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Le rattachement de la Provence à la France - Le château des Forbin à Solliès-Ville, le palais des comtes de Provence à Brignoles - 3
Le plus digne de ton cœur - C'est d'unir à ton empire - Un peuple aimant qui respire - La franchise la valeur.
Décembre 1481 " Enfin cette belle florissante Province de Provence retourne sous le domaine de son premier ancien Maître ce beau fleuron arraché par l'ambition des hommes de la grande Couronne de France, revient à sa première place. Mais pour y retourner il ne lui a pas fallut l'espace de quarante-neuf mille ans, terme que Platon donnait jadis pour faire revenir toutes choses à leur premier principe. Six cents deux ans ont été seulement la durée de son éclipse de la séparation. Car l'an 879, par l'ambition de Bozon, premier Roy d'Arles, elle fut séparée du grand Royaume de France l'an 1481 par la prudence, sagesse et bonté de Charles d'Anjou son dernier Comte, elle y retourna. " (La chorographie ou Description de Provence - Honoré Bouche - éd 1664).


LES ACTEURS
« A force de murmurer le nom du Roy, naîtront l’espoir du Roy, puis la nécessité du Roy, enfin la Royauté renaîtra. » (Talleyrand).
Les derniers comtes de Provence indépendants
L'inspirateur ou l'intrigant ...
Les rois de France
bon roi rené comte de provence
Le roi René (1409-1480)
dit "le Bon", oncle de Louis XI et de Charles III.
charles III dernier comte provence
Charles III (1446-1481), neveu et successeur du roi René, cousin germain de Louis XI.

Palamède de Forbin (1433-1508)
dit " le Grand "
Seigneur de Solliès

Louis XI (1423-1483)
dit "le Prudent", neveu du roi René et cousin de Charles III

Charles VIII (1470-1498)
" l'Affable", fils de Louis XI.

" Charles d'Anjou, dernier Comte de Provence, avait succédé au Roi René, son oncle, le 10 Juillet 1480, Palamède de Forbin, qui fut son principal Conseiller chambellan, avait, dès auparavant, incliné la noblesse de Provence vers la France, ménagea un parti considérable au Roi Louis XI, s'employa avec un tel succès auprès de Charles d'Anjou, qu'il le porta enfin à instituer Louis XI, les Rois de France, ses successeurs, pour héritiers universels de ses Etats. " (Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France ... M. de La Chenaye-Desbois - Tome VI - seconde édition - 1773 - Chez Antoine Boudet - Libraire et imprimeur du Roi - Prix 18 Livres - broché - avec approbation et privilège du Roi).

Mais pourquoi René est-il l'oncle de Louis XI ? Parce que sa sœur ... Généalogie simplifiée :
roi rené genealogie oncle louis XI par sa soeur

" Et la Provence devint française " (R. Duchene).

Oui mais quand ? " Les uns tiennent pour celle de la mort du dernier des comtes angevins, Charles III, qui l'avait léguée à Louis XI, le 11 décembre 1481. A moins qu'ils ne prennent pour point de départ le jour où l'assemblée des États a reconnu le nouveau souverain en lui jurant fidélité, le 15 janvier 1482. ... D'autres prétendent que l'union ne fut effective qu'en octobre 1486, après la déclaration de Charles VIII la proclamant indissoluble, ou même après la ratification qu'en firent les États le 9 avril 1487. " (Et la Provence devint française - Roger Duchene).
tableau marie madeleine , fin XVe siècle charles III comte provence ancien muse vieux marseille
charles III dernier comte provence rattachement franceCi-dessus, " Le prêche de la Madeleine," fin XVe siècle - ancien musée du Vieux-Marseille. « Ce primitif provençal constitue la plus ancienne représentation fidèle de Marseille ... Les deux personnages couronnés sont le dernier comte de Provence, avant le rattachement à la France en 1481, Charles III du Maine, et son épouse Isabelle de Lorraine. » (Illustration du vieux Marseille, Arnaud Ramière de Fortanier, 1978).

