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Chemin privé !
4.2 - La Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
Le tombeau de Saint Marie-Madeleine, troisième tombeau de la Chrétienté
" L'impression que l'on éprouve en contemplant la face de sainte Madeleine est indéfinissable. "
 
" ... une gloire manquait encore au tombeau de Sainte Madeleine. Le sanctuaire modeste des premiers siècles, bâti par S. Maximin et plusieurs fois restauré dans le cours des âges, ne pouvait suffire à la piété des fidèles et ne répondait plus à ce culte glorieux dont ces reliques précieuses étaient devenues l'objet.

Il fallait un monument qui fût digne de recevoir et de garder ce trésor. Une architecture nouvelle, profondément empreinte de l'inspiration chrétienne, faisait alors monter vers le ciel, comme un ardent désir de l'âme, les ogives légères et les flèches aériennes, et bâtissait ces magnifiques cathédrales qui attestent, à travers les siècles, la puissance de la foi de nos pères.

C'est cette architecture qui devait être appelée à élever à Madeleine un temple digne de sa gloire.." (Sainte Madeleine et la sainte Baume - 1866). 


basilique sainte marie madeleine saint maximin la sainte baume
A gauche, l'hôtel de ville de St-Maximin-la-Saint-Baume, ancienne hôtellerie du Couvent Royal.

 Il est dessiné par l’architecte à la Cour Jean-Baptiste Franque dans le style classique, et construit entre 1750 et 1785, à la place d’une première " Hostellerie des moines " devenue vétuste pour recevoir les pèlerins de marque venant vénérer les reliques de Marie-Madeleine.

 Mais avant d'entrer, on se rappelle : " D'après une tradition que nous ne prétendons pas discuter, sainte Magdeleine, qui s'était convertie à l'âge de 32 ans, serait demeurée un an à la suite du Sauveur et 13 avec la Sainte-Vierge à Ephèse ; elle aurait quitté Jérusalem l'an 46 de 1ère chrétienne, exposée dans une barque avec le Lazare son frère, Marthe leur sœur, Marcelle leur servante, Saint Maximin , St Sidoine, les deux Maries, Jacobé et Salomé, Sara leur servante, l'Hémoroïsse, Eutrope, Cléon, Simon le lépreux, Joseph d'Arimatie.

Notre sainte, protégée par la Providence dans cette périlleuse et longue navigation, serait venue aborder à l'extrémité de la Camargue, entre les bouches du Rhône, au lieu connu sous le nom des Saintes-Maries (de la Mer) ; de là, ces disciples fidèles, répandus dans les diverses parties de la France, seraient allés prêcher la religion chrétienne : Magdeleine serait venue à Marseille avec le Lazare son frère ; (elle devait être alors âgée de 46 ans environ).

Pendant les sept années qu'elle aurait séjourné dans cette ville, sauf quelques voyages à Aix, où elle allait visiter Saint-Maximin, auquel elle avait été recommandée par St Pierre, elle n'aurait cessé de se montrer digne de la noble mission qu'elle s'était imposée : transportée ensuite à la Sainte-Baume d'une manière miraculeuse, elle y serait demeurée le reste de sa vie, c'est-à-dire environ 33 ans : elle y aurait enfin terminé ses jours âgée de 86 ans. " (Collection de discours administratifs et académiques, de notices historiques, mémoires, rapports, et autres œuvres littéraires - Comte de Christophe de Villeneuve - 1829).

Invention du corps de Sainte-Magdeleine, caché dans la chapelle souterraine, à Saint-Maximin, depuis 710. Diverses circonstances miraculeuses ne laissent aucun doute sur l'identité du corps de la Sainte.

Autrement dit, la découverte miraculeuse du corps de Marie madeleine : " Les religieux envoyés à Saint-Maximin par l'abbé Wifred, apportèrent le plus grand soin à donner quelque splendeur à l'église, au monastère, à l'infirmerie et à l'hospice. S'ils purent être alors les gardiens de l'antique et constante tradition sur la pénitence de la Sainte à la Baume et du lieu de son trépas à Saint-Maximin, ils ne l'étaient plus du corps de la Bienheureuse, qui n'était visible nulle part, depuis qu'il fut caché, en 740, par les religieux cassianites pour le soustraire aux ravages des barbares.

Dieu, dans ses décrets toujours justes et adorables, avait permis, pendant cette longue période de cinq cents ans, l'ignorance entière du lieu où reposait Sainte-Magdeleine, afin de montrer plus tard sa puissance et réveiller, dans les cœurs des fidèles, une vénération plus immense encore envers les saintes reliques.

L'époque de l'invention du trésor, fixée par la divine Providence, étant arrivée, un rayon divin, vers la fin de l'année 1279, éclaire un prince religieux, tout dévoué au culte de notre illustre patronne et lui montre le lieu où repose le saint dépôt. Charles, prince de Salerne, père de saint Louis de Brignoles, fidèle à l'inspiration divine, se rend en Provence. ... (ndlr, il s'agit ici de Charles II d'Anjou).
... Dès qu'il fut à Saint-Maximin, avant de commencer cette œuvre qui devait avoir un si grand éclat et faire couler tant de larmes d'attendrissement et de joie, il implore avec une piété tendre et des sentiments pleins de foi, l'assistance de celui qui l'avait appelé et qui seul connaît tout et peut tout. Sa prière finie, il se dirige vers le saint caveau et ordonne d'abattre le mur que les anciens religieux avaient fait élever à l'entrée pour ne pas faire soupçonner aux Ismaélites (ndlr les Sarrasins) qu'il renfermait un trésor précieux. Il fit enlever ensuite toute la terre qui recouvrait les mausolées. Ce travail, qui exigeait tant de zèle et d'assiduité, ne donna pas la moindre espérance de réussite.

