Chartreuse
de Notre-Dame de Montrieux le Jeune, Méounes les Montrieux |
En
1839, "
On y accède après avoir passé le Gapeau à gué par un chemin
agréablement tracé dans la forêt, en remontant le cours d'un ruisseau
qui prend sa source un peu au dessus du moutier et dont une dérivation
fournit l'eau qui jaillit et retombe dans un bassin devant la porte
d'entrée. " (Société des sciences, belles-lettres et arts du
département du Var - bulletin trimestriel, 1839). Rien n'a changé si ce
n'est un pont qui complète le gué et garantit le passage contre les
caprices d'un fleuve parfois torrentueux.
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Un exemple du trésor documentaire laissé par l’abbaye
Saint-Victor de Marseille.
24 février 1141, la date du plus vieux document actuellement conservé
aux Archives départementales du Var à Draguignan. Il s'agit d'une
donation par Faraud, prieur de l’abbaye Saint Victor de Marseille, et
ses moines, aux chartreux de Montrieux (Méounes), de tout ce qui leur
appartient dans les limites des possessions de Montrieux. "
(Extrait du
VarMag' d'avril 2015). 5 millions de documents sont mis en ligne
sur le site www.archives.var.fr.
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"
Est-ce à la dévotion d'un gentilhomme italien, qui s'étant fait
transporter à la Sainte-Baume pour obtenir la guérison d'une grave
maladie dont il était atteint, fit vœu, si le ciel lui était propice,
de bâtir un monastère dans les environs de la célèbre grotte, que les
Chartreux, ainsi qu'on le lit dans plusieurs histoires, ont dû les
moyens de construire les premières cellules et la chapelle
indispensable à la célébration des saints mystères et à leurs exercices
religieux ? Cela peut être vraisemblable , mais n'est appuyé sur aucun
litre authentique. " (Société des sciences, 1839) |

" Dans
la première moitié du XIIème siècle, en 1117, suivant l'opinion
adoptée par le P. Papon, avant 1140 ou 1141 d'après Honoré Bouche et
MM. de Sainte-Marthe, huit ans plus tard au rapport d'autres
chronologistes, des religieux de l'ordre de Saint-Bruno se sont établis
à distance à peu près égale des communes de Belgentier et de Meounes,
au territoire toutefois de la dernière de ces communes, sur la montagne
de Montrieux : morts Rivulorum. " (Société des sciences, 1839) ; 1137
est aussi communément rappelée.
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"
Le but exclusif de la voie cartusienne est la contemplation : vivre
aussi continuellement que possible – par la puissance de l’Esprit –
dans la lumière de l’amour de Dieu, manifesté dans le Christ. "
(Diocèse de Fréjus - Les moines Chartreux de Montrieux).
Pourquoi le jeune ? Prace que le Vieux ! " A une demi-lieue du couvent
principal, Montrieux-le-Jeune, on retrouve encore les vestiges d'un
autre couvent, Montrieux-Ie-Vieux. C'était la correrie
on appelait ainsi une maison qui, élevée dans le voisinage d'un
monastère, était placée sous la direction du père procureur ou
courrier. On y logeait les domestiques ; les frères convers, dont les
travaux pouvaient troubler le recueillement des moines, et enfin les
religieux âgés ou infirmes pour lesquels la règle devait se relâcher.
... Des bâtiments d'autrefois il ne reste plus que des pans de murs
croulants sous les ronces, les débris d'un pont rustique, quelques
clôtures à demi renversées. (En flânant à travers la France
- Provence - André Hallays - 1912).
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" On
reconnaît dans les bâtiments qui subsistent et dans les ruines
apparentes de ceux qui ont été détruits, le mode de distribution que
les disciples de Saint-Bruno avaient généralement adopté pour toutes
leurs maisons. A l'exception de l'église, qui paraît être d'une
construction plus ancienne, le cloître et ce qui reste du corps de
logis ne semble pas remonter au delà de deux siècles. " (Société des
sciences, 1839). |
" ... par dessus tout la juridiction ecclésiastique
disposant des censures religieuses pour sa suprême sanction... En 1174,
l'évêque de Marseille, juge diocésain, père commun des fidèles de son
épiscopat, fit un acte solennel de sa suprême juridiction en ordonnant
aux habitants de Méounes de cesser de troubler les hermites de
Montrieux.