« Dans son testament dicté sur son lit de mort le 10 décembre, Charles III lègue la Provence à son cousin Louis XI en suppliant celui-ci de garder au comté « tous ses privilèges, droits, libertés, franchises et statuts et d'en maintenir les louables coutumes ». Le roi de France souscrira en 1483 (par Louis XI) et de nouveau (par Charles VIII) en 1487 à l'union de la Provence à la couronne de France comme " un principal à un autre principal " selon la formule consacrée. En foi de quoi la Provence est censée conserver sa pleine autonomie dans le cadre du royaume. » Mais la réalité fut un peu différente, notamment à Solliès ... (Bulletin de l'Académie du Var - 1986).

CHARLES III de Provence (1446 - 1481). Roi de Jérusalem, de Naples, de Sicile d'Aragon, de Valence, de Maiorque, de Sardagne de Corsegue ; Duc d'Anjou. XXVII, & dernier comte de Provence de la deuxième maison d'Anjou, Forcalquier, Piedmont, Barcelone, du Maine et de Guise : Vicomte de Châtelleraud du Martiguez. (La chorographie ou Description de Provence - Honoré Bouche - éd 1664). Estampe de Claude Goyrand.

Château des Forbin à Solliès-Ville, "400 ans de luttes entre les seigneurs et les bourgeois de Solliês." (O. Tessier)

Le 16 septembre 1468 à Angers, Jean de Beauvau vend pour 13000 florins la seigneurie de Solliès à Palamède de Forbin, second président de la cour des comptes d’Aix et désormais seigneur de Solliès ; rene anjou comte provence il fut aussi chancelier du roi René, puis conseiller de Charles III dernier comte de Provence. Il inspira le testament royal qui réunit la Provence à la France en 1481 et par Louis XI fut institué Vice-Roi de Provence. Les Forbin étaient désormais dans la place, ils allaient régner sur Solliès jusqu’en 1743 non sans faire face à des Provençaux bien décidés à défendre leurs droits.

" Solliès est un ancien bourg situé à 13 kilomètres de Toulon, sur le sommet d'une très haute colline. Au pied de cette colline, dans une plaine magnifique, arrosée par les eaux du Gapeau, sont groupés trois villages : Solliès-Pont, Solliès-Farlède (ndlr, aujourd'hui La Farlède), Solliès-Toucas et trente hameaux plus ou moins importants. Toutes ces agglomérations se sont formées au détriment du vieux Solliès, avec l'appui des sieurs de Forbin, qui favorisaient la désagrégation de l'ancienne communauté, dans le but de l'affaiblir et d'en avoir plus facilement raison. Les Forbin eux-mêmes descendirent dans la plaine et s'y établirent vers la fin du XVIe siècle, lorsque l'incendie, allumé par les bourgeois révoltés, eût détruit leur antique castel. "

" Le Bon roi René, roi de Jérusalem, de Naples, de Sicile, d'Aragon, de Valence, de Maiorque, de Sardagne et de Corsegue, duc d'Ajou, de Lorraine et de Bar, Marquis du Pont, XXVI, Comte de provence, de Forcalquier, de Peidmont et de Barcelone. "

Parenthèse artistique, un tout petit tableau !

Lors de ma première visite au Louvre, j'avais été surpris par l'immensité des tableaux qui illustraient mes livres d'histoire : Le couronnement de Napoléon : 6,21 m par 9,79 m, Louis XIV en costume de sacre : 2,77 par 1,94 m ou encore Le radeau de la méduse : 4,91 m x 7,16 m ! Et bien très récemment ce fut l'inverse, le plus connu des tableaux du roi René est tout petit !
tableau roi rene duc anjou comte provence jeanne laval louvre
18 cm X 13 cm ! Tout petit diptyque peint sur bois de peuplier et représentant René d'Anjou et sa seconde femme Jeanne Laval (morte en 1498), réalisé par Nicolas Froment vers 1475-1480 et connu sous le nom de "Diptyque des Matheron".
" Au revers une tige de lis couronnée, entourée d'une banderole portant la devise de Jean de Matheron, "Ditat servata fides". Le roi aurait donné ce diptyque à Jean Matheron son conseiller, devenu plus tard président à la cour des maîtres nationaux de Provence." (https://collections.louvre.fr).

