« Monseigneur,
en même heure que nous défîmes ceux de Correns desquels le nombre des
morts passe quatre cents de compte fait, Monsieur de la Verdière prit
le Puy-Sainte-Reparade près d'Aix, ville très forte comme m'assure
savez, et où on a trouvé plus de douze mille charges de blé, mais son
entrée a été si modeste qu'il ne semble point qu'il y ait aucun
changement. Hier un des capitaines que Monsieur de Suze avait mené du
Lyonnais nous vînt trouver à Aups avec deux cents arquebusiers. Avant
hier au lieu même nous vinrent trouver une brave troupe de
gentilshommes du Daufiné où est Monsieur de Montron, neveu de M. des
Deguières, avec bien cent ou six vingt bons chevaux et de quatre à cinq
cents arquebusiers ... Je suis arrivé en ce lieu d'Empus avec bonne
troupe d'arquebusiers, attendant l'arrivée du reste. Je recevrai vos
commandements pour les effectuer comme je me recommande très humblement
à votre bonne grâce, priant Dieu lui plaise, Monseigneur, vous joint
très heureuse et très longue vie. Ecrit à Empus, le Xime de janvier
1579. Votre très humble et très obéissant fils, JOSEPH DE PONTEVÉS. »
(Les Pontevès-Bargène et Ligue en Provence - Edmond Poupé, 1904).
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Ci-dessous, au loin, Bargème devant les
montagnes de Brouis et de Lachens. " De là nous allons visiter les
ruines encore fort
imposantes du château. Habité par son propriétaire, César de Pontevès
jusqu'à la révolution, celui-ci ayant émigré trouva à son retour, en
1801, sa résidence dévastée, probablement par l'incendie. Il n'en
subsiste plus maintenant que des murailles crevassées, flanquées de
tours de 25 mètres de hauteur, et des souterrains aux voûtes en partie
effondrées." (Annales de la Société
d'histoire naturelle de Toulon, Emile Jahandiez, 1912). |
Bargème, perché à 1097 mètres, est le plus haut village du Var. |
C'est aussi un des plus beaux villages de France. |
La porte du
Levant.
" ... Bargème qui fut, jusqu'à la révolution, ce qu'on appelait, sous l'ancien régime, ville de guerre, possède encore une partie de ses remparts, sur lesquels se cramponne une abondante végétation rudérale. " On pénètre dans le vieux village par une porte voûtée, puis suivant des rues étroites, — enjambées par des arcades en ogive et bordées de vétustes maisons, la plupart inhabitées ... " (Annales de la Société d'histoire naturelle de Toulon, Emile Jahandiez, 1912). |
Barème
V. Barrème BARGEME, au diocèse de Fréjus & dans la viguerie
de
Draguignan, en latin Bargema, en langue vulgaire Bargémo, reconnaît
pour titulaire de la paroisse St Nicolas le Prieur et Chanoine de
Fréjus qui entretient dans le lieu un seul vicaire amovible.
(Géographie de la
Provence du comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de
Nice etc ... M. Achard - Tome 1 - 1787 avec approbation et privilège du
Roi). |
Ne manquez pas de visiter l'église Saint Nicolas. " On nous avait parlé avec enthousiasme, dans toute la région, de cette église et surtout d'un triptyque ancien qui aurait été l'objet d'offres importantes de la part d'antiquaires américains ? L'église, que certains auteurs donnent comme datant du XIe siècle, est certainement beaucoup plus récente et présente peu d'intérêt ; seule une petite crypte, taillée dans le rocher, pourrait être de cette époque reculée. Quant au triptyque il est en parfait état de conservation. Le panneau du centre représente le martyre de Saint-Sébastien ; ceux des côtés, Saint-Antoine et Saint-Roch munis, chacun, de leur légendaire compagnon. Le cadre, formé de colonnes dorées, entourées d'une vigne chargée de grappes de raisin, est d'au moins deux siècles postérieur aux sculptures des panneaux, ceux-ci devant être l'œuvre d'un artiste de la fin du XVe siècle. " (Annales de la Société d'histoire naturelle de Toulon, Emile Jahandiez, 1912). |
Le climat y est vif et salubre : la population
n'est pas abondante, le
caractère des habitants n'est pas, à beaucoup près, semblable à celui
des autres Provençaux. Leur indolence, jointe à la stérilité du sol,
les rend pauvres, & la misère conduit souvent à bien des maux. On
ne connaît à Bargème aucune espèce de commerce. (Géographie de la
Provence du comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de
Nice etc ... M. Achard - Tome 1 - 1787 avec approbation et privilège du
Roi). |
Cité en 1225, il appartient depuis 2008 à la commune de Bargème. |
