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28 - Châteaux en Provence : Cabrières d'Avignon - Correns - Fontaine de Vaucluse - Gordes - Goult ...

" A la pointe, à la proue de la colline se dresse encore le vieux château, attribué à la reine Jeanne, comme le sont d'ailleurs tous les châteaux de Provence. Ce château qui vu de la plaine fait un si magnifique effet est en ruines mais de notables parties subsistent, intéressantes pour l'archéologue, non moins intéressantes pour le simple touriste qui admire cette grande masse, qui a vu passer tant d'événements et tant de siècles, qui a résisté à tant de secousses politiques et à tant de coups de mistral. " (La Provence artistique & pittoresque : journal hebdomadaire illustré - édition du 15/07/1883).


Cabrières d'Avignon

En 1876, " Joli petit village, dans un vallon ouvert au midi, à 12 kilom. S. E. de L'Isle et 30 d'Avignon. Altitude (clocher), 190 mètres. Sa population est de 691 habitants (1 788 hab. en 2016) et sa superficie de 1,468 hectares. Il produit toutes sortes de grains ; mais les cocons sont sa principale richesse. On y élève aussi beaucoup de cochons. Ce n'était jadis, probablement, qu'une réunion de chevriers ; c'est de là que viendrait son nom. Il y a trois foires par an, les 22 janvier, 19 mars et 24 septembre et des religieuses de la Présentation. "
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Sur la stèle : " 19-20 avril 1545. En ce lieu de Cabrière du Comtat les 19 et 20 avril 1545, les troupes du roi et les mercenaires du pape dirigés par Maynier d'Oppède s'unirent pour exécuter les populations vaudoises du Lubéron, retranchés dans ce château  sous la conduite d'Eustache Marron. Cabriérois. " Suivre ce lien pour plus d'informations sur cette exécution.

" Placé sur les confins de la Provence et du Comtat, Cabrières fut un des centres auquel se ralliaient une trentaine de villages, qu'avait atteint l'hérésie des Vaudois. Loin d'être terrifiés par l'arrêt de 1540, fulminé contre les hérétiques de Mérindol, ceux de Cabrières se mettent en mouvement au mois de septembre 1542 et commettent les plus graves désordres, ayant à leur tête Eustache Maron, leur compatriote. Ils assassinent Antoine de Bermond, seigneur de Goult, brûlent l'abbaye de Sénanque, essayent de surprendre Ménerbes et sèment partout la terreur. Enfin, le roi veut être obéi et le président d'Oppède investit Cabrières au mois d'avril 1545. Les habitants, renforcés de ceux de Mérindol, se défendirent bien pendant deux jours, malgré le mauvais état de leurs murailles ; ils capitulèrent le 21, au matin. Les femmes et les enfants furent enfermés dans l'église, les hommes dans les salles basses du château. Trente des plus obstinés furent exécutés ; puis, sur une tentative de rébellion, on les égorgea tous et le feu fut mis aux maisons. "
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" Il est difficile d'apprécier si le massacre fut une suite de la rébellion des prisonniers ou de la détermination des commissaires, alléguant l'exécution de la sentence. Eustache Maron fut pendu à Avignon ; Cabrières fut démantelé. Sur une des portes en ruine, une inscription rappelait le motif de cette sévérité. Ce pays n'était pas ancien ; car, à la date du 14 janvier 1455, il y eut une inféodation faite par le cardinal de Foix, légat muni des pouvoirs du Saint-Siége, de la terre de Cabrières, qui se trouvait inhabitée, au profit de noble Arnauton de Montjoie, damoiseau, et à ses successeurs mâles seulement, à la cense d'une médaille d'or, payable annuellement à la Chambre Apostolique. La terre de Cabrières passa, au. siècle suivant, à la maison d'Ancezume qui la transmit, avec sa baronnie du Thor, à celle de Gramont-Caderousse. Elle avait été terre baussenque. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).

Correns, le fort Gibron.