Et dans la même aile, ne manquez pas le tableau de Toulon " Vue de la ville et de la rade de Toulon " peint par Vernet.
La Provence présentée à Louis XI par Palamède de Forbin (Essai sur l'histoire de Provence ", C-F BOUCHE - 1785)
provence presentee a louis XI palamede forbin estampe gravure rattachement provence " Explication de l'estampe. Cette planche représente Louis XI recevant la Provence qui lui est présenté par Palamède de Forbin. La couronne que celle-là a sur la tête est, tout à la fois, l'emblème de la force de la souveraineté dont elle vient faire hommage à Louis XI. (ndlr Claude Goyrand auteur de l'estampe).

Elle lui présente l'écusson de ses armes en signe de soumission. Le génie qui est derrière elle, fait sortir d'une corne d'abondance les fruits qui naissent en Provence. Le fond du tableau fait voir des vaisseaux qui indiquent le commerce. Palamède de Forbin tient dans ses mains le testament de Charles III, dernier comte de Provence de la maison d'Anjou, qui institue Louis XI son héritier.

La Provence, en se soumettant lui adresse ses vers (ndlr : sous l'estampe - traduction) :

Les champs que ma main cultive - Sont protégés par Cérès - La déesse de l'olive
Voit l'innocente Palès - Sur le sommet des montagnes -
Veiller, avec ses compagnes - A la gardes troupeaux -
De son nectar agréable - Bacchus couvre mes coteaux -
Et Thétis infatigable - Sillonnant le sein des mers - Apporte sur mon rivage -
Les trésors de l'univers - De ces biens reçoit l'hommage - Mais le plus rare avantage -
Le plus digne de ton cœur - C'est d'unir à ton empire -
Un peuple aimant qui respire - La franchise la valeur. "

" On a beaucoup écrit sur les abus de la féodalité, sur la tyrannie des seigneurs, sur les prérogatives de la noblesse. Mais il est un fait sur lequel l'attention des historiens ne s'est peut-être pas assez arrêtée : c'est la constante résistance des vassaux, c'est la lutte persévérante du Tiers-état, qui commence au moyen-âge par la révolution communale, se poursuit, sourde et patiente, pendant plusieurs siècles et triomphe enfin, en 1789.

J'ai été surpris, en parcourant les archives d'un grand nombre de communes rurales, de rencontrer partout le même esprit d'indépendance, partout les mêmes efforts pour échapper à la juridiction du seigneur et aux innombrables redevances féodales encore exigées aux derniers jours de l'ancien régime. " (Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan - O. Teissier, Correspondant du Ministre de l'Instruction publique, pour les travaux historiques - 1866).

Elle lui présente l'écusson de ses armes en signe de soumission.
chateau forbin sollies ville

" Pris isolément, les vassaux n'étaient rien et ne pouvaient rien ; ils étaient en quelque sorte à la merci du seigneur ; mais quand ils s'entendaient entr'eux, quand le seigneur ne parvenait pas à susciter des divisions dans le conseil communal, ils avaient la force irrésistible de l'association ; alors ils devenaient redoutables ; ils tenaient en échec le pouvoir du seigneur, fut-il comte, marquis ou prince du sang.

Ils plaidaient, ils se faisaient écouter du souverain lui-même, et ils obligeaient ainsi les seigneurs à composer avec eux. Si ces moyens ne réussissaient pas ils attendaient patiemment que le hasard de la naissance leur donnât un seigneur débonnaire ou dépensier, pour terminer le différend à prix d'argent et racheter les droits féodaux au moyen d'une somme une fois payée ou d'une rente. C'était-là leur suprême ressource. "
" Malheureusement tous les seigneurs n'étaient pas disposés à céder leurs droits, et il arrivait aussi que les communes n'étaient pas autorisées à faire de trop grands sacrifices pour cet objet, le gouvernement ayant intérêt à ménager la fortune des contribuables, pour assurer la rentrée de l'impôt.

La communauté de Solliès, après avoir plaidé pendant plusieurs siècles contre les sieurs de Forbin, fut sur le point d'acquérir leurs droits utiles et honorifiques, moyennant 230,000 livres ; mais le roi ne voulut pas permettre une pareille dépense. Il fallut continuer la lutte, qui avait commencé dès le XVe siècle et qui ne devait finir qu'en 1789. " (Bulletin de la Société d'études ...Draguignan - O. Teissier - 1866). La suite infra ...

