 1 mètre 25 et pouvant
atteindre 2 m. Leur épaisseur varie de 25 à 30 cm et leur poids est
d'environ une tonne. |
Différentes roches se prêtent à
l'extraction pour
la transformation en meules : calcaires, grès, basaltiques, quartzites,
en poudingue, granitiques ... |
Plusieurs meulières ont aussi été exploitées entre Puget-sur-Argens et Bagnols-en-Forêt. |
Les passionnés partiront à leur
recherche et pourront constater de nombreux échecs dans cette taille si
particulière. |
Meule, réceptacle inférieur, exposée dans le jardin du musée
archéologique de Saint-Raphaël. |
Saint-Victor,
martyr broyé sous une meule à Marseille !
![]() Encart douloureux et historique avec le plus prestigieux des saints marseillais : Saint-Vicor. ![]() Son heure étant enfin venue, on le mena, par ordre de César, dans un moulin de meunier ; là, les licteurs ajustent son corps saignant et mutilé sous la meule, les bourreaux s'y attellent et lui impriment une rotation violente qui broie ce froment de Dieu et ce pain d'élection. Cependant, la meule s'étant miraculeusement démontée, et un souffle de vie restant encore au martyr, la mort vint enfin pour lui après tant d'agonies on lui trancha la tête. Au moment où elle tombait, une voix éclata dans le vide, qui criait : « Tu as vaincu, bienheureux Victor ! tu as vaincu ! ». (Les Fleurs des saints, actes des saints martyrs - J-M B de Saint-Victor - 1847). Et pour cette histoire et la prestigieuse abbaye Saint Victor de Marseille, c'est : ICI. |
Meulières à
Ollioules
" A Ollioules, " le Rocher de l'Aigle forme le front nord d'un long massif basaltique dont la base méridionale constitue aux alentours d'Ollioules et les pittoresques sommets de Pipaudon et d'Evenos. ... Au point de vue archéologique le plateau du Rocher de l'Aigle est très remarquable, d'une étendue de plus de 600 mètres E.-O. pour 250 environ dans sa plus grande largeur ; il présente sur presque toute sa surface les traces d'une exploitation rocheuse intensive dont on retrouve les produits sur une quantité de stations anciennes de notre littoral. |
C'est dans son domaine et avec
sa matière constitutive que se faisaient
ces petites meules dites gallo-romaines dont l'origine est quelque peu
noyée dans l'aube de l'histoire mais qui étaient fort répandues aux
premiers siècles de notre ère dans les colonies romaines de la
Provence. Les ébauches de ces pièces sont encore si nombreuses sur
place que nous avons pu sans peine en compter plus de deux cents. "
(Bulletin de la Société
archéologique de Provence - 1905). Au premier plan à droite, 3 meules dégrossies, au second, 4 pierres alignées verticalement et d'autres superposées ont été stockées avant cette étape. Plus loin, un pierre verticale parfaitement ronde. |
" 700 ustensiles à destination agricole ont
été
trouvés et ce sont surtout les meules, comme celles que l'on voit au
Musée de Toulon, qui permettent de suivre l'évolution de l'outillage :
|
" Le territoire de Roquevaire
fournit des meules dont se sert à Marseille ; mais les meilleures, sans
contredit, sont celles que l'on tire des vaux d'Ollioules ... Ces vaux
sont remplis de lave et de pierres volcaniques. On regarde en Provence
les meules tirées des laves, comme les meilleures et les plus propres à
éclater l'olive, et j'y en ai vu plusieurs de cette nature. " Les bonnes meules d'Ollioules de 5 pieds et demi de hauteur, sur 14 pouces d'épaisseur, ne coûtent, transportées jusqu'à St Nazaire (aujourd'hui Sanary-sur-Mer, ndlr), que 150 à 200 livres et en leur donnant la proportion que je demande ; elles seraient excellentes pour le nouveau moulin. " (Observations et mémoires sur la physique et sur l'Histoire naturelle et sur les arts et métiers, 1777). |
Meule à usage
domestique, maison du patrimoine Roquebrune sur Argens.
