La légende des Tombereaux
d'Argens, des Armettes*, et de Saint Michel sous Terre - 12. " Suivez-moi aux Enfers, je vous chargerai de dons ! " - " Séguè mi din l'Infèr, vou cargarai de doun ! "
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Allez, maintenant " Venez,
parcourons ensemble l'humide catacombe ... "
Dessin, fin XVIIIème, d'Antoine Meunier, " Vue d'un gouffre dans lequel se précipite une partie de la Rivière d'Argent ". " Prés de la forêt d'Astros, où il n'était pas prudent — d'aller faire un somme, il y a une trentaine d'années, — à moins d'avoir trop d'argent dans sa bourse, — la rivière d'Argens interrompt sa course — brusquement, de plein saut, comme un coup de Mistral ; — elle tombe, hurlant, et s'abîme en bas dans un trou ; — puis, elle court environ mille pas, sous une fraîche voûte — creusée dans le roc. Pour aller là dessous, — il faut être de sang-froid ; car si vous aviez bu — vous n'en sortiriez sûrement que noyé. " |
Venez, parcourons ensemble l'humide catacombe ; — Ne restez pas longtemps où tombe la masse d'eau : — votre tête pourrait, prise de vertige, — vous entraîner dans ce trou dont les hurlements épouvantent. — Plus loin, (je vais vous dire des choses remarquables), — on voit d'étranges créations, des monstres fabuleux, des poissons énormes, qui grincent des dents. — Le nom d'Argens pourrait bien avoir été donné — par nos aïeux à la rivière, à cause de ces monstres ; — car, dans l'obscurité ils brillent comme de l'argent. " ... |
" Là dedans
il y
a de tout ;
des têtes de mort ; — des brebis, des moutons, des chèvres, des porcs ;
— j'ai vu, non loin du trou dont je viens de parler, — un panier
d'escargots en pierre, chose rare ! —Tout ce peuple hideux crie et
hurle sans fin. — Si l'on ignorait que tout cela est de la pierre,— on
se croirait transporté au milieu d'un troupeau de requins. — La
rivière, seule, a créé tout cela ; on ne sait quand. On voit bien aussi dans cette caverne quelques bêtes vivantes. — Un chat-huant aussi gros qu'un dindon, il m'en souvient,— soufflant à mes côtés comme une âme damnée, — me fouetta sur la figure un solide coup d'aile, — puis il se sauva en volant tout là-bas dans la nuit,— poussant de ces cris qu'on n'entend nulle part. " |
" — Et puis de longs serpents glissaient
sur le sol en sifflant ; —
d'autres aussi nageaient, miroitant dans l'eau. — Quelles bêles, bon
Dieu, grouillent dans ce repaire ! — Pour peu que vous soyez poltron, Dieu vous garde d'en voir sur votre chemin, — car, vous seriez glacé d'effroi, rien qu'à l'aspect de leurs gueules — visqueuses de bave, béantes, et semblant ne pouvoir jamais être apaisées ! — Heureusement nous savons qu'elles sont inoffensivés, — car, aussitôt qu'elles voient un Mortel, elles se cachent dans des trous. On voit aussi, là, voletant, effarouchées, — jour et nuit, tant de chauves-souris, — que si elles sont, comme on le dit, les mouches de l'enfer — sûrement Lucifer fréquente ces lieux. " |
" Ecoutez bien
ceci, je vous prie, mes enfants !
