Fortifications à l'est de Toulon : les forts de la Colle
Noire, la Gavaresse, la
Bayarde et au Cap Bénat.
Le général Séré de Rivières: le Vauban de la Revanche (livre d'Henri Ortholan - éd B. Giovanangeli, 2003) Après la défaite de 1871, le direction du Service du génie est confiée au général Séré de Rivières. « Il contribue alors à la préparation de "la Revanche" en mettant en œuvre un système de fortifications sans précédent par son ampleur : plus de six cents ouvrages en moins de dix ans, infiniment plus que Vauban en trente ans. ... Les Français doivent reconnaître la simple et pratique grandeur de la conception du général Séré de Rivières » écrivait Charles de Gaulle en 1925, en rendant un bel hommage à celui dont la pensée stratégique et les réalisations ont contribué à la victoire des armes françaises dans la Grande Guerre. Fin XIX, les performances de l'artillerie se sont sérieusement améliorées, il faut éloigner les protections côtières de Toulon et le 4 avril 1877, un nouveau plan de défense est approuvé : 6 batteries sont abandonnées (Balaguier, la Tour Royale ...), 5 modifiées et 9 seront construites suivant les principes de Séré de Rivière, sur ces neuf, trois vont être construits sur les collines de la Colle Noire entre Le Pradet et Carqueiranne à l'Est de Toulon : le fort de la Gavaresse, le fort de la Colle Noire et la batterie de la Bayarde. |
Forts
de
la Colle Noire : le fort de la Gavaresse au Pradet (1880-1881).
De forme pentagonale, le fort comprend 4 petits bastions. A gauche un canon de 240 mm modèle 1884, 14 tonnes, poids d'un obus 160 kg, portée : plus de 10 km. 4 canons armaient le fort à la fin du XIXème alors que des canons de plus petit calibre protégeaient les accès terrestres, 160 militaires étaient nécessaires à leur mise en œuvre. |
Occupé
par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale, les quelques
soldats allemands se sont rendus le 24 août 1944. |
Le fort de la
Gavaresse sur la gauche domine la rade de Toulon. |
Le fort de la Colle
Noire au Pradet (1880). Le fort Colle Noire est situé au sommet de la colline à l'est du fort de la Gavaresse. Il est terrain militaire et fermé. |
C'est le fort principal. Situé à 295 mètres d'altitude il était armé par un peu plus de 100 militaires en temps de paix et jusqu'à plus de 320 en temps de crise. Batterie de bombardement, son artillerie comptait différents canons et mortiers de 220 mm (photo de gauche). Occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale, le fort Colle Noire s'est aussi rendu le 24 août 1944 non sans avoir été bombardé auparavant. Servant toujours à l'entrepôt de munitions après la guerre, une explosion en 1946 détruit une grande partie du fort. En 1949 une deuxième explosion ruine de nouveau le fort qui est alors abandonné. |
Les attentifs
auront remarqué plusieurs bornes octogonales, nous sommes bien sur des
emprises militaires. Et pour plus d'informations -
insoupçonnées - sur les bornes c'est ici. |
Forts de
la Colle Noire : la batterie de la Bayarde à Carqueiranne (1889-1890) |
Et
enfin le troisième fort celui de la Bayarde : situé à 145 mètres
d'altitude et à 650 m à l'est du fort
de la Colle Noire, la batterie était armée par
82 hommes et 3 mortiers de 270 mm. Racheté
en 1988 à la Marine Nationale
pour 250 francs (38 euros), la commune
de Carqueiranne alors le transforme en théâtre. |
Batterie
basse du cap Blanc Bénat |
Sur cette photo, 4 constructions au cap Blanc Bénat : tout en haut le sémaphore domine le phare, qui lui, domine l'ancienne batterie basse ; et devant l'ancienne batterie, un blockhaus dont on n'aperçoit que le toit. Mesurez l'envahissement de la végétation en comparant la photo et la vignette. Quelques annexes construites pendant la dernière guerre complèteront le dispositif. |
Ce bâtiment octogonal est situé devant le blockhaus, il accueillait un radar Seetakt FUmo 2 (détruit sur la vignette) . |
La
batterie de Mauvanne
Toulon subit l'occupation allemande pendant la
seconde guerre mondiale. L'armée d'occupation laisse de nombreux
vestiges, en particulier des blockhaus devant protéger les côtes d'un
débarquement des Alliés. Ci dessous, la batterie de Mauvanne à Hyères. |
Extrait
du site SUDWALL : Les
blockhaus sont
alignés en front au sud d'un fort
qui a été construit à la fin du XIX siècle. Ce fort, d’une centaine de
mètres de
longueur sur cinquante mètres de large, abritait en 1904 trois mortiers
de 270 mm Mle 1889 montés sur des plates-formes. Entre la première et
