Le livre des abeilles - 1885 |
30 Apiés
- ruchers - en
Provence
« Apié, APIÉ. J'appelle "APIÉ" l'endroit où je loge les abeilles pour les cultiver avec moins de peine et plus de profit. On se sert vulgairement dans les provinces du Midi de la France de ce mot pour désigner ce qu'on appelle rucher, "abeillé" dans les autres parties du royaume. » (Manuel du propriétaire d'abeilles, d'après une nouvelle méthode, rédigé en forme de dictionnaire - L.F. Canolle - 1829). |
Petit traité d'apiculture -1826 |
"
Sans doute les abris artificiels ne produisent pas d'aussi grands
effets que ceux élevés par la nature ; mais ils n'en sont pas moins
d'un grand secours à l’agriculture. Il est une infinité de jardins qui,
anciennement froids et ouverts à tous les vents, ne doivent la douce
température dont ils jouissent aujourd’hui, qu'à la construction d'un
mur ou d'un bâtiment élevé sur un de ses côtés. Non seulement les abris
factices garantissent du froid, mais ils peuvent encore défendre nos
récoltes contre l’impétuosité du vent. Qui ne sait que le vent du
nord-ouest (Mistral ) nous cause toutes les années des dommages
incalculables. " (Manuel du cultivateur provençal - A Toulon - 1837 -
Henri Laure). |
XIXe siècle, " ... dans les deux cantons de Saint-Tropez et
de Grimaud,
ou dans une étendue de deux lieues, j’ai compté 175 ruchers qui, à 40
ruches chaque, et ce n’est pas un nombre excessif, puisque j'en connais
plusieurs qui en contiennent près de cent, présentent un total de sept
mille ruches, dans ce pays. " Et plus je cherche, plus j'en trouve,
preuve que l'apiculture occupée une place majeure dans l'économie
agricole, non seulement pour le miel, mais aussi pour la cire. Donc
comme les fours à chaux, les
moulins
et autre patrimoine, aucune exhaustivité et pas de cours sur
l'apiculture, seul le plaisir d'admirer quelques apiés de Provence et
de se replonger dans une ambiance ... pas si différente. |
Rituels ou incantations, l'apiculture est une merveilleuse alchimie depuis la nuit des temps. |
" Mes Amis. Vous daignez venir partager mes
loisirs, et les passer à contempler mes abeilles. Je ne vous dirai pas
que je vous en saurais gré ; je fais en sorte, en ce moment, de vous
donner bientôt un faible marque de ma reconnaissance ; mais je vous
exprimerai la joie que j'ai éprouvée lorsque je vous ai vu prendre un
véritable intérêt à leur travail, et les suivre, durant de longues
heures, avec une curiosité toujours croissante et une attention
soutenue. Aussi, n'ai-je pas été surpris lorsque je vous ai entendu me
manifester le désir de posséder un rucher. " (Traité sur les mouches à
miel (ndlr : abeilles), suivi
des procédés pour faire le miel et la cire avec divers
modèles de ruches - L. Bonnardel - 1853). "Smoker américain" - Guide théorique et pratique de la culture rationnelle et productive des abeilles - Ch. Zwilling - 1891. |
L'indispensable
pollinisation.
L'excellence parmi les insectes pollinisateurs. Le corps de l'abeille est garni de poils permettant de retenir le pollen, mais pas que, ils sont disposés en peignes et brosses sur ses pattes dont les mouvements coordonnés constituent une véritable moissonneuse à pollen. Remarquez ci-dessous le pollen sur cette abeille. |
1.
Le
mur d'abeilles à Rougon (Alpes de Haute Provence)
" En jetant un coup-d'œil sur les moyens usités
pour cultiver les abeilles. II est facile de se convaincre que ces
moyens sont défectueux et nullement proportionnés aux avantages qu'on
peut retirer de cette branche de l'économie rurale. Depuis l'époque
reculée où l'homme creusa le tronçon d'un arbre pour y loger un essaim,
la culture de ces insectes est peu près la même. La forme, la capacité
des ruches n'asubi des changements que dans leurs divisions ; il est vrai de dire que les ruches composées de plusieurs pièces, sont construites sur un plan qui répond assez à l'instinct des abeilles qui travaillent et multiplient suivant que leurs logements se prêtât plus ou moins a leur aptitude pour le travail. " (Manuel du propriétaire d'abeilles, d'après une nouvelle méthode, rédigé en forme de dictionnaire - L.F. Canolle - 1829). Louis-François CANOLLE (1769-1854) chirurgien de marine et maire de la Roquebrussanne de 1814 à 1826, passionné d'agronomie et de « la culture des abeilles ». Les apiés qui nous intéressent ici sont constitués de niches construites dans un mur ou une paroi en pierres sèches pour y loger des ruches pendant la saison froide. L'apié peut aussi être appelé maison des abeilles, mur d'abeilles, murs à abeilles, abeillé, abris ruchers, mur à logettes, murs à niches, murs alvéolés, ou encore bee-boles en Angleterre, pays dans lequel on en a recensé 1280. |
Nous commençons par le " Mur d'abeilles " à Rougon
remarquablement mis en valeur par une propriétaire qui a eu la
gentillesse de nous expliquer cette renaissance. Après avoir été
bouchées, la quinzaine de niches a été rouverte dans les années 80 au
moment de l'aménagement d'une crêperie. Donc,
passage obligé
par cette crêperie/buvette et sa terrasse pa-no-ra-mi-que ! " Après avoir fait usage de ruches de toutes les formes et de cent procédés différents, j'ai reconnu que le meilleur parti, pour les gens de la campagne et pour les personnes peu fortunées, est de s'en tenir aux simples anciennes ruches villageoises, qui sont des paniers en forme de cloches, tressés en paille, en osier, ou en troène, enduits d'un mortier qu'on appelle du pourget, qui est fait avec de la bouse de vache et de la charrée ; leur grandeur doit être déterminée par le plus ou moins d'avantages que peuvent procurer aux abeilles, le climat et les productions du pays qu'on habite. " (Le bon Abeiller - Despierres dit Lalonde - 1822). |
" BRUSC. s.m. signifiant Ruche en provençal.