C'était le rendez-vous de tous les revenants — de Lorgues, Vidauban, et
leurs quelques bourgades ; — Ils criaient là-dedans comme des âmes
damnées, — qui le Dies irœ, qui le De Profundis — qui des sac ... qui
des nom ... enfin tout ce qu'on dit — dans notre beau pays lorsqu'on
est en déroute. — La voûte des profonds Tombereaux oscillait ; — tous,
à la vérité, ne jetaient pas des cris de désespoir ; — mais il y avait
bien un cent de ces pauvres trépassés — qui, allant pour chercher le
vivre des Armettes, — n'avaient rien trouvé, ni pain, ni gàteaux, ni
figues, ni raisins au pied du lit des enfants, dans leurs anciennes
demeures ! — Il y en a de si gourmands parmi ces petits garnements,
qu'ils se soucient fort peu que les Armettes piaillent ; mais qu'ils
fassent bien attention à eux : — les Armettes aiment bien qui leur
porte respect ; — mais elles savent très-bien aussi venir gratter les
pieds, pendant la nuit,— à ceux qui leur ont tiré la langue ! ...
Ainsi, gare dessous ! Donc, ces pauvres morts étaient en déroute. — Je crois bien ! Quand on sait que les vivres nous sont dûs, — revenir sans avoir ni bu, ni mangé, — ce n'est guère amusant ! Et la voûte tremblait !! ... Replié sur lui, pas loin, Satan était aux écoutes ; — le gueux épiait, du fond des Tombereaux, — les âmes que saint Michel aurait mises au rebut, — car ici saint Michel va jouer un certain rôle. Notre Satan, était donc caché, le malin ! — se léchant les babines, et ouvrant des yeux estompés — sur les revenants qui fesaient leur sabbat. — Tron de l'air ! se disait-il, il me faudrait bien au moins dix douzaines — de ces maudits pour me payer de mes peines! — Tous les ans il faut venir m'enfourner dans les Tombereaux— et quitter mes Enfers, qu'il fasse laid, qu'il fasse beau ; — moi Satan, moi l'Esprit, l'Archange des Ténèbres? — Il nie faudrait, tous les ans, courir comme un lièvre — après les miettes, le rebut— d'un saint Michel ? Ah çà mais ! ne suis-je donc plus Belzébuth ? ... — Je vais lui jouer le tour, tron de l'air ! je vais faire — avant qu'il ne soit venu, mes petites affaires ! ... — Cela dit, il prend sa prise, et, comme un général, — il éternue, il se mouche, et sort de son trou. " |
"
Aussi prompt qu'un éclair, les Armettes se turent — les plaintes, les
jurons, les prières cessèrent.— Argens, qui le croirait ? Songeant à
saint Michel, — d'une main arrêta ses bruyants Tombereaux ! ... et
Satan parla ainsi, d'une voix formidable, — avec d'yeux fulminant des
flammes horribles : — Salut, pauvres âmes damnées, — depuis si
longtemps condamnées — à vous plaindre, à gémir, pour demander pardon
!— c'est le bon Dieu qui vous rebute ; — vous priez ! ... Lui vous
persécute ! — ne perdons pas un instant ; — suivez-moi aux Enfers, je
vous chargerai de dons ! Venez habiter mon Empire, — pauvres âmes dans le martyre ! — le ciel, vous le voyez, ne s'ouvre pas pour vous ! — Chez moi, la porte n'est jamais fermée. — C'est un large portail béant ; — arrivez donc, âmes damnées. — Je vous comblerai de dons qui vous paraîtront doux! Je vous couvrirai de richesses ; — je vous accablerai de mes largesses. — Armettes, allons, venez, suivezmoi aux enfers ; — là, du matin jusqu'au soir, — personne ne souffre ni ne se désespère. — Rangez-vous donc sous ma bannière ! — Venez, vous serez heurenses, foi de moi, Lucifer ! — C'est donc que tu peux nous faire quittes — de nos crimes et démérites, — demanda une âme en peine, s'adressant à Satan ; — moi qui ai volé toute ma vie, — enfoncé des portes de bastides, mené, enfin, une vie de brute, — tu me fais grâce de tout cela, dit le malfaiteur. " |
"
— Mais qu'y a-t-il donc de si blâmable — dans tout cela, répond le
Diable. — Pauvre âme ! Tu ne vois donc pas que c'est le Dieu qui te