la deuxième pièce un puits de monte charge permet d’alimenter les
canons en munitions provenant du magasin inférieur. Ce dernier, dont
l’entrée est située en arrière des emplacements de tir, comporte une
galerie centrale desservant quatre salles voûtées en maçonnerie
affectée en tant que magasin aux amorces, magasin aux détonateurs,
d’atelier de chargement et magasin à poudre. Entre la deuxième et la troisième pièce se tient le magasin de combat bétonné ménagé dans la traverse, puis un peu plus loin se dresse une citerne, un second magasin et le poste de conduite de tir. Enfin une enceinte maçonnée en front de gorge assure la protection extérieure de la batterie. A la fin de la Grande Guerre la batterie de mortiers de 270 mm de Mauvanne à complètement été désarmée. Au cours du deuxième conflit mondial, les Allemands occupent de nouveau les lieux. Ils restaurent les installations nécessaires à la vie courante, notamment la citerne, construisent 5 blockhaus en ligne de front et une soute à munitions. (Merci à Frédéric pour ses précisions). |
4
blockhaus de la ligne de front. |
Pour bien comprendre le récit qui
suit, on voit
clairement les 5 blockhaus et surtout le fort construit à la fin du XIX
siècle. Extrait de "LES COMMANDOS D'AFRIQUE" du général Bouvet, article paru en 1966 dans la revue HISTORIA MAGAZINE 2EME GUERRE MONDIALE N°74 : "... J'apprend la présence à quelques centaines de mètres de la route, sur un terrain appartenant à l'actrice de cinéma Simon Berriau (le terrain de Mauvanne), d'une batterie côtière de la Kriegmarine, entièrement sous béton et entourée d'un champ de mines. Elle serait fortement occupée et est dominée par la crête que doivent enlever les américains. Il est donc normal, avant de poursuivre l'exploitation, de la faire reconnaitre par Ducourneau. Ce dernier ne devra, en aucun cas, l'attaquer. Or, à 15 heures, mon bouillant capitaine entrainé dans son élan, l'attaque par surprise. Avec son remarquable sens du terrain et son intrépidité, il la contourne, évite miraculeusement les mines avec une soixantaine d'hommes qu'il a pris avec lui. Il surprend la première casemate, enlève la deuxième, mais, un instant surpris, les allemands du poste de tir et des deux dernières casemates se ressaisissent. Le combat est violent, les corps à corps ne sont pas rares. Vers 17 heures, la situation de Ducourneau devient critique. Les chars maéricains me refusent l'appui que je sollicite (...). Je fonce pour le féliciter et l'attraper en même temps pour cette imprudence... Mes commandos, déchainés, poussent devant eux une centaine de colosses blonds, les mains derrière la nuque. C'est la moitié de la garnison de Mauvanne. L'autre est morte... Chez Ducourneau, une trentaine de pertes, dont 15 morts, mais les pièces d'artillerie de gros calibres sont tombées intactes entre nos mains et leurs gueules puissantes, sortant des embrasures, ne sont plus dangereuses pour l'escadre alliée. Je pénètre dans une casemate. Un grand corps allongé se soulève à peine à mon entrée. C'est le commandant allemand de l'ouvrage, un capitaine de frégate, étendu avec une horrible blessure au ventre ... Il me demande alors un dernier service : faire dire à sa fille en Allemagne que son honneur de marin est sauf. Il me félicite sur la valeur de la troupe que je commande et qui l'a vaincu. Je ne peux me défendre d'une profonde émotion devant cet ennemi qui sait mourir en soldat et en gentleman, et je lui fais rendre les honneurs devant ses hommes lorqu'il s'éteint sans une plainte, quelques minutes après ma visite. Comme je l'avais promis, je lui ai rendu le service demandé. Quelques 7 années plus tard, passant à Mauvanne, je n'ai pu résister au désir d'aller me recueillir sur la tombe de cet adversaire et, en entrant dans la batterie abandonnée et sans canon, j'ai recherché vainement, dans la végétation qui en couvre les pentes, la tombe du capitaine de frégate de la Kriegmarine ..." |
Blockhaus
au port de Miramar (La Londe les Maures) et à Port-Pothuau (Hyères). |
Blockhaus
de la pinède du Bastidon à La Londe les Maures |
Autour de
Giens |
Blockhaus de la plage de la Badine à Giens. |
Premier
des trois petits blockhaus que nous découvrirons au cours de cette
balade. Extrait du site SUDWALL : "Point fort italien en plein milieu
de la presqu'île de Giens ... composé de 4 blockhaus d'infanterie et de
quelques tranchées maçonnées datant de 1943" ... Suivre le lien pour en
savoir plus. |
L'ancien
phare à bain d'huile de la pointe d'Escampo Barriou date du XIX siècle.