« Si une femme, dit-il, entre dans le
territoire de
Montrieux, elle sera enfermée dans le CHATEAU de Méounes, soit « par
l'AUTORITÉ CONSULAIRE, soit par celle du seigneur ; ou bien « elle
payera une amende de 5 sols au profit du château. Un « voleur de nuit
sera puni de l'amende de 5 sols. »
L'évêque continue ainsi : « si un homme
entre seul ou avec ses bêtes dans ce territoire (des Chartreux), malgré
ce que
nous avons ordonné et qu'il y fasse quelques dégâts, on évaluera le
dommage, et il sera fixé par la justice consulaire, ou par celle du
SEIGNEUR de MÉOUNES. L'auteur du dégât sera tenu de le réparer, et, par
dessus cela, de payer une amende de 12 deniers au profit de la
COMMUNAUTÉ de Méounes.»
Si on refusait de rendre justice aux
solitaires, lorsque quelqu'un aurait transgressé la sentence, les
Chartreux
devaient porter leur plainte au chapelain qui desservait l'église de
Méounes. Que si, après cette requête, on ne leur rendait pas justice
dans vingt jours, le coupable auteur du dommage devait être EXCOMMUNIÉ,
et TOUT MÉOUNES SOUMIS à L'INTERDIT jusqu'à ce que justice eût été
rendue. " (Histoire de sainte Roseline de Villeneuve - H. de
Villeneuve-Flayosc - 1867)
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“
Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu ”. C'est par ces mots que
le diocèse de Fréjus ouvre sa page internet sur le site du monastère. "
La vie des Chartreux – caractérisée par un grand renoncement, est
ordonnée de manière à tendre vers la pureté du cœur – clé de la
contemplation. Il s’agit d’une ascèse extérieure signe du travail
intérieur qui tend – dans l’oubli de soi – à unir la vie, les actes et
les pensées et le désir de Dieu du moine, en qui deviennent visibles
les fruits de l’Esprit. "
L'église St Sulpice du monastère est
historiquement liée à la famille de Valbelle qui possédait le château
de Tourves, à découvrir : ICI.
" Après la Révolution de 1789, " Le
comte de
Villeneuve, dans sa note sur Montrieux, écrit : dès le départ de ses
habitants, la chartreuse fut livrée au pillage. Les livres de la
bibliothèque furent jetés par les fenêtres, lacérés, les parchemins,
des manuscrits — (l'inventaire de mai 1790 dit qu'il n'y en avait pas)
— employés à faire des tambours, les tombes profanées, etc.. Bien
au
contraire, à l'encontre de ce qui se produisit en bien des localités de
France, Montrieux paraît avoir été traité avec certain respect. Il
n'existe qu'un seul monument d'un acte de vandalisme proprement dit,
celui de la pierre tombale de Claude de Valbelle dans la chapelle de
Famille. " ...
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" Est-ce à dire que la Chartreuse n'eut point à souffrir ?
Non certes ...
mais le caractère des entreprises des habitants des environs, n'est pas
celui du vandalisme mais seulement celui de gens qui cherchent à
profiter d'une bonne carrière de matériaux abandonnés à exploiter. On
avait tant répété que les biens des moines étaient biens de la Nation,
qu'il ne faut pas s'étonner de voir les habitants tirer la conséquence
pratique de ce principe. Ils le faisaient depuis longtemps, surtout
dans les forêts de la Chartreuse, mais la présence des moines
entravait les prélèvements sur les bâtiments.
