"
L'origine des
« borie. Sur un
modèle beaucoup plus réduit, on rencontre, un peu partout en Provence,
des cabanes en pierres sèches, appelées "borie" et semblables
d'aspect aux véritables demeures qui constituent selon une rigoureuse
réglementation d'urbanisme, le village mystérieux.
Le nom de « boris. » est resté d' ailleurs, dans l'usage, comme nom de ville ou de hameau, ou comme, nom de famille en Gascogne, en Provence, en Languedoc et en Périgord, tels La Borie, Laborie, Les Bories, Bory, Bôrie, etc. Dans les langues, dialectes, idiomes ou patois de ces régions, on dit communément « bori » ou « boriro » ; dans le Rouergue, on dit « bouorio ». Ces mots dérivent évidemment du latin « boaria », étable à bœufs ; du romain « boria », « boira » ; du bas latin « booria », «boaria », qui a donné, en vieil allemand, « bur », qui signifie construction. Le même mot qui dans le Haut-Languedoc, le Velay, le Rouergue, signifie domaine, grande ferme, métairie, manoir, ne s'applique plus, en Provence, qu'à ces hautes cabanes en pierres plates et sèches. C'est ainsi que Mistral écrivit, dans « Li Isclo d Or » : L'amour emplis de jolo - La bori e lou palais ! (extrait du quotidien : « Le Journal » du 19 août 1939). |
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Borie du Var. " Borie : nom féminin - mot provençal.
Construction traditionnelle en pierres sèches, à voûte en tas de
charge. Parente du "broch" d'Irlande, du "talayot" des Baléares, du
"nuraghe"
de Sardaigne, du "trullo" d'Italie du Sud. " (Dictionnaire Larousse). Justement dans le Var, peu de très jolies bories car la pierre, plus grosse, moins plate, s'y prête mal contrairement au Vaucluse comme nous le verrons plus bas. " Dans l'intérieur des terres l'homme s'établissait de préférence sur les plateaux et les coteaux aux pentes abruptes, dans les vallons isolés, mais à proximité d'un torrent ou d'un ruisseau ; il édifiait des cabanes en pierres plates superposées les unes sur les autres, entre les jambages plus épais si la cabane était de forme carrée, et se terminant par des retraits successifs des couches de pierres, toujours posées à plat, et formant ainsi encorbellement. Ces sortes de constructions ne se faisaient guère que là où la pierre se délitait en plaques et où l'homme trouvait ainsi les matériaux tout préparés." (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
Au hasard d'une randonnée varoise, un propriétaire particulièrement sympathique nous a invité à visiter sa jolie borie. |
Borie à Vins sur Caramy. |
Dans le Vaucluse, deux villages abandonnés.
Il
est beaucoup plus facile d'admirer des bories dans le Vaucluse, et de
façon anecdotique, on passe par l'Indochine pour ouvrir ce chapitre :
" GORDES (Vaucluse). On croit à
un mirage. Le soleil, sur les hauteurs des Monts de
Vaucluse dore et transforme si bien toutes choses que l'on croit
soudain être le jouet d'une illusion nouvelle : là, sous nos yeux,
derrière un épais rideau de chênes verts, d'oliviers et de pins, à
l'endroit où la colline paraît la moins praticable, il y a un village,
un village inhabité, un village mort, mais un vrai village formé de
maisons rapprochées, construites selon un impeccable alignement au long
de rues régulières mais encombrées aujourd'hui de pousses d'yeuses et
de genêts. Le tout est entouré d'un large mur d'enceinte flanqué d'un
chemin de ronde. ... " Il semble qu'un fléau s'est abattu sur le village qu'il en a fait fuir ou anéanti les habitants et l'a laissé privé de vie. " (Le Nouvelliste d'Indochine - Hebdomadaire politique économique littéraire - le 10 septembre 1939). L'hebdomadaire nous servira ici de guide, gardez donc à l'esprit que l'article date de 1939 ... |
Nous sommes donc à Gordes dont la renommée n'est plus à
faire. Le village des bories se situe à 1,5 km de Gordes, le site
apparait dans les registres du cadastre sous le nom "hameau des
Savournins" mais il est vulgairement connu sous le nom « Les Cabanes ».