"Titre et qualité de Palamedes : PALAMEDES Forbin, Chevalier Sieur de Soliers, Vicomte du Martiguez, Conseiller chambellan du Tres-Chrétien de magnanime Prince Louis par la grâce de Dieu Roy de France, Comte de Provence, Forcalquier, des Terres Adjacentes, Gouverneur Lieutenant  Général pour sa Majesté audit Pays ainsi qu'appert de nôtre Pouvoir par Lettres patentes en parchemin authentique forme, scellées du grand Seau en tire rouge, cy-après insérées qui ces Présentes verront, certifions etc. " (H. Bouche, 1664).

Buste de Palamède de Forbin, Solliès-Ville.
buste palamede forbin chateau sollies
chateau forbin solliex ville palamede
Sur les différentes plaques : " Palamède de Forbin, seigneur de Solliès, chancelier du roi René, conseiller de Charles III, inspira le testament royal qui réunit la Provence à la France en 1481 et par Louis XI fut institué Vice-Roi de Provence. Cette effigie dressée sur les ruines du château des Forbin fut inaugurée le 7 août 1920 par des fêtes solennelles commémorant la réunion de la Provence à la France. Offert par M. Jean Aicard de l'Académie française, maire de Solliès-Ville. "

" Palamèdes de Forbin, président de la Cour des comptes a Aix, avait la réputation d'un homme énergique et rempli d'habileté. Il en fit preuve, en effet, en négociant la réunion du comté de Provence à la France. Les habitants de Solliès comprirent qu'ils avaient affaire à forte partie. Ils ne songèrent qu'à prendre toutes les précautions légales pour garantir leurs droits et immunités. Sur leur demande, le roi René, en ratifiant la cession faite par Jean de Beauvau à Palamèdes de Forbin, confirma tous les dons, privilèges, franchises, libertés et faveurs, concédés par lui ou ses prédécesseurs aux habitants de Solliès. Il prièrent ensuite leur nouveau seigneur de vouloir bien s'engager à respecter les libertés et immunités de la commune. Palamède de Forbin y consentit et délégua son frère Jean pour prêter le serment demandé.

Cette cérémonie eut lieu le 20 avril 1469, à Solliès, sur la place du Château, près du portail, et en présence d'un nombre considérable d'habitants. Jean de Forbin, agissant au nom de son frère, promit « aux syndics, conseillers et autres gens de bien représentant la communauté tout entière, de maintenir et observer les privilèges, statuts et libertés de la communauté, et il jura, sur les Saints Evangiles, « de n'y contrevenir ni directement ni indirectement ». (Bulletin de la Société d'études ... de Draguignan - O. Teissier - 1866).

Ecusson, fontaine du roi René à Aix-en-Provence.
chateau forbin palamede forbin
" Le 20 avril 1469, dans l'après-midi en présence de la population assemblée près du grand portail Palamède de Forbin, seigneur de Solliès jura sur les Saintes Evangiles qu'il touchait de la main droite de garder et maintenir les privilèges statuts et libertés de la communauté. "
oratoire saint loup sollies ville
Oratoire Saint Loup, patron de la ville. Il est construit sur l'emplacement d'une ancienne chapelle éponyme, détruite quand la route fut élargie.

" Pendant quelques années le seigneur et les bourgeois de Solliès vécurent dans les meilleurs termes. Ils se ménageaient réciproquement. " 24 ans après la cérémonie, l'ambiance n'était plus du tout la même ... " Les griefs des habitants de Solliès étaient ceux-ci : « 1 ° Le seigneur, disaient-ils, usant d'un droit rigoureux, détient diverses propriétés confisquées par lui sans pitié ni miséricorde,
sous prétexte de commise ; 2° il fait plusieurs criées tandis que son droit ne lui en permet qu'une seule par an ; 3° Il s'immisce dans l'élection et la nomination des syndics et autres officiers communaux et il ne leur permet pas de régler entr'eux leurs propres dépenses, ce qui est une atteinte aux coutumes et libertés de la commune ; 4° il augmente sans cesse ses réserves dans a forêt, au grand préjudice de la communauté et sans y avoir le moindre droit ; 5° Enfin, sous prétexte de l'hommage prêté par les habitants, il soulève une foule de procès et veut ensuite leur faire supporter les frais de ces procès provoqués par lui. »

Le seigneur de son côté protestait de ses bonnes intentions, jurant de n'avoir jamais fait et ne vouloir jamais rien faire qui fut contraire au droit et à l'honnêteté. "
(Bulletin de la Société d'études ... de Draguignan - O. Teissier - 1866). Cela allait encore durer 300 ans !

