Chemin privé !
30 - Châteaux en Provence :
Ollioules, oppidum et château féodal ; Roquefort la Bédoule ...

" Comme toute passion, poussée à son degré culminant, celle-ci engendre une idée-force, le désir de la découverte. Partir pour quelque découverte, n'est-ce pas la suprême aspiration de tous ceux qui mènent en d'austères bureaux une vie routinière, en marge de la saine nature ? " (Jean Layet)


Ollioules, l'oppidum de la Courtine et son château féodal.
L'oppidum de la Courtine.
" Je vous dirai de l'Archéologie préhistorique ce que Fontenelle disait de la Botanique : « Ce n'est pas une science sédentaire et paresseuse qui se puisse acquérir dans le repos et dans l'ombre du cabinet. Elle veut que l'on courre les montagnes et les forêts, que l'on gravisse contre des rochers escarpés, que l'on s'expose aux bords des précipices... ». Discours de Réception de Maître Jean Layet à l'Académie du Var -1952). "Maître", Jean Layet était notaire.

Les fouilles dirigées par Jean Layet entre 1945 et 1960 puis par le Centre Archéologique du Var entre 1984 à 1989 ont permis d'isoler un rempart vraisemblablement construit au début du IIe siècle. avant JC, des tours carrées, des habitations établies successivement entre le IVème siècle et l'an -140. Le site est progressivement abandonné à partir de l'an -110. Outre une multitude d'objets, on a découvert des pièces d'armement : boulets, fers de catapultes, du plomb fondu qui laissent supposer quelques batailles sanglantes.
oppidum la courtine ollioules var 83
" LE JARDIN DE LA COURTINE. La Courtine, nom d'un oppidum, est par extension devenu celui du plateau de lave sur lequel il a été construit et aussi celui de la colline qui les porte l'un et l'autre à 284 mètres d'altitude. Cet ensemble s'élève à 5 kilomètres à vol d'oiseau de Toulon, en direction de l'ouest, exactement au nord du village d'Ollioules et à l'entrée de ses Gorges pittoresques. " (Jean Layet).
opidum courtine ollioules
" Les Celto-Ligures occupaient la Provence entière, ils étaient divisés en tribus, commandées chacune par un roitelet, dont l'ensemble composait une Confédération sous l'hégémonie du chef de l'une d'elles, le grand roi des Saliens. Ce dernier tenait sa capitale dans l'oppidum d'Entremont, au nord d'Aix-en-Provence.

... des stations rurales ... établissent l'existence d'un véritable « pagus agricole pré-romain », fournisseur du marché de grains et d'olives de la Courtine. On les voit protégés par cet oppidum et les petits oppida satellites de Saint-Estève, d'Evenos et du Garou ... Une enclave purement grecque, sur le littoral, au Brusc, attire l'attention sur un Comptoir de Marseille qui fut probablement Tauroeis et qui semble avoir concouru puissamment à helléniser la région de la Courtine. Un autre Comptoir, celui d'Olbia, unanimement reconnu Colonie Massaliète, situé à l'Almanarre, était aussi compris dans les limites de la « régio Camatulorun ».

La Courtine semble avoir été capitale de tribu. Sa situation voisine de l'emplacement qui sera choisi pour Toulon était déjà une indication d'importance. L'hypothèse s'est trouvée renforcée par une découverte en ses murs, celle d'un sanctuaire, qui la classe centre religieux et partant centre politique. Un petit édifice caladé contenait deux tombes à incinération, sans doute de chefs. L'une d'elles a livré une fibule de manteau de type celtique et d'un travail parfait. Autour de ses ruines ont été recueillies les fragments de statues qui certainement l'ornaient. " (Bulletin de l'Académie du Var).
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Le relevé de Jean Layet.


" Premier en importance des hauts-lieux toulonnais, il n'a dû sa survie qu'au grave mal de finances dont s'est trouvée atteinte la société de Carrières qui mordait dans son rempart. " Comprendre que le site aurait pu accueillir une carrière !