L'entrée est payante et je vous invite donc à consulter le site
(http://levillagedesbories.com) pour préparer votre visite ; un peu
cher, mais pour ceux qui aiment ce type de patrimoine ... Construites sur les versants des Monts Vaucluse, les bories ou cabanes sont l'exemple le plus abouti et le plus spectaculaire de la construction en pierres sèches, typique des plateaux calcaires méditerranéens. Il en existe plus de 400 dans la campagne de Gordes. La construction des cabanes débute au XVIIème siècle et s'intensifie au XVIIIème siècle, période à laquelle la démographie galopante oblige le monde paysan à trouver de nouvelles terres, souvent éloignées des villages d'origine. La conquête de nouvelles terres passe par la déforestation des coteaux autour de Gordes, leur mises en culture et l'utilisation de la pierre comme matériau essentiel de construction. |
" Telle
est la
vision hallucinante qu'aura le voyageur qui. passant hors
des routes et des sentiers battus gravira la colline de Gordes, près du
val ou gîte l'abbaye de
Sénanque et se
fraiera un chemin en direction
de l'Ermitage de Saint Genès. Le village en pierres sèches est antérieur à l'an 1000 ! Cent familles vivaient dans ce village dont nul nom ne subsiste sur nul registre et sur nulle carte. A quelle époque était-il habité, ce village gui possède en son milieu, non pas son château fort, mais sa maison commune aux murs fortifiés ? Ayant enseveli dans sa solitude le mystère de ce qui fut sa vie, le village, entièrement construit en pierres sèches, pose aux historiens et aux ethnographes un problème dont les données sont encore insuffisantes pour le résoudre. " La technique de la pierre sèche, déjà utilisée à la fin du néolithique, consiste à assembler sans liant et sans mortier les pierres trouvées sur place en abondance grâce à l'épierrage (enlèvement des pierres des champs, des terrains ...). " |
Bergerie au premier plan
et habitation
au second.
" Ce qui, après plusieurs siècles d'abandon total, a préservé le village de la destruction, c'est son isolement. Depuis aussi loin que l'Histoire ait enregistré, " pour la postérité, les faits et gestes des humains, on ne connaît ici nulle trace de vie. Il est vrai que la documentation administrative de Cordes, le bourg le plus proche, ne remonte que jusqu'en 1693, toute la partie précédente des archives communales ayant été brûlée sous la Révolution : mais, aussi loin que l'on remonte dans le passé, nulle part on ne retrouve tracé des habitants de ce village. Partout, il n'est fait mention que des habitants, des villes et villages où la vie s'est continuée jusqu'à nos jours. " Si les cabanes servaient d'abris pour les bergers, d'entrepôt ou de grenier, ici elles servaient d'habitations temporaires et saisonnières pour les paysans qui cultivaient les oliviers, la vigne, pratiquaient l'élevage ou la sériciculture (élevage du ver à soie). |
Photo : four. "
En l'an 1000 déjà, lorsque Raimbaud d'AgouIt était seigneur d'Apt et
de Casenave, le village en pierre-plates était depuis longtemps
inhabité ainsi qu'en fait foi un manuscrit des archives d'Apt. "
Lorsque, en 1140 fut fondé l'abbaye de
Sénanque, le village était déjà
tel qu'on peut le voir aujourd'hui. Quand
donc a-t-il été ensuite ? Quand
a-t-il été ensuite abandonné ? Voici les questions de ce fort curieux problème dont les données sont d' un intérêt essentiel pour l'histoire, pour la science et pour l'art. " |
" Dans
leur état primitif, les « bories » de ce village voisin de Gordes
présentent un plan rectangulaire surmonté d'une longue voûte ogivale
fermée aux deux côtés par deux éléments de voûtes également ogivales.
