L'abbaye de Silvacane à La Roque-d'Anthéron
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Voilà Silvacane avec son auréole huit fois séculaire, avec sa belle histoire, avec ses richesses artistiques incomparables.
" Il y a peu de monuments, dans le midi, qui méritent de fixer l'attention des vrais amis de l'art comme l'abbaye de Silvacane. La beauté du site, l'antiquité et la gloire des souvenirs, la richesse de l'architecture, tout attire à Silvacane, tout concourt à faire de ce monastère célèbre un but d'excursion très intéressant pour tous ceux qui ont gardé le culte de l'art avec celui du passé. Et qu'on ne croit pas se trouver ici en présence de ruines, de débris d'architecture, de murailles démolies. On a pu le penser ; ceux qui n'ont jamais vu Silvacane ont même pu l'écrire ; mais c'est une erreur. L'abbaye de Silvacane est encore dans un bon état de conservation ; et, malgré quelques dégradations peu importantes dans ses bâtiments claustraux, elle offre un ensemble bien remarquable à tous les points de vue, assez remarquable pour avoir attiré l'attention de plusieurs ordres monastiques qui, à diverses reprises dans ces vingt dernières années, ont sérieusement pensé à restaurer ses constructions et à y faire revivre les gloires du passé." (Excursions aux environs d'Aix - A.M. de La Tour-Keyrié, avec le concours de plusieurs collaborateurs - 1890). |
Né en réaction au confort et au luxe atteint par la
communauté monastique de Cluny, trahissant l'esprit du monachisme,
l'ordre cistercien s'impose par son organisation et son autorité
spirituelle. Cîteaux, le nouveau monastère, fut fondé en 1098, par
Robert de Molesne, Alberic et Etienne Harding. L'ordre doit sa véritable éclosion à Bernard de Clairvaux (1090-1153), le plus célèbre des abbés cisterciens, qui condamne tout ce qui peut détourner le moine de l'intériorisation de la foi en préconisant l'esprit de dénuement, d'austérité, de travail qui doit animer les Cisterciens. |
L'abbaye est implantée non loin d'un site appelé Gontard,
déjà occupé au XIe siècle par des ermites, venus défricher et assurer
la sécurité du passage de la Durance. Ces religieux bâtisseurs d'une
première petite église, établirent un bac, permettant de traverser la
rivière à l'aide de cordes tendues entre les deux rives. " La vallée de la Durance, inculte, marécageuse, où croissaient seulement des joncs et des roseaux, (d'où lo nom de Silvacane), était, à cette époque, infestée de brigands. Les frères pontifes, dont le siège principal était à Bon-Pas, près d Avignon, vinrent s'y fixer, pour protéger les voyageurs et assurer le passage dangereux d'un bac qui servait de communication entre les deux rives. " (Excursions aux environs d'Aix - A.M. de La Tour-Keyrié, avec le concours de plusieurs collaborateurs - 1890). Vers 1144 des moines cisterciens venus de l'abbaye de Morimond vinrent s'installer sur ces terres et fonder un monastère. |
L'abbaye à la fin du XIIIe siècle. Au Moyen-Age, l'entrée
s'effectuait par la porterie qui constituait un accès monumental (rond
bleu). Situé à l'Ouest du site ses vestiges sont encore visible de nos
jours. Tout autour des constructions monastiques, une clôture matérialise la coupure avec le monde extérieur et profane et délimite la "cité idéale" que chaque monastère incarne. Au nord du bâtiment servant de vivier, se trouvaient certainement des installations artisanales et agricoles, la cuisine ainsi que les bâtiments des frères Convers. Aujourd'hui, l'accueil des visiteurs (rond rouge) se situe sur l'emplacement des fondations de l'hôtellerie médiévale. Construite au XIIIe siècle, cette hôtellerie accueillait de nombreux voyageurs, venus traverser la Durance. |