Cependant le prince, convaincu de l'heureuse issue de son entreprise, ne se découragea pas. Il ordonne l'ouverture d'un large fossé, se mêle aux ouvriers, remue lui-même la terre, et bientôt ces exemples d'humilité et d'élan généreux vont avoir leur récompense. Pendant que le royal ouvrier travaille au côté droit en entrant dans la crypte, un bruit sourd se fait entendre ; c'est la pioche qui paraît avoir attaqué le roc et trouve de la résistance ; on persiste, on creuse autour, on déblaye, et l'on a le bonheur de trouver, le 9 décembre 1279, le tombeau de marbre, celui de saint Sidoine. A l'instant une odeur merveilleuse embaume ce saint lieu. Le prince, qui reconnaît à ce signe que l'objet qu'il cherche avec tant de labeur et de zèle est enfermé dans ce tombeau, s'approche, entrouvre le sépulcre et aperçoit, ainsi que les assistants, un corps, qu'il n'ose pas encore appeler le corps de sainte-Magdeleine, quoiqu'il connaisse certainement que c'est lui. " (La Sainte Baume en Provence ... Abbé Maille - 1860).

Charles II (1254-1309)
Bible de Naples
(1340)

La Basilique : " le plus bel exemple de l’architecture gothique en Provence ".

Sa construction, commencée en 1295 et ordonnée par Charles II d’Anjou Comte de Provence, Roi de Naples, Sicile et Jérusalem et neveu de Saint Louis de France, n’a jamais été terminée. Les travaux s’arrêtent en 1532 par manque de finances, conséquences des guerres et des épidémies de peste de l’époque. La nef principale est fermée par une haute muraille aveugle. Le portail et le clocher n’ont jamais été édifiés et la rosace de vitraux n’a jamais pris sa place au dessus de l’entrée. Considéré comme le « troisième tombeau de la chrétienté », l’édifice aux dimensions impressionnantes, car prévu pour accueillir de très nombreux pèlerins, abrite les reliques de Sainte Marie-Madeleine, patronne de la Provence. (panneau explicatif " Laissez vous conter St Maximin "). Le troisième tombeau après ceux de Jérusalem (Jésus) et Rome (Saint-Pierre).
facade inachevee basilique saint maximin la sainte baume
" Cette basilique gothique n'a point d'ornementations extérieures, et celui qui la visite est loin de s'attendre au spectacle imposant qui se présente à ses yeux dès qu'il a dépassé la porte. Cette église, incomparable en Provence, fait l'admiration des archéologues et des artistes. Elle est composée de trois nefs qui ne sont pas divisées, selon l'usage, par un transept. " (Visite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin - Gustave d'Audiffret - 1868).

couvent royal saint maximin
Le couvent royal

La construction du Couvent Royal, ordonnée par Charles II d’Anjou, débuta en 1295, au même moment que celle de la basilique.

Les Frères Dominicains s’établirent à Saint-Maximin avec l’accord du pape Boniface VIII. Ils sont exemptés de mendicité car le Comte de Provence subvient à leurs besoins afin qu’ils se vouent entièrement au culte de Sainte Marie-Madeleine.

En 1316, le couvent ne comporte qu’un étage, pour les 24 frères installés. Au XVe siècle, un deuxième étage est construit pour permettre le logement de 48 frères. Enfin au XVIIe siècle, la toiture est surélevée de lucarnes et les dortoirs transformés en cellules. Pendant la Révolution les religieux sont expulsés.

Désaffecté pendant quelque temps, le couvent est ré-ouvert sous la Terreur. À l’étage, les cellules des moines sont converties en prison pour les suspects de la contrée. Le Club Patriotique tient ses séances dans le réfectoire, où un certain Lucien Bonaparte y fait ses débuts oratoires.

Bien après la Révolution, en 1859, le Père Lacordaire rachète le couvent, et fait revenir les Frères Prêcheurs à Saint-Maximin. De cette époque date la chapelle, et l’aile Ouest détruite pendant la Révolution. Les Dominicains quittent définitivement les lieux en 1957. (Panneau explicatif " Laissez vous conter St Maximin ")

cloitre couvent royal saint maximin
" La construction du cloître avait été entreprise à l'époque où André Abellon était vicaire du couvent, sous Hugues de Clapiers. Le 21 septembre 1408, le vicaire de la Sainte-Baume voulant faire l'emploi de 300 francs d'or que le maréchal Boucicaut avait donnés à ce sanctuaire, afin de lui procurer quelques rentes, les Dominicains de Saint-Maximin lui cédèrent des cens qu'ils possédaient sur plusieurs maisons, et reçurent en échange les 300 francs, pour les consacrer à la bâtisse de leur cloître.

Les termes dont on se sert en parlant de cet ouvrage sont équivoques, et ne permettent guère de savoir si l'on veut dire qu'il venait d'être commencé et construit en partie, ou s'il faut entendre que depuis longtemps il en existait une portion. Ce qui n'est pas douteux, c'est qu'on pensa alors à l'achever ; il n'était pas terminé en 1425, au moment où le B. Abellon allait être prieur pour la seconde fois, et ce fut une des choses dont il eut à s'occuper. Il suffit du reste de jeter un coup d'œil sur le cloître de Saint-Maximin pour s'assurer qu'il n'appartient pas à l'œuvre primitive, et qu'il a bien les caractères de l'architecture du XVe siècle. " (Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan - 1878).