" A Bargème (Var), en creusant un fossé, près d'une maison, des ouvriers ont mis à jour un tombeau ancien, aux pierres ouvragées, dans lequel se trouvaient plusieurs squelettes humains. Ce tombeau semble remonter à plusieurs siècles. " (Annales de Provence, 1914). |
Bargème autrefois sous la mer ! " La vallée de Bargeme & de la Roque est traversée en long par une éminence de trois ou quatre pieds de haut. C'est une pierre coquillière qui contient une quantité de testacées univalves & bivalves ; j'en ai détaché des coquilles d'huîtres, des oursins pétrifiés qui sont répandus également dans la plaine. " (Histoire naturelle de la Provence - Michel Darluc, 1782-1784). |
Un moulin !? Oui, celui de Bargème, il est situé au bord de l'Artuby et nous pouvons donc raisonnablement penser qu'il fonctionnait grâce à la force de l'eau. Un peu plus de 3 kilomètres sépare le moulin du plus haut village du Var, le chemin les reliant s'appelle donc naturellement " La montée du moulin ". |
Les sacs de farine finissaient leur trajet sous ce porche, porte sur la gauche ... A Bargème, l'aménagement du four communal date en partie du XVIIème siècle, il est demeuré intact et en état de pouvoir fonctionner depuis. |
A gauche, la montagne de Brouis et au fond celle de
Lachens, plus haut sommet du Var avec 1715 mètres. |
Oratoire Saint Jospeh. C'est le patron des
charpentiers, menuisiers et
de tous les métiers du bois en général. Il est aussi le protecteur des
artisans et des ouvriers. Il est fêté deux fois par an : le 19 mars et
le
1er mai. A Bargème la Saint Joseph est célébrée le 19 mai. Arrêt contre le curé de Bargème : " Les Curés, les Décimateurs, & autres Bénéficiers sont soumis à la Bannalité qui dérive de l'acte d'inféodation ou de l'acte d'habitation & l'on présume qu'elle n'a pas eu un autre principe lorsque le titre constitutif ne parait pas, & que le dénombrement ou reconnaissances générales ne font pas mention de ce même titre. " Jurisprudence observée en Provence sur les matières féodales et les droits seigneuriaux, Louis Ventre, 1756). |
La porte de Garde.
Des de Pontevès assassinés à Bargème ! En 1578, les habitants de Callas plient sous le joug du vieux comte tyrannique Jean-Baptiste de Pontevès qui les spolie sans aucun scrupule. Entre procès, usurpations, pillages et autres saccages de Callas, la rancune des villageois associés à ceux de Bargème ne pouvait être contenue bien longtemps. Les de Pontevès allaient chèrement payer leurs exactions. Extrait des " Notes généalogiques sur Jean-Baptiste de Pontevès et ses enfants " - Annales de la Société d'études provençales, 1904 :
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Le
château des
Pontevès à Callas.
" En 1578, tout le pays était en armes ... Au milieu de ces agitations, de ces combats perpétuels, de ces courses incessantes de gens de guerre à travers champs, la situation des communes rurales était devenue lamentable. Amis et ennemis vivaient sur le pays et pressuraient tour à tour les habitants. Les seigneurs eux-mêmes, ruinés dans leurs revenus territoriaux, qui constituaient leur seule richesse, cherchèrent à rétablir leur fortune en violant les libertés municipales et en reconstituant à leur bénéfice certains droits que leurs pères avaient perdus ou vendus à leurs vassaux. La guerre changea alors de caractère et de politique et d'intérêt familial qu'elle était, devint municipale. |
Dans le trouble jeté dans les consciences par la misère et l'anarchie, les populations rurales, sous l'excitation de leurs consuls et conseillers municipaux, osèrent lever leurs yeux irrités sur les demeures seigneuriales, d'où ne sortaient plus pour elles que les menaces, l'oppression et la ruine de leurs libertés. La mort des seigneurs et l'incendie de leurs châteaux leur apparurent comme les seuls moyens de reconquérir leur indépendance et leur sécurité. Les habitants de Callas donnèrent le signal des vengeances populaires en assassinant leur seigneur et deux de ses fils et en incendiant le château. " (Bulletin de l'Académie du Var - 1888). |
Retour à Bargème : le temps de l'expiation. Ci-dessus, la
Chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs, aussi appelée Notre-Dame d'Espaïme (mot provençal signifiant
Frayeur, alarme, épouvante ...). En 1607, le parlement régional condamne par contumace 3 auteurs des faits au supplice de la roue, quelques bannissements et la perte de droits pour la commune de Callas. Enfin, les habitants devront construire à Bargème une chapelle, expiation des cinq crimes qui s'y sont déroulés. A la même époque, Catholiques et Protestants s'opposent depuis le début du XVIème siècle, le château de Bargème vit ses dernières années d'occupation, il sera bientôt abandonné. |