Sorte d'usine faite d'un tronc d'arbre creux ou d'une espèce
de caisse, et où l'on met les abeilles pour qu'elles y travaillent. "
(Dictionnaire provençal-français - JT Avril - 1839). Toujours au
"Mur d'abeilles", le menu présente aussi
différentes ruches : en osier tressé enduite de bouse
de vaches, dans un tronc creusé, dans un tronc de chêne liège. Les plus anciennes ruches étaient simplement constituées d'une section de troncs, creux ou creusé volontairement, au sein duquel des baguettes horizontales étaient placées de manières à accueillir des rayons. Des trous sont aménagés au pied de la ruche pour permettre le passage des abeilles. " On parle ici de ruche monoxyle, c'est à dire construite dans une unique pièce de bois taillée dans un tronc d'arbre. Les Abeilles (estampe) Claude Gillot - 1719 |
Les ruches
assemblées. Les plus récentes sont en planches
assemblées, bouvetées (profilées) et chevillées et de forme
parallélépipédique. Hormis l'assemblage de planches, le principe reste
le même avec des baguettes intérieures permettant la fixation des
rayons. Les ruches assemblées sont couvertes par une lourde lauze
(pierre plate) débordante qui empêche l'eau et les prédateurs de
pénétrer dans la ruche. Celles ci-dessus sont en pin, remarquez sur celle de droite la présence d'une hausse (étage supérieur). Cette évolution structurelle permet une meilleur production, la partie basse accueillant couvain, miel et pollen ; la hausse, généralement moins haute, contenant les réserves de miel pour la ruche ; le miel sera extrait de cette partie. Entre les deux, une grille à reine empêche la reine de monter pondre dans la hausse. |
" Choix des ruches. Les ruches, ou logements dans lesquels
on établit des essaims, sont fabriquées avec de la paille, des
planches, de l'osier ou d'autres branches de bois souple, des troncs
d'arbre, des écorces de chêne-liège, etc. Elles sont de formes
différentes et de grandeurs variables, selon les localités. Les ruches
en paille sont moins impressionnables au froid et au chaud que celles
en bois. Les meilleures sont les plus simples, qui permettent d'être
récoltées, assez facilement et sans détruire les abeilles ..." (Petit
traité d'apiculture, ou Art de soigner les abeilles (mouches à miel) -
H. Hamet - 1856). |
2.
Un
apié
parmi les plus remarquables : à " l'Enclos
des Bories " à Bonnieux (Vaucluse).
" Il est
des personnes qui, n'étant pas arrêtées par la dépense construisent des
ruchers entourés de haies ou de murs, et les ferment à clé. Je ne
saurais trop recommander aux cultivateurs qui ont leur rucher ouvert à
tout venant d'en faire autant ; c’est un bon moyen pour mettre les
ruches à l'abri des voleurs et de certains ennemis des abeilles tels
que le blaireau (lou teissoun, lou rabas en provençal), le renard,
etc. qui sont si friands de leur miel. Quelques autres placent leurs
ruches sous des hangars. " (Manuel du cultivateur provençal - A Toulon
- 1837 - Henri Laure). "L'Enclos des bories" se visite ( ... accueil sympathique par une dame qui aime visiblement l'endroit ...) et je vous invite à consulter le site pour connaître les périodes d'ouverture. |
Il vous faudra traverser cette borie ...
" Telle est la construction d'un apié champêtre
et des divisions intérieures en loges pour servir d'habitation aux
essaims d'abeilles. Cette méthode de loger ainsi ces insectes, se
pratique dans beaucoup de pays mais d'une manière différente. Dans
certaines contrées, on laisse aux murs qu'on bâtit des embrasures pour
y placer des ruches. Olivier de Serre recommande de loger les abeilles
à l'abri du froid, du chaud et des voleurs. Ainsi,
cette manière de loger isolement quelques ruches dans l'épaisseur des
murs est ancienne ... " (Manuel du cultivateur provençal - A
Toulon
- 1837 - Henri Laure). |
... pour découvrir l'apié !
" ... si j’avais la faculté de faire un rucher de
mon goût, je choisirais sur un terrain fertile, entouré jeunes bois, un
endroit peu fréquenté, à l’abri des vents, éloigné des étangs et des
grandes rivières, et près de quelques mares d’eau douce et limpide,
dont le cresson la berle et le bécabunga couvriraient les bords ; je
l’entourerais d’un mur ou d’une forte baie, pour en rendre l’accès
difficile aux voleurs et aux bêtes fauves ..." (Des abeilles et de
leurs produits, ou Considérations générales sur les mœurs et la culture
de ces insectes J.M.M. Rédarès - 1828). |
" L'habitant des campagnes riche ou pauvre cherche, en ayant des abeilles, à augmenter quelque peu ses ressources ou son bien-être, sans pour cela négliger ses autres occupations. Il est certain que tout homme intelligent peut avoir dans son jardin quelques ruches qui donneront du bon miel aux petits enfants. Il n'est point de ferme, point d'habituation rurale, environnée de fleurs, qui ne puisse posséder un rucher d'une ou deux douzaines de ruches, lesquelles produiront miel et cire qu'on saura toujours utiliser." (" Manuel de l'apiculteur mobiliste : nouvelles causeries sur les abeilles en 30 leçons - Abbé Duquesnois - 1896). |
La contemporanéité des articles est toujours surprenante,
celui qui suit, n'en est qu'un autre exemple : " Falsification du
miel et de la cire. Le miel est falsifié de différentes manières, par
l'addition de mélasse, glucose, sucre, etc. Comme ces matières ne sont
pas toujours faciles à reconnaître, l'amateur qui veut du miel pur fera
bien de ne s'adresser qu'à un apiculteur probe et honnête dût-il payer
un peu plus cher. La cire est également falsifiée par l'addition de
corps gras ; il suffit, la plupart du temps, pour reconnaitre la
fraude, de casser le gâteau et d'en brûler un petit morceau. " (Les
Abeilles, traité théorique et pratique d'apiculture rationnelle - F.
