21 - Castellane, hameau de Robion, la
chapelle Saint Trophime,
l'église ND de l'Immaculée Conception, la chapelle Saint Thyrse " Robion, en latin Rohionuin, est situé au pied d'une montagne assez élevée, dite le col de Robion, à 9 kil. S. de Castellanne, et à 61 S. E. de Digne. Le climat en est très-froid, le sol pierreux et fertile. On y recueille du blé en quantité, des noix, des pommes, des poires et des prunes excellentes. Il y a aussi du plâtre et des terres propres à dégraisser. On trouve au-dessus du village un petit bois nommé lou Devenions, dont les habitants ne peuvent faire aucun usage, parce que les arbres retiennent des blocs de pierre qui, sans cet obstacle, écraseraient les habitations. " (Géographie historique et biographique du département des Basses-Alpes, par J.J.M. Féraud, curé de la paroisse des Sièyes, membre associé-correspondant de la commission centrale du dépouillement des archives municipales et collaborateur des anales des Basses-Alpes, 1844). Depuis le 1er juillet 1973, Robion est un hameau de Castellane, son nom est celui de la rivière qui le traverse avant de se jeter dans le Jabron. Robion comptait 7 feux en 1315, 11 en 1471, 131 habitants en 1765, 112 en 1876 et 94 en 1906. |
Laissez votre souris sur
l'image quelques instants, nous allons là ...
" Parmi les chapelles rurales de cet arrondissement (ndlr : Castellane), trois m'ont paru dignes d'être mentionnées ... Celle de Saint-Trophime, à Robion, est adossée à une montagne ; elle est bâtie dans le roc ; une source d'eau vive, qui sort d'un rocher, coule dans la chapelle. " |
Toujours en 1844, " La commune de Robion se compose de
deux villages, le gros et le petit Robion, de quelques bastides et
d'une population de 131 âmes. " Ci-dessus, l'église paroissiale de Robion, Notre-Dame de l'Immaculée Conception, construite au début des années 1860 au "Gros" hameau (aujourd'hui simplement "Robion"), elle est adossée à la mairie qui servait auparavant de presbytère. Elle a succédé à une première église - ND de Pitiè - située au même emplacement. |
Pour ne pas laisser le Petit Robion sans protection religieuse, on érige à la même époque un oratoire dédié à Saint Jean-Baptiste dont la fête, le 24 juin, annonce l'été et donne l'occasion du célèbre feu de la Saint-Jean. La forme de l'oratoire est sophistiquée et peu commune pour un petit hameau. Il est semblable aux oratoires du chemin de croix du Roc de Castellane. Or c'est le même curé qui officiait dans les deux paroisses et c'est sans doute l'explication de cette diffusion du modèle ... |
Le lavoir "électrique" du "Petit Robion", de son vrai nom
Bonne Fount ou bonne
fontaine sans doute parce que sa source ne tarissait pas en été
contrairement à celle qui alimentait le lavoir situé à l'entrée du
village de Robion. A
l'origine
l'abreuvoir était simplement creusé dans une bille de bois. |
Nous avons pris de l'altitude. Après notre ascension à la
chapelle, nous repasserons par ... Laissez de nouveau votre souris
sur l'image. |
Mince, on nous observe ! Dernier jeu de la souris, à laisser sur l'image pour découvrir notre surveillant. |
La chapelle Saint Trophime (XVIIIème siècle ?), car à Robion, " Le patron du lieu est saint Trophime d'Arles, (29 décembre). Cette fête se célébrait jadis dans une chapelle bâtie dans le roc, et sur une colline. On croit que c'était l'ancienne paroisse, et ce qui autorise cette opinion, c'est qu'on voit auprès un cimetière et quelques maisons tombées en ruine. Il sort dans l'intérieur de la chapelle, une source d'eau vive qui ne tarit jamais ; au devant sont les vestiges d'un pont-levis que l'on croit avoir été pratiqué pour passer dans une seconde grotte qui est à côté. Il y a un bureau de bienfaisance. " (Géographie historique et biographique du département des Basses-Alpes, J.J.M. Féraud, 1844). |
Notre joli veilleur, un vautour fauve. Pour plus
d'informations sur les vautours du Verdon, c'est : ICI. |
Dernière ligne
droite, c'est le moment de remercier ceux qui ont œuvré à la
préservation du site.