Le chemin des Roys passe par Saint-Maximin.

" Les rois donnent la main aux papes, et pendant plusieurs siècles ils se succèdent auprès du tombeau de la Sainte. Si un siècle a compté huit souverains pontifes devant les reliques de Ste Madeleine, un seul jour y a vu cinq rois suivis d'un nombreux et brillant cortège : c'était en 1332. A leur tête se trouvait Philippe de Valois, roi de France ; puis venaient Alphonse IV roi d'Aragon, Hugues IV roi de Chypre, Jean de Luxembourg roi de Bohême, et enfin Robert roi de Sicile, qui, en qualité de comte de la Provence, fit à ces nobles pèlerins les honneurs de Saint-Maximin.

Nous devons mentionner encore François Ier, qui, après la célèbre bataille de Marignan, se rendit en 1516 à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume avec Louise de Savoie sa mère, la reine Claude son épouse, et sa sœur Marguerite, en action de grâces pour le succès de ses armes. ...

Le roi Charles IX confirma une fondation faite par Louis XI d'une messe solennelle, qui devait être célébrée chaque semaine dans l'église de Saint-Maximin ... « Le roy partit d'Aix le vingt-quatrième jour d'octobre, pour aller passer un fascheux pays de rochers, et alla dîner à Pourrières, petit village et beau chasteau, et coucher à Saint-Maximin, belle petite ville et belle abbaye, en laquelle est ensépulturé le corps de la saincte Magdeleine, où le roy fit son entrée. Et le mercredi vingt-cinq du dit mois, le roy alla passer de fort haultes et fascheuses montaignes, pour aller disner à la Saincte-Baulme, petite abbaye de religieux, qui est ancrée au milieu d'un rocher fort hault, et le lieu où la Ste Magdeleine faisait sa pénitence. Le roi loua grandement la solitude de ce lieu et le choix que cette grande sainte avait fait de cette creuse et humide roche. » ...

Cette borne romaine nous a beaucoup intéressés ; pour son histoire, suivre ce lien.

... " Le plus remarquable des pèlerinages des rois de France fut celui de Louis XIV, au mois de février de l'année 1660. Le jeune monarque se rendit à Saint-Maximin avec sa mère Anne d'Autriche et une suite nombreuse. Les religieux, au nombre de soixante, les reçurent processionnellement à la porte de l'église qui était toute resplendissante de lumières, et leur offrirent une royale hospitalité dans l'hôtellerie du monastère. Le lendemain 5 février, le roi assista à la messe qui fut célébrée au maître-autel, tandis que de son côté la reine assistait à une autre messe célébrée dans la crypte et recevait la communion de la main de son premier aumônier. " (Sainte Madeleine et la sainte Baume - 1866).
cloitre basilique saint maximin la sainte baume
Des reliques convoitées.

" ... en 1358, par crainte des Gascons qui infestaient le pays, les reliques de sainte Magdeleine avaient été transportées de Saint-Maximin à la Sainte-Baume.

Vers 1458, des Marseillais voulurent s'emparer de ces précieux restes, pour les porter dans leur ville. Ils en furent empêchés par des bourgeois et des gentilshommes d'Arles. Aussi, en reconnaissance de ce fait, chaque année, le jour de la fête de saint Maximin, on voyait arriver à Saint-Maximin un capitaine d'Arles. Les consuls lui remettaient les clefs de la ville et défrayaient sa compagnie. Cela dura jusqu'en 1596.

Enfin, en 1505, des religieux italiens voulurent s'emparer des reliques pour les emporter en Italie. Ils furent découverts au moment où ils enlevaient le masque d'or qui couvrait la face de sainte Magdeleine. Il furent pendus, en punition de ce crime. " (Visite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin - Gustave d'Audiffret - 1868).


A droite, anciennes armoiries des comtes de Provence.

" En 1408, il (ndlr Louis II) fit rendre par Pierro Dacigné, sénéchal de Provence, une ordonnance sévère pour réprimer tes abus commis par les diverses confréries de la ville, le jour de tours fêtes. Elles se livraient, dans ces occasions, à d'intolérables désordres envahissant le couvent, le cloitre, le réfectoire, et remplissant tout de leurs chants, de leurs clameurs, et du bruit des instruments. Le cimetière était plein de gens qui y faisaient cuire de la viande, jusque sur les murailles dos chapelles, vendant et mangeant ces viandes cuites, à la grande mortification des religieux qui observaient une abstinence complète. " (Le couvent royal de Saint-Maximin en Provence de l'ordre des Frères prêcheurs ... abbé J.-H. Albanés, éd 1860).
cadran solaire cloitre saint maximin
Un des deux cadrans solaires qui ornent les ailes Est et Sud.
entree basilique saint maximin la sainte baume
Une façade inachevée ...

" Les fondements de l'édifice religieux furent jetés en 1288, et il fallut deux siècles et demi de travaux pour l'achever.

L'architecture en est simple et sévère : toute sa beauté consiste dans la grandeur des dimensions, la pureté des lignes et l'harmonie des proportions. On peut l'appeler une sublime épopée de pierre en l'honneur de Marie-Madeleine, qui redit dans un langage mystérieux les ravissements et les merveilles de la vie de la Sainte. C'est aussi un hymne d'amour qui proclame combien fut grande la piété de la Provence pour cette illustre pénitente.