Les pillages et les guerres civiles de la fin du XIIIe
siècle n'épargnent pas l'abbaye qui fut annexée au XVe siècle au
chapitre de la cathédrale d'Aix-en-Provence. Elle fut ensuite
transformée en ferme après la Révolution et rachetée par l'Etat en
1845. Classée monument historique, l'abbaye est aujourd'hui la
propriété de la commune de La Roque d'Anthéron. |
Les ruines de l'hôtellerie. " Sous l'abbé Gislebert
(1155-1159), l'abbaye de Silvacane reçoit, en donation, des biens
immenses. C'est Pons, abbé de Saint-André, près d'Avignon, qui lui cède
les églises de Goiron et de Valbonette avec leurs dépendances ; c'est
Guillaume de Pierre, abbé de Saint-Victor de Marseille, qui lui remet
les prieurés de Saint-Victor de Gontard et de Saint-Etienne de Tresle
(Saint-Estêve de Janson) ; c'est Pons de Lubières, archevêque d'Aix,
qui l'affranchit des dîmes qu'elle devait pour ses terres de Villelaure
et de Cadenet. Aussi l'abbaye prenait, de jour en jour, une importance plus considérable. Dès cette époque, ses abbés vont assister au Chapitre de Cîteaux, où ils signent avec le titre de Sainte-Marie de Silvacane. Leur sceau, conservé dans des documents originaux, représente l'abbé mitre, vu de face, avec la chasuble, tenant un livre et sa crosse tournée en dedans. Les personnages marquants de la contrée, Guillaume de Cadenet, Pierre du Vernègue, se font un honneur de lui donner leurs biens, ne demandant, en retour, pour tout privilège, que de venir reposer, après leur mort, dans son enceinte bénie. " (Excursions aux environs d'Aix - A.M. de La Tour-Keyrié, avec le concours de plusieurs collaborateurs - 1890). |
La construction de l'église située sur le point le plus
élevé commença en 1175. L'abbatiale présente un plan traditionnel en
croix latine dont le chœur est orienté vers l'Est. Elle est composée
d'une nef centrale, de deux bas-côtés et d'un transept dont les bras
sont pourvus de chapelle à chevet plat. A droite de la nef centrale se trouve le tombeau attribué à Bertrand des Baux considéré comme le fondateur de l'abbaye. Le décor sculpté de l'abbaye, volontairement limité afin de ne pas détourner le moine de la prière, se réduit souvent au motif de la feuille d'eau stylisée. " Jean-Claude Sabolis, prêtre bénéficier de la métropole d'Aix, vivant au milieu du XVIIe siècle, va nous apprendre le nom du chevalier représenté par ce buste, et l'époque à laquelle le monument dont il faisait partie a disparu. « J'ai vu, dit-il, clans cette église de Silvacane « le sépulcre magnifique de Bertrand de Baux, où il fut enterré avec sa femme Tiburge. Leurs figures y étaient en bosse d'un beau marbre blanc, et quelques moines en cueilles qui marquaient par leur posture la douleur qu'ils avaient d'avoir perdu leur bienfaiteur et leur fondateur. Je ne dirai pas la personne qui le fit abattre, ni le sujet qui la porta à cela. Je dirai seulement que cela est arrivé de notre temps. J'ai vu ce sépulcre en état, il était dressé au bout d'une des petites nefs de cette église, à celle, de main droite, en entrant. " (La Provence artistique & pittoresque : journal hebdomadaire illustré - Marseille - 09/09/1883). |
Un monument funéraire retrouvé. La découverte mentionnée
dans les années 1940 d'éléments de sculptures gothiques enfouis dans le
sol de l'église n'avait pas encore attiré l'attention des chercheurs.
