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Le barrage de Malpasset à
Fréjus Page: 1 - 2 - |
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décembre 1959, 21h13, le barrage de Malpasset au nord de
Fréjus s'éffondre, 423 personnes dont 135 enfants vont bientôt perdre la vie ... |
Fréjus a été
fondée par les Romains en
49 avant J-C, la cité romaine s'appelait alors "Forum Julii". Dès cette époque, la
ville a besoin d'eau et les
mêmes Romains,
forts de leur génie bâtisseur, construisent un aqueduc alimentant la
ville après captage des eaux de la Foux à Montauroux et de la
Siagnole à Mons. L'ouvrage mesure 42 km de long et décline sur 481 m ; sa plus grande partie chemine sous terre, seul le franchissement de vallons nécessite la construction de ponts pour soutenir la conduite. Certains sont encore visibles en amont de Fréjus, c'est la cas des "Arches Sénéquier". |
Sur la route de Malpasset, les Arches Sénéquier sont deux ponts aqueducs séparés par quelques mètres, chacun composés de six arches dont quatre sont dotées de contreforts et une renforcée par un étai. L'ouvrage le plus ancien (en arrière plan) a été doublé par un second (au premier plan) qui a fonctionné simultanément. |
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2000
ans plus tard, le Var a toujours besoin d'eau. La vallée du Reyran qui
doit son nom au torrent irrégulier et impétueux qui la parcourt, a été
choisie pour retenir 50 millions de m3 d'eau devant servir à
l'alimentation des cultures et des habitants de la plaine de Fréjus.
Fin novembre 1959, il a exceptionnellement plu sur l'arrière pays varois, les rivières sont gonflées. Le Reyran a fini par remplir pour la première fois et en trois jours la retenue de Malpasset ; la structure est subitement mise à l'épreuve. |
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Et
pourtant ! 21h13 " ... c'est à ce
moment là qu'il a manqué la lumière ... "
Nous
sommes à 1 kilomètre 200 du barrage, deux énormes blocs de plusieurs
tonnes arrachés à l'ancien barrage ont terminé leur course
à l'ouvert du canyon ravagé par une énorme vague. |
Comme ce pont, rien ne pouvait résister à la puissance dévastatrice de la vague. |
Nous remontons le cours du Reyran descendu de Bagnols en Forêt pour rejoindre l'Argens et la mer à Fréjus. |
"Je pensais que
c'était la fin du monde ..."
On
aperçoit rapidement le barrage quelques centaines de mètres après le
pont de l'autoroute. Le 2 décembre 1959, l'eau atteignait la côte 102,2
m., approximativement matérialisée sur la photo par le trait bleu. La
vague libérée mesurait 50 m. au point de rupture. |
Les blocs de béton de l'ancien barrage se multiplient en se rapprochant du barrage. |
Le ferraillage, emporté et tordu comme un fétu de paille. |
L'exercice de compréhension est compliqué par l'énormité des masses déplacées. |
Nous nous rapprochons. En vignette, le barrage à son achèvement. |
" C'était fini
..."
Contraste
effrayant, un simple trait matérialisant la hauteur d'eau au moment de
la rupture laisse
imaginer l'enfer qui s'est déchaîné le 2 décembre 1959. |
" J'ai senti des
vibrations, des
secousses de tremblement de terre ..."
L'asymétrie
des ruines encore adossées à la colline va expliquer en partie la
rupture du barrage. Outre un déplacement de la base, l'ouvrage repose
rive gauche sur une faille rocheuse non détectée. L'assise ne résistera
pas. Le barrage
s'effondre libérant une énergie démultipliée par l'instantanéité et le
type de structure dit en voute "mince" (1,5 m de
large en haut de l'ouvrage). |
" Je me suis demandée ce qui se passait
... quand j'ai vu de
l'eau rentrer dans la maison ... "
Reconstitution
et estimation du niveau de l'eau. La pleine charge fut atteinte en
trois jours en décembre 1959 alors que la mise en eau avait débuté cinq
ans auparavant. Or on sait l'importance capitale de cette
première épreuve sur la structure qui, dans le cas de Malpasset, ne fut
vraisemblablement pas maîtrisée. |
" Cette nuit là a été très longue ... très
très longue ..."