" Un chantier bien mené. A l'automne 2010, cinq jours et une quinzaine de participants ont été indispensables pour le déblaiement de l'accès éboulé, l'ascension de pierres par tyrolienne avec l'équipe SpéléH2O, la construction du mur de soutènement et de l'escalier caladé en pierre sèche avec René Sette, de l'école d'Avignon. La remise en état de l'accès à la chapelle est le fruit de leur travail. Le mur soutenant l'escalier d'accès à la chapelle s'était écroulé depuis longtemps, ce qui rendait l'ascension dangereuse. L'objectif de l'association La Robionnaise était de rebâtir à l'identique de sa construction au Moyen-Age. Merci à tous pour cette belle réalisation. " |
Une histoire de
pierres.
" Sans avoir de grande valeur architecturale, cette chapelle est étonnante. Rupestre est dédiée à Saint Trophime, elle s'accroche au rocher, à mi-hauteur de Robion, blottie sous une anfractuosité de la montagne. Mi-construite, mi troglodyte, la chapelle doit dater du XVIIème siècle. On pense qu'elle a été construite à cet endroit précis en souvenir d'un culte plus ancien. En effet, il s'y trouvait un élément d'époque mérovingienne qui a été dérobé. " |
" Ils sont fiers
d'apporter leur pierre à l'édifice. "
|
" L'édifice a fait l'objet de réparations vers 1893, puis
d'une restauration en 1999 entreprise à l'initiative de Stéphane
Esclamanti, sapeur forestier à l'ONF, avec l'aval des Monuments
Historiques et menée à bien par l'entreprise de maçonnerie Bovis de
Saint-Julien-du-Verdon ; 8 tonnes de matériels
avaient alors été acheminées par hélicoptères. A
cette époque, la chapelle a sa toiture
éventrée, l'extérieur est dégradé et l'intérieur a été pillé. Des
peintures murales ont également été réalisées en 1999. "
(culture.gouv.fr). Les peintures de gauche à droite : - Vierge à
l'enfant ;
- Saint Trophme au Alyscamps ; - Saint Trophime, premier évêque d'Arles ; - un vitrail et un ciboire. |
En 1999, " ... grâce au soutien d'anonymes, d'amis, parents,
et d'une volonté commune avec plusieurs conseillers professionnels dans
le domaine du patrimoine et d'autres personnes compétentes, la
chapelle Saint-Trophime à pu être sauvée comme un trait d'union entre
générations et un héritage pour le troisième millénaire. "
(esclamanti.com). Image extraite d'un reportage de TF1 en 1999 (esclamanti.com), l'image est prise de l'intérieur de la chapelle vers l'extérieur, on peut voir le toit éventré et les murs à nu. Un passage par le site cité vous donnera la mesure de cet inestimable travail. |
Un nid christianisé. |
Saint Trophime 1er évêque d'Arles. " Or, ces évêques, plus
d'un siècle avant saint Grégoire, attestent unanimement, au nom des
églises de Gap, de Senez, d'Uzès, de Riez, d'Apt, de Fréjus, d'Embrun,
de Vaison, c'est-à dire au nom de la Gaule méridionale, que saint
Trophime a été envoyé à Arles par saint Pierre lui-même : « C'est un
fait connu de toutes les régions de la Gaule et qui ne l'est pas moins
de la sainte Église de Rome, que la première dans les Gaules, la ville
d'Arles a mérité d'avoir un pasteur envoyé par l'apôtre saint Pierre,
saint Trophime, et que c'est de là que le bienfait de la foi et de la
religion a été répandu peu à peu sur les autres provinces de la Gaule.