C'est un récent inventaire du mobilier lapidaire de l'abbaye qui a
donné lieu à l'identification d'une quarantaine de fragments
appartenant à un même monument funéraire d'époque gothique. Certains
éléments se rapportent à l'architecture d'un baldaquin (fût de colonne,
arcs brisés, pinacle) et à son décor (végétaux, ailes et vêtements
d'anges) et d'autres au catafalque et à son gisant. Sur la foi de témoignages anonymes, d'anciens érudits signalent la présence dans l'abbatiale d'un tombeau sculpté détruit au cours des guerres de religion du XVIe siècle. Il est généralement associé au caveau situé entre deux piliers de l'abbatiale. Cependant, l'emplacement d'origine du monument gothique redécouvert est incertain. La présence dans l'église de deux voire plusieurs tombes n'est pas à exclure. |
L'ensemble des fragments accuse une
grande similitude
avec le tombeau du comte de Provence Alphonse II érigé dans l'église
Saint Jean de Jérusalem à Aix-en-Provence (1272-1277). La facture très
soignée et l'adoption de codes stylistiques particuliers permettent
d'attribuer la confection des deux monuments au même atelier et de les
dater du dernier tiers du XIIIe siècle. |
Et comme nous avons aimé notre visite aux Baux de
Provence,
détail d'un fragment mutilé figurant le blason de la famille des Baux. Le monument perdu est traditionnellement attribué à l'un ou l'autre des membres de la famille des Baux liés à l'histoire de Silvacane. La présence d'un écu aux armes des Baux figurant douze rais confirme sans conteste le lignage de la famille du défunt. En revanche l'identification du destinataire du monument est objet de conjectures : tombe de Bertrand IV de Baux de la branche de Berre, mort en 1266 ? Ou de Barral de Baux de la branche ainée, mort en 1268 et dont le fils était proche du comte de ¨Provence? |
" A la fin du XIle siècle, Silvacane allait mettre le comble à sa gloire. La grande gloire pour une abbaye consistait, en effet, à fonder, avec ses propres ressources, d'autres abbayes. En 1187, les moines de Silvacane étaient assez nombreux, ses ressources assez abondantes pour que son abbé, Norbert, put fonder au diocèse d'Apt, l'abbaye de Valsainte. Forte de l'impulsion reçue, cette fille de Silvacane vécut, non sans quelque célébrité, pendant trois siècles, et elle garda toujours les sentiments d'une piété vraiment filiale envers l'abbaye-mère qui lui avait donné le jour. " (Excursions aux environs d'Aix - A.M. de La Tour-Keyrié, avec le concours de plusieurs collaborateurs - 1890). |
Le dortoir. Une porte s'ouvrait au nord sur les latrines
(WC). A l'ouest, une porte permettait d'accéder sur les terrasses du
cloître. Les moines dormaient entièrement vêtus sur de simples
paillasses posées à même le sol. " L'abbaye de Silvacane n'avait pas un siècle d'existence et rien ne manquait plus à sa gloire. Mais cette prospérité même faillit être la cause de sa ruine. Ses grandes richesses autant que son renom excitèrent les convoitises de l'abbé de Montmajour qui ourdit un complot pour éloigner les Cisterciens et remplacer les moines blancs par des moines noirs, c'est-à-dire par les Bénédictins. Il en était déjà venu à des voies de fait. Sur ses ordres, des vagabonds soudoyés s'étaient emparés de quelques granges et s'y livraient à toutes sortes d'exactions pour intimider les moines et les amener à une prompte soumission. Ceci se passait en 1289. La cour royale d'Aix, avisée par Gautier, abbé de Silvacane, fit dresser l'inventaire des biens et des meubles de l'abbaye, et ordonna de chasser les envahisseurs. Gautier vint à Aix avec le procureur des abbés de Morimond et de Clairvaux et tous les abbés de la contrée, demander au sénéchal de Provence d'exécuter promptement les ordres du roi. L'abbé de Montmajour fut sommé, sous peine d'excommunication, de restituer leurs biens aux Cisterciens et de remettre en liberté les moines dont il s'était emparé. Mais ce ne fut que vers le commencement de 1290 que les troubles furent apaisés et que Montmajour, laissa les fils de saint Bernard tranquilles possesseurs de Silvacane. " |