Bastian - 1868). |
Et s'il fallait encore vous convaincre de cette contemporanéité, un article datant du 1829 : " ENNEMIS des abeilles. Cet insecte, si précieux par les services qu'il nous rend, si admiré par ses travaux et ses ouvrages jouit d'une chétive existence la famine, les maladies, la voracité d'un grand nombre d'animaux avides de ses provisions, l'intempérie des saisons enfin tout semble conspirer contre la courte durée de ses jours. L'homme, qui aime tant les abeilles, est son plus cruel ennemi ... " (Manuel du propriétaire d'abeilles - L-F Canolle). |
3. A Carcès (Var). |
Un principe connu depuis des siècles : " Je passe maintenant
à l'entretien des bêtes fauves et à l'éducation des abeilles, que
j'appellerais avec raison, Publius Silvinus, les élèves des métairies,
puisqu'anciennement c'était la coutume de placer près de la ferme, et
souvent attenant au logis des maîtres, des parcs pour les lièvres, les
chevreuils et autres bêtes semblables, afin que la vue de la chasse
qu'on faisait dans ces enclos récréât l'œil du propriétaire, et afin
qu'il pût, quand il en avait besoin pour sa table, y puiser comme dans
un garde-manger. De notre temps encore, les abeilles trouvaient une
retraite soit dans des loges taillées en plein mur, soit sous des
galeries couvertes, soit dans des vergers. " (L'économie rurale,
Columelle ; traduit par M. Louis Du Bois en 1845). Columelle est un
agronome romain de la première moitié du Ier siècle, né Cadix en
Espagne. " J'ai apporté une modification à la
villageoise de Lombard, déjà modifiée très avantageusement par Radouan
; je lui ai adapté des rayons mobiles. " (Petit traité
d'apiculture, H. Hamet - 1856).
|
![]() |
" Fumigateurs. Enfumoir à soufflet. L’enfumoir à soufflet se
compose d’un cylindre en tôle, ayant une porte à coulisse et deux
douilles à ses extrémités. On le fait plus ou moins grand, selon le
nombre de ruches qu’on a à manœuvrer. Pour compléter l'enfumoir, on y
adapte un soufflet de cuisine, le premier venu, et l’on a l’appareil
complet, qui est commode lorsqu’on n’a à enfumer que quelques ruches,
ou bien lorsqu’on est deux pour opérer. Mais il est mal commode
lorsqu’on est seul et que l’on a, par exemple, une ruche sur les bras,
dont il faut enfumer les abeilles. |
Dans ce cas, cet enfumoir ne saurait convenir ; on fait alors usage d’une sorte de cassolette à manche dans laquelle on jette des charbons ardents et, dessus, de la bouse de vache sèche, ou bien encore on se sert tout simplement d’un tapon de vieux linge arrangé en andouille ou en poupée, qu’on porte avec soi et qu’on pose à terre lorsqu’on a à manœuvrer une ruche. |
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Des apiculteurs logent cette poupée dans un tube en fer-blanc ayant un fond fixe et un fond mobile, sur lequel sont ménagés de petits trous. La figure 109 représente un fumigateur d’un bon usage pour les asphyxies momentanées. Cet appareil se compose d’une lanterne A, dont le couvercle mobile et à charnière, C, a un menton, D, qui en permet l’ouverture et la fermeture sans qu’on se brûle. La partie inférieure a un fourneau grillagé qui reçoit la matière fumante. " (Cours pratique d'apiculture - Henri Hamet - 1874). |
Remarquez ici les pattes de cette abeille chargées de
pollen. L'abeille butine le nectar des fleurs le gardant dans son
jabot, elle en régurgite une partie pour l'agglomérer au pollen formant
ainsi de petits sacs accrochés à ses pattes. |
4.
Un
patrimoine restauré, le rucher de Blay à La Garde Freinet dans le Var.
Il
porte le nom de son ancien propriétaire Jehan de Blay qui l'avait
acquis entre 1613 et 1620.
" Il est cependant dans la Provence quelques contrées, et parmi elles, je citerai avec satisfaction celle que j'habite une partie de l’année, le golfe de Saint-Tropez, où les cultivateurs de toutes les classes, mieux avisés que leurs voisins, se contentent de tailler les ruches, et encore ne les taillent-ils qu'autant que la provision des abeilles est abondante. Dans le pays que je viens de citer, c'est-à-dire dans les deux cantons de Saint-Tropez et de Grimaud, ou dans une étendue de deux lieues, j’ai compté 175 ruchers qui, à 40 ruches chaque, et ce n’est pas un nombre excessif, puisque j'en connais plusieurs qui en contiennent près de cent, présentent un total de sept mille ruches, dans ce pays, dis-je, et encore dans les communes de Collobrières et de Bormes l’on se garde bien de faire périr les abeilles. Aussi combien les essaims se multiplient-ils, et quelle quantité de ruches toutes les années sont vendues et transportées de ces pays dans ceux où l'on est dans la mauvaise habitude d'étouffer ces insectes. " |
Restauré entre
2010 et 2012, il est aujourd'hui un
formidable
témoignage d'une apiculture très développée dans la région. "
" Dans le midi de la Provence, les ruches connues sous le nom de "brusc", d'où est venu celui de bresquo, qu'on donne aux rayons, ont, du moins dans les pays de bande granitique de la Provence, un forme ordinairement arrondie, parce qu'elles sont presque partout faite avec une écorce enlevée sur le troncs ou sur une grosse branche d'un chêne-liège, arbre très commun dans cette contrée. " |
" Là ce sont les cultivateurs qui font eux-mêmes leurs
ruches qui du
reste ne sont pas difficiles à construire, puisque l'écorce enlevée
conserve la forme qu'elle avait sur l'arbre. Le couvercle est tout
simplement un morceau de liège aplati qu'on fixe au corps de la ruche
au moyen de trois ou quatre chevilles en bois. Le liège, sans en
excepter le meilleur, étant toujours plus ou moins crevassé et
n'offrant pas une grande résistance aux insectes qui l'attaquent, les
ruches faites avec cette substance présentent aux teignes une retraite
dont il est difficile de les chasser ; et l'on sait que les teignes
sont les ennemis les plus redoutés par les abeilles. " |
" Aussi nos
cultivateurs sont-ils dans l'habitude de visiter leurs ruches plusieurs
fois dans l'année pour détruire ces insectes, toujours très abondants
vers la partie de la ruche qui porte sur le tablier. Le couvercle des
ruches en liège étant plat, bientôt il cède, à cause de son élasticité,
au poids des gâteaux remplis de miel, et il offre alors au dessus de
la ruche une concavité qui reçoit toujours pendant la pluie une plus ou
moindre quantité d’eau, quelque précaution que l'on prenne pour
recouvrir ces ruches. Le liège avec lequel on fait ces couvercles
n’étant pas ordinairement de première qualité, il se laisse facilement
traverser par cette eau qui, tombant sur les gâteaux, occasionne ;
lorsque c'est dans le printemps, la destruction du couvain. Du reste
le liège devenant toujours plus rare, et dans ce moment les
bouchonniers l'achetant à un haut prix, il est hors de doute que
bientôt nos cultivateurs se verront forcés de remplacer ces ruches par
d’autres. " (Manuel du cultivateur provençal - A Toulon - 1837 - Henri
Laure). |
Naissance d'une abeille |
5.