tient, — qui, dans sa caboche infernale — est cause de tous ces
scandales ? — Car, s'il avait fait les parts égales, — y aurait-il des
voleurs ? Réponds . pauvre innocent ! — Moi, suivant l'ancienne méthode, on m'a rompu les os sur la roue, — pour avoir assassiné, dit un autre revenant. — Etant vivant, je me suis laissé dire — que si tu me tenais, tu me ferais cuire — dans un grand chaudron ! ... Sans rire, Satan, cela est-il vrai ? dit le malfaiteur. — Allons donc ! répondit le Diable ; — ils t'ont rompu vif, les misérables ! — Tu as payé, mon enfant, mille fois ton écot. — Quant au chaudron, il n'y a qu'en délire, — ou en rêvant, pour oser dire, — que je m'amuse à vous faire cuire. — Il n'y a pas de bon sens à parler comme cela ! — Moi, je n'ai rien fait dans l'autre vie, — dit une âme endolorie ; — seulement mes parents sont restés devoir aux prêtres — une demi-douzaine de messes. — Maîtres de tout mon bien sur la terre, — les maudits ont la cruauté — de me faire fermer le ciel depuis neuf à dix ans ! " |
Statue de St Michel
terrassant le Dragon à la Sainte Baume et chapelle St Michel à Méounes
les Montrieux
" Pauvre enfant ! lui dit le Diable, — je te crois, car tu me parais croyable. — Les prêtres, mon fils, accapareraient tous les biens ! — Soit prêtre, soit pirate, — tous deux ont une paire de pattes, — que, s'ils ont envie de ta rate, il faut qu'ils l'aient, mon bon, si tu ne donnes pas d'argent ! — Oh ! oh ! entendit-on, en haut sur la voûte, — qu'est cela ? Seigneur Dieu ! qui parle ainsi en bas ! — Ferréol, garde un instant mon sabre et mon cheval : — j'entends Satanas ! Il faut que j'aille le mettre en déroute ! Vous avez sûrement compris que le grand saint Michel — arrivait tout droit du séjour céleste, — et qu'entendant le discours étonnemment leste de Satan — sur le compte des prêtres, il était capable de lui manger le fiel ! Et qu'on croie bien qu'il était temps qu'il arrivât ; — car, déjà, Satan, comptait dans les Tombereaux,— rangés à ses côtés, les trois quarts du lugubre troupeau ; — il ne s'en fallait même pas de l'épaisseur d'un doigt pour que l'autre quart y passât. Tant il est vrai que, mort ou vivant, l'homme est ainsi bâti ; — flattez-lui ses passions, faites-lui des promesses, — pourvu que vous lui donniez l'espoir d'acquérir des richesses,— le dernier qui lui parle n'aura jamais menti. » " |
" A peine
saint Michel du talon de sa botte — avait louché le sol de
cet antre maudit, — qu'un essaim de petits anges roses descendant du
paradis, — vint voltiger en folâtrant dans le haut de la caverne. La
nue qui avait apporté les anges étant de la fumée d'encens, — l'air en
fut aussitôt embaumé. — Il était temps ; car Satan exhalait une "odeur
de sauvage insupportable. — Saint Michel en souffrait ; mais rependant
il ne disait mot. Satan, à son aspect, en eut la chair de poule ; — ses revenants, d'instinct, se retirèrent de lui ; — et puis, les bras en croix, saluant saint Michel, — le front baissé, plus loin, se rangèrent en foule. Saint Michel, avec fierté, donne un coup de sifflet. — En deux mots, saint Ferréol répondit du dehors. — Eh ! Michel, que te faut-il ? — Avance moi le ciboire, Ferréol, — et l'eau bénite ! — et la Terre trembla !! ... Satan faisait une mine à faire sauver une troupe ; — mais il avait beau faire claquer ses cornes et remuer sa queue ; — il sentait bien de trop loin le signe de la croix ! — et, plus encore, se trouvant sous la coupe de saint Michel ! ... Saint Michel, chacun le sait, est un Saint comme il faut. — Ne fesant ni bruit ni étalage, il prit l'eau bénite, — et fit le signe de la croix !... A l'instant, dans la caverne, retentit — un tel ricanement, qu'Argens foira de peur ! " |
" Et Satan était
loin ; oh ! pour sûr il détalait !