Escalier de liaison entre le dortoir et le cloître. " Mais la décadence allait arriver, pour aboutir, après de longues vicissitudes et malgré de nobles efforts, à la ruine complète. Dès le commencement du XVe siècle, nous trouvons Silvacane dans la plus fâcheuse situation. Nous savons par les documents de cette époque que le nombre des moines avait considérablement diminué ; souvent même, ceux qui restaient ne gardaient pas la résidence régulière dans l'abbaye, au point que le service divin y était fréquemment interrompu. Les biens du monastère avaient été dissipés, et la pénurie était telle en 1407 que l'abbé Jean Saisine était obligé de vendre une croix d'argent doré, ornée de pierres précieuses et garnie de reliques, pour payer un subside de 63 florins. A quelle cause attribuer ce changement et ces revers ? L'histoire de Silvacane est muette à ce sujet. Mais si nous consultons l'histoire générale de l'époque, nous constaterons que la misère était partout. " |
Le cloître représente l'union des vies communautaires et
spirituelles. Il est le centre de la vie monastique. Le décor sculpté
aux motifs végétaux et géométriques est ici davantage présent et varié. Après un regain de prospérité, c'est sur Jean du Bouchage, abbé vers 1443, " que retomba la suppression de l'abbaye de Silvacane, à laquelle il se prêta avec une incroyable facilité, n'ayant qu'un souci, celui de s'assurer à lui-même les conditions les plus avantageuses dans le naufrage de son monastère. Il était à peine en possession de la stalle abbatiale que les chanoines d'Aix lui demandèrent de renoncer à son bénéfice et de consentir à l'union de Silvacane au Chapitre Saint-Sauveur. Jean du Bouchage, incapable de lutter contre les revers, accorda tout, moyennant une forte pension et divers privilèges qui devaient améliorer sa situation personnelle. " Si le pape Eugène IV accorda tout ce qu'on demandait, l'abbé de Cîteaux ne pouvait accepter, sans protester, cette spoliation. Il s'empressa de dénoncer ce jugement au pape, par son procureur en cours de Rome. Nicolas V, successeur d'Eugène IV, cassa aussitôt tout ce qui avait été fait. Ses bulles du 25 janvier 1449 remirent les choses dans leur état primitif ... " |
La salle capitulaire ou salle du chapitre. Les moines s'y
rassemblaient tous les matins pour lire un des 73 chapitres de la règle
de Saint Benoit, mais aussi pour se confesser publiquement. Les moines
s'asseyaient sur des gradins en pierres, disparus aujourd'hui. Les
Frères Convers n'avaient pas "voix au chapitre" ; ils écoutaient
celui-ci par l'ouverture des baies géminées. Cette salle " forme à elle seule un vrai bijou d'architecture par la noblesse de son style et le fini de ses détails. On sent qu'elle occupait la première place dans la prédilection de ces moines architectes à qui nous devons les plus beaux monuments religieux du Moyen-Age. Nous y pénétrons par une porte cintrée, placée dans la galerie orientale du cloître. La voûte ogivale, à croisillons massifs, est composée de six compartiments et supportée par deux piliers remarquables dont l'un tordu et l'autre cannelé. Les chapiteaux de ces piliers sont admirablement décorés de feuilles d'eau, de branches de palmier, de fleurs, de pommes de pin dont l'ensemble est très riche. Cette salle prend jour vers l'est par trois fenêtres cintrées. Et dire que ce bijou d'architecture, ce sanctuaire de la vie monastique pondant trois siècles, est aujourd'hui transformé en écurie. " Rappelez vous nous sommes en 1890. |
Retour à notre histoire : " Le Chapitre d'Aix ne rendit
pourtant pas les armes. Il recourut encore au Saint-Siège et obtint que
la cause fût de nouveau jugée. " Mais il dût comme précédemment attendre la mort du pape favorable aux Cisterciens. Ainsi " Eugène IV, incorpora définitivement Silvacane au Chapitre d'Aix. La bulle est datée du 19 mai 1455. Ainsi succomba l'abbaye de Silvacane devant le malheur des temps et la coupable faiblesse de ceux qui étaient les défenseurs nés de ses intérêts. Ainsi finit ce foyer célèbre de la vie religieuse qui, pendant de longues années, avait jeté tant d'éclat et répandu tant de bienfaits sur toute la Provence. Silvacane avait vécu trois siècles entiers. Elle ne s'est jamais relevée de ses ruines. Le service convenable auquel s'était engagé le Chapitre d'Aix consista en une simple messe que disait à Silvacane un prêtre qui résidait tantôt à La Roque-d'Anthéron, tantôt dans les bâtiments du monastère. Et il en fut ainsi, sauf quelques lacunes plus bu moins fréquentes, jusqu'à la fin du siècle. " |