Il a donc l'aspect d'une grande nef. Quelques-uns. exceptionnellement,
sont construits sur un plan carré. Dans ce cas, le « bori » a une
silhouette élancée, pointue, de petite pagode, tandis qu'il se
présente. à l'intérieur, comme une véritable croisée, d'ogives. Voyage dans la préhistoire. L'origine préhistorique ou protohistorique du « village aux boris » ne fait pas de doute, surtout si l'on considère, en y pénétrant, le mur d'enceinte à triple parement extérieur conservé intact en de nombreux points. " La cabane servait de refuge pour le berger qui pouvait laisser son troupeau sans surveillance dans l'enclos, isolé des loups qui étaient encore nombreux au XVIIIe siècle et ont persisté dans la région jusque dans le premiers quart du XXe siècle. Au sommet de ces clôtures on trouvait de grosses dalles qui débordaient largement afin d'empêcher les animaux sauvages de franchir le mur. Sur la photo, posées sur champ (verticalement) elle font poids maintenant ainsi l'ensemble. |
Photo : à gauche, une Soue (étable pour les
porcs), et à droite une bergerie. "
Certaines des maisons, disposées,
l'ai-je dit, en un impeccable
alignement toujours remarquable malgré l'encombrement des herbes et des
plantes sauvages, sont à étage. On peut supposer qu'il s agit là de la
demeure d'une famille nombreuse ou riche ou de la demeure d'un
chef. A l'intérieur du mur d'en ceinte, des pierres en relief forment un escalier permettant d'accéder au chemin de ronde, puis de monter jusqu'au sommet du mur. " |
" L'histoire
ne connaît rien de ce village. La préhistoire n' a pas
laissé d'autres témoins que les maisons aux pierres plates. Qui donc
les a habitées, ces « cabanes », aux premiers siècles de notre âge ?
Quelle vie active et troublée ont-elles connues dans la solitude des
montagnes vauclusiennes ? Quels combats les hommes ont-ils soutenus
derrière ces murs fortifiés ? " Le puits le plus proche, de petite dimension, aujourd'hui tari et inaccessible, est situé au centre du village |
Photos : un autre four. "
Comment et à quelle époque ce grand village est il mort ? Trouvera-t-on
jamais, dans ces énormes vestiges, conservée jusqu'à nous
grâce à l'isolement et à la solidité du village, le souvenir, le
témoignage, l'indice de cette vie étrange, de cette vie d'hommes dont
le mystère, lorsqu'on considère la conservation parfaite, mais muette
du village, devient une troublante obsession ? " Henri BECRIAUX.
J (Le Nouvelliste d'Indochine - Hebdomadaire politique économique
littéraire - le 10 septembre 1939). |
Habitation et bergerie.
On doit la
restauration du site à
Pierre Viala, poète, écrivain et comédien qui arrive à Gordes dans las
années 60 qui déclarait : " ... quelle ivresse de courir la garrigue,
véritable « terra incognita », autrefois cultivée, mais redevenue
sauvage après des décennies d’abandon. Étonnement de n’y rencontrer âme
qui vive, et si peu de maisons, toutes en ruines. Tout un monde évanoui
dans un chaos minéral envahi par une végétation dévorante. Et les
bories ! Dès cette époque je me suis passionné pour ces cabanes. |
La magnanerie (à droite), bâtiment servant à l'élevage de vers à soie. |
Resserre (endroit où l'on range). Pierre Viala acquit le
site en 1968 après avoir vendu sa maison : " Les travaux de remise en
état se sont échelonnés sur une période de 8 ans (ndlr entre 1969 et
1976) sans aucune aide financière, avec la précieuse
collaboration d’excellents maçons de Gordes. " Cette restauration fut
couronnée par l'Académie de l'architecture. Le site est classé Monument historique le 17 octobre 1977. Il a été racheté par la commune de Gordes en 1983. |
Bonnieux, l'autre village : " L'enclos des Bories ".