Brignoles, le palais des comtes de Provence. " Les Varois sont fiers de compter dans leur patrimoine deux monuments prestigieux édifiés par les premiers comtes angevins de Provence, la basilique de Saint-Maximin et
le palais des comtes de Provence à Brignoles. " (Bulletin de l'Académie du Var - 2005).

" Ce palais du XIIe siècle, ancienne résidence d'été des Comtes de Provence (du XIIIe au XVe siècle), abrite aujourd’hui le musée du Pays brignolais, créé en 1945 par André Jaubert. Ce bâtiment a été maintes fois réutilisé depuis le XIIe siècle : palais de justice, prison, lieu de réunion du Parlement de Provence entre 1416 et 1631, école au XVIe siècle, Préfecture de 1795 à 1798 et au XIXe siècle, Sous-préfecture de 1840 à 1920, dispensaire de la Croix-Rouge de 1927 à 1945… et enfin musée, créé et administré par « l’association des amis du vieux Brignoles » depuis 1945.  " (http://www.brignoles.fr). Alors, si vous passez par Brignoles, ne manquez pas la visite de ce très sympathique musée.

" Brignoles, petite ville ancienne fortifiée, située au centre d'une région fertile sur la grande voie reliant Fréjus à Aix, jouissant d'un climat exceptionnel, Brignoles devint résidence comtale au temps des comtes catalans et de ceux de la maison d'Anjou. Charles II (né vers 1254, mort le 6 mai 1309 à Naples) y séjourna souvent tout au long de sa vie, dans un château fort aménagé vers 1260 en palais. Agrandi et restauré au cours des siècles suivants, ce palais comtal qui servit plus tard de sous-préfecture reste la fierté des Brignolais qui l'ont transformé en musée dont je ne présente que quelques sujets d'exposition. ...
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... L'agréable climat de Brignoles et la salubrité des lieux auraient incité les comtesses de Provence, du moins la tradition l'assure, à venir y faire leurs couches et élever leurs jeunes enfants. C'est ainsi que le roi Robert qualifia Brignoles de « nourrice et demeure des enfants de la couronne » et la promut bailliage à titre de reconnaissance. Une autre résidence comtale, le château de Barjols, situé à une trentaine de kilomètres au nord, se flatte aussi d'avoir accueilli les jeunes princes pour leur éducation.

A gauche, Charles II (1254-1309), sa femme Marie de Hongrie (1257-1323) et leurs enfants - Bible de Naples, 1340.

Quand on sait que Marie de Hongrie, épouse de Charles II, donna le jour à treize enfants, on ne s'étonnera pas du renom de cette nursery brignolaise, orgueil des habitants depuis le XIIIe siècle. Mistral, dans son Calendal, écrira ces quelques lignes surprenantes à propos de Brignoles « Brignoles, riante nourrice de nos comtes qui, dans la fraîcheur de tes clairs ruisseaux et sur tes monts odorants, venaient chercher l'air pur et le goût de l'aïoli. » Les comtes de Provence aimaient-ils vraiment le goût de l'ail ? Je n'en suis pas si sûr, m'étant laissé dire que le roi René n'avait jamais pu s'habituer à la cuisine à l'huile d'olive ... " (Bulletin de l'Académie du Var - A. Marmottan - 2005).
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La chapelle Saint-Louis a été construite par la confrérie des Pénitents noirs en 1566. Elle est dédiée dès l'origine à St Louis d'Anjou (photo de droite), né à Brignoles le 9 février 1274 et décédé dans cette même ville le 19 août 1297. Fils du Comte de Provence Charles II d'Anjou, Il fut évêque de Toulouse, canonisé en 1317, il est le Saint-patron de la ville depuis le 16 janvier 1617.

En 2012, des peintures murales ont été mises à jour lors d'une étude historique menée sur le palais des comtes de Provence. Recouvertes de plusieurs couches d'enduit, leur présence est attestée sur l'ensemble des murs et plafond de la chapelle.