" Des loups viennent de faire leur apparition sur les pentes du mont Lachens, près de Bargème, dans le nord du département du Var. On n'avait pas vu de loups dans cette région depuis trente ans." Journal La Croix, édition du 28 décembre 1911. Pour les vautours c'est ICI. |
Journal La Croix le 28 décembre 1928. " Dans les Départements. Un incendie s'était déclaré, il y a deux jours, dans la montagne, des Fourches, à Bargème, dévastant des forêts appartenant à de nombreux propriétaires. Les populations des communes environnantes combattaient le fléau avec acharnement, mais jusqu'ici n'avaient pu réussir à en arrêter la marche. Une pluie violente est heureusement tombée, la nuit dernière. Elle a éteint l'incendie. " |
" M. le Maréchal a fait avancer M. d'Arnaud jusqu'à Scillan, tout le reste de l'Infanterie a suivi en échelons à Bargème, & au col de Clavien les ennemis n'ont point paru que par quelques détachements d'Hussards, les Espagnols se sont avancés à la même hauteur à Broves. M. de Mauvrier est venu camper à Bargeme, ils n'ont vu que quelques Croates & Hussards, tout étant resté sur le Pont de la Ciagne à Tournon ; il nous vient des déserteurs en grand nombre & par bandes tous qu'il ont été surpris ... (Mercure de France : dédié au Roy, N. Pissot, 1747). |
" Il y avait autrefois dans ce canton des vignes que les montagnes mettaient à l'abri des frimas, & dont les raisins produisaient d'assez bons vins ; mais la population ayant diminué dans ces cantons, cette culture a été abandonnée. " (Histoire naturelle de la Provence - Michel Darluc, 1782-1784). |
Deux Bargémois guillotinés à Draguignan le 1er février 1851. " On a écrit de Draguignan, le 2 février : Hier a eu lieu à Draguignan la double exécution des frères Lions, de Bargème, condamnés à mort pour crime de parricide, et dont la Cour de cassation avait rejeté le pourvoi. Depuis près d'un mois, l'attente cette exécution amenait à Draguignan, tous les jours de marché, une foule considérable, avide de ce spectacle hideux. L'instrument du supplice avait été amené d'Aix, celui de la ville n'étant pas en état de servir. Cette substitution, jointe au mauvais temps qu'il fit dans la nuit du vendredi au samedi, retarda les apprêts jusque vers onze heures du matin les condamnés étaient prévenus, et les troupes commandées depuis sept heures. " ... |
" La foule des curieux attendit intrépidement, sous des parapluies et les pieds dans la boue, quelques uns depuis cinq heures du matin. Toutes les fenêtres qui donnent sur le lieu de l'exécution, c'est-à-dire la montagne de l'Horloge, le point culminant de la ville, étaient garnies de têtes d'hommes et de femmes en égales quantités. Les hauteurs voisines de la route de Grasse étaient aussi garnies de spectateurs. Enfin les patients arrivèrent sur une charrette, voilés de noir et poussant des cris lamentables. Jusqu'au dernier moment, ils avaient refusé de croire a leur exécution. L'aîné, le plus coupable, se débattait convulsivement, et l'on fut obligé d'employer la force pour le lier la fatale pièce. Les faits de cette scène, que nous ne voulons pas rapporter, sont horribles. Un des deux ecclésiastiques qui accompagnaient les condamnés s'évanouit à ce spectacle, ainsi qu'un gendarme. " |
" Les frères Lions avaient assassiné leur père
pour jouir plus tôt des
modiques propriétés que ce dernier refusait obstinément de vendre,
parce qu'il savait que ses fils lui en arracheraient le prix. La mère,
complice de ce crime, n'a été condamnée qu'aux travaux forcés à
perpétuité, parce qu'elle n'y avait pas pris part directement. "
(Journal des débats politiques et littéraires le
09 février 1851). |
Il y a
encore à Bargème deux chapelles simples qui sont attachées, celle de St
Pierre à l'Archidiaconé de Fréjus, & l'autre, sous le titre de St
Laurent, au prieuré de Brénon, ce dernier appartenait autrefois à
l'abbaye de Lérins. (Géographie de la
Provence du comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de
Nice etc ... M. Achard - Tome 1 - 1787 avec approbation et privilège du
Roi). |
La
Chapelle Saint Laurent. |
Beau
chemin n'est jamais long, surtout celui là. Adésias. |
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