— et, même, qu'il ne fallait pas lui donner de l'éperon. — Assez de ce
gueux ici ; qu'il s'en aille, le maudit ! ... — Ecoutons saint Michel
haranguant ses âmes : — Je sais tout, pauvres âmes en peine ! — je vois
d'ici quelques centaines d'entre vous — qui alliez retomber dans les
griffes de Satan ; — mais le Dieu de miséricorde, — au saint nom duquel
je vous aborde, — m'envoie auprès de vous, pour vous accorder — son
pardon paternel, car vous êtes ses enfants ! Vous savez que je suis l'archange Michel, — qu'à mes ordres des milliers d'anges — sont chargés, tous les ans, de guider vers le ciel — les Armettes du purgatoire, — que cette flamme expiatoire — a rendues dignes de la gloire céleste. — Montez, Armettes, aux pieds du grand Dieu d'Israël ! Oui, partez, âmes rachetées, — et lavées de toute tache, — vous allez être transformées en anges, commet moi ! — Quittez vos vêtements mortuaires, — laissez ici vos blancs suaires, — et montez dans le sanctuaire, — au milieu de sa gloire, adorer l'Eternel ! " |
" Argens !
... fais débonder tes ondes ; — Dans
ces
cavernes profondes,— qu'une avalanche d'eau ruisselle de partout ; —
car ton eau est eau lustrale — qui va laver les taches infernales — et
les souillures sépulcrales — des âmes qui, tantôt, vers Dieu vont
s'envoler ! Comme un éclair, la cataracte — débâcle, luit, tombe, éclate. — Tels des ours enragés s'engouffreraient hurlant ! — et les glas pleurants des cloches de Saint-Jaume, Lorgues et Sainte-Anne, — arrivant sur la tramontane, — dans ce tumulte infernal, faisaient balin ! balan ! La longue foule des Armettes — lente et lugubre se déroule, — et passe, les bras en croix, sous un ruisseau d'enfer ! ... — et les blancs suaires tombèrent : — écume blanche ils devinrent ; — et les Armettes s'envolèrent — comme un long tourbillon, radieuses dans l'air. Puis, là haut, proche les étoiles, se déployant en blanche voile, — heureuses, elles chantaient en chœur : beau bon Dieu, grand merci ! — Puis, peu à peu elles disparurent ; les chants séraphiques cessèrent, — et les étoiles étincelèrent. — Il y eut fête, ce jour, dans le saint paradis ! ... Mais saint Michel, les yeux en flammes, — de voir que peu s'eu était fallu que ses âmes — passassent à Satan, dit à saint Ferréol : — Ce gueux de Satan me tracasse ; — partout où je vais il se traîne ; — il me fait cent tours de passe-passe ; — je ne puis m'en faire quitte ; il est plus têtu qu'un mulet. " |
" Toi qui as
autant d'esprit qu'un évèque ; — car, au besoin, tu ferais
un archevêque, — Ferréol, fais-moi plaisir ; je te demande conseil : —
dis-moi ce que je pourrais faire — pour l'exorciser et m'en défaire? —
j'en suis rudement las, compère. — Dis-moi, que ferais-tu, pour être
enfin quitte de lui ? — . « Pour qu'il te laissât tranquille, — Michel,
ce ne serait pas difficile, répondit saint Ferréol ; le moyen le plus
court — est de faire bâtir une chapelle, — ne coûtât-elle qu'une
bagatelle ; — grande, petite, laide ou belle, — pourvu qu'elle soit