Ci-dessous le Sarcophage de Syagria. " Pour ensevelir le chrétien de la Gayole, on prit un de ces riches sarcophages païens dont le couvercle porte la statue d'un personnage couché sur un lit. L'image antique fut rasée, et, sur la partie plane que fournit cette mutilation, on grava l'inscription funéraire. " ... Notre très illustre varois Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (portrait à gauche) en avait fait une description illustrant l'universalité de ses passions : " A la Gaiole. Escrit au-dessus du frontispice d'un tombeau de marbre fort antique. Au milieu du frontispice dudict tombeau estoit assise une figure vestue de la ceinture en bas, dont le reste est rompu. Au-devant de ladicte figure y en a une fort petite vestue à la grecque, avec le pallium. ... "

Peiresc n'a guère mieux expliqué les bas-reliefs de cette tombe que ceux du monument païen où se lit l'inscription d'Ennodius. ... Au milieu d'autres figurations inintelligibles pour moi, je remarque ces scènes pastorales si familières aux fidèles et le pêcheur qui se retrouve sur un sarcophage de Rome. (Inscription chrétiennes de la Gaulle antérieures au VIIIe siècle - E. Le Blant - 1866).
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Ce sarcophage fut découvert dans les fondations de la chapelle de la chapelle de la Gayolle (commune de La Celle). Daté du IIe ou IIIe siècle, il a été réemployé au VIe siècle (503 ou 518) comme l'indique une inscription que l'on peut lire sur le bandeau : « Hic requiescet in pace bone memoriae Syagria qui obiet XII kal februarias indic undecema », c'est à dire : " Ici repose en paix Syagria, de bonne mémoire, qui mourut le 21 janvier, indiction onzième. " Les Syagra (Stagrii) était une " famille importante de l'aristocratie gallo-romaine de l'Antiquité tardive, les Syagrii ont été présents dans toute l'histoire de la Gaule du IVe siècle au VIIIe siècle. " (Wikipedia).

" La Gayole est un petit prieuré situé dans le Var, tout près de Brignoles et de la Celle. C'était jadis une dépendance de l'abbaye marseillaise de Saint-Victor, comme Saint-Maximin et bien d'autres lieux, dont l'évangélisation remonte aux temps apostoliques, ainsi que le prouvent les monuments de toute sorte que l'antiquité chrétienne nous y a laissés. La longue formule de la première ligne ne se rencontre jamais avant l'an 488, et cependant, chose singulière, cette inscription se lit sur un magnifique sarcophage, monument unique, le plus ancien des nombreux marbres de ce genre que possède la Provence.

La face du tombeau est divisée en cinq compartiments, par quatre arbres feuillus, les arbres du Paradis. Au centre : résurrection de Lazare ou du fils de la veuve de Naïm. Notre-Seigneur assis, disposition rare, touche du bout de sa baguette le mort debout devant lui et d'une taille minuscule, comme il est d'usage pour les personnages d'un ordre secondaire. M. E. Leblant pense que la personne assise représente le défunt accompagné de son fils. Nous préférons y voir le sujet évangélique, symbole de la résurrection future, traité d'une manière tout à fait primitive et selon les usages de la sculpture païenne, bien différents du style hiératique adopté plus tard pour la reproduction de cette scène typique.

D'un côté, une orante (à gauche du trou) dont la main droite est surmontée d'une colombe, emblème de la grâce. De l'autre, le bon Pasteur, costumé en berger, une brebis sur l'épaule et une autre à ses pieds. A côté de l'orante, un pêcheur prenant à l'hameçon le poisson mystique, accosté du buste drapé et radié du soleil : allusion à l'aurore nouvelle que le poisson divin, Yicthus sauveur apporta au monde et surtout aux âmes fidèles symbolisées, par les trois blanches brebis posées entre le pécheur et l'orante. Du côté opposé, un personnage assis, drapé à l'antique, tenant une lance, ayant à ses pieds un chien et semblant indiquer le lieu où se passe la scène. Cà et là des colombes, une ancre, un poisson.

