« Depuis la restauration de l’aile ouest en 2020, l’ensemble des galeries est de nouveau accessible... » « 2021, retour à la lumière ! » B. me signale qu'une borne romaine est présentée à La Celle dans le cadre d'une exposition sur les villas romaines. C'est donc l'heure d'une redécouverte... Mon conseil : ne lisez pas ce qui suit, rendez vous directement à l'abbaye sans oublier de consulter le site abbayedelacelle.fr pour connaître les heures d'ouverture et le programme des expositions. |
La
patience a le succès en retour de l'attente.
On ignore l'époque de l'établissement des Religieuses de l'Ordre de Saint-Benoit, qui s'y enrichirent par les bienfaits des Princes & des Grands. La seigneurie de Cabasse, Garéoult, Camps, la Roque, Candumy & la dîme de Brignole furent réunies au Prieuré de la Celle dont le titre appartenait au Prieur conventuel & la Prieure claustrale de ce lieu. On comptait ordinairement cent religieuses, dont la plupart étaient de qualité. Deux ou trois Religieuses demeuraient auprès de leur Maison... Souvent elles eurent à se plaindre de la cupidité de leurs administrateurs. Charles II, en 1293, fut obligé de venir en personne à La Celle pour écouter leurs plaintes, & diminuer le joug de la domination des Moines. (Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs... Claude-François Achard - 1787). |
" Le monastère
bénédictin de La Celle, plus connu sous le nom d'Abbaye de La Celle,
est un monument emblématique de l'art roman provençal du XIIIe siècle.
Classé monument historique en 1886, le monument a été acquis en
1992 par le Département du Var. Il a fait l’objet de plusieurs restaurations majeures précédées de campagnes de fouilles archéologiques qui ont permis d'appréhender l'histoire du site et d’assurer l’exactitude des restaurations. L'édifice d'origine se composait d’un monastère double abritant des moniales et des moines, placés sous l'autorité de l'abbé de Saint-Victor de Marseille. Dans le monastère féminin, deux édifices se sont succédés. Celui que vous visitez aujourd'hui est une construction de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle, en remplacement d’un premier ensemble de la fin du XIe siècle. " Les commentaires sont principalement extraits des guides de visite "Abbaye de la Celle, monument médiéval remarquable" et "Expossition Villae Villas romaine en Gaulle du Sud" téléchargés sur le site abbayedelacelle.fr |
Des
expositions dans un
lieu d'exception.
Retour donc sur une histoire bimillénaire : « Avant l'abbaye : les Romains » " Le site du monastère est habité dès l’âge du Fer. À cette occupation gauloise, succède l’implantation d’une villa gallo-romaine dont l'activité principale était la production de vin. Son plan, très partiel, a pu être dessiné par la découverte des fondations des murs lors des fouilles archéologiques. L’activité de la villa sera importante du Ier au VIe siècle grâce notamment à la proximité de la voie Aurélia qui permet une activité commerciale. La production de vin se poursuivra jusqu’au VIIIe siècle avec des modifications dans l’agencement des bâtiments. " |
Statue de Vénus anadyomène (autre nom d'Aphrodite, déesse grecque de l'amour, du désir et de la beauté). Reproduction en plâtre teinté (original en marbre blanc). I - IIe siècle. Découverte à Pourrières (Var) lors des travaux agricoles à la Villa Rustica des Eyssalettes en 1886. L'original est propriété du musée Calvet d'Avignon. |
L'HISTOIRE DU
MONASTÈRE. La période de transition, qui
précède la
construction du premier
monastère, du VIIIe au milieu du Xe siècle, est une
période troublée par les conflits qui ravagent la région. Elle est très
mal connue à cause de la pauvreté des vestiges retrouvés. Le retour du
calme et de la croissance à la fin du X e siècle et la
structuration de la société autour de la religion chrétienne incitent à
la construction de nombreux édifices religieux, églises mais aussi
monastères. À partir des années 970, l’abbaye de Saint-Victor de Marseille se développe pour devenir l’ordre religieux majeur en Provence. Les donations qui lui sont faites sont nombreuses et en 1011, les moines victorins reçoivent de l'évêque de Cavaillon, Ingerand, des terres agricoles de l'ancien territoire de Brignoles sur lesquelles est érigée une église, dédiée à Sainte-Perpétue, à laquelle ils associent un prieuré. |
De la fin du
XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle, le monastère est
entièrement reconstruit, c’est celui qui est conservé aujourd'hui. En
600 ans d'existence un relâchement progressif apparaît dans
l'observance de la règle de Saint-Benoît et en 1660, Mazarin, alors
abbé de Saint-Victor, décide la fermeture du monastère et le transfert
des moniales à Aix-en-Provence. L’édifice connaît une lente déchéance et après le décès de la dernière moniale restée sur site, en 1692, les bâtiments sont transformés en exploitation agricole, activité qu’ils conserveront après la vente du monastère comme bien national en 1792. Sur la droite de l'entrée de l'abbaye, une plaque signale " Ici vécut Marcel Cervin, prieur de l'abbaye de La Celle. Il devint pape sous le nom de Marcel II - 1555 ". |
LE PRÉAU est
le nom médiéval donné au jardin du cloître. À La Celle il n’avait pas
de fonction utilitaire, il ne s’agissait donc pas d’un potager ou d’un
jardin de simples (plantes médicinales). Jusqu’au XIVe siècle il
a servi de cimetière aux moniales, puis il a été réservé à la
méditation et à la promenade. Il permet aussi d’éclairer les galeries
dans un environnement clos et sombre. |
La présence des
moines est attestée à partir de 1074, date à laquelle
apparaît le terme de cella, qui donnera plus tard son nom à la commune
de La Celle. A la fin du XI e siècle, une seconde église est
construite, dédiée à Sainte-Marie, ainsi qu’un monastère, pour
accueillir une communauté de moniales dont la présence est attestée en
1099. Le prieuré de La Celle s’affirme comme un monastère féminin
important qui accueille les filles des familles aristocratiques de
Provence et du Languedoc. |
"
Chacun connaît ce qui s'est passé au monastère de La Celle. "
(Maurice Delplace). Pas si sûr !