Le site a ensuite été utilisé comme poste avancé pendant la seconde
guerre mondiale. |
Le
passage d'un sous-marin regagnant Toulon devant les petits blockhaus de
Giens ma rapelle à l'Histoire. Le 27 novembre 1942 les Allemands ont
envahi la zone libre et veulent s'emparer de la flotte française
consignée à Toulon. Cinq bâtiments réussiront à s'échapper, parmi eux, le sous-marin Casabianca. Son journal de bord rapporte : " 5h05, alerte au Klaxon ; ennemi sur les quais ; mitraillage ; sans perdre de temps, j'ordonne : "Larguez partout !" . 5h10 dépasse la Vénus prise dans un élément de la panne. 5h 25: devant un filet anti-sous marin ; le patron du remorqueur refuse d'ouvrir ; bombe ; le remorqueur commence à ouvrir la porte. 5h30 : barrage incomplètement ouvert ; franchi le barrage ; trois avions mouillent les mines par parachute à 100 mètres par babord avant ; plongée ; 5h 40 : route au 100 ; explosion de mines, diverses avaries intérieures" (extrait du site : L'épopée du Casabianca). |
Continuez cette découverte des fortifications autour de
Toulon avec le fort Balaguier, la tour Royale, le fort
de l'Eguillette ... |
De
très nombreuses fortifications datant d'époques différentes jalonnent
la côté méditerranéenne - ici un
blockhaus allemand de la dernière guerre - témoignent de l'intérêt
stratégique du cap Croisette à Marseille. |
Fortifications
du cap Morgiou |
Les
fortifications du cap Morgiou : la falaise naturelle est prolongée par
une muraille pour constituer un rempart d'accès aux deux batteries
situées de part et d'autre de l'extrémité sud du cap. Un troisème lieu
aux allures de carrière complète le thème. |
Quelques
incertitudes sur l'origine des premières fortifications : peut-être une
ancienne place forte destinée à lutter contre contre les incursions des
Barbaresques (XIV - XVIème siècle) ; 1614 comme autre année de
construction, ou encore un décret napoléonien de 1810 visant à se
protéger des attaques anglaises. |
Des
canons et des boulets ont été retrouvés sur le site, l'odeur de la
poudre a sûrement remplacé celle de la garigue à l'occasion de quelques
canonnades ... |
Batteries
de la Mouline et de Marseilleveyre |
Une
fois de plus, passage obligé par le site des fortifications françaises
pour lever mes interrogations sur les nombreuses batteries de la
Mouline et de Marseilleveyre. Il s'agit donc d'un "ensemble de
batteries napoléoniennes déclassées en 1874. La batterie de la Mouline (photo) conserve un parapet à peu près intact d'une épaisseur de trois mètres et d'une haute de deux mètres qui forme un arc de cercle de cinquante mètres de longueur derrière lequel on trouve encore les restes d'un joli pavement et les fondations de deux petits bâtiments. Beaucoup plus difficile à lire, la batterie est garde très peu de traces si ce n'est un petit morceau d'arc pratiquement arasé. Les pierres constituantes forment maintenant des murets derrière lesquels s'abritent quelques résidences de construction légère et récente." |
La
batterie de Croisette à Marseille |
Batterie
de Croisette, des Goudes ou encore "fortin des Goudes" ce petit fort
protégeait l'entrée est de Marseille du haut de sa colline à 78 mètres
d'altitude et grâce à 3 mortiers G de 270 de 1889. Le site
abandonné est malheureusement vandalisé et dégradé. |
Continuez avec : - Autour de la rade de Toulon : Balaguier, l'Eguillette, le fort Napoléon, la Tour Royale, le fort Saint Louis, le fort du Cap Brun ... - Entre Fabrégas et Saint-Mandier sur Mer : batterie du Bau Rouge, fort de Fabrégas, St Elme, Gros Bau, la Coudoulière... - Mont Faron : la tour Beaumont, Croix-Faron, Fort-Faron, Gd St Antoine, tour de l'Hubac, d'Artigues, Ste-Catherine et Lamalgue ... - Le fort de Six Fours, batteries de Peyras, Cap Nègre, cap Vieux ; poste de direction de tir de Montjoie ; fort de la Pointe de la Cride. - A l'est de de Toulon : les forts de la Colle Noire, la Gavaresse, la Bayarde et plus à l'est : au Cap Bénat et la batterie de Mauvanne. - Les 3 forteresses d'Evenos. |
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