En 1787, " CORRENS, en provençal Courrens, en latin Castrum & Monasterium de Corredis ; bourg considérable de la Provence ... Le nombre des habitants est à peu près de deux milles (ndlr : 903 en 2017), parmi lesquels on compte beaucoup de bourgeois. Ils sont en général polis, honnêtes, ennemis des procès, et même assez religieux : ils excellent au jeu de ballon et le disputent sur ce point à toute la Province. Ils se distinguent aussi par le chasse et la pêche qu'ils pratiquent par amusement. Les truites qu'on pêche à Correns sont délicieuses. Il manquerait quelque chose à la description du caractère de ceux de Correns, si nous oublions de dire qu'il entre un espèce d'originalité dans leur façon de penser et d'agir ; et que ce petit bourg éloigné des grandes routes, forme une sorte de petite République différentes des lieux voisins, quant à la conduite des habitants. ...

On voit dans le plus ancien quartier de Correns, une espèce de citadelle ou de château fort, appelé Fort Gibron, qui a soutenu des sièges. Ce quartier est ceint de murailles épaisses et les rues sont étroites. Celles de la partie moderne sont au contraire fort grandes et ornées de jolies maisons. " (Géographie de la Provence, du comté-venaissin ... M. Achard - 1787).
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" Le Fort Gibron. Les moines de Montmajour, installés au prieuré "Sainte-Marie", à 800 mètres du village actuel, sont aussi seigneurs de Correns et manifestent leurs droits en faisant ériger une fortification : le fort Gibron. Celui-ci daterait du XIII-XIVe siècle et siège au point culminant d'une butte, ce qui lui permet de dominer les alentours. Peu à peu, les habitants quittent les quartiers dits de Sous-Ville et d'Ascaou pour se regrouper de manière concentrique autour de ce fort, protégé par une enceinte.

Il se compose d'un donjon, qui manifeste la puissance seigneuriale des moines, d'anciennes granges, et d'une tour horloge postérieure à l'ensemble médiéval. Son architecture est typique du roman provençal. On sait qu'en octobre 1567 " le Fort Gibron " est toujours gardé par une petite garnison. Par la suite, il va être divisé en divers corps d'habitations. En 1790, le Fort est désigné dans un inventaire de "maison seigneuriale avec l'auditoire de justice". Il subit au cours des siècles divers aménagements : ouvertures de baies, reprise de maçonnerie.

La commune, aujourd'hui propriétaire du monument, a organisé une importante campagne de restauration en 2008." (panneau descriptif, sur le site).

ESPARRON DE VERDON
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Le château d'Esparron-de-Verdon, classé monument historique, fut fondé par la famille de Castellane au 13ème siècle et y est resté depuis.  (http://chateau-esparron.com/chambres-hotes-parc-verdon).
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Fontaine de Vaucluse. A l'entrée du vallon, où l'on commence à côtoyer les eaux fraîches et limpides de la Sorgue. Chiare, fresche et dolci acque, comme dit Pétrarque.

En 1876, Fontaine de Vaucluse, autrefois Vaucluse, (Vallis clausa, Valchiusa). Petite commune, à 7 kilomètres E. de L'Isle, 28 d'Avignon, dont la source célèbre a donné son nom au département. La position est charmante. Les vapeurs imperceptibles de la Sorgue tempèrent la vivacité de l'air, qui est très-pur. Les coteaux sont plantés d'oliviers, qui donnent une huile très-estimée. La population, qui est de 709 habitants, pour une superficie de 714 hectares, s'occupe dans les fabriques de soie ou les papèteries. Le commerce du papier est considérable. On fabrique principalement les qualités communes ; néanmoins, à cause des eaux, Vaucluse pourrait rivaliser avec Annonay et Blacons."
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Les ruines d'un vieux château se dressent à mi-côte et dominent, d'une manière fort pittoresque, le cours de la Sorgue, ainsi qu'une partie de la vallée ; c'est ce qu'on appelle, fort improprement, le Château de Pétrarque, lequel n'eut jamais qu'une chaumière dans ce vallon.
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" Un rocher monte. Il est droit, il a 200 m. de haut. il est de couleur ardente, avec plaques sombres ; à gauche se lèvent des pointes blanchâtres à droite un bloc, blanchâtre aussi, continue sa pierre par une ruine de château. "