Ce mélange des symboles païens et chrétiens dénote une époque antérieure à la formation du canon ordinaire de la symbolique nouvelle. Son faire antique, son style pur indique une période où vivaient encore les bonnes traditions et où la sculpture provençale n'était en rien inférieure à celle d'Athènes ou de Borne. A ces signes, M. Ed. Le Blant, le plus autorisé des archéologues en cette matière, n'hésite pas à reconnaître, dans le sarcophage de la Gayole, une oeuvre du milieu du troisième siècle, de l'an 250 environ. Il serait ainsi antérieur à tous les autres tombeaux chrétiens d'Arles et de Provence.

... Contentons-nous de dire que l'adaptation de ce tombeau à une sépulture du sixième siècle n'est pas un fait extraordinaire. Il aura servi deux fois, à trois siècles de distance. C'était du reste chose assez commune, chez nous, d'utiliser ainsi ces belles œuvres du temps passé. Pareils sarcophages reçurent, lors des invasions sarrasines, les premières reliques de nos saints apôtres, Marthe et Madeleine, les images vénérées de Notre-Dame de Romigier à Manosque, de Notre-Dame de Caderot à Berre,etc. (V. Lieutaud, La Provence artistique pittoresque : journal hebdomadaire illustré - édition du 13/05/1883).

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Des ex-voto sont exposés dans la chapelle St-Louis - pour en savoir plus sur ces témoignages de reconnaissance, suivre ce lien.

A propos de la prison, en 1846, " La maison d'arrêt de Brignoles est depuis long-temps établie dans l'ancien palais des comtes de Provence. Une nouvelle prison vient d'être élevée en dehors de la ville. Les détenus, dont le nombre est habituellement de 15, y seront prochainement transférés. Ils y seront soumis au régime de l'emprisonnement solitaire absolu, tel qu'il est pratiqué dans les pénitenciers de Philadelphie. Les cellules dans lesquelles ils seront renfermés de jour et de nuit, sont au nombre de 35. " (Statistique du département du Var - N. Noyon - 1846).

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Double pressoir à vis. Entièrement en bois, ce pressoir du XVIIIe siècle servait, selon la saison, à presser les olives ou le raisin. Il provient de Cabasse, où il était encore utilisé dans les années 50. Le pressoir de gauche est équipé pour presser le raisin, le marc étant retenu par les tresses en fibres végétales. A droite, les scourtins en fibres végétales, préalablement remplis d'olives broyées, sont pressées afin d'extraire l'huile d'olive.

" La cité fut considérée comme la seconde capitale de la Provence et, en cette qualité, elle vit les Etats provinciaux se réunir sept fois dans ses murs. Au XVIIIe siècle, elle jouissait encore des privilèges qui lui avaient été accordés au moment de la réunion de la province au domaine royal : l'inaliénabilité, le franc-alleu, l'exemption de péage, leyde et pulvérage.

La leyde (ou layde) était un droit féodal levé sur les marchandises, denrées et bestiaux vendus en foire et marché ; elle n'était due que par les forains et les étrangers ; sa création et son taux étaient à l'initiative de chaque ville. Le franc-alleu s'appliquait aux terres libres ne relevant d'aucun seigneur et exempte de tout devoir féodal. Le pulvérage devait être acquitté "par les bergers étrangers dont les troupeaux, de quelque nature qu'ils fussent, traversaient les domaines seigneuriaux" ; cet impôts servait au nettoyage de la poussière, crottins et autres bouses laissés par les animaux après leur passage.

En 1578, Brignoles devint le siège d'une sénéchaussée de 2ème classe avec Barjols et Saint-Maximin comme autres juridictions royales. Son étendue était moindre que celle de l'arrondissement actuel de Brignoles, toute la partie occidentale de ce dernier ressortissant alors à la sénéchaussée d'Aix. En 1789, sa population totale était d'environ 46.000 habitants disséminés dans 36 localités pour la plupart rurales. " (Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan - 1942).


A gauche, armoiries des comte de Provence, maison d'Anjou, figurant sur le l'Armorial général de France de 1696. A droite, l'écusson de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

" C'est un principe communément reçu de tous, que l'union est la source du bien de l'ordre ; comme le division est l'origine de mal et du désordre. De là vient qu'on ordinairement qu'il vaut mieux être sous un grand Etat, que sous un petit ". " (La chorographie ou Description de Provence - Honoré Bouche - 1664).

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