près de l'eau ! ... et tu lui joues le tour. Tu crois ? — Comment, si je le crois ! — Je dirai plus, c'est sûr que je vois — que c'est là le seul moyen ! ... Chacun sait que Satan — fût-il à cent pas d'un évangile — se tord, jure et se fait de la bile ; — il montre ses poings et puis il défile. — Tu vois, Michel, pour l'exorciser il n'en faut pas lourd. Argens, avance ici, compère ? — Tu as bien compris ce qu'il faut faire ? — Saint Ferréol, au besoin, s'en souviendra bien. — Toi qui fais de si belles cavernes — pour tes rats-d'eau et tes chouettes, — écris desuite sur tes notes — qu'il faudra une chapelle, ici, pour l'an qui vient. L'an qui vient ! Saint Michel-Archange ! — Je veux bien que le loup me mange — si je pourrais en sortir ! dit Argens ; grand Saint ! — J'ai mis cent ans ! ce n'est pas une année, — pour creuser le lit de ma cascade. — Oh ! je ne vous dis point une plaisanterie ; — croyez-moi, saint Michel, oui ! il m'a fallu cent ans ! — — Allons donc ! Tu es un songe-creux ; — je te dis que tu peux la faire. — Approche-toi d'ici ! lui dit saint Michel ; — alors il le toucha sur la face, — si bien qu'on en voit toujours la place. — Argens, sans coins de fer ni masse, — avait un an pour la faire ... En un jour il la fit ! ... " |
La chapelle
Saint Michel Sous Terre
" Mais il faut voir comme elle est artistement taillée, — et proprement découpée dans le cœur de la roche ; — la porte bâille en plein jour sur le gouffre des Tombereaux ; — ce qui prouve qu'elle fut creusée — dans le but d'éloigner — le maudit Satan, — et l'empêcher ainsi de faire la nique à saint Michel. Pour y entrer, il faut passer par la fenêtre, — percée vers la gauche, — au sud d'un moulin construit plus haut : — romarin, buis, thym, — lavande. lentiscles, sariette, — enfin toutes nos fleurs sauvages — embaument ses alentours et couronnent le rocher. De la porte l'œil plonge dans l'abîme, — et l'on entend l'orchestre sublime — du gouffre que nous avons décrit : les sombres Tombereaux ! — A vos pieds, le héron pêche, — caché dans quelque vigne sauvage, — épiant sur l'eau fraîche — la truite ! Oh ! le gaillard aime les lins morceaux ! |
La chapelle
Saint Michel Sous Terre
Puis on entend l'interminable crécelle — de la cigale chanteuse, — dans l'yeuse toujours verte, et puis les cigalons ; — et puis, dans la plaine, la dindonnière, — chantante que l'on chante à l'aire ; — ou bien la chanson de la foire, — que l'aveugle chantait, en jouant du violon. Et puis l'âne du moulin qui brait, — chantant sa famélique gamme : — Pour Dieu ! Mettez-lui donc du foin dans sa musette ! — Puis les bavardes lessiveuses — qui patouillent dans la rivière — ou reviennent fières et chargées — d'un linge sec et blanc, tout raide, tant il fait chaud ! Puis les rayons du soleil qui grillent, — et les épis de blé qui pétillent.— et le grillon gaillard ? Oh ! le fin paresseux ! — Il folâtre gai sur les mottes de terre ; — il monte, va, vient, dessus, dessous ; — il fait son cri, il marche, il court, il écoute. — Demandez-lui ce qu'il a fait quand vient la fin du jour ! Voyons ! que dites-vous de cette chapelle — et de ces eaux du gouffre ? — Eh bien ! moins la chapelle et les Armettes, — dans le cours de la rivière d'Argens, il y a plusieurs de ces barrières — qui retiennent tout entière, — pour se jeter en bas de cinquante pieds de haut. " |
Saint
Michel, représenté terrassant le dragon dans une
grotte à Mazauges.