" Durant ces trois siècles, la vieille abbaye sortit
cependant quelquefois du silence de mort qui planait sur elle. Lorsque,
en 1516, la poste éclata à Aix, le Chapitre, plein d'une paternelle
sollicitude pour les enfants de la Maîtrise, envoya ses clergeons avec
leur maître de musique respirer l'air pur sous les frais ombrages de
Silvacane. La peste n'y fit aucune victime. Aussi en 1580, à la première réapparition du fléau, les six enfants qui étaient restés pour le service du chœur de la métropole partaient sur deux ânes, le 14 septembre, et revenaient demander à Silvacane l'asile qu'elle avait donné à leurs devanciers. Ils y séjournèrent jusqu'en avril 1581. La nouvelle peste de 1629 ramena la Maîtrise à son refuge ordinaire le 25 octobre, et, cette fois, les rigueurs du fléau prolongèrent sa villégiature jusqu'au 18 juillet 1630. Du moins, pendant ces divers séjours, les voûtes de Silvacane retentirent de nouveau des louanges de Dieu, et leurs échos, longtemps silencieux, se mêleront aux harmonies que les enfants de chœur firent monter vers le ciel. " |
" Nostradamus raconte qu'à l'époque de la Ligue quelques
aventuriers qui vivaient de rapines, au détriment du territoire d'Aix,
s'étaient fortifiés dans l'abbaye de Silvacane, « où se trouvait un
beau temple dépendant de St-Sauveur d'Aix, qui ne montre pour
cejourd'huy que quelques vastes et nobles fragments de son antique
magnificence ». Ils furent assiégés par un chef des ligueurs qui
canonna le monastère pendant trois jours et s'en empara. Les défenseurs
furent acculés dans un jas, taillés en pièces et jetés dans la Durance.
" |
Le chauffoir ou Scriptorium est couvert de six voûtes sur
croisée d'ogives retombant sur des colonnes à chapiteaux décorées de
feuilles d'eau. Seule pièce chauffée, c'est ici que les activités
manuelles seraient réalisées selon la règle. |
Ci-dessus à droite, le Lavabo était autrefois recouvert. Il était alimenté par une source située à l'est du monastère, cette source s'est malheureusement brutalement arrêtée de couler en avril 2005. Le lavabo servait de fontaine aux ablutions. A gauche, une arcade restaurée. " Le cloître est percé de vingt arcades cintrées, dont les piliers intérieurs ont été détruits. Elles reposent sur des pilastres à chapiteaux, décorés de larges feuilles ou de crosses végétales d'une grande richesse sculpturale. Les voûtes des galeries sont cintrées, à berceau, sans traces d'ogive et en fort bon état. " |
Le réfectoire est la dernière pièce à avoir été construite.
La nourriture était simple et frugale. Selon la règle de Saint Benoit,
les moines prenaient leurs repas sans vis-à-vis et silence accompagné
d'une lecture sainte. Le lecteur prenait place dans une chaire aménagée
en hauteur. |
Le patronage de la puissante famille des Baux, soucieuse
d'affirmer son rôle politique local, a pu influencer les choix
plastiques des bâtisseurs, la façade jouit en effet d'un esthétisme
s'écartant des principes d'austérité prônés par l'Ordre. |
Voilà Silvacane avec son auréole huit fois séculaire, avec
sa belle histoire, avec ses richesses artistiques incomparables. Et que
dire du site admirable qui sert de cadre à ce bijou d'architecture, à
ce sanctuaire de si glorieux souvenirs ? Placée à quelques centaines de
mètres de la Durance, dans cette vallée aussi riche de végétation que
pittoresque d'aspect, sur le penchant d'un monticule qu'une route
moderne et la nouvelle ligne du chemin de fer séparent de la
Trévaresse,
la-vieille abbaye est arrosée par un adorable ruisseau d'une limpidité
de cristal, qui ne tarit jamais et entretient dans tous les environs
une délicieuse fraîcheur. Comme ces moines s'entendaient à choisir le lieu de leur retraite et de leur prière ! Et comme Dieu se plaisait à les dédommager de l'austérité de leur vie par les nobles et pures jouissances que donne le spectacle d'une ravissante nature ! " (Excursions aux environs d'Aix - A.M. de La Tour-Keyrié, avec le concours de plusieurs collaborateurs - 1890). |
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abbayes cisterciennes en Provence |
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