" L'enceinte se développe, de l'est ou nord-ouest, en ligne de murailles de près de 600 mètres de longueur et, de l'ouest au midi, en front de falaise long de 400 mètres. Elle enserre 6 hectares de plateau. "

" ... Dans l'aire ainsi limitée, s'étendaient les quartiers d'une ville, pour son temps de grande importance. Des sols de maisons ont été découverts, bordés de fondations de dalles. Quelques-unes fouillées ont reçu un nom qui rappelle une trouvaille d'intérêt.

Photo de droite. La maison des « Suppliants » a livré, dessinées sur le flanc de gros doliums, des figures de personnages qui lèvent les bras en l'air dans un geste de supplication.

Il y a encore la maison du « Guttus », celle des « Fileuses », celle de la « Fibule », celle du « Pilier » et bien d'autres, à peine déblayées. "
maison oppidum la courtine ollioules var 83
" Les industries récoltées, poteries indigènes, céramiques grecques et surtout les monnaies, phocéennes et massaliotes ont fixé assez exactement la date du commencement de l'occupation : VIle siècle (avt JC) et celle de son terme : IIe siècle avant notre ère. " (Bulletin de l'Académie du Var - Jean Layet - 1952).

A Gauche : " La Courtine - Jean Layet - Grandeur réelle ".

Quartier de la première habitation. Décors de la HALLSTATT II (des alentours de l'an - 700 à ceux de l'an - 500).

Tessons helléniques recueillis en superficie sur les terres labourées et provenant des plus anciennes cabanes du site, détruites par les travaux agricoles modernes. Première ligne : Phocéennes grises à décor ondulé « au peigne » (début du VIe ?).

Au-dessous : Attiques à figures noires (millieu du VIe s.).
« Il est démontré par la zone de trouvailles de monnaies anépigraphiques et de céramiques grecques des premiers temps de la colonisation massaliète que l'agglomération primitive n'occupait qu'une portion assez réduite de l'aire du futur oppidum ... Là seulement ont été recueillis, dans les mottes des champs labourés, les seuls tessons de vases "phocéens", "ioniens", " attiques à figures noires" et les seules monnaies du type Phocée-Mytilène que le site ait fournies. »  (J. Layet. Les âges du fer de la région toulonnaise - parus dans le Bulletin de l'Académie du var en 1957).
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Contrepoids servant aux pressoirs des moulins

" On se demandait comment une population nombreuse pouvait vivre et prospérer, installée sur cette dalle de rocher. Les meules, les moulins à céréales, les pressoirs à olives, découverts parfois entiers, le plus souvent en morceaux, ont répondu qu'elle tirait sa subsistance de l'agriculture. Puisque le plateau de lave et la colline qui le porte n'offrent point de terres arables, il a fallu chercher plus loin les champs de culture. Ils ont été trouvés dans la plaine, aujourd'hui celle d'Ollioules, de Sanary, de Six-Fours, qui est parsemée de
ruines de stations agricoles, datées aussi par des lots de céramiques et de monnaies, des siècles durant lesquels la Courtine fonctionnait.

Le nom que portait cette ville à son époque ne nous est point parvenu, mais par des textes d'auteurs grecs et latins nous connaissons celui du peuple qui l'a construite et même quelques détails de l'organisation politique qu'il s'était donnée. C'était oin groupe de Celto-Ligures de la Confédération Salienne et de la tribu des Camatulici. "
puits opidum courtine ollioules opidum courtine ollioules mur
LE MATERIEL DU « DERNIER JOUR »
(123-122 avant notre ère - Conquête romaine)

" L'ancienne station est devenue un oppidum entouré d'un rempart. Fin de la TENE II .

En haut. — Céramiques grecques : Guttus hellénistique trouvé dans les ruines de la maison de ce nom. Coupes campaniennes et jatte-égouttoir.

Au milieu. — Poteries celto-ligures de la Maison des Fileuses, contiguë au Sanctuaire à statues mutilées.

En bas. — Armes romaines, les plus récents vestiges de l'oppidum : boulets de balistes, pointe de pilum muralium et plombs de frondeurs (fouilles contre la paroi extérieure du rempart de l'Est. Le Livre de la Courtine ... La Bataille de la Courtine et la fin de l'oppidum.)  