" On a voulu expliquer l'état désolé du vallon et la présence de son gouffre insondable, en prétendant que c'était le cratère d'un ancien volcan ; mais la nature des roches, l'absence des scories, tout enfin dément cette assertion. Vaucluse n'a jamais été qu'un volcan d'eau. De son cratère inoffensif, il n'est jamais sorti que des cascades rafraîchissantes, et ses laves ont toujours coulé dans nos campagnes sous la forme de flots bienfaisants et limpides. Par un privilège que ne partage aucun des plus grands fleuves, on voit sortir, du sein d'une montagne calcaire, une masse d'eau qu'on peut évaluer, dans son état moyen, à 20 mètres cubes par seconde , ce qui donne 1,728,000 mètres cubes par jour. Sur tous les points elle porte bateau. La température moyenne est de 10 degrés Réaumur ; elle n'éprouve qu'une très-petite variation vers les équinoxes. "
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" Devant le roc, dans une « lin du monde », une rondeur d'eau s'épanche au printemps, ou quand les orages d'été, d'automne, ont eu force de typhon, puissance de déluge du seuil elle s'incline en cascade sur un chaos de blocs brunis par la mousse. C'est la Sorgue. Elle ne monte au niveau de sa large ouverture de puits que lorsque son abîme lui transmet 22 m. cubes par seconde, c'est-à-dire pendant la moindre moitié de l'année.  Lorsque la pluie manque sur les plateaux, l'eau baisse dans le puits ne sortant plus à la gueule d'en haut, elle s'échappe latéralement, par des fissures et va jaillir entre les roches entassées désordonnément sur la pente de la cascade. "
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A peine plus loin, la Sorgue est déjà cette " superbe rivière du bassin du Rhône, sortie d'une source splendide."
" En présence de cette source, une des plus merveilleuses de l'Europe, on se demande naturellement d'où proviennent les eaux qui concourent à son alimentation. Diverses opinions ont été émises à cet égard. Les uns ont parlé de canaux souterrains qui se prolongeaient jusqu'aux Alpes et, par conséquent, ont donné pour cause première les glaciers éternels auxquels on doit le Rhône et la Durance. D'autres se contentaient du mont Ventoux, en alléguant pour preuves les nombreux filets d'eau qui jaillissent des parois septentrionales de la vallée. L'opinion la plus probable et la plus rationnelle est celle qui rattache la source de Vaucluse à la chaîne de ce nom et à tous les abîmes ou avens que nous avons signalés sur le plateau de Saint-Christol. En effet, cette chaîne, dont l'étendue dans le département seul est d'environ 40 kilomètres, est entièrement boisée dans la partie supérieure, depuis Gordes jusqu'à Lagarde, en passant par Murs, Lioux, Javon et St-Lambert, et va se rattacher, par les plateaux de St-Christol et de Simiane, aux grandes montagnes de Lure. "
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Pour le moulin à papier, c'est ICI.
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" A L'entrée du village, est une colonne élevée par l'Athénée de Vaucluse en l'honneur de Pétrarque, le 20 juillet 1804. Elle a resté plus de vingt-cinq ans dans le bassin même de la fontaine ; mais on a compris, à la fin, que la place de cet avorton architectonique n'était pas au pied de rochers gigantesques.

... Certes, nulle retraite ne convenait mieux à un poète, à une de ces âmes d'élite, ravagée par les passions et par un amour immodéré de la gloire. Aucun asile n'était plus propice pour faire oublier à Pétrarque les riches plaines de l'Italie et les redoutables délices d'Avignon, si l'on pouvait fuir quelque part les souvenirs de la patrie et les peines ineffaçables du cœur ! Il n'est pas surprenant qu'un pareil site, embelli par une cascade continue, rivalisant avec les chutes de l'Anio, ait toujours eu le privilège d'attirer une foule de visiteurs de tous les pays. Le roi Robert le visita, en 1309, avec la reine son épouse et Clémence, sa nièce, veuve de Louis-le-Hutin. Il était déjà célèbre du temps de Pétrarque, s'il faut en croire le poète ; mais le séjour de près de quinze années qu'y fit, à plusieurs reprises, le chantre de Laure, devait l'entourer d'une Impérissable auréole de poésie et de renommée. Pétrarque s'établit à Vaucluse en 1337. « Épris des charmes de ce lieu, dit-il, je m'y retirai avec mes livres. Là, je composai en langue vulgaire ces chants qui retraçaient les tourments de mes jeunes années : ils font aujourd'hui ma honte et mon repentir : mais ils plairont à ceux qui souffriront du même mal que moi... presque tous mes Ouvrages y ont été composés en entier ou conçus... »