" Incontournable pour qui veut découvrir l'histoire de Roquebrune-sur-Argens de la préhistoire à nos jours. Elle présente une collection de vestiges préhistoriques et romains, une magnifique collection d'ex-voto ainsi qu'un jardin médiéval avec des plantes médicinales. Ce musée a été aménagé autour d'une véritable glacière du XVIIème siècle. " (https://roquebrunesurargens-tourisme.fr). Effectivement, une visite incontournable qui vous permettra entre autre de découvrir cette ancienne meule à usage domestique. |
Meules à grains gallo-romaines
au musée des comtes de Provence à Brignoles. |
Soyez aussi attentifs en vous promenant ... |
De l'état des
meules dépend la qualité de la farine ... |
Il faut donc, selon leur usure, retailler les surfaces travaillantes. Cette opération est appelée rhabillage ou rencapage et consiste à repiquer les surfaces des meules en contact avec la mouture. Elle est effectuée par le meunier qui devait donc au préalable déplaçait la meule tournante. Le rhabillage (piquage, battage ou encore rencapage) est effectuée par le meunier en général deux fois par an et plus si besoin. Il doit ici retracer les différentes rainures qui permettront la bonne ventilation entre les deux meules, le broyage des grains et le guidage de la farine de l'œillard (trou d'alimentation au centre de la meule) vers la feuillure située en périphérie. |
![]() |
Image de gauche. " Système
de rayons qui prévient l'échauffement des meules et permet de moudre de
120 à 130 kilogrammes à l'heure. - Système à 12 rayons à appliquer aux meules de 1m.25, 30, 35. - Système moins évidé et propre aux meules d'une nature de pierre bien plus poreuse." Le tracé des rayons sur un meule était capital, il devait allier efficacité du broyage, évacuation de la farine et empêcher un échauffement excessif susceptible de faire exploser la poussière, principalement à cause des particules de silex que contenaient certaines meules et qui pouvait provoquer une étincelle par frottement. Les poussières, comme la farine, la sciure ... sont explosives ! Ce dernier point était très important, rappelez- vous ici la fameuse comptine " Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin, bat trop vite ! ". Pour éviter toute survitesse un mécanisme tournant au ryhtme des meules activait une cloche permettant au meunier d'évaluer la vitesse de son moulin. L'installation d'un régulateur à boules aidait aussi à la régulation de la vitesse. Plusieurs gardes-moulins ont imaginé d'élargir les rayons diviseurs, c'est-à-dire les grands rayons qui prennent naissance vers les extrêmes bords de la circonférence et aboutissent dans l'œillard. Nous approuvons ce mode de rayons dans les moulins qui possèdent une force motrice supérieure, car les rayons de ce genre facilitent l'entrée de l'air atmosphérique et empêchent ainsi à la chaleur de la meule de parvenir à une température trop élevée. Il est vrai qu'à la suite d'un travail trop prolongé et forcé, la température ne s'élèverait pas moins à un très-haut degré et nuirait à l'excellence des produits ; mais ce qui arrive dans ce cas exceptionnel aux meules dotées de ce système de rayons, se manifesterait encore avec plus de gravité et d'intensité dans les autres. ... |
Pour augmenter l'efficacité de ces rayons et diminuer de plus en plus la chaleur qui se produit dans les meules assujetties à un travail prolongé, principalement dans les meules pleines, nous avons imaginé une division à vingt-quatre rayons larges en cœur à répartir sur la surface des meules d'un mètre 45 centimètres à un mètre 50 centimètres de diamètre, suivant le procédé ci-après. " (Traité historique et pratique sur la meulerie et la meunerie / par Auguste Piot - 1860). | |
Ex-voto
1872,
accident dans un moulin
Les accidents dans les moulins arrivaient régulièrement : chute dans la cuve, bras ou jambes entravés dans les engrenages, ou encore pendant l'installation ou le déplacement des meules comme en témoigne l'ex-voto de droite. |
A Grimaud, un moulin à sang et
sa meule à côté du
moulin St
Roch. |
" Le moulin romain se composait d'une pierre taillée en forme de cône qui portait le nom de meta, à cause de sa ressemblance avec les bornes de cirque, et d'une autre pierre taillée en forme de sablier dont les panses seraient ouvertes et évasées et que l'on appelait le catillus. Ce catillus constituait, en réalité, un double entonnoir. L'entonnoir inférieur coiffait la meta, l'entonnoir supérieur recevait le grain. " (Bulletin de la Société française des ingénieurs coloniaux - 1917 et images : Bulletin de la Société archéologique champenoise - 2000). |
Dans un moulin à vent, les
meules tournante (ou
mouvante) et gisante (ou dormante) ont le même diamètre, souvent
supérieur à 1 mètre 25 et
pouvant atteindre 2 m. Leur épaisseur varie de 25 à 30 cm et leur poids
est
d'environ 1 tonne. A partir de 1820, 1890, les meules sont
parfois cerclées de fer pour accroître leur résistance ou
permettre un assemblage par quartiers (ou carreaux). |
Une meule de moulin à
plâtre (St Cyr sur Mer). |
A gauche, une autre meule de
moulin à
plâtre (St Cyr sur Mer) et à droite, meule de moulin à huile de noix. " Maintenant,
je n'ai plus qu'un vœu à former : puisse cette œuvre, tout imparfaite
qu'elle soit, faire tout le bien en vue dequel je l'ai entreprise et
dont la pensée a soutenu si longtemps mon courage ! " (Traité
historique et pratique sur la meulerie et la meunerie - Auguste Piot -
1860)
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Un autre usage : le Tournaou d'Ampus |
Le Tournaou, cette
meule
est entraînée par la roue à aubes située juste de
l'autre côté du mur, elle servait à émoudre et affûter les outils.
Publique, le maréchal-ferrant et tous les
villageois pouvaient s'en servir pour aiguiser leurs couteaux, haches,
faucilles, etc. |
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