L'église de Sainte-Madeleine est inachevée, quoique plusieurs générations y aient apporté leur pierre, et la maison souveraine d'Anjou disparut avant d'avoir mis la dernière main à ce monument, qui est une de ses plus belles gloires. " (Sainte Madeleine et la sainte Baume - 1866).

Les comtes d'Anjou, étaient aussi comtes de Provence depuis 1246 quand cette dernière fut rattachée à la France en 1481, c'est donc la souveraineté qui disparut mais pas le titre. Suivre ce lien pour ce RDV avec l'histoire.

Il est désormais temps de rentrer dans la basilique ...

nef basilique saint maximin la sainte baume
A gauche, la chaire, en noyer, œuvre du Frère Louis Gudet (1698), 7 panneaux y représentent des scènes de la vie de Marie-Madeleine.

" La grande nef est longue de 72 m 60 et haute de 28 m 70. Ce vaisseau se compose de 9 travées, séparées les unes des autres par 20 piliers constitués d’un faisceau de colonnettes descendant directement de la voûte jusqu’au sol. " (Diocèse de Fréjus/Toulon).

Les visiteurs de la Sainte-Baume passaient naturellement pas Saint-Maximin. " Il est peu de pèlerinages dans le monde chrétien qui aient été visités par un aussi grand nombre de souverains pontifes. Un seul siècle, le XIVe, en amena huit aux pieds de Sainte Marie Madeleine, depuis Jean XXII, le second pape qui résida à Avignon, jusqu'à Benoît XIII, Pierre de Lune, qui lui accorda divers privilèges. Tous ces papes, après avoir vénéré les souvenirs de la Sainte-Baume et le tombeau de la sainte pénitente à Saint-Maximin, y laissent de touchants témoignages de leur piété ... " (Sainte Madeleine et la sainte Baume - 1866). 
choeur basilique saint maximin la sainte baume
Le Chœur, œuvre de frère Funès (1692), est également en noyer.

" On remarque la chaire, les quatre-vingt-quatorze stalles, les portes et les boiseries du chœur, qui sont sculptées d'une manière remarquable par la main des religieux dominicains. Malheureusement, ces ornementations, faites dans le goût du siècle de Louis XIV, contrastent étrangement avec l'ensemble de l'édifice, qui est d'un autre style. ... Au-dessus du maître-autel se trouve placé un vase en porphyre, qui contint jadis les précieuses reliques de sainte Marie-Magdeleine. " (Visite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin - Gustave d'Audiffret - 1868).
peinture sur bois basilique saint maximin la sainte baume

L'orgue, construit entre 1772 et 1774 par Jean-Esprit Isnard frère convers dominicain de Tarascon,
il est composé d’un double buffet et 2962 tuyaux.

En 1860, "  L'orgue, tranquillement assis sur les colonnes du grand portail, le plus puissant, le plus complet de tous les orgues du midi ; riche de cinq (quatre aujourd'hui) claviers, de quarante registres, d'un clavier de pédales d'une octave et demie, et d'un bourdon de trente-deux pieds.
orgues basilique saint maximin la sainte baume
Que de grandes idées doivent s'offrir au musicien, lorsqu'il sent l'immense cathédrale tressaillir sous ses doigts, comme cette statue antique qui frémissait aux premiers rayons du jour ! ...

Lorsque ses soudaines inspirations s'élancent dans la voûte ébranlée, roulent en flots d'harmonie, en ondulations prolongées avec le nuage d'encens et le parfum de la prière ! ou bien, lorsqu'il fait planer son harmonie égale, massive et lente au-dessus des mille voix des prêtres, des lévites, des vieillards, des enfants, des femmes, qui retentissent comme une seule et sublime voix ; les soutenant, les animant, à son tour animé par elles, et les confondant dans un même transport, dans un même élan d'adoration et d'amour ! " (La Sainte Baume - Joseph d'Ortigue - 1860).

Le retable de la Passion (fin 1517-1520) d’Antoine Ronzen dit « le Vénitien ».

" L'autel fut tout d'abord sous le vocable de saint Maximin (1300), puis du Crucifix ou de la Passion (1500) et enfin du Corpus Domini (1650).  Le retable du Crucifix est la principale œuvre d'art de la basilique. Il s'agit d'une peinture sur bois rappelant toutes les scènes de la Passion du christ en 16 médaillons groupés autour d'un grand tableau central. L'originalité de plusieurs scènes tient dans le fait qu'elles sont placées dans un décor réel, vous pourrez ainsi y voir deux fois le Colisée, à vous de chercher (sur place !).

Ce chef-d'œuvre, commandée par Jean Damian, est attribué à Antoine Ronzen, artiste vénitien d'origine flamande qui travailla à sa réalisation de fin 1517 à mai 1520. Il fut aidé dans sa tâche par Antoine Bréa qui participa essentiellement au tableau de la mise au tombeau se trouvant devant l'autel. On y voit, à droite, Jacques de Beaune, seigneur de Semblançay, revêtu de l'habit dominicain (en blanc).

retable passion basilique saint maximin la sainte baume
Le tabernacle au-dessus de l'autel, qui masque en partie la petite galerie où sont représentés les Apôtres, est un rajout provenant de l'église des Capucins qui se trouvait hors des remparts de la ville et détruite à la Révolution (panneau descriptif). Et regardez au dessus de ce tabernacle, le reliquaire contenant possiblement le crâne de Saint Sidoine retrouvé en 2014 par Florian racine, prêtre du diocèse de Fréjus-Toulon.

Un chef d'œuvre de broderie, trésor de la basilique depuis le XIIIe siècle : la Chape de St Louis d'Anjou, 1274-1297, Franciscain, évêque de Toulouse, fil de Charles II et de Marie de Hongrie, petit neveu de St Louis roi de France.