En 1660, " Pendant que la Reine était à Marseille (ndlr Anne d'Autriche, mère de Louis XIV, elle a profité de son voyage en Provence pour se rendre à Cotignac et à la Sainte-Baume), il arriva à Aix deux Religieuses du Val de Grâce de Paris, pour la reformation du Monastère de la Celle, en suite de la Sentence du Cardinal de Grimaldis Archevêque d'Aix, portant entre autres choses, que ce Monastère serait transféré à Aix, que les Religieuses qui voudraient transférence de l'ancien Monastère, seraient reçues dans la maison, où seraient logées les Religieuses du Val de Grâce : que défenses seraient faites aux anciennes Religieuses de la Celle de recevoir aucune Novices : & que quand le nombre des anciennes serait supprimé, ou par leur mort, ou par leur transfert volontaire au Monastère d'Aix, toutes les Reliques & rentes de l'ancien Monastère de la Celle seraient transférées au nouveau étably dans Aix. Aussitôt que ces Religieuses venues de Paris furent arrivées à Aix, trois de celles de la Celle se vinrent joindre à leur compagnie. Il est espérer que Dieu bénira cette œuvre. " (La chorographie ou description de Provence - Honoré Bouche - 1736). Monastère
fermé, Religieuses et rentes transférées à Aix ? Mais
que s'est-il passé à La Celle ?
|
LES GALERIES DU CLOÎTRE. 1852, "
Ce cloître assez restreint dans ses dimensions a, comme beaucoup
d'autres de cette époque, la forme d'un trapèze, 17,25 m. d'un côté et
17 seulement de l'autre. Ses diverses galeries ont été mutilées ; l'une
d'elles même, celle de l'ouest, n'existe plus ; elle a été comblée en
guise de terrasse et plantée d'arbres. Des trois autres, une seule est
complètement intacte " (Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire
et des arts de la France, M. Rostan - 1852). Ndlr, l'aile ouest sera la dernière
restaurée permettant l'accès à l'ensemble du site en 2020. Les galeries sont couvertes de voûtes en berceau scandées par des arcs doubleaux et s'ouvrent sur le préau par des baies géminées. Depuis la restauration de l’aile ouest en 2020, l’ensemble des galeries sont accessibles. Elles ont souffert de l’activité agricole et du prélèvement de pierres après la vente du monastère au XVIIIe siècle. Seules les baies géminées de la galerie nord ont été restituées dans leur intégrité en 1990. |
Les chapiteaux
des
colonnes sont composés de motifs végétaux et de moulurations complexes.
Les bases portent des griffes décorées de feuilles et, pour certaines,
d'un petit animal lové. |
" Chacun connaît
ce qui s'est
passé au monastère de La Celle. " La suite...