Egalement parmi les plus remarquables : l'apiè de Gayassu à Correns
(Var)
2ème Séance du 24 avril 1895 du Conseil général du Var, sous la présidence du M. Bordenave ; la séance est ouverte à 2 heures ; M. le Préfet assiste à la séance. A l'ordre du jour : " Apiculture. Création d'une chaire ", M. Gos présente le rapport suivant : « Messieurs, Dans votre séance du 24 août dernier, vous avez renvoyé à votre troisième Commission, la proposition que MM. Trotobas et Layet vous ont faite d'émettre le vœu qu'une chaire d'apiculture soit créée dans le département et, dans le cas où les finances départementales ne permettraient pas cette création, que M. le professeur départemental d'agriculture soit chargé de l'enseignement de cette science. ... Rien, de ce qui est susceptible d'améliorer la situation agricole de nos cantons ne doit échapper à votre sollicitude, à cette heure, surtout, où les branches mères de l'art rural sont aux prises avec des difficultés que l'on n'est pas sûr de vaincre toutes et qui stérilisent les efforts des possesseurs de la terre ou des fermiers disputant à trop de fléaux conjurés les fruits de leurs rudes labeurs. Parmi les branches secondaires de l'agriculture, il n'en est pas dont l'exploitation puisse, dans notre département, mieux que l'élevage des abeilles, apporter un dédommagement sensible à tous les mécomptes qui sont venus semer le découragement au sein des campagnes. ... |
L'apiè de Gayassu à Correns. Remercions
d'abord madame Hélène Giannarelli qui a restauré ce très bel ensemble -
n'oubliez pas de passer voir la charbonnière, le four à huile de cade,
la noria ... Cet apiè date de la fin du XIXe siècle.
Il a lui aussi été construit pour mettre les ruches (brusc en
provençal) à l'abri des prédateurs. Comme à La Garde Freinet, les
ruches étaient placées sur pierres plates le long de murets érigés en
banquettes, une autre pierre plate étaient posée au sommet de la ruche
pour la protéger du vent et de la pluie. L'apiè est orienté Est, il
respecte ici la règle d'une orientation toujours dirigée vers l'Est, le
sud ou l'ouest. Et comme à Bonnieux, un cabanon attenant permettait à
l'apiculteur de travailler à la production de cire et de miel. Suite de notre séance : « Le Var, par sa situation et son relief, réunit à souhait, toutes les conditions voulues pour que celte industrie y soit des plus prospères et des plus lucratives ; car, du littoral, aux luxuriantes et précoces floraisons, aux massifs élevés qui le délimitent au Nord, trois zones climatériques offrent aux abeilles des pâturages successifs et abondants qui, par le déplacement des colonies calculé suivant l'époque d'épanouissement des flores respectives, tripleraient facilement le produit des ruchers. En d'autres termes, notre département est un de ceux qui se prêtent le mieux à l'apiculture intensive dont l'une des particularités est la transhumance des abeilles. » |
Remarquez à gauche de la porte une niche plus petite, on y
plaçait les petits essaims récupérés dans la nature ou après
l'essaimage du printemps ou du début de l'été. Suite de notre séance : « Mais, pour tirer entièrement parti des ressources mellifères dont la nature se montre prodigue sous notre ciel, il est indispensable d'amener un changement radical dans les procédés routiniers et barbares auxquels tant de propriétaires du Var sont aveuglement attachés ; notre département, ne craignons pas de le dire, étant un de ceux où la culture rationnelle des abeilles compte encore le moins d'adeptes. La ruche à cadres mobiles y est pour ainsi dire inconnue, et sauf chez de rares amateurs qui en possèdent quelques spécimens, mais dont l'action comme vulgarisateurs ne s'exerce pas au-delà d'une étroite sphère, la ruche antique des étouffeurs trône encore et nargue le progrès dans presque tous les apiers. Ce qui manque donc à notre département, c'est un enseignement public de l'apiculture, donné par un professeur instruit, très au courant des méthodes nouvelles, rompu aux pratiques de la ruche perfectionnée ainsi que de tous les instruments imaginés pour la faire valoir. Cet enseignement, pour profiter au plus grand nombre, devrait être ambulant et réunir l'hiver, autour du professeur, au moins dans une commune de chaque canton, tous ceux qui s'intéressent à cette industrie trop négligée. » |
« Le Conseil général ne doit pas reculer devant la dépense
qu'entraînerait l'institution de cet enseignement. Notre pays ne peut
se laisser plus longtemps distancer par des nations qui n'occupent pas
le rang
intellectuel de la France, et où des cours tels que celui dont
nous vous demandons de voter l'établissement, fonctionnent depuis des
années au grand avantage des populations agricoles qui en sont dotées.