" ... Mais un autre objet de la plus haute importance pour mes études m'attirait à Saint-Maximin, et m'avait fait braver les fatigues d'un voyage nocturne en patache provençale : je voulais voir la merveilleuse chape de saint Louis d'Anjou, évêque de Toulouse, chape que M. L. Rostan, correspondant du comité, a si bien fait connaître. Je m'attendais à rencontrer quelque chose d'extraordinaire : ce que j'ai vu a encore dépassé mon espoir. Je n'en recommencerai pas la description après l'excellente notice de M. Rostan, chez qui j'ai trouvé du reste le plus cordial accueil ; je me contenterai de présenter ici quelques brèves observations.

La chape de Saint-Maximin a toujours été, suivant moi, un de ces riches manteaux dont se couvraient les évêques dans les grandes cérémonies ; elle ne porte aucune trace de chaperon, et la disposition des médaillons circulaires brodés sur son vaste champ implique l'impossibilité d'en mettre un sans nuire à l'aspect général ; elle est bien du XIIIe siècle ; disposition, dessin et agencement des figures, tout lui donne le caractère de cette époque ; elle est de travail français, car elle a beaucoup d'analogie avec nos peintures du même temps ; en somme, ce vêtement, qu'on a de fortes présomptions pour attribuer au fils du roi de Sicile, n'est autre chose qu'un splendide carton de vitrail reproduit en or et en couleurs sur un fond de toile de lin. " (Archives des missions scientifiques et littéraires - Ch de Linas - 1856).

Ci-dessus, St Louis d'Anjou, tableau d'Antonio Vivarini, Musée du Louvre.

chape saint louis anjou provence basilique saint maximin la sainte baume
Dans son état actuel, l'ouvrage ne présente plus que quelques traces de l'or qui entourait les fils de soie composant le brodé en chevrons. L'orfroi (parement), le chaperon (capuchon) et le fermail (fermoir), les pièces d'orfèvrerie avec perles et pierres précieuses enchâssées dans la broderie, ont disparu au cours des siècles.

" ... Il n'est plus permis aujourd'hui de révoquer en doute l'authenticité de la chape de saint Louis, puisque ce jeune prince la légua aux frères prêcheurs de Saint-Maximin et qu'elle n'est jamais sortie de leur église. Je n'ai donc à n'occuper ici que de la forme générale et de la disposition relative des sujets ; je tâcherai de suppléer aux desiderata, hélas ! trop nombreux, qui s'y trouvent, en appelant à mon aide les rares documents publiés dans les anciens auteurs. ...
... Le pluvial, que l'église de Saint-Maximin range au nombre de ses plus précieux trésors, avait primitivement la forme d'un demi-cercle, mesurant environ 1,62 de rayon ; la mode et probablement aussi une piété mal entendue l'ont singulièrement dégradé ; la première en enlevant le capuce, le fermail et une bande centrale, large de 0,09 dans toute la hauteur ; la seconde, en déchiquetant, pour en faire des reliques, le bord inférieur que l'on avait replié en dedans, lorsqu'une main barbare s'acharna à moderniser la coupe du treizième siècle.

Trente médaillons à peu près circulaires, brodés au passé ou opus plumarium, en or, argent et soie de couleur, sur fond de toile, étalent une double épopée sur la chape de saint Louis ; vingt-huit sont consacrés à retracer la vie de la sainte Vierge et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, deux anges aux ailes éployées occupent les derniers et marquent le commencement et la fin du poème.

Les caissons, entourés d'une riche bordure de demi-quatre feuilles verts, bleus ou rouges, sont disposés sur quatre lignes parallèles, 9, 9, 7 et 5, de manière à se présenter toujours dans le sens vertical, lorsqu'on fait usage du vêtement ; des thuriféraires et des séraphins, alternativement bleus et roses, occupent les intervalles ménagés entre les arcs de cercle. ...

detail chape saint louis d anjou basilique saint maximin
... Pour lire couramment cette page, aussi belle et aussi complexe que les plus splendides verrières de nos antiques cathédrales, il faut commencer par l'ange placé au bas, à gauche du spectateur, puis faire le tour en remontant en zig-zag, et enfin aboutir au tableau central, où Marie, figure assise dans sa gloire aux côtés de son divin fils. Cette irrégularité apparente s'explique par la nécessité de faire rayonner les événements terrestres à l'entour du céleste triomphe, et surtout de grouper les sujets de façon à ce qu'ils présentent toujours un épisode complet, à quelque point de vue qu'on les examine. " (Revue des sociétés savantes des départements, Volume 2 Charles de Linas - 1857).

Et comme à Tourves, nous aimons les jeux d'imagination, remonter le temps et relever les couleurs ...

detail en couleur chape saint louis d anjou basilique saint maximin
Détail de la chape, le Massacre des innocents. Ndlr : revoir la photo de la chape, c'est le 3ème médaillon de la rangée
du milieu en partant de la gauche, en comptant le 1er incomplet.

" Parmi les trente sujets tirés des vies de Jésus Christ et de la sainte Vierge qui décorent le vêtement pontifical de saint Louis, j'ai choisi, pour le calquer rigoureusement, un Massacre des innocents, très-remarquable au point de vue iconographique ... (Archives des missions scientifiques et littéraires - Ch de Linas - 1856).