Le désir de se soustraire aux yeux triomphants de Laure fut-il le seul motif de sa retraite ? Cette même année, il lui naquit un fils, à Avignon, l'une de ses intrigues. Une fille, mais d'une autre mère, selon quelques-uns, le suivit, en 1343. Le fils, Jean, répondit mal aux vœux de son père et mourut de la peste, à Milan, en 1361. La fille épousa François de Borsano, qui fit élever à Pétrarque le mausolée que l'on voit encore à Arqua. Cette faiblesse embarrasse quelque peu certains biographes. L'abbé Arnavon l'attribue aux importunités d'une femme hardie et pressante , mais Pétrarque n'aima que Laure. C'est possible, sauf les distractions. "
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" L'église de Vaucluse est un petit édifice roman, dont la partie antérieure est moderne, elle date de la fin du Xe siècle. Elle faisait partie du monastère fondé en 979 par Walcaudus, évêque de Cavaillon, mentionné par le pape Pascal II et donné, en 1040, à l'abbé de St-Victor de Marseille. L'arc de l'abside porte sur deux belles colonnes antiques cannelées, dont la partie inférieure se perd dans le sol.

Le transept gauche a été fermé et a servi à faire une sacristie et un clocher, il y a un siècle à peu près. A celui de droite est adossée une Chapelle basse où se trouve la tombe primitive qui renfermait les dépouilles mortelles de saint Véran, patron du lieu. L'église s'enta sur la chapelle que le Saint avait élevée à la Vierge et où il fut enseveli, avec grande pompe, vers la fin du VIe siècle. Son tombeau porte sur des bases antiques, et dans le mur de la petite cella où il repose sont encastrés des fragments d'ornementation appartenant au monument primitif. On en voit encore quelques morceaux dans le mur septentrional de l'église. "
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" Le gouvernement papal laissa la seigneurie aux évêques de Cavaillon, tout en sous-inféodant le fief. C'est ce qu'il fit dans le XVIe siècle aux Astouaud, co-seigneurs de Mazan et de Velleron et, en 1630, à la maison de Seytres-Caumont. "
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" Le château a dû être bâti dans le XIIIe siècle ; il n'en reste plus que des ruines, qui ajoutent leur imposante mélancolie à celle que fait naître naturellement l'aspect morne et désolé d'une vallée jadis souriante sous les trésors d'une riche végétation. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).
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Giens, profitez de la vue...

"On voit grossissant graduellement, le vieux château de Giens, qui domine la croupe d'un monticule par lequel on fait son entrée à la presqu'île. ... Le vieux château de Giens, centre de quelques maisons, est une ruine féodale, d'une attitude encore fière, qui rappelle un ancien titre plus sonore que réel. Giens, fut comme ses îles, le siège d'une seigneurie particulière, quelques auteurs disent d'un marquisat. Depuis longtemps, le château de Giens payait plus de mine que de réalité. Dans sa visite sur le littoral (1633), M. de Séguiran, investit d'une mission officielle, constate qu'il a visité "le château appartenant au sieur de Giens," conseiller de la cour des comptes, aides et finances de ce pays, consistant en un carré de douze cannes* en chaque face assez bon pour soutenir une attaque à la main, mais sans canons et sans armes à feu." (Hyères et sa vallée. Guide historique-médical-topographique. Amédée Aufauvre - 1861). "
* La canne royale est un instrument de mesure ancien linéaire utilisée dans la construction, environ 1,25 mètre.

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Bâti sur une ruine féodale, le château domine le village de Giens. De construction modeste, il ne peut rivaliser face aux pirates barbaresques et aux incursions des puissances étrangères désirant avoir la maîtrise du passage maritime, hautement stratégique, entre Giens et les îles.

En 1691, la seigneurie de Gien devient le marquisat de Pontevès-Gien. La famille Pontevès est l'une des deux plus illustres familles de Provence avec les Agoult. La branche des Pontevès-Gien fournit nombre de marins s'illustrant lors de multiples combats dans le monde, dont la guerre d'indépendance des États-Unis. D'ailleurs, en 1789, Henri-Jean-Baptiste reçoit George Washington, premier président des Etats-Unis, à bord du vaisseau l'Illustre.