» (Histoire de l'église de Nîmes, A. Germain, professeur au collège
royale de Nîmes, 1838). |
Dans l'actualité, en 1855. " « Par délibération du 18
novembre 1855, le Conseil municipal de la commune de Brovés a demandé
la création d'une foire qui se tiendrait dans cette localité le dernier
lundi du mois d'août. « Les communes de Robion (Basses-Alpes), Comps, Roque-Esclapon et Montauroux ont émis un avis défavorable. Ces deux dernières, à cause de la coïncidence de leurs foires au 24 août avec celle dont la commune de Brovés demande la création. Comps base son refus sur la proximité d'une foire qui se tient dans son sein le 7 septembre. Robion fait connaître qu'une foire à Brovés ne présenterait pour elle aucun avantage. " (Rapports et délibérations / Département du Var, Conseil général, 1856). |
Notre surveillant était fauve, celui-ci est moine (vautour
moine). |
Et voilà, on redescend dans cette jolie fenêtre ; direction
son centre pour admirer ... |
Une tour de Pise en Provence ! Difficile de suivre les
perspectives, normal, ça penche d'un peu partout ... A moins qu'il
s'agisse d'une illusion causée par le relief. Remarquez "l'emballage
cadeau", vous comprendrez mieux plus bas ... " L'église paroissiale, dédiée à Saint Thyrs martyr, est desservie par un curé. On ne saurait douter que cette église ait appartenu aux Templiers ; la croix de ces chevaliers est encore sculptée sur quelques murailles. On trouve de plus les débris d'une vaste maison que l'on croit être les restes du couvent. Le clocher, de forme carrée, portait deux cloches, dont l'une avec les armes des barons de Castellanne et le millésime de 1436. (Géographie historique et biographique du département des Basses-Alpes, J.J.M. Féraud, curé de la paroisse des Sièyes, 1844). Trop "éloignée" du village la chapelle perdra son titre de paroissiale au profit de l'église de l'Immaculée Conception (voir supra). Elle est classée monument historique depuis le 12 avril 1944. |
" Ce qui est certain, c'est qu'il existait dans le canton de
Castellane, plusieurs couvents des Templiers. On en trouve des traces
dans le territoire de Robion ; la belle église de Thyrse, qui faisait
partie de ce couvent a été conservée. Elle est située près de la route
départementale de Castellane à Draguignan. L'une des deux cloches
suspendues au beau clocher, et qui furent brisées lors de la
Révolution, portait les armes des barons de Castellane, et le chiffre
de 1436. Le cimetière qui touche l'église est encore, aujourd'hui (ndlr
: et encore aujourd'hui !), le lieu de sépulture des habitants
de Robion. (Antiquités de l'arrondissement de Castellanne, M.
Gras-Bourguet, 1842). Ci-dessous, la représentation de la chapelle St Thyrse extrait du même ouvrage. |
"
En parcourant le territoire de Roubion, M. Emeric et moi, trouvâmes
près de l'église de Saint Thiers, ou Thyrse, une petite pièce en
cuivre, sur un côté de laquelle était représentée une croix de Malte,
et de l'autre un V, surmonté d'une espèce de bonnet ou mitre, et
entouré de trois abeilles. Je crois que cette pièce appartenait à l'ordre des templiers, puisque cette église, ainsi que je le rapporterai avait appartenu au chevalier du Temple. M. Emeric conserve cette pièce. (Antiquités de l'arrondissement de Castellanne, M. Gras-Bourguet, 1842). |
Probablement plus ancienne (XIIème siècle ?), l'église est
citée une première fois au XIVème siècle, puis plus rien jusqu'au
XVIIème siècle. " En 1697, Mgr Soanen trouve l’église en fort mauvais état : « dans le presbitère » (chœur) une fenêtre est « toute ouverte et le toit de l’église (voûte) rompu et en quelques endroits dépavé ». " ... " En juillet 1703, les travaux étaient en cours " ... En 1942, la chapelle est sommairement consolidée par l’abbé Garnier avec le concours des Compagnons de France " (culture.gouv.fr). |
En juillet 2015, le journal municipal de
Castellane signale le mauvais état de la chapelle : " consciente de
posséder un édifice religieux et architectural de tout premier ordre
avec la chapelle Saint-Thyrse de Robion, la municipalité a décidé
d’approfondir les
connaissances sur ce bâtiment avec une étude patrimoniale de juin 2013
à février 2014, menée par Mathias Dupuis, responsable du Service
Départemental d’Archéologie. Ainsi, l’église, classée au titre des
Monuments Historiques en 1944, a été édifiée en deux temps, la première
période correspondant à la construction du clocher, sans doute au XI
ème siècle, contre lequel la nef et le chœur auraient été rebâtis au
cours du XIIe siècle. L’église est particulièrement remarquable par le
soin apporté à sa construction et aux matériaux mis en œuvre. Les
pierres de taille en calcaire tendre présentent ainsi de nombreuses
marques de taille décorative au ciseau (taille dite « en chevrons ») et
des signes lapidaires réalisés par les tailleurs de pierre lors de la
construction de l’édifice. " Le diagnostic qui suivra est sans appel, l'état de la chapelle est très "alarmant" : " les murs de parement de la nef et de l’abside et les chaînes d’angle du clocher-tour sont très dégradés. Cela est dû en partie à une mauvaise restauration de l’édifice dans les années 1980 causant ainsi des infiltrations et un éclatement de la pierre sur quasiment tout le bâtiment. " La chapelle en 1967, photo R.Collier. |
Souhaitons que cette restauration permette à la
chapelle de continuer à traverser les siècles. |
Voilà, je ne voulais pas refermer cette page sans vous
offrir cet incroyable balcon, à vos chaussures, à ne pas manquer ! |
Page 21 -
Haut de page |