De l'auteur Marius Trussy : " Et qu'on ne pense pas que j'aie amplifié la légende des Tombereaux, pour connue, je suis sûr, de mes compatriotes de Lorgues. Ecrite sous la dictée de mes souvenirs, je déclare avoir religieusement reproduit, autant qu'il m'a été possible de les agencer dans un cadre restreint, les teintes de M. Deslaurans lui-même. Cependant, la conversation familière entre saint Michel. saint Ferréol et Argens, après l'apothéose des âmes, conversation qui ressemble à celle d'acteurs dramatiques après la chute du rideau, n'est pas rendue au dixième des burlesques pensées de M. Deslaurans. Mais la légende ne pouvant nullement souffrir de ces retranchements, et l'imagination du lecteur pouvant y suppléer, je me suis borné à n'en reproduire que la parlie spéciale à la création miraculeuse de la chapelle de Saint Michel creusée dans le cœur du roc. " " Marius Trussy, comme ce nom sent bien le terroir ! Marius Trussy est né à Lorgues (1797-1867). Les événements de la vie, les tempêtes politiques dont sa famille eut particulièrement à souffrir, l'emportèrent, bien jeune, loin du pays qu’il aimait avec passion. Que de misères ! Que de luttes ! Que d’infortunes ! C'est toute une Odyssée que la vie de Marius Trussy. Il me l'a contée simplement, sans haines, sans colères ; et, plus d'une fois, j‘ai senti mon cœur se gonfler en l'écoutant. Il est peu d’existences humaines qui aient été soumises à de plus cruelles épreuves. Son talent poétique s’éveille, ainsi qu’il le dit lui—même, au bruit des coups dont la destinée le frappait. " (Margarido, préface de Louis Jourdan, Paris le 22 juillet 1861). |
L'église du Vieux Cannet achevée en 1027 est elle aussi dédiée à Saint-Michel. Le clocher date du début du XIIe siècle. Son campanile fut offert en 1746, à l'occasion de l'accession au marquisat du seigneur de Rascas qui possédait un château dans le village. |
L'occupation
du village est attestée dès la préhistoire. Les
Romains fondent ensuite l'agglomération de Forum Voconii, située dans
la vallée près de la voie aurélienne. Après sa ruine, le Castrum
Caneto, cité
médiévale, est progressivement établi sur le sommet de la colline
avoisinante à partir du VIIème siècle. Le village est érigé en commune
par le roi
René en 1442, comte de Provence et de Forcalquier. |
Le village
connait les ravages de la peste (XIV et XVIIIème siècle), des guerres
de religion (XVIIème siècle), de la Révolution ; parfois aussi du
climat : la grêle et les orages détruisent plusieurs fois le clocher de
l'église (classé monument historique en 1862). En 1903, après 20 ans de
querelle, le chef lieu de la commune est transféré par arrêté du
Président de la République au "quartier de la gare" où nait le village
du Cannet des Maures, baptisé ainsi en 1927. |
Ailleurs
...
Ce n'est pas dans l'habitude du site de trop s'éloigner de la Provence, mais si vous passez par la Charente, faites un détour par Aubeterre sur Dronne pour visiter l'église monolithe Saint Jean. |
Creusée au XIIè siècle cette église, sa vocation première fut d’abriter des reliques conservées dans une succession de fosses et dans un reliquaire (ci-dessus) dont la forme s’inspire de celle du Saint sépulcre découvert à Jérusalem lors de la première croisade. Il a été réalisé par évidement de la paroi calcaire et peut donc être qualifié de monolithe. (http://www.aubeterresurdronne.com) |
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A peine
plus loin à Gurat, une
autre chapelle souterraine dédiée à Saint Georges. |
Pas en
Provence ... Vous voyez Saint-Michel terrassant le dragon ? Oui ! ...
Mais ce qu'il
faut observer ce sont deux cèpes sculptés au pied de la colonne,
sûrement un
péché de
gourmandise pour un sculpteur facétieux ?! |
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