J'ai l'honneur de placer sous les yeux de Votre Excellence l'aquarelle exécutée d'après mon calque ; ce dessin peut donner une idée de la magnificence de l'ensemble ; aussi, Monsieur le Ministre, ne vous cacherai je pas qu'un de mes plus chers désirs serait de retourner à Saint-Maximin pour y compléter mon travail et procurer ainsi aux archives du comité la copie exacte d'un des objets les plus rares et les plus curieux qui soient en Europe. " (Archives des missions scientifiques et littéraires - Ch de Linas - 1856).

La crypte,  cœur et lieu saint de la basilique, " à l'endroit même où la Bienheureuse rendit le dernier soupir ..."

C'est un des plus anciens monuments chrétiens de la Provence. La crypte, caveau funéraire des premiers siècles chrétiens, abrite le reliquaire du chef de la sainte patronne et les sarcophages (IVe siècle) de sainte Marie-Madeleine, saint Maximin, sainte Marcelle qui avait dit au Christ « Heureux le ventre qui t'a porté et le sein qui t'a nourri » ; Saint Suzanne, disciple de sainte Marthe, qui, en touchant le vêtement du Christ, fut guérie de son infirmité et de saint Sidoine, né aveugle à qui le Christ donna la vue.

De la Colonne, appelée Saint-Pilon, qui est sur la grande route, près de Saint-Maximin.

" Lorsqu'il plut à Dieu d'appeler à lui la bien-heureuse Magdeleine, les anges la transportèrent de la Sainte-Baume à un demi-quart de lieue de l'abbaye de Saint-Maximin. C'est pour perpétuer le souvenir de ce prodige que nos pères élevèrent à cet endroit le beau Saint-Pilon que l'on y voit encore. C'est une colonne de quatre mètres de hauteur, couverte maintenant de larges taches blanches et grisâtres que les siècles y ont déposées comme témoignage de leur passage et de leur domination. Au-dessus de la colonne apparaît le monument élevé par nos pères ; c'est un groupe en pierre dont la hauteur est de quatre ou cinq pieds. Il représente la bienheureuse Magdeleine élevée dans les airs par les anges.

Des religieux, à genoux au bas du groupe percé à jour, paraissent admirer le merveilleux événement et solliciter la protection de la Sainte. Quoique mutilé par le marteau des vandales, cet antique monument montre encore assez distinctement à l'observateur la tradition et la croyance des siècles qui ne sont plus. " (La Sainte Baume en Provence ... Abbé Maille - 1860).

Vous l'avez peut-être lu en page précédente, Sainte Marie Madeleine un peu avant sa mort descendit donc de la grotte de la Sainte Baume jusqu'aux abords de la ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume pour finir sa vie en ce monde et recevoir une dernière communion des mains de Maximin 1er évêque d'Aix. Elle rencontra le prélat au croisement de la voie aurélienne et du chemin qui menait à la Sainte Baume. C'est à cet emplacement que fut édifier en 1463 "le Saint Pilon" du mot provençal "pieloum" c'est à dire pilier.

" La vie de la belle et clere Magdalene " de François Rochefort, maître d'école de François Ier - éd 1501-1600.

A la mort de Marie Madeleine : " Au milieu des fidèles étonnés et respectueux, qui étaient accourus pour assister à l'auguste cérémonie de la sépulture, apparaît saint Maximin, à qui Saint Pierre avait confié Magdeleine. Ce vénérable Pontife avait eu constamment pour notre Sainte une attention toute paternelle.

La vive émotion qu'avaient excitée en lui toutes les merveilles dont il avait été témoin, se montrait supérieure à celle de toute l'assemblée. Le zèle et la piété lui firent prendre aussitôt toutes les précautions les plus délicates pour procurer au saint corps les honneurs dus à des vertus si héroïques. Pendant que des mains angéliques préparent les divers aromates nécessaires à l'embaumement du corps et s'occupent à ces pieuses fonctions, Saint Maximin fait confectionner un magnifique tombeau en albâtre pour y déposer les saintes reliques de Magdeleine. C'est à l'endroit même où la Bienheureuse rendit le dernier soupir, qu'il fit faire les préparatifs pour placer le beau mausolée, monument toujours subsistant de sa piété et de sa dévotion envers la Sainte. " (La Sainte Baume en Provence ... Abbé Maille - 1860).
entree crypte basilique saint maximin la sainte baume
En 1404 le maréchal de Boucicaut fait remettre à neuf la crypte et édifier au dessus la 6ème travée de la nef nord. L'entrée actuelle date du 17ème siècle. Le sol primitif devait se situer 70 cm plus bas.
statue marie madeleine basilique saint maximin la sainte baume
Extrait. " Discours prononcé à Saint-Maximin, le 8 juin 1860. Au mois de juin 1860, les reliques de Ste Madeleine ont été solennellement mises dans un reliquaire nouveau et plus digne d'elles. Pour cette cérémonie six évêques et l'abbé de la Trappe d'Aiguebelle avaient été invités par monseigneur de Fréjus. Le R. P. Lacordaire devait prêcher le panégyrique de la sainte et illustre pénitente ; mais le grand orateur ne put s'y rendre, arrêté qu'il fut en chemin par l'aggravation du mal qui devait un peu plus tard le conduire au tombeau. Mgr de Nîmes, arrivé à Saint-Maximin la veille de la fête, fut prié de remplacer le célèbre Dominicain absent ; il prononça le lendemain l'improvisation suivante :

Messeigneurs et Messieurs, « ... Il y a donc plus de dix-huit siècles : une famille, celle que Jésus avait le plus aimée, fut lancée sur un vieux navire à la merci des flots et sans autre gouvernail que la providence de Celui dont la voix commande à la mer et à la tempête. La main de leur invisible pilote les fit aborder sur les rivages où Marseille était assise. Nous apprenons par les traditions que le frère sanctifia la ville phocéenne par l'épiscopat et le martyre. Une des deux sœurs trouva son tombeau sur les bords du Rhône où repose encore sa dépouille, et l'autre s'enfonça dans une solitude aussi sévère qu'inexplorée. ... (Sainte Madeleine et la sainte Baume - 1866).
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De nouveau des gravures de fers-à-cheval, marques des Compagnons.