Que notre département ne soit pas des derniers à concourir à cette
œuvre de relèvement d'une culture si digne d'être encouragée et ne
faisons pas moins que l'une des assemblées qui nous précédèrent ici :
le Conseil général du Var, sous la Restauration, voulut envoyer à
Paris, pour suivre le cours de l'apiculteur Lombard, M. Canolle
François de la Roquebrussanne. En conséquence le Conseil général délibère qu'il sera créé un cours d'apiculture dans le département du Var qui devra fonctionner dans « le plus bref délai possible. » Il n'entre pas dans la pensée du Conseil général de créer un enseignement agricole à côté de l'enseignement organisé par l'Etat. Le programme de l'enseignement départemental comporte en dehors de nos grandes cultures toutes les petites industries qui sont représentées dans le département. A ce titre, l'apiculture n'est comme la sériciculture qu'une des branches de la zootechnie générale et rentre dans les attributions du professeur départemental d'agriculture. Le programme de ses cours nomades dans les communes comporte, en effet, l'apiculture et c'est à ce fonctionnaire qu'il faut laisser le soin de le développer, dans le département. Il y aurait un un grave inconvénient à créer, à côté de la chaire départementale des chaires spéciales, des cours qui pourraient être faits dans un esprit différent de celui des professeurs officiels. » |
« Ces réserves faites, votre
troisième Commission a
examiné avec le plus grand soin la proposition qui précède et elle
estime que l'apiculture, qui est pratiquée dans le département d'une
façon très primitive, a beaucoup de progrès à réaliser et qu'elle peut
en se développant devenir une sorte de revenus importants pour la
petite culture. Dans ces conditions, elle ne verrait aucun inconvénient
à ce qu'il fut demandé à l'Etat de donner une mission spéciale à un
praticien spécialiste qui parcourrait les principales zones du
département, au moment opportun, pour montrer les applications de
l'apiculture perfectionnée. Elle prie donc M. le Préfet de s'entendre
avec l'administration supérieure et de nous soumettre à l'une des plus
prochaines sessions des propositions concernant l'organisation pratique
de l'apiculture. Il est sous-entendu, toutefois, que si ces missions
n'étaient pas données au professeur départemental d'agriculture elles
seraient placées sous le contrôle de ce fonctionnaire, et qu'elles
n'auraient clans tous les cas qu'un caractère provisoire et qu'il ne
saurait être question de la création d'une chaire. M. Blache fait connaître qu'il y a dans le département un spécialiste, M. Garnier, de Signes, dont la compétence en la matière est reconnue de tout le monde et prie le Conseil général de le signaler au ministère, étant d'ailleurs bien entendu que les frais de mission incomberont à l'Etat. M. Trotobas appuie la proposition de M. Blache. Les conclusions de la Commission avec les observations de M. Blache appuyées par M. Trotobas sont adoptées. » |
6.
Très bel apié enclos du centre Var
Si nous voyons l'oiseau couver ses oeufs, La brebis se couvrir de laine, L'abeille faire un miel délicieux, Et le bœuf sillonner la plaine, C'est pour nous, & non pas pour eux. L'art de gouverner les abeilles, et de fabriquer le miel et la cire sans méprise, ou (courtes instructions propre aux gens de la campagne) . Pour tirer des Abeilles tout le profit possible. Avec un Abrégé de ce que ces insectes offrent de plus curieux. 1783 |
7.
Apiè
au Jardin des oliviers à Sanary (Var) |
![]() |
8.
L'apié
du
Détras à Ollioules
![]() Là encore, ce très joli enclos redécouvert en 2016 date certainement du XVIIe siècle, il est un des compléments à la bergerie située à proximité. L'apié, orienté sus-sud-est, comprend quatre niches intégrées dans un petit enclos rectangulaire qui permet de protéger les ruches du vents et de la pluie. A cette époque, le miel "était toutes fleurs". Toutefois l'intérêt économique résidait surtout dans la récolte de la cire d'abeilles. Au XXe siècle, la Provence comptait sûrement des centaines d'apiés de formes différentes. (panneau explicatif). |
"Aux
pieds du Dieu de l’univers et de l’éternité". La cire, une matière
longtemps très précieuse.
" La cire est offerte sur les autels en hommage de soumission aux pieds du Dieu de l’univers et de l’éternité. Son usage, dans l’habitation domestique, s’étend depuis le palais des rois jusqu’au comptoir des marchands." Encore aujourd'hui... En 1423, Charles VII et Marie d'Anjou, roi et reine de France, arrivent à Tours, la cire est à l'époque un cadeau digne de leur rang : " La ville de Tours présenta au roi dix pipes de vin, dix muids d'avoine, cent moutons gras et cent livres de cire, en cinquante torches. Moindre de moitié, le présent offert à la reine consista dans cinq pipes de vin, cinq muids d'avoine, cinquante moutons et vingt-cinq torches de cire. " (Histoire de Charles VII, roi de France, et de son époque ; A. Vallet de Viriville, éd 1862-1865). " Dès le IVème siècle, on utilise la cire pour produire les cierges des églises plutôt que du suif, issu de graisses animales qui dégage, en brûlant, des fumées noires et une odeur désagréable. Mais la cire est longtemps restée un produit rare, une matière précieuse produite par les abeilles. C'est un luxe au Moyen-Age que seules les plus riches peuvent se permettre. " (exposition Basilique St Denis). |
On ne manquera
pas de consulter le très intéressant "
Art du cirier " par M. Duhamel du Monceau, publié en 1762 dont sont
extraites les gravures de cet encart.
En 1762. Figure 1 (en haut à gauche de l'image) : "On aperçoit dans le lointain un essaim qui s'est attaché à une branche d'arbre & dessous une ruche "a" qui est placée pour le recevoir. Fig. 2 (en haut à droite) est un enclos autour duquel sont des ruches "b" posées sur des gradins & à l'endroit "c" qu'on suppose fort éloigné est un trou en terre au dessus duquel on pose une ruche nouvellement vidée : on brûle dans ce trou du souffre pour faire mourir les abeilles qui seraient restées dans la ruche. Fig 3 représente des ruches vides "d" qui sont posées la poignée en bas & dont le bout le plus large est en haut près de ces ruches est un baquet "e" qu'on transporte auprès de la table "h" Fig 4 pour y mettre les rayons dont la cire est brune & ceux qui ne contiennent que du couvain. ... " " Entre le Moyen-Age et le XVIIIème siècle, la manière de produire des chandelles n'a quasiment pas évolué. Dans un premier temps, il faut faire fondre la cire pour la rendre liquide. Puis on prépare les mèches de chanvre ou de coton, qui permettront à la cire de se consumer. Les mèches sont enduites d'une fine couche de cire par trempage successifs et découpées à la longueur souhaitée." |
En 1826 : "Au surplus, tout le monde sait qu’on
entend par cirier un homme qui vend de la cire, ou qui fabrique des
cierges ou de la bougie. Cette branche de commerce est une des parties
de l’épicerie ; et il n’y a guère que dans les grandes cités et les
manufactures où le cirier trouve assez de débit pour s’en tenir à ce
seul objet." (Manuel du fabricant de cire, cierges et bougies,
contenant une nouvelle méthode pour préparer le miel - P-L Prosper). |
9.