Les Chartreux partis,
les bâtiments abandonnés, tous se précipitent dans l'espoir de trouver
là quelques épaves utiles et bonnes à prendre. Dans les registres des
délibérations du Conseil municipal, on mentionne à plusieurs reprises
les dégâts commis à la Chartreuse. Le 15 décembre le procureur de la
commune signale de nouveaux dégâts et requiert l'emploi de moyens
efficaces pour en empêcher le retour. On fit publier dans la commune
l'obligation d'avoir à apporter à la municipalité les objets enlevés
sous peine de punition. On obtint ainsi la restitution de fenêtres, de
planches, etc. Avec permission du District, ces objets furent vendus
aux enchères, ainsi que les moellons provenant de destruction des murs
et que les voleurs n'avaient pas eu le temps d'enlever. Mais cela
n'arrêta pas les déprédations, en mars 1793, la municipalité se rendait
à Montrieux à la suite d'une dénonciation et constatait qu'on avait
commis récemment encore de nouveaux dégâts. " ...
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" On avait démonté quelques portes qui n'avaient pas encore
été enlevées.
Des perquisitions faites chez les habitants firent découvrir également
deux plaques en fer provenant de la Chartreuse. La municipalité un peu
débordée et n'osant probablement pas se mettre à dos les citoyens à
cette époque troublée, se déchargea de l'affaire en la signalant au
district de Brignoles pour que celui-ci avisa aux mesures à
prendre. " (Provincia : bulletin de la Société de statistique de
Marseille - 1937).
" Malgré quelques interruptions, provoquées par les
vicissitudes de l’Histoire, les Chartreux y sont encore. Ils continuent
leur vie de prière et de travail. Petit groupe de moines, vivant
solitairement, mais unis sous un Prieur, et se rassemblant trois fois
par jour pour l’Eucharistie et le chant de la Liturgie des heures, ils
poursuivent, chacun dans leur cellule, leur quête de Dieu, qui les a
conduit dans ce lieu." (Société des sciences, 1839)
Accès interdit, mais : " Par la porte principale tournée au
midi on entre dans une grande cour, carré long, autour de laquelle à
main
droite sont des hangards ou magasins sous lesquels étaient autrefois la
cuisine, dans le fond du côté de l'est sont des appartements dont
l'extérieur et l'intérieur sont en bon état et où l'on trouve le
réfectoire et l'ancien logement du prieur. " (Société des sciences,
1839). |

En
2007, un article paru dans le Point titrait " Dans les secrets du
monastère interdit ". Il rappelait d'abord une vie choisie dans la
solitude, un silence normalement absolu (bien qu'un peu de musique ait
été autorisée par le Prieur à un d'entre d'eux) et sans effet
personnel.
Les Chartreux peuvent disposer d'un atelier dans leur cellule ; le
travail associé sert lui aussi à l'épanouissement spirituel mais les
oeuvres ne peuvent être vues qu'une fois achevées. La nourriture est
simple (ils aiment - comme moi - les frites !), les liens avec le
monde extérieur sont limitées au strict nécessaire et à de très rares
exceptions (revues religieuses et d'actualité électorale) ; cela
n'empêche pas les balades autour du monastère.
Les Chartreux sont
enterrés au petit cimetière attenant avec "une simple croix de bois
sans aucune inscription".
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"
Dans l'après-midi du 19 août 1944 les jeeps du colonel se rangent le
long du mur de clôture, le colonel met pied à terre et le prieur Dom
Hugues, averti par la cloche, s'avance vers lui ... Voilà dit le
prieur, c'est la libération ! " (Extrait de "Par les portes du Nord -
La libération
de Toulon et de Marseille en 1944" - François de Linares). En 1944,
pour éviter les routes de la côte qui ont été
minées, une partie des troupes
alliées débarquées en Provence va passer par le monastère de
Montrieux pour rejoindre Toulon. Elles vont laisser leur nom au "Chemin
des Turcos" qui relie la chartreuse au village du Revest les Eaux. Deux
plaques commémorant le passage des troupes alliées
par le monastère sont apposées en face de la porte principale ;
d'autres essaiment le chemin jusqu' au Revest (plus
d'informations ICI). |
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