Vue hypothétique du château de Giens
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Les château est détruit, vraisemblablement en 1793, pendant le siège de Toulon par les Anglais. Plus tard, la marine érige en son sommet une balise de repérage.

En 1832, François-Elzéar de Pontevès-Gien est contraint de vendre son marquisat pour payer ses dettes et meurt en 1848 sans descendance.
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Les armoiries de Pontevès-Gien, gravées sur l'autel de pierre, font référence aux deux familles avec le pont des Pontevès et le loup de Agoult.

Les Pontevès avaient pour sobriquet "Prudence" et pour devise Sepatra ligat, fkuctuantibus obstat, Mediis tutus undis (il relie ce qui est séparé, il tient devant les flots agités, protégé au milieu des eaux).

Gordes, " peuple de Gordes, peuple de diable, ou peuple de corde, sans doute pour la rime.
Il va sans dire que cette réputation n'est plus applicable aujourd'hui. "

En 1876, " (Gordæ), chef-lieu de canton, à 18 kil. O. d'Apt, et 42 d'Avignon, sur la route départementale n° 17, située dans une contrée montagneuse, dont le sol est pourtant bon et fertile. On y récolte toutes sortes de grains, du vin et des cocons. Alt. (clocher), 373 m., superficie, 4,803 hectares. Sa population, de 2.594 habitants (1873 hab. en 2016), est disséminée dans plusieurs hameaux, dont les plus considérables sont les Imberts et les Gros.

Les habitants de celui-ci sont presque tous protestants. On vient d'y construire un temple. Gordes est bâti en amphithéâtre et domine une très-grande étendue de pays. Depuis qu'une fontaine a été établie dans la partie haute, ce quartier a gagné considérablement ; c'est, du reste, le plus facile pour l'accès des voitures. Gordes a un hospice, qui remonte aux premières années du XVIII°, des frères Maristes, des religieuses de St-Joseph, une salle d'asile, un marché le mardi et six foires par an.

Vers le milieu et la fin du XVIIIe siècle, quelques familles se firent une réputation déplorable par leur audace et leur cruauté. Elles firent mettre bas les armes à plusieurs brigades de la maréchaussée. Aussi disait-on vulgairement : peuple de Gordes, peuple de diable, ou peuple de corde, sans doute pour la rime. Il va sans dire que cette réputation n'est plus applicable aujourd'hui.

" L'Hôtel de Ville est l'ancien château seigneurial qui est assez bien conservé. C'est un vaste édifice quadrilatéral, dans le goût de la Renaissance, avec une tourelle à chaque angle et couronné de terrasses. La cheminée de la grande salle, porte la date de 1541 : ce qui ferait remonter la construction de l'édifice à l'Epaminondas français. Cette vaste cheminée en pierre occupe tout un des côtés étroits de la salle, sur une longueur de dix mètres environ. Elle est d'un travail exquis. Le Christ et les douze Apôtres étaient représentés dans treize niches, aujourd'hui vides.  ... L'église est moderne et n'a rien de remarquable. On y montre un calice, fort simple, qu'on dit avoir servi à saint Bernard. "

" Il parait que Raimbaud d'Agoult, seigneur d'Apt et de Caseneuve et qui mourut en 1113, est le premier qualifié de seigneur de Gordes. De lui descendait, au quinzième degré, Guillaume de Gordes-Simiane, en faveur duquel la baronnie de Gordes fut érigée en marquisat, par lettres-patentes de Louis XIII, en février 1615, en considération de ses services, de ceux de son père tué à la tête de ses gens d'armes en Dauphiné, et de Bertrand Raimbaud de Simiane, son aïeul, né à Gordes, chevalier des ordres du roi, conseiller d'État, lieutenant-général au gouvernement du Dauphiné, où il contribua à la prise de Montbrun. Le marquisat était composé de Gordes, de Gargas, de la baronnie de Caseneuve et d'une partie des seigneuries de Goult et de Cabannes. ... "
abbaye de senanque
" A trois quarts-d'heure de marche de Gordes, dans un vallon sauvage et désert, s'élève une belle et imposante construction romane, d'une étonnante conservation. C'est l'ancienne abbaye de Sénanque, de l'ordre de Cîteaux. La suite ICI ...