J. Layet. Les âges du fer de la région toulonnaise - parus dans le Bulletin de l'Académie du var en 1957.
Le « MIRACLE GREC » ! Au cours de cette promenade, nous constatons sa réalité, en pleine région toulonnaise.

A quelques pas du ravin sauvage du Destel et du village des Troglodytes, la rencontre d'une terre grecque qui restitue monnaies et statues, d'une « acropole », comme celles de l'Attique, entourée de bois d'oliviers, marque l'étonnant progrès accompli, grâce à l'intervention des Phocéens, par la civilisation indigène. Quel degré supérieur aurait-elle atteint, là comme ailleurs, s'il n'avait existé, dans le monde, une force militaire et une ambition romaine ?

Comment finit la Courtine ? En quatrième acte de tragédie. Comme Entremont après bombardement de l'artillerie de l'époque, balistes et scorpions, elle fut enlevée d'assaut par les troupes romaines. La date : elle est donnée par les textes, 123-122 avant notre ère, celle des campagnes de Flaccus et de Sextius contre les Saliens. La preuve : elle est fournie par les armes de jet, boulets sphériques de pierre, pointes pyramidales de « pila muralia », plombs de fronde, matériel de guerre romain, découvert par les fouilles contre le pied extérieur du rempart, sur la portion du plateau que nous appelons « le Champ de Bataille ». La ville fut brûlée et sa population dispersée.

Au milieu des ruines de cette cité que recouvrent les ronces et les salsepareilles épineuses, en ce jardin où avant les combats il ne put manquer de venir afin d'organiser la défense de son peuple menacé, nous retrouvons l'ombre triste de Teutomal, le dernier des grands rois Saliens, le seul nommé par un texte (Tite-Live). Héros de l'indépendance provençale, comme Vercingétorix, Camulogène, Drappès, Comm l'Atrébate et quelques autres furent ceux de l'indépendance gauloise. Il demeure un illustre oublié. "
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" La promenade est achevée. Courte dans l'espace - nous n'avons pas quitté les environs immédiats de Toulon - elle vous a cependant offert, dans le cadre de ces jardins sauvages, un premier goût des saines jouissances que procure le sport nommé « Archéologie ». Longue, très longue dans le temps, elle vous a laissé le loisir de feuilleter les pages de ce « Livre » unique, qu'on ne trouve dans aucune bibliothèque et qui raconte la « Légende des Siècles » les plus antiques de notre terroir. " Jean Layet.

Le château féodal d'Ollioules
Toujours à Ollioules, le château féodal vue de l'oppidum. Il est situé sur la colline Sainte-Barbe à l'entrée gauche des gorges d'Ollioules dont il contrôle l'accès. Il fut comme ses homologues, modifié au cours des siècles avant d'être abandonné au début du XIVe siècle. Là encore, les murs sont déconstruits, les pierres réutilisées jusqu’en 1974 où il devient la propriété de la famille Pageze qui décide de sa préservation.

La première mention d'Ollioules remonte à l'an 1031 ; en 1044, la " forteresse " est mentionnée lorsque les vicomtes de Marseille y établissent un château. Les traces d'occupation les plus anciennes encore visibles aujourd'hui datent du XIIe siècle. Le schéma de la place forte jusqu'à la première moitié du XIIIe siècle est typique des castra de Provence. C'est un castrum de petites dimensions et de construction marginale aux murs fins. Le rôle de cet édifice est était plus résidentiel, économique et symbolique que défensif.
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En 1266, Sybille de Signes d'Evenos épouse Emmanuel de Vintimille, l'arrivée de cette famille italienne marque alors un tournant majeur pour l'évolution architecturale du château qui tend vers moins d'austérité et plus de confort afin de montrer la puissance et la richesse de ses propriétaires. Une tour est élevée et les murs sont épaissis pour pouvoir supporter des voûtes, des étages et des grandes ouvertures.
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Le jardin des Vintimille, au pied des remparts du château.
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La première partie du XIVe siècle marque le début d'une longue période de guerre qui, alliée à une dégradation des conditions climatiques, va fragiliser les populations. Celles-ci se rassemblent alors sur les parties les plus favorables du terroir et sur les pentes des collines de château.
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Ces temps de guerre engendrent de grandes campagnes de restructuration des fortification et le château va se doter pour la première fois d'une défense. La forteresse doit pouvoir servir de refuge aux villageois.