Apié à
Solliès-Toucas (Var). |
Un autre grand apié à Solliès-Toucas, il compte 52 niches réparties équitablement de chaque côté d'un mur, 2 X 26 comme le montrent les photos ci-dessus, l'ensemble étant lui-même protégé par un mur d'enceinte. |
Rucher couvert - Petit traité d'apiculture - 1856 |
Sortie d'un essaim d'après une gravure de 1672. |
10. Apié (Var). |
" APPROBATION. J'ai lu, par l'ordre de Monseigneur le Garde
des sceaux, un manuscrit intitulé : Courtes Instructions propres aux
gens de la campagne pour gouverner les Abeilles et fabriquer le miel et la cire. Je n 'ai observé dans cet Ouvrage que des pratiques & des procédés qui peuvent être d'une grande utilité. Donné à Paris, le 17 Février 1783. Philippe de Prétot, des Académies d'Angers et de Rouen." |
Le très spectaculaire essaimage. |
Larousse : " Chez les insectes sociaux, abandon de la
colonie surpeuplée par un groupe d'individus, qui vont ensemble fonder
une nouvelle société. " " Causes de l'essaimage. ... La nature, en condamnant les colonies à mourir après un certain laps de temps, ainsi que nous le verrons plus loin, devait offrir aux abeilles un moyen de se perpétuer : ce moyen, c'est l'essaimage. La principale cause de l'essaimage est donc la loi universelle imposée à tout ce qui vit : se perpétuer, croître et multiplier. Pour le reste, quand le fruit est mûr, il tombe ; mais il y a des causes qui font que tel ou tel arbre ne donne pas de fruits, que telle ou telle année ou saison n'est pas favorable à l'essaimage. " (Cours pratique d'apiculture - culture des abeilles, professé au Jardin du Luxembourg - Henri Hamet - éd 1866). L'essaimage permet aux apiculteurs d'accroître le nombre de ruches. |
11. Apié du Var, perdu dans la végétation. |
12. Apié du Var. |
13 Rucher à Vaugines (Vaucluse). |
" Au reste, en quelque lieu que le rucher soit établi, il ne doit pas être entouré d'un mur trop élevé. Si la crainte des voleurs engage à lui donner une grande hauteur, on ouvrira, à trois pieds au-dessus du sol, un rang de petites fenêtres par lesquelles les abeilles puissent passer." Voleur ! J'ai été surpris par sa reprise permanente ; le plus navrant étant que l'article ci-dessus est extrait d'un document datant de la première moitié du Ier siècle ! (L'économie rurale de Columelle, agronome romain de la première moitié du Ier siècle). |
14
et 15. Deux apiés à Goult (Vaucluse). |
A l'extrémité de cette jolie borie : un apié.
" En empruntant le chemin de la Roche-Redonne ou
Carredone
plein Sud à partir du Moulin, après vingt minutes de marche vous
déboucherez sur le Conservatoire des Terrasses de Cultures s’étageant
sur cinq hectares. La Borie, la Citerne, l’Aiguier, en sont quelques
points remarquables. " (www.goult.fr). |
Il manque une séparation, la grande niche de gauche était en
fait séparée en deux. |
16
et 17. Deux apiés dans les Bouches du Rhône |
" Préservation du patrimoine : un rucher rustique sur l'aire
de Ventabren sur l'A8. L’aire de Ventabren située sur l'A8 entre Lançon
et Aix-en-Provence abrite un patrimoine original, témoin d’un
savoir-faire ancestral. Sur le haut de l’aire se dévoile un joyau du
patrimoine agricole de la région : un ancien "apier" à savoir un
rucher rustique. " (https://corporate.vinci-autoroutes.com). |
18.
A Signes, sacrifié par l'agrandissement d'une carrière mais pas par le
Centre archéologique du Var.
" L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. " Les informations et photos qui suivent sont extraites du rapport : " David Ollivier, Christophe Vaschalde. Croquefigue Signes (83) - Rapport final d’opération mars 2015 - Fouille archéologique. [Rapport de recherche] Centre archéologique du Var, LA3M. 2015, pp.71. hal-02003896. " Il nous rappelle l'importance des fouilles préventives, de la mémoire et du Centre archéologique du Var. |
Avant - Après, à
gauche, sous le "Z5", l'emplacement de l'apié", à droite,
l'agrandissement de la carrière a sacrifié l'apié qui a disparu.
" Fin 2008, un projet d’agrandissement déposé par la Société Lafarge Granulats et concernant la carrière de Signes (83) a motivé la réalisation, dans le cadre d’un diagnostic archéologique, d’une prospection pédestre et d’une série de sondages sur une superficie de 45 hectares au lieu-dit Croquefigues (Dufraigne, Martin, Michel 2009). Plusieurs sites archéologiques ont ainsi fait l’objet d’une prescription. La fouille préventive confiée au Centre Archéologique du Var a permis d’abonder nos connaissances sur l’exploitation du milieu forestier au sein d’un domaine rural, Croquefigue, au cours de l’époque moderne et contemporaine. Ainsi à travers la fouille de cinq groupes de structures l’opération a porté plus spécifiquement sur l’exploitation d’une part du calcaire et sa transformation (four à chaux) et d’autre part du bois (charbonnières). " |
" Il s’agit d’un enclos épousant la pente naturelle de la
colline ayant abrité plusieurs ruches et interprété lors du
diagnostique archéologique comme étant un apié. L’enclos présente un
plan de forme globalement rectangulaire, le mur formant depuis le nord
vers le sud un tracé en ellipse. Long de 75 m et large de 40 m, il
clôture une surface moyenne de 3000 m2. On accède à l’intérieur de
l’enclos depuis l’ouest, par une large porte aménagée. Ce dernier
devait se poursuivre sur quelques mètres vers l’ouest, créant ainsi un
couloir d’accès. " |
"
Les murs sont construits en pierres sèches de moellons de calcaire brut
d’extraction local. De largeurs variables, comprises entre 0,50 et 0,90
cm, certains murs ont conservé une élévation moyenne de près d’1 m à
l’exception de murs ne dépassant pas 0,50 cm et d'un mur très
arasé. " |
" 44 dalles de calcaire brut, disséminées sur le site, ont
été
répertoriées. Placées en binôme ou par rang de 3 à 7 individus, ces
dalles sont installées le long des murs et au centre de l’espace. Elles
reposent pour la plupart sur des banquettes sommairement aménagées avec
des moellons de calcaire brut et des fragments de tuiles. Le secteur
sud-est de l’enclos a semble-t-il été délaissé par ces aménagements.