" La plus grande partie des archives ayant été brûlée dans la révolution, les registres des délibérations ne remontent qu'à 1693. Il y avait à cette époque, un maire perpétuel et deux consuls, un conseil ordinaire de dix-huit membres et un grand conseil de quarante. En 1715, le conseil général qui nommait les consuls et autres officiers de la communauté, n'est plus que de trente membres ; on voit un juge, un lieutenant de juge, désigné aussi sous les noms de Bayle ou de Viguier, deux consuls et douze conseillers. " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).

Goult, Gu dé Gôo - gueux de Goult !

" Gu dé Gôo (gueux de Goult). Cette localité qui, vers 1760, ne comptait que 5 feux et demi, et qui aujourd'hui est peuplée de 1457 âmes, est mentionnée dans une bulle de Grégoire VII, de l'année 1084. A cette époque, elle s'appelait Agoult (Agultum), nom qu'elle doit ou qu'elle a fait prendre à l'une des plus illustres et des plus puissantes maisons de Provence. C'est à Goult que René d'Anjou établit la première verrerie de nos contrées. En 1563, les Vaudois de la Valmasque ayant repris le château de Joucas sur les catholiques, tentèrent, mais en vain, de surprendre Goult. ... "

La porte de l'Ourme (orme) était l'entrée principale du village. La façade intérieure est romane, celle extérieure est gothique. Entre les deux, la sarrasine, très bien conservée permettait le passage de la herse.

" Plus tard, en 1575, un citoyen de cette commune, nommé Jacquot Bardotinot, projeta de la livrer aux calvinistes, en les introduisant par une ouverture pratiquée à sa propre maison qui était attenante aux remparts. Mais la brèche ayant été aperçue à temps par le fils de Jacon, commandant de la place, le traître fut arrêté et pendu sur-le-champ, tandis qu'un de ses complices fut passé par les armes. Cet acte de trahison aurait-il fait éclore le sobriquet que nous avons inscrit au commencement de cet alinéa ? Ou bien, ne faudrait-il voir ici qu'un jeu de mots fondé sur l'analogie phonique des termes gu et gôo, comme il peut en être de même du dicton bôoumian déi Bôouméte (Bohémien des Baumettes) ? On sait que bien souvent les rochers qui dominent ce dernier hameau, peuplé d'environ cent habitants, et situé près de Goult, dans le canton de Gordes, servent d'asile aux bandes de Zingari ou Gitanos qui traversent nos départements méridionaux. " (Dictons et sobriquets patois des villes, bourgs et villages du département de Vaucluse - CFH Barjavel - 1849-1853).
En 1876, " Gordes est une " Commune de 1,560 habitants (1113 hab. en  2016), à 8 kil. S. E. de Gordes, 14 d'Apt et 43 d'Avignon, située sur une hauteur dominant la rive droite du Caulon et la route nationale n° 100. Superficie : 2,376 hectares, altitude (clocher) : 260 mètres. Il n'y a pas longtemps encore que les habitants ne récoltaient pas du blé pour aller jusqu'à Noël. Aujourd'hui, grâce à quelques défrichements et aux prairies artificielles, on exporte du blé et du vin. Goult avait un hôpital, fondé en 1680 ; mais les fonds ayant été absorbés, ce n'est plus qu'un bureau de bienfaisance. Il y a des religieuses de la Présentation et cinq foires par an ...

Un des premiers membres de la famille comtale d'Apt poussa ses conquêtes dans ces montagnes et jeta les fondements du village. Dès la fin du XIe siècle, il porte le nom de d'Agoult, d'où vient celui de Goult. Le castrum primitif, renfermé dans l'enceinte des murailles, était fort peu de chose. Le château est moderne, il appartenait à la famille de Donis, qui possédait la seigneurie.

L'église est une petite basilique romane, élevée sans doute par les premiers d'Agoult. "


La façade du château inférieur d'Agoult, construit sur des strates naturelles, date du XIIe siècle. Des aménagement y sont apportés jusqu'au XVe siècle. Son donjon aujourd'hui disparu se trouvait au-dessus.