Rien n'a vraiment changé, sinon la reprise de
végétation. |
" ... L'eau est venue de par là, ça nous a
emporté ..."
La
zone de rupture rive gauche. Le barrage s'appuie directement sur la
roche qui repose sur une couche instable et irrégulière recouvrant une
faille en V non détectée au
moment des études préalables. Le barrage rempli, l'eau va s'infiltrer
dans la zone instable, mécanique des roches et dynamique des
perméabilités, les pressions exercées font céder l'assise,
le barrage en pleine charge va littéralement exploser ... |
" Des cris, des cris ... c'est effrayant ! ...
cette nuit d'épouvante
... pauvre Fréjus ! "
Observez les fissures
à la base du barrage, plus de 6 mètres d'épaisseur de béton fracturés. |
" Ce qui est le plus terrible c'est les
enfants ..."
Estimation
du niveau d'eau du lac rempli qui s'étendait sur 4 km. Par
comparasion, Malpasset retenait 50 millions de m³, c'est plus de
8 fois le lac de Carcès, 25 fois le lac du Trapan, 50 fois le lac du
Revest les Eaux et 100 fois le lac des Escarcets. St Cassien retient
lui 60 millions de m³ et Ste Croix 767
millions ! |
"
... Mais où ils sont ? ... Il n'y avait plus personne ... Il n'y avait
plus rien ... Le monde avait changé en fait ".
La vanne, hier et aujourd'hui ... |
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![]() L'étude des blocs de fondation révèle leur scellement à la roche restée agglomérée. La qualité du béton ne sera pas mise en cause. ________________________________ L'étude permmettra également de replacer chaque bloc dans la structure. ![]() ________________________________ |
" La maison n'existait plus ... il ne
restait plus rien ...
"
Le Reyran, juste de l'autre côté du barrage
(amont). |
"... Presque
toutes les familles pleurent
quelqu'un ".
L'aval
du barrage, 400 mètres séparent l'ouvrage du premier et plus gros bloc
de béton déposé par la vague qui mettra 20 mn pour atteindre Fréjus. |
" Dans les deux fermes il y avait 17
personnes ... il en
reste deux ... ".
Nous quittons Malpasset. |
" Après la vie s'est organisée ..."
Aujourd'hui, la
nature a repris ses droits ... La grenouille n'a pas encore la taille
du bœuf, mais elle n'a rien à craindre de la couleuvre vipérine
venue respirer à la surface un peu plus loin. |
Les gesses sont en fleurs. |
Une bondrée apivore. |
La nature a repris ses droits, et de quelle manière. Nous apercevons une précieuse cistude d'Europe escaladant un rocher à la recherche d'un bain de soleil. Soleil, c'est bien le mot ! A peine le temps de prendre la photo, salto arrière et plouf ! La pente était trop raide pour la malheureuse. Rassurez vous aucun mal ... |
La forme de sa fleur lui a donné son nom : la Lavande papillon. |
Les orpins sont en tiges. |
" C'était possible que ce soit un
cauchemar, mais, non ..."
Le
Reyran aujourd'hui apaisé. Je repense aux 135
enfants, à cette
famille qui escalade désespérément la colline en pleine nuit, elle fuit
l'enfer qu'elle
a pressenti pendant que leur fille récite quelque prière tout juste
apprise au catéchisme ... A ces enfants que leurs parents croyaient
morts et miraculeusement réfugiés sur une armoire grâce à leur sœur,
aux malheureux passagers du train emporté ... " Des gens sont morts, j'y pense tous les
jours " - Aux victimes du Malpasset.
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