Ces dalles ainsi qu’un bloc de pierre à la surface plane ont servi de
socle à des ruches. La plupart installées à l’abri du vent au pied d’un mur, elles étaient orientées vers le Sud, par groupe de 7 en moyenne. Cette construction composée de murs en pierres sèches formant enclos, que l’on désignera sous le nom rucher ou apier, n’a pas été initialement construit pour recevoir des ruches mais pour enclore du bétail. La reconversion de l’enclos à bétail ou vanado en provençal en rucher, dont l’origine est difficilement datable, reste malgré tout contemporaine de la première moitié du XXe siècle de part la présence de fragments de tuiles mécaniques entre les moellons constituant certaines banquettes. Le développement du commerce du miel et probablement de la cire au cours du XIXe siècle a contribué à la multiplication de ruchers ou apiers sur les domaines agricoles comme celui de Croquefigue, afin d’augmenter une production jusqu’alors tournée vers des besoins domestiques. " |
19.
Cabanoun dei bru
|
Remarquez le cabanon ci-dessus, en haut à gauche de l'image. |
A l'intérieur, photo de gauche : 5 bacs - 6 à l'origine - accueillaient les rayons. Au centre de la photo de droite, dans un de ces bacs : une grille dimensionnait l'accès à la ruche. |
Il faut ici remarquer les enduits rosé (sauf le plus haut, au centre, avec le trou). Ces enduits bouchent aujourd'hui les fentes d'accès aux ruches (bacs) situées de l'autre côté du mur. Sur le bas de ces enduits, un matériau long, couleur tuile, cassé, il débordait de quelques centimètres et servaient d'aire de posé et d'envol aux abeilles. |
20.
Apié dans le Haut-Var. |
" FABRICATION DES RUCHES. Il faut se procurer de la paille
de seigle ; la plus fine et la plus fraîche est la meilleure ; de
l'osier à tonnelier, tout fendu, qu'il faut préparer en passant le
rabot du côté de la moelle pour l'aplatir en ruban ; avoir une gouge de
deux lignes qu'on aiguise en pointe sur un grès. Après avoir fait tremper l'osier pendant vingt-quatre heures, on commence à en prendre un brin, qu'on passe deux ou trois fois du côté du bois, l'écorce en dehors, sur quelque chose de dur et rond pour le rendre plus liant ; on fixe le gros bout dans le premier trou à droite du cercle extérieur, en l'y tenant fixé avec une cheville ; ... " (Instruction sur la culture des abeilles - M. Bertin - 1836). |
21.
Apié au Beausset (Var). |
J'ai été très gentiment accueilli au magnifique domaine de
Souviou au Beaussset qui possède ce très bel apiè. Profitez-en pour
passer par le caveau et profiter de sa production prestigieuse d'huile
de d'olive et de vins de Bandol. |
22.
Apié au Beausset (Var). |
23.
Rucher du conservatoire variétal de l'olivier à La Valette du Var. |
![]() |
" On peut en établir avec certitude de réussir dans toutes
les localités pourvues de fleurs et de bois ; dans celles où l'on
cultivé le colza, le sainfoin, le trèfle blanc, le mélilot, le sarrasin
ou blé noir ; dans les canetons qui ont des prairies naturelles, des
bruyères, des landes, des arbres verts, etc. Emplacement. On se gardera
d'établir les ruchers près des usines, des fours à chaux et à plâtre,
des étangs, des voies et passages publics fréquentés, près des rivières
et des étangs un peu étendus, des cheminées toujours fumantes des
usines, des fabriques de sirops, des brasseries, des tanneries, etc. On
en établira le moins possible dans les basses-cours, au milieu de la
volaille et des autres animaux domestiques, qui, s'ils ne détruisent
les mouches, les gênent beaucoup dans leurs travaux. En outre, les
abeilles peuvent se jeter sur ces animaux et occasionner des accidents
et dans les endroits élevés où des vents violents règnerait
continuellement. On les établira dans les lieux tranquilles et abrités,
près des habitations ou des bois. " Traité-pratique sur l'éducation des abeilles - S. Beaunier - 1806. |
" Les jurisconsultes Romains regardaient les abeilles comme
sauvages de leur nature, et ne les considéraient comme propriété de
l'homme qu'autant qu'il les avait placées dans une ruche. C'est par
cette raison que les abeilles qui s'étaient établies d'elles-mêmes dans
des creux de mur, de rocher ou d'arbre, et sur lesquelles personne
n'avait encore fait acte d'occupation, étaient susceptibles de devenir
la propriété du premier occupant. Tant que le propriétaire du mur, de
l'arbre ou du rocher n'avait pas exercé quelque acte de prise de
possession à l'égard des abeilles qui y étaient logées, elles n'étaient
pas présumées lui appartenir, pas plus que les oiseaux qui y auraient
fait leurs nids ; et le premier venu pouvait s'en emparer, ainsi que de
leur miel, sans commettre un vol : Apium quoque natura fera est. "
(Ruche française et éducation des abeilles - J. Varembey - 1843). |
24.
Le
grand apié des collines de Cuers, pas moins de 25 niches ont abrité les
abeilles butineuses.