" Le hameau de Notre-Dame-des-Lumières, sur la route nationale, possède un relais de poste et une brigade de gendarmerie à cheval. L'église est en grande vénération dans toute la Provence. Le concours des populations est immense, quand les mois d'août et de septembre, ramènent l'Assomption et la Nativité de Marie. On y vient en pèlerinage.

C'est une belle et grande chapelle, construite dans le XVII° siècle, sur une plus ancienne, qui se trouve actuellement sous le chœur, en forme de crypte.

Celle-ci est tapissée de tous les ex-voto que viennent y suspendre la dévotion et la reconnaissance provençale. Attenante à la chapelle, est une maison des Oblats de Marie , ils ont succédé aux Carmélites du siècle dernier.

On lit dans une bulle de Grégoire VII, de 1084, confirmant les donations du monastère de St-Victor : in episcopatu cavallicensi cellam S. Michaelis in balma de Agoull. Des religieux apercevant chaque nuit des lumières qui allaient et venaient par la campagne, on eut l'idée d'élever une chapelle à la Vierge et c'est ce qui donna naissance à Notre-Dame-des-Lumières (B. Mariæ de Luce). On lit sur l'entablement qui couronne le portail de l'église actuelle : AEterni luminis matri. Cette tradition pourrait remonter aux temps du paganisme, car les peuples allaient invoquer saint Michel, le gardien des âmes, sur les montagnes, où ils adressaient autrefois leurs hommages à Mercure, le conducteur des âmes aux enfers. "

Au fond, la statue "lumineuse". L'autel est un don d'un aveugle de Marseille guéri par ND des Lumières en 1847. Les peintures de la voûte ont été été réalisées par l'abbé Riy en 1939, d'après une technique du XIIe siècle.

" En remontant le vallon, formé par le torrent du Limergues, au fond des jardins pittoresques que viennent de créer les Oblats, est une chapelle de Saint-Michel, datant du Xe siècle au moins, et qui vient d'être réparée, c'est-à-dire dénaturée. " C'est tout au moins l'avis de Jules Courtet en 1876 - la chapelle avait effectivement été reconstruite en 1850. En 1031 elle se nommait Saint-Michel in balma (la beaume ne provençal - la grotte). " (Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du Vaucluse - Jules Courtet - 1876).
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Situé en haut du village, ce magnifique moulin figure dès 1750 sur le cadastre de Cassini - bien que devant dater de la fin du XVIIe siècle - où il porte le nom de Tré Casteau (hors du château). Le nom du quartier de Jérusalem est peut-être donné en souvenir de seigneurs goultois partis aux Croisades. La suite ICI ...

Mon conseil : en marchant ! Empruntez le chemin de la Carredone (ou Roche Redone) évoquant le rocher arrondi auquel il conduit (ci-dessus). Une petite boucle permet de visiter Goult et ND des Lumières, et c'est joli.

GREOUX LES BAINS

" Gréoux les Bains, ce village, connu par ses eaux minérales qui paraissent avoir été fréquentées par les Romains, est dans une situation très-agréable. Il offre un aspect charmant, un climat tempéré et des productions variées ; l'établissement des bains est commode, et l'on y trouve des chambres propres et bien aérées. " (Dictionnaire de la géographie physique et politique de la France et des colonies - Pierre Augustin Eusèbe Girault De Saint-Fargeau - 1826).
greoux les bains
" Les eaux minérales sont à 200 pas du village, au milieu d'une agréable campagne, près de la rivière du Verdon. La source est volumineuse, très-abondante et n'a jamais tari ; elle remplit un puits de 8 pieds de profondeur, d'où l'eau est conduite dans 6 bains, dont 1 seul est en marbre ; les 5 autres sont creusés dans la terre sous des voûtes obscures. Ces eaux s'emploient avec succès dans les cas de faiblesse de l'appareil digestif, dans le dégoût, les nausées, et l'hypocondrie dépendante de quelques engorgements abdominaux, dans la phtisie catarrhale, dans les dartres, rhumatismes et vieilles blessures, suites de coups de feu. " (Dictionnaire de la géographie physique et politique de la France et des colonies - Pierre Augustin Eusèbe Girault De Saint-Fargeau - 1826).

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