" Dans le Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques et Littéraires de Draguignan, du 4 décembre 1930, nous trouvons ce qui suit dans une note de M. Jean Gattefossé ... : « Des gravures en forme de fer-à-cheval sont tracées par les pèlerins à la crypte gallo-romaine de la cathédrale de Saint-Maximin (Var). Beaucoup sont très anciennes, d'autres sont certainement récentes, contemporaines ; le dessin se modifie certainement avec le temps, mais reste toujours un fer-à-cheval bien caractérisé.  Des gravures absolument semblables existent sur les gradins des arènes de Nîmes, assez nombreuses de-ci de-là, dispersées sans ordre à travers les blasons ou des signes divers.

Sait-on si ces gravures ont un rapport avec les sculptures préhistoriques dites a sabot d'équidé ou (« fer-à-cheval ») une de ces dernières existe au- Saint-Pilon, au sommet de la Sainte-Beaume, au-dessus de la grotte, et peut avoir un rapport étroit avec, l'origine préhistorique de ce lieu cultuel et par conséquent avec son annexe, la basilique de Saint-Maximin. ...
... Ne serait-ce pas plutôt des marques de compagnons M du rite de Maître Jacques ou compagnons passants ? Maître Jacques se serait retiré à la Sainte-Beaume, d'après la tradition, et aurait été assassiné à Saint-Maximin par cinq disciples du Père Soubise (patron du rite concurrent des Compagnons passants bons drilles)."

Photo de gauche : le pilier de l'oratoire de Miette entre Nans-les-Pins et la grotte de la Sainte-Baume, remarquez les mêmes fers-à-cheval, marques des Compagnons que vous retrouverez tout au long de votre visite.

" D'ouvriers voyageurs on y lit l’humble nom,
Avec les attributs de leur profession.
Leur couteau de la pointe a creusé chaque lettre,
Dont la forme vous dit l'âge qui les vit naître.
Dans un cœur entouré par un fer a cheval
C'est : Dauphiné l'Amour, compagnon maréchal ... "
(Les Arènes de Nîmes - Poésies de Jean Reboul - 1840).
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Autrefois, l'entrée de ce lieu révéré était interdite aux femmes, et nul ne pouvait y entrer avec des armes. Cette défense était indiquée par des vers provençaux inscrits sur la porte.
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" L'impression que l'on éprouve en contemplant la face de sainte Madeleine est indéfinissable. "

Au fond le reliquaire avec dessous les sarcophage de Marie-Madeleine ; à gauche ceux de Sainte Marcelle, des Saints Innocents ;
à droite celui de saint Sidoine.


" On ne peut se lasser d'admirer cette tête dépouillée de sa chair. Elle est d'une beauté calme et majestueuse qui inspire le respect. On croit voir empreint sur ces traits comme un éclair de la béatitude céleste. La vue de cette vénérable tête et du vase qui contient le sang de Notre-Seigneur reporte la pensée du pèlerin aux derniers moments de la vie de l'Homme-Dieu. On voit toutes les scènes du Calvaire se dérouler devant l'esprit, et l'âme se pénètre d'une profonde émotion.

 Relativement à la sainte ampoule, nous nous bornerons à reproduire ce que dit Bouche (ndlr Honoré Bouche - 1598-1671, beaucoup d'éléments ont depuis disparu) le célèbre historien de la Provence. « Cette admirable fiole de verre dans laquelle il y a de la poussière ensanglantée du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que sainte Magdeleine, à ce qu'on croit, ramassa au pied de la croix, et emporta avec elle, s'en venant à ce pays. Je dis admirable, parce qu'à certains jours de l'année, comme ceux du vendredi saint, de la circoncision et des fêtes de la Sainte-Croix, quand ils arrivent aux jours de vendredi, ainsi que disent quelques-uns, l'on y voit, sur l'heure de midi, un nuage un peu rougeâtre, et voit-on quelque peu s'élever, et comme en petits bouillons, la poussière ensanglantée.

Et par-dessus les précédentes reliques, quelques inventaires en rapportent d'autres, savoir : deux chefs des saints Innocents, un chef et un bras de sainte Société, une des onze mille vierges, et beaucoup d'autres, toutes enfermées dans de diverses châsses, toutes lesquelles y sont religieusement montrées et honorées comme aussi bien conservées sous la serrure de deux clefs, dont l'une est commise à la garde des religieux de ce couvent, et l'autre à la foy des consuls de cette même ville.

Et lorsqu'au jour du grand vendredi l'on montre publiquement toutes ces reliques, et surtout cette admirable fiole dont nous venons de parler, les consuls font mettre quelques habitants de la ville sous les armes, pour la garde de ces reliques, et pour empêcher a qu'il ne fût rien entrepris pour les enlever, comme autrefois il est arrivé. » (Visite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin - Gustave d' Audiffret - 1868 -  illustrations extaires de cet ouvrage).
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Au fond de la crypte de la crypte on peut vénérer :
- le chef de sainte Marie Madeleine (ndlr le crâne) ;
- le " Noli me tangere " - " Ne me touche pas ", morceau de peau du crâne de Marie Madeleine touché par le Christ à sa Résurrection - détaché du crâne à la Révolution - conservé dans l'ampoule.