" Dans l'histoire de la Provence, il est fréquemment question de ce monastère, un des plus riches de la région, aux possessions très étendues. Alphonse 1er lui fit de nombreuses donations. Le 8 des Ides de Mai 1189, ce prince fit un présent important au monastère. En 1225, Raymond Bérenger étend sa magnificence aux religieuses bénédictines. Cette abbaye a servi de sépulture à de nombreuses Grandes Dames de Provence, dont Garsende, veuve d'Alphonse Il dont on a retrouvé l'épitaphe gravée sur pierre. Cette reine de Provence s'était retirée en 1225 à La Celle. On pourrait s'étonner de voir des religieuses embrasser la règle de Saint Benoît et de Saint Augustin. Le fait est courant à l'époque. Les religieuses étaient « confiées » à des moines du même ordre. " ... |
La salle du chapitre était un espace essentiel de la vie des moniales : c’est le lieu où se réunissait quotidiennement la communauté et où la prieure recevait les visiteurs de marque. Cette architecture correspond à une restauration réalisée en 1962, largement inspirée de la salle capitulaire de l’Abbaye du Thoronet datée de même époque et avec laquelle elle présente de nombreuses similitudes. La salle, achevée en 1228, mesure 8 m sur 12 m. Elle est divisée en deux vaisseaux de trois travées. Le voûtement sur croisées d’ogives est supporté par deux colonnes trapues dont les chapiteaux sont ornés de feuilles d’eau accompagnées de décors floraux, de croix pâtées, et de volutes. L'utilisation de l'ogive dans un bâtiment de style roman n'est pas contradictoire en ce début du XIIIe siècle. Sur le pourtour de la salle, les assises présentent des traces de l’arrachement des bancs sur lesquels venaient s'asseoir les moniales. À partir de la fin du XVIII e siècle, cette pièce servira de bergerie dans l’abbaye reconvertie en exploitation agricole. |
... " Chacun
connaît
ce qui s'est
passé au monastère de La Celle. " ...
En 1787, l'histoire se lisait entre les lignes : " Pendant plusieurs siècles la régularité soutint l'éclat du Monastère de La Celle. Mais dans le siècle dernier, les Religieuses s'étant fixées au nombre de 24, cessèrent de vivre en Communauté. Chacune avait sa Maison à part dans l'enceinte des jardins du Monastère. Elles résignaient leurs places à leurs nièces, comme si elles secouèrent toute dépendance, & vécurent pendant plusieurs années dans la plus grande liberté. " Christophe d'Authier de Sisgau, fondateur des Prêtres de la Congrégation du St Sacrement, résidant à Brignole, entreprit de rappeler ces Religieuses à leurs devoirs. " (Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs... Claude-François Achard). |
" Chacun connaît
ce qui s'est
passé au monastère de La Celle. " ...
" Ces moines devaient avoir leur demeure et leurs biens séparés. Mais les contacts étaient fréquents, très fréquents. Vers 1600 toute la noblesse de Provence envoie ses filles au monastère de La Celle : les Blacas, les Vintimille, les Castellane, les Barras, etc... Mais dans ce monastère on mène joyeuse vie. L'abbaye devient vite un rendez-vous galant. A cette époque, c'est courant dans tous les moutiers. Michelet raconte qu'à Pignans, la Prévoté reçu des nonnes, et en une seule année, seize déclarations de grossesses. Elles étaient « surveillées » par le noble chapitre des chanoines, lesquels étaient (coïncidence) seize aussi. Michelet conclut : « Ainsi nombre d'agriculteurs de Pignans sont connus pour être les enfants de la noblesse ecclésiastique de Provence ». ... C'est ce qui arrive à La Celle où nombre de galantes bénédictines et augustines se trouvent enceintes. On essaye d'étouffer le scandale, mais tout finit par se savoir. En France, il y a une réaction violente contre ces abus. Déjà le moine Urbain Grandier coupable d'inconduite dans le couvent des Ursulines est condamné à être brûlé vif (1634). La reine Anne d'Autriche qui se console de son veuvage avec Mazarin est attaquée violemment au moment de la Fronde. Dans un pamphlet de l'époque : « la pure vérité cachée », on peut lire une attaque acerbe contre la « reine » la plus grande du monde, pamphlet que je ne transcris point par respect pour nos auditeurs. " ... |
LES TERRASSES.
L’accès aux terrasses se fait par l’aile ouest dont la restitution a
permis de faire la jonction avec les autres terrasses pour une
circulation complète tout autour du préau. Au temps des moniales, celle
qui se trouvait directement au contact avec le dortoir a très
certainement été couverte car de nombreux empochements de poutres sont
encore visibles sur la façade. Au nord, le mur de l’église Sainte-Marie
conserve les vestiges des ancrages d’un escalier permettant d’accéder
au clocher octogonal surmonté d’un campanile provençal édifié au XIXe
siècle, et ceux d’un cadran solaire, dont seul l’emplacement
rectangulaire demeure sous la gouttière. |
" Chacun connaît
ce qui s'est
passé au monastère de La Celle. " ...
Toujours entre les lignes de 1787 : " On se moqua de ses sages avis : cependant, Marie de Croze, l'une de ces religieuses les plus dissipées, ayant ouvert les yeux sur la conduite, l'archevêque d'Aix seconda ses efforts, & obtint que la Maison de La Celle soit transférée à Aix... " (Description historique, géographique... Claude-François Achard). |
" Chacun connaît
ce qui s'est
passé au monastère de La Celle. " La fin.