Bien moins couru et ancré dans son histoire,
rendez-vous à Bonnieux,
toujours dans le Vaucluse, où un autre village abandonné de bories est
ouvert à
la visite. Là aussi, entrée payante (mais raisonnable) - pas de
boutique, nature, quiétude et accueil
sympathique par une dame qui aime l'endroit. Deux accès après une
petite balade qui a le mérite de calibrer les visiteurs et qui a ma
préférence. Enfin, n'oubliez pas vérifier sur
internet les périodes d'ouvertures." Le voyageur, qui descend la vallée du Rhône, se laisse presque toujours captiver par les magnificences de Vienne, d'Avignon, d'Arles, et de tant d'autres vestiges de notre histoire, Il néglige, pourrait-on dire, les vallées latérales. Là, cependant, se trouvent encore quelques restes de notre plus ancien passé : constructions en pierres sèches édifiées au cours des siècles, sur type sans doute très ancien. Qu'il nous soit permis, Messieurs et chers Confrères, en qualité de curieux de tout ce qui touche à notre passé, de vous soumettre quelques notes, sans prétendre à faire acte d'érudition ; de plus compétents que nous ont déjà traité cette question et ont apporté sur la situation des boris ou cabanes, sur leurs formes variées, sur leur emploi probable, des indications intéressantes. L'absence relative d'objets découverts dans l'intérieur apporte une certaine suspicion en ce qui concerne leur ancienneté. En effet, des cabanes de même modèle sont construites encore actuellement par les bergers et les cultivateurs. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
BONNIEUX en 1876 : " Chef-lieu de canton, dans un terroir
fertile et productif, à 12 kil. d’Apt, et 50 d’Avignon. Il y a un
hôpital, datant de 1710, une brigade a cheval, des frères de la
Doctrine chrétienne, des religieuses de Saint-Charles et cinq foires
par an ...
Population, 2534 habitants. Superficie, 5111 hectares. Altitude
(clocher) 429 mètres. (Dictionnaire géographique, géologique,
historique, archéologique et biographique des communes du département
de Vaucluse - Jules Courtet). Mais Bonnieux c'est aussi la création de la Société préhistorique de France en 1903 : " les Congressistes ont visité à Bonnieux ... la grotte de Gropatière, berceau de la Société Préhistorique Française. C'est en effet dans cette grotte, qu'ils fouillaient au cours de l'été 1903, que cinq Préhistoriens, M. Marc Deydier, Anfos Martin, A. Moirenc, Ivan Pranishnikoff et le Dr Paul Raymond eurent l'idée de former un groupement scientifique devant réunir tous les paléthnologues français en une seule et même Société, laquelle s'occuperait exclusivement de toutes les questions relatives à la Préhistoire. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - 1931). |
Aujourd'hui, la forêt donne son cachet à l'endroit... Mais
il faut garder à l'esprit que les arbres
devaient être beaucoup moins nombreux pendant l'occupation des lieux.