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La forteresse doit pouvoir servir de refuge aux villageois. On voit apparaitre de nouveaux remparts, les murs extérieurs sont épaissis, les portes et les fenêtres sont rétrécies et transformées en archères.
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La circulation va peu à peu se resserre vers l'intérieur de la forteresse autour d'une cour et la chapelle (ci-dessus à droite) va adopter son style roman. Les premières traces de rempart apparaissent à cette même période.
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Le donjon polygonal, édifice la plus haut du château s'élève à 20 mètres de haut au niveau du crénelage.
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Après son abandon progressif à la fin du XVe siècle, l'habitat ouvert se développe, les bergers, agriculteurs et les carriers extraient des pierres ruinant ainsi le site. Et pour l'image de crèche, à découvrir pendant le marché aux santons d'Ollioules, au Vieux Moulin.
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L'huilerie du château. En 1447, la charte agricole d'Ollioules stipule que les seigneurs n'auraient plus le droit de construire de nouveaux moulins sur le territoire d'Ollioules. Le moulin du château dû être installé avant cette date et aurait perduré jusqu'au XVIIe siècle.
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En 1375, la ville élève ses remparts qui rejoignent les murailles du château et protègent ses habitants dans une enceinte fermée. Elle adopte le plan que nous lui connaissons aujourd'hui et se découpe en trois quartiers : noble, bourgeois et ecclésiastique. L'abandon progressif du château est allé de pair avec l'élévation des murailles de la ville et l'aménagement de l'espace en résultant. Le château ne fut pas pour autant abandonné par ses seigneurs, puisqu'ils continuèrent à l'occuper au moins jusqu'en 1495 tout en ayant une résidence dans l'actuelle rue Baudin.

En 1720 et 1721, la peste se répand en Provence, les pestiférés seront alors parqués dans les anciens murs du château.
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Et maintenant laissez votre souris quelques instant sur l'image, et ...

L'an 1795 marque la destruction partielle des portes de la ville, qui seront toutes démantelées au second empire. Ci-dessus, l'emplacement d'une de ces portes, construite en saillie, en avant du rempart, la tour assurait la surveillance de la base de la fortification.

Des meurtrières judicieusement placées en protégaient les abords.
La porte charretière devait mesurer à l'origine entre 2,30 et 2,50 m de large selon les projections réalisés à partir des arcs conservés dans le mur ouest. Mais les observations archéologiques au sol ont mis en évidence un étroit passage caladé, de 1,20m de large, pouvant correspondre à une poterne. Il semble donc qu'à une époque indéterminée, entre le XVe et le XVIIIe siècle, la porte charretière ait été transformée en une porte piétonne, réduisant ainsi de moitié son ouverture.
Les ruines ont été rachetées par la commune en 1999 pour le franc symbolique. Cristallisé en 2012 - 2013 le site est à présent ouvert à la visite. Vous retrouverez ces commentaires sur des panneaux explicatifs qui jalonnent la visite du château, mais pas que, ne manquez pas le centre ville et une très jolie balade : Au bout du circuit de l'eau, le moulin de Palisson.

Roquefort la Bédoule
roquefort la bedoule chateau vieux roquefort
Le "Vieux Roquefort". Au Moyen Âge, l'ancien village occupe un éperon rocheux fortifié autour d'une chapelle qui domine l'actuelle commune de Roquefort la Bédoule. Suivant le même schéma historique que ses voisines provençales, le site sera déserté à partir du XVIIe siècle au profit de la plaine.
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Le château de Julhans et la chapelle Notre Dame des Pieds-Noirs à Roquefort la Bédoule. La première fortification remonte au XIème siècle mais le château doit son allure actuelle à Esprit de Garnier qui le modifia en 1639. Son histoire croise elle aussi la route des comtes de Marseille qui se sont installés à Julhans au début du XIème siècle puis le château traverse les siècles au gré des alliances et des mariages, propriété de l'église de Marseille, des familles Sarde, de Baux, de Condolle, Garnier, Clary ...

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