" Le romarin se couvrant de fleurs dans le premier printemps, et le miel qu'il fournit aux abeilles étant excellent, il est d'usage dans plusieurs pays de la Provence d’en planter dans l'intérieur et autour des ruchers. Végétant avec vigueur dans les plus mauvais terrains ou il reprend très bien de boutures, on ne saurait le trop multiplier dans les pays granitiques et schisteux où les plantes aromatiques sont assez rares. " ... |
" Nos cultivateurs ont observé que le miel, ramassé par les abeilles sur l'arbousier, est un peu amer, cependant à cause de cette amertume il plait à quelques personnes, tandis qu'il est rebuté par d’autres. Les érigères (nasquo en provençal), les bruyères, les cistes (messages ou massugos en provençal) fournissent un miel de très mauvaise qualité, celui qui est pris sur les labiées odorantes, oranger et le myrthe est très estimé. Pline recommande de ne point placer les ruches près les oliviers et les cornouilliers, parce que les abeilles haïssent les fleurs des premiers, et qu'elles sont indisposées par celles des seconds " .... (Manuel du cultivateur provençal - A Toulon - 1837 - Henri Laure). |
" Le droit de loyer du terroir d'Hyères à percevoir des étrangers tenant des ruches à miel dans le territoire, avec l'autorisation préalable du clavaire royal, consistant en une livre de cire par apier, payable à la fête de Saint-Barthélemy. " Archives de la ville de Cuers, extrait du registre royal contenant les droits des Comtes et Rois de Provence sur la viguerie d'Hyères. Publicité de Journal L'Apiculteur - 1922
|
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25.
Apier à Solliès-Toucas (Var) |
" ABEILLES. — Les abeilles sont au rang des animaux
farouches qui n'appartiennent à personne, pas même au propriétaire du
terrain où elles se fixent ; mais, si elles sont renfermées dans une
ruche, alors elles sont l'objet d'une propriété exclusive, mise sous la
protection de l'autorité municipale. ... Tout vol de ruche d'abeilles est puni d'une peine qui ne peut être moindre de trois mois d'emprisonnement, ni excéder une année, s'il a été commis le jour; ou qui ne peut être moindre de six mois ni excéder deux années, s'il a été commis la nuit. " (Nouveau dictionnaire des lois - Me Chicoisneau - 1851). |
" L'abeille, ou
mouche à miel, Apis mellifica, genre d'insectes hyménoptères, de la
famille des Apides groupe des Mellifères, est ainsi caractérisée :
antennes coudées, filiformes, composées de douze ou treize articles ;
mâchoire et lèvre inférieure fléchies en dessous, longues et étroites;
palpes maxillaires très petits, labiaux en forme de soie ; corps court,
plus ou moins velu ; premier article des tarses fort grand ; un
aiguillon caché à l'extrémité de l'abdomen chez les femelles et les
ouvrières. " (Les abeilles - Abbé Sagot - 1891). |
![]() Anciens pressoirs pour l'extraction du miel et de la cire. |
![]() |
" Il nous reste cependant une dernière considération à présenter, qui augmente de beaucoup le mérite des ruches à rayons mobiles. Assuré contre toute chance de perte, et maître absolu de ses ruches, l'apiculteur ne pouvait plus avoir que le désir d'être en état d'obliger ses abeilles à lui donner le plus de miel possible, à le porter au maximum. Une invention tout à fait récente due à Hruschka, capitaine autrichien en retraite, lui procure ce dernier avantage. Toutes les questions essentielles qui se rapportent à l'apiculture ont donc trouvé leur solution ; l'apiculteur n'a plus rien à désirer. On sait ce qu'il faut de miel et de temps pour construire les rayons. Une fois remplis, on les vidait en les écrasant, ce qui était une perte de temps, de miel et d'argent, sans aucune compensation. " (Les Abeilles - F. Bastian - 1868). |
26.
Apié dans le Vaucluse. |
" Des ouvrages en très-grand nombre ont été publiés ; des
ruches de toutes les formes, de toutes les matières, ont été
conseillées : chaque auteur a préconisé la sienne comme la meilleure,
et cependant la pratique a fait à peine un pas vers le mieux. Si
quelques-unes de ces méthodes parent à quelques inconvénients, elles en
laissent subsister un grand nombre ; et toutes sont loin d'atteindre à
ce degré de perfection qu'elles semblent promettre. Les amateurs les plus zélés, rebutés de tant d'inutiles essais dont les livres leur promettaient de si brillants résultats, n'ont point trouvé d'imitateurs parmi les gens de la campagne, qui, loin de se confier aux hasards des tentatives, ouvrent à peine une oreille défiante aux nouveautés, malgré la certitude et la constance des succès. " (Ruche française et éducation des abeilles - 1843 - J. Varembey). Publicité de Journal L'Apiculteur - 1931
|
![]() |
En
période de très forte chaleur, les abeilles se positionnent à l'entrée
de la ruche et la ventilent pour la refroidir. Ici, les pièges servent
à attraper le très mal venu frelon asiatique. Si vous vous lancez dans
ce type de piégeage un peu d'alcool suffit pour éloigner les
malvenus, le panaché fait très bien l'affaire. |
" On a cherché par tous les moyens possibles à vider les
rayons sans les écraser, mais inutilement. Le
miel retenu dans les alvéoles par la pression atmosphérique, la
capillarité et sa consistance sirupeuse, protégé en outre
par la fragilité des rayons résistait à toutes les tentatives
d'extraction. Enfin Hruschka eut l'heureuse idée d'appliquer la force centrifuge, le problème était résolu. Désormais plus d'obstacle à l'essor de l'apiculture. " (Les Abeilles, traité théorique et pratique d'apiculture rationnelle - F. Bastian - 1868). |
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27,
28 et 29,
trois apiés dans le Vaucluse. |
30.
Apié au château de Lacoste (Vaucluse). "J'ai été immédiatement séduit par les lieux..." (Pierre Cardin, ancien propriétaire) |
Et on termine avec le très bel apié du château de Lacoste.
On
détourne Stendalh non
sans malice en se rappelant que le château a aussi appartenu au marquis de Sade car
c'est à Lacoste au XVIIIe siècle que notre marquis disait en savourant avec délices un miel de Provence le
soir d'une soirée fort chaude : quel dommage que ce ne soit pas aussi
un péché ! |
Voilà, « Périctione portait
Platon dans ses bras tandis qu'Ariston célébrait un
sacrifice pour les Nymphes et les Muses sur l'Hymette. Comme ils
étaient occupés par le rituel, elle avait déposé Platon
dans d'épais buissons de myrte situés à proximité.
Tandis qu'il dormait, un essaim d'abeilles posa du miel de l'Hymette
sur ses lèvres et l'entoura d'un bourdonnement mélodieux, prophétisant
ainsi la douceur de son éloquence enchanteresse. » |
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