Date de début de construction inconnue, des historiens estiment
toutefois une occupation celtique ou encore par les Vaudois au XVIe
siècle. Toutefois, comme au village des bories et l'expertise de ses
monnaies et poteries retrouvées, on peut estimer une occupation du site
dans son aspect actuel du XVIIIe - voire XVIe - au XIXe siècle. " Pour toutes les cabanes, la pose des matériaux est simple, mais pour les plus anciennes, on a dû procéder ainsi : un cercle de pierres plates est placé à même le sol et constitue la première assise. A l'emplacement où la porte doit être ménagée, les pierres sont remplacées par des dalles plus épaisses et plus larges, On continue à superposer les dalles les unes sur les autres à sec et sans mortier, en ménageant toujours l'ouverture et cela jusqu'à une hauteur d'un mètre environ. Le premier cercle de pierres était entouré d'un second et d'un troisième, lesquels, surélevés progressivement, constituaient un mur relativement épais (0m90 à lm25). L'ouvrier, parvenu à la hauteur de 1 mètre, posait sur les pieds-droits de la porte, une longue et large dalle ; il en ajoutait même une ou deux de manière à couvrir l'épaisseur du mur : cela constituait le linteau. Le travail du mur circulaire achevé, restait la partie la plus délicate à construire : la toiture. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
Ici, les bories ont toutes les formes, rondes, carrées,
rectangulaires ou encore ovales. Sans charpente, les pièces sont
naturellement petites, voire très petites. La toiture. " On y procédait en continuant la pose des dalles, mais avec un retrait très faible, ce qui donnait une légère saillie à l'intérieur ; ce retrait s'accentuait insensiblement et le toit prenait extérieurement la forme d'une coupole, d'un dôme, ou d'une pyramide ; l'intérieur formant voûte, mais sans clé. Pour fermer cette ouverture centrale en même temps que pour consolider l'encorbellement, on posait, tout au sommet, un bloc plat et épais qui donnait de l'équilibre à l'ensemble de la construction et la maintenait solidement, On était obligé de surélever l'encorbellement à mesure que les dimensions de la cabane augmentaient si elle était circulaire. Les poussées latérales des matériaux de la toiture portaient sur l'intérieur du mur dont l'épaisseur était calculée instinctivement, mais avec soin. On ne peut méconnaître dans l'emploi de l'encorbellement une tradition de construction fort éloignée. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
Comme au "Village des Bories", nous sommes sur un ancien site agropastoral comme en témoigne l'aire de battage ci-dessus. On peut alors imaginer une activité pouvant se décliner au travers de l'élevage (enclos pour animaux, étables, bergerie, chèvres, moutons, cochons ...), granges, fours, poulaillers, culture (truffes, oliviers, amandiers, vignes ...) et ruchers comme nous le verrons plus bas ... C'est cette polyvalence qui confère au lieu la notion de "village" même si le mot de "hameau" conviendrait mieux. |
Ci-dessus, cette borie cache une merveille. Il faut y
rentrer
pour découvrir de l'autre côté du mur ... " ... sur les Claparèdes d'Apt, derrière le village de Bonnieux, à Gordes surtout, l'appareil est mieux choisi, les jambages des angles se composent de blocs très épais, les pierres sont quelquefois parées grossièrement à l'intérieur comme à l'extérieur; l'appareil ne paraît pas aussi vieux à l'oeil que le premier. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
Un magnifique apié. |
"Apié" est un mot issu du nom latin Abeille. Un apiè désigne
un rucher constitué de niches ouvertes dans un mur en pierre sèche pour
y loger les ruches pendant la saison froide. |
L'apié peut aussi être appelé ''maison des abeilles'' ou encore "mur d'abeilles". |
Plusieurs points d'eau, citerne et puits profonds de
plusieurs mètres et creusés à même la roche, parsèment le site. |
" Dans quelques agglomérations, et plus rarement autour des cabanes isolées, on remarque un mur ou ses restes dont l'élévation pouvait être assez grande (2m50 environ, sur le plateau d'Apt). Ce mur circonscrit souvent un très grand espace ; il s'appuyait quelquefois sur le dos de la construction et la consolidait. Il servait d'enceinte et constituait avec les cabanes un oppidum, surtout s'il était placé en arête sur le bord d'un à-pic comme à Bonnieux, à Buoux, au vieux Malaucène. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