" Paris se passionne pour cette histoire de l'Abbaye de La Celle, vraie abbaye de Thélème. Toute la noblesse de Provence, par les femmes est touchée. On en fait des gorges chaudes. Il faut prendre une décision. Mazarin et Anne d'Autriche profiteront de leur voyage en Provence à l'occasion de la signature du traité des Pyrénées, pour régler l'affaire. On ferme le monastère trop licencieux (1659) et ces dames sont transférées nuitamment à Aix-en-Provence où elles feront revivre l'esprit de leur ancien institut. Et depuis, le monastère abandonné est tombé en ruines. Mais il y flotte toujours un parfum indéfinissable... Ce même parfum qui fera appeler notre Provence « gueuse parfumée » par le « nain de Julie », le très illustre Godeau, évêque de Grasse. " (Bulletin de l'Académie du Var - Maurice Delplace - 1977). Ce récit et d'autres dans la même veine (très, trop...) me laissent plutôt perplexe, nous savons bien que ces histoires malsaines de lupanar plaisent trop pour ne pas cacher une intrigue. Heureusement, un heureux hasard me fait très opportunément rencontrer la médiatrice culturelle de La Celle quelques semaines plus tard, sa gentillesse et sa passion vont alors éclairer cette malheureuse histoire. Elle me précise que le monastère a certainement été victime de son succès, d'intrigues de successions seigneuriales et de sa richesse. Trop de jeunes filles, souvent immatures, avaient été accueillies à La Celle ; pas assez de place, il avait fallu pousser les murs et s'installer modestement autour du monastère. Quant au scandale, le dérapage fut provoqué par deux uniques religieuses dont la piété n'avait d'égal que leur jalousie et leur mortification. On pourra ici lire l'excellent " En flânant à travers la France - Provence - Les dames de La Celle" par André Hallays, éd 1903-1923, pour constater que l'intrigue a tristement fonctionné. " Lorsque les Religieuses furent toutes mortes ou congédiées en 1692, le Prieur de La Celle (Le Blanc) fit démolir leurs petites maisons & construit avec leurs matériaux un château... " (Description historique, géographique... Claude-François Achard - 1787). Quelques murs peut-être, un château, vous pouvez avoir de sérieux doutes. |
LE DORTOIR.
1852 " La partie du bâtiment claustral qui est encore debout appartient
actuellement au propriétaire de la maison priorale, qui l'a utilisée
dans son exploitation rurale ; elle est attenante à la galerie
orientale du cloître et renferme une grande salle au premier étage,
aujourd'hui convertie en grenier ; sa voûte, qui menace ruine, est
cintrée à berceau... Cette salle est éclairée par cinq fenêtre étroites
et cintrée en guise de meurtrière, au sud et au nord par une rose ou
oculus aujourd'hui bouché... " (Bulletin du Comité de la langue, de
l'histoire et des arts de la France - M. Rostan). Ndlr, l'oculus nord visible ci-dessus. Cette salle longue de 28,80 m et large de 8,20 m est la plus vaste du monastère, elle sert aujourd'hui aux expositions temporaires. Elle est voûtée en plein cintre et divisée en cinq travées par des doubleaux qui retombent sur des culots simples. C’est aussi la pièce la plus éclairée car elle comporte des ouvertures sur les quatre côtés. Nous disposons de très peu d’informations sur l'aménagement du dortoir ; il est cependant attesté que la prieure y disposait, en 1231, d'une chambre individuelle. Dans une dernière période, l’espace fut compartimenté afin de créer des cellules. |
L’ÉGLISE SAINTE-MARIE.
" Vendue pendant la Révolution comme immeuble national, ainsi que toutes les autres parties du monastère, elle a été rachetée par M. l'abbé brun, ancien curé de La Celle, qui a eu le mérite d'en assurer la conservation en la rendant au culte. " (Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France,M. Rostan - 1852). Consacré en 1056, cet édifice conventuel, aujourd’hui église paroissiale placée sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption, était à l’origine réservé à la communauté féminine qui s'y réunissait huit fois par jour pour les offices selon la règle de Saint-Benoît. |
![]() Au Moyen Âge, l'accès se faisait uniquement par le cloître, l'ouverture en façade date de 1816 lorsque l’abbé Brun, recteur de la paroisse, y rétablit le culte. À l'origine, trois portes ouvraient directement sur le cloître. La porte orientale, au plus près du chœur, était réservée aux moniales, tandis que la porte occidentale était utilisée par les novices. Entre elles, un troisième passage donnait accès, par un escalier aménagé dans l'épaisseur du mur, à une tribune aujourd’hui disparue. ... Garsende de Sabran, gouvernante et comtesse douairière de