Tous deux sont enfermés dans un reliquaire en bronze doré datant de 1860, œuvre d'A-N Didron, d'après un dessin de l'architecte Henri Révoil.

" C'est le dimanche dans l'octave de l'Ascension, le 20 mai 1860, que les reliques de sainte Marie Magdeleine ont été placées solennellement dans la châsse actuelle. Exécutée en bronze doré par M. Didron, sur le plan traditionnel de l'ancienne, cette châsse représente le buste de la sainte, plus grand que nature, soutenu par des anges et surmonté d'un riche baldaquin gothique. " (Visite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin - Gustave d'Audiffret - 1868).

Détail d'un tableau "Noli me tangere" situé dans dans la chapelle St Eloi de la basilique.

" Les 4 sarcophapges de la crypte : au fond celui de Marie-Madeleine, à gauche ceux de Sainte Marcelle, des Saints Innocents ; à droite celui de saint Sidoine. "
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1. MARIE-MADELEINE. Au fond de la crypte, le sarcophage de Marie Madeleine, très abîmé par les pèlerins au cours des siècles alors qu'ils voulaient récupérer des reliques. Le couvercle a disparu et la face opposée n'est pas sculptée. Le centre délimité par deux colonnes avec ces amours vendangeurs, devait représenter le croix gemmée encadrée par deux soldats romains.

Tout à droite Jésus devant Pilate se lavant les mains ; puis Jésus entre deux soldats. A gauche, Martyre de Paul et, et à côté, arrestation - peut-être - de Pierre.

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2. SIDOINE. Sarcophage de Sidoine (IVe siècle). Au centre : croix gemmée avec soldats. A gauche, la guérison de Sidoine, aveugle. A droite, le reniement de Pierre, scène identifiée par la présence du coq : « Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois » avait dit Jésus à Pierre qui apôtre, avait nié par trois fois avoir été en contact avec Jésus de peur de se faire arrêter lui aussi. A la guérison de l'Hemorroïsse ou d'un femme. Remarquez les dauphins et les oiseaux au dessus des colonnes.



3. Sarcophage des Saints Innocents. Au centre, Jésus, avec à sa droite un agneau. A sa gauche Saint-Pierre, portant une croix dont il ne reste que la base. Les quatre "gouttes d'eau" au pied de Jésus représenteraient les quatre fleuves du paradis : Pishon, Gihon, le Tigre et l'Euphrate.

De chaque côté, des scènes avec Sain-Pierre. A droite Jésus lui donnant des clés (voir la photo, c'est plus net). A gauche le reniement de Pierre déjà évoqué sur le sarcophage de Sidoine, les trois doigts levés évoquant là aussi les 3 négations de Pierre.


4. Sarcophage de Maximin, en entrant à gauche, " appelé vulgairement de Sainte Marcelle, depuis qu'en 1279 on y trouva, dit-on, les reliques de cette sainte, qui y avaient sans doute été transférées au temps des ravages des Sarrasins, et mis à la place du corps de saint Maximin, pour dérober par là ce dernier à la fureur de ces barbares. Ce sarcophage est en très-beau marbre jaspé, dont les couleurs, encore assez vives, semblent former des rubans bleus, blancs, gris, rouges. Il présente, sur sa face antérieure, trois sujets liés entre eux par des cannelures ... " (Monuments inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en Provence ... Etienne Michel Faillon - 1865).

Au centre Jésus, imberbe (signe le distinguant des apôtres), à côté d'un orant, peut-être Maximin à qui Jésus donnerait la mission évangélique. A gauche, Pierre. A droite Paul, avec le rouleau des Evangiles, attributs qui lui étant souvent associé dans ses représentations. La frise : peut-être des symboles païens et chrétiens, deux tritons encadrant un cartel lisse, puis des dauphins, emblèmes de charité ? se nourrissant de poissons.



" ... en 1358, par crainte des Gascons qui infestaient le pays, les reliques de sainte Magdeleine avaient été transportées de Saint-Maximin à la Sainte-Baume.

Vers 1458, des Marseillais voulurent s'emparer de ces précieux restes, pour les porter dans leur ville. Ils en furent empêchés par des bourgeois et des gentilshommes d'Arles. Aussi, en reconnaissance de ce fait, chaque année, le jour de la fête de saint Maximin, on voyait arriver à Saint-Maximin un capitaine d'Arles. Les consuls lui remettaient les clefs de la ville et défrayaient sa compagnie. Cela dura jusqu'en 1596.

Enfin, en 1505, des religieux italiens voulurent s'emparer des reliques pour les emporter en Italie. Ils furent découverts au moment où ils enlevaient le masque d'or qui couvrait la face de sainte Magdeleine. Il furent pendus, en punition de ce crime. " (Visite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin - Gustave d'Audiffret - 1868).
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Voilà ... " Il était neuf heures lorsque la cloche de la Sainte-Baume sonna le premier coup de la messe. Marchons, dit le trappiste, la cloche nous appelle. Il partit le premier. Anatole le suivit dans un petit sentier qui conduit à la terrasse de la grotte.  ... " Et vous ... ? (La sainte Baume - Joseph d' Ortigue).

Je vous propose donc de découvrir la Sainte Baume et la grotte de Marie Madeleine en pages :
1 - 2 - et 4.1 au son d'une cloche de la basilique, et quelques choucas des tours en fond sonore :



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