" Les dimensions de ces constructions varient beaucoup. Généralement, les circulaires sont assez petites, de 2 mètres à 4 mètres ou 5 mètres de diamètre extérieur avec une hauteur de 1m90 à 2m50 au sommet. Ces dimensions, en raison de l'épaisseur des murs, réduisent la surface intérieure à 1m25 et 1m80 de diamètre, pour une hauteur de 1m40 à 1m90. Les plus grandes, carrées ou oblongues, mesurent jusqu'à 12 mètres de long sur 6 mètres de large. M. Formigé cite celle de Fraiehamp, près de Beaussel, qui a 15m90 ; on en aurait détruite une près de Buoux, dit-il, pouvant contenir 50 personnes. " (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
" Plus tard, aux IIIe et IVe siècles, et à l'époque des
invasions barbares, les habitants ont quitté leurs villages pour se
réfugier dans les vallons encaissés, en dehors de tontes routes
praticables ; c'est alors que les agglomérations les plus fortes ont du
être construites. L'invasion des Arabes amena les mêmes phénomènes ;
enfin les guerres des Vaudois et de religion provoquèrent de nouveaux
exodes dans les endroits déserts et sauvages." (Bulletin de la Société préhistorique de France - Les Cabanes en pierres sèches du Sud de la France - Vicomte de Sartiges - 1921). |
En 1835 - alors que "l'Enclos des bories" était très
certainement occupé ponctuellement - " Les habitants du département de
Vaucluse sont généralement d'un beau sang, leur taille est médiocre
mais bien proportionnée, ils ont de l'agilité, de la souplesse et de la
vigueur ; on remarque dans leurs mouvements et dans leurs manières
beaucoup d'aisance, de vitalité et d'adresse. Leurs traits sont forts
et prononcés, mais sans rudesse ; leur physionomie est ouverte et
expressive ; leurs yeux sont vifs et animés. La beauté régulière de la
forme et des traits, assez commune chez les hommes, est plus rare chez
les femmes ; mais s'il en est peu de véritablement belles , en revanche
toutes ont de la grâce et de l'attrait. D'après les écrivains qui appartiennent, au pays même, le caractère des comtadins, quoique fortement empreint de toutes les qualités méridionales, est moins brusque et moins franc que celui du peuple provençal ; moins vaniteux, mais aussi moins gai que celui des habitants de la rive droite du Rhône ; moins fin, moins subtil, mais moins liant que le caractère dauphinois. Le Comtadin est vif et prompt et a cependant besoin d'être excité ; inventif et industrieux, mais il se rebute aisément. Il travaille avec ardeur, mais il est singulièrement passionné pour les amusements et les plaisirs. Dans le commerce ordinaire de la vie, il montre de la probité et de l'honnêteté. Les relations avec lui sont sûres. Il a de la fermeté et de la suite dans les idées, quoiqu'il aime beaucoup à parler. Sa complexion ardente le jette facilement dans les désordres des passions, et il est également exagéré dans ses affections comme dans ses haines. Il ne met aucun frein à ses emportements, et l'effervescence du moment peut le conduire à des actes d'une violence extrême. ... Les habitants de Vaucluse s'adonnent avec fureur aux jeux d'adresse et de hasard, mais quelles que soient les chances de la fortune, leurs jeux se terminent presque toujours sans querelles. Ils font un usage habituel de leurs vins qui sont capiteux et à bon marché ; néanmoins l'ivrognerie est parmi eux un vice très rare. On les accuse d'être intéressés dans leurs transactions et de pousser à l'excès l'économie intérieure, mais on ne saurait donner le nom d'avarice à l'esprit d'épargne qu'on remarque dans le pays, et qui prend naissance dans la modicité des fortunes jointe au désir de briller au dehors par la vanité des parures et le luxe des modes. ... Chaque ville, chaque bourg, chaque village, chaque hameau a son patron, dont la solennité est l'occasion d'une joie générale, non-seulement dans la commune, mais encore dans les environs. On y accourt de toute part : la dévotion amène les uns, le plaisir entraîne les autres. Les parents et les amis se réunissent, quelquefois les ennemis oublient, à cette époque, et pour toujours leurs querelles. La matinée est consacrée aux devoirs religieux ; l'église retentit du son des instruments. Dans l'après-midi, et selon un usage ancien qui remonte au moins au temps des Romains, on court les joies. " (France pittoresque ou description pittoresque, topographique et statistique des département et colonies de France - Abel Hugo - 1835). Et voilà, gentiment habillé pour l'hiver, à la mode XIXème. |
Il fallait bien en choisir une, alors, sur un chemin de
randonnée dans le Vaucluse. |
Borie dans le sud-ouest. |
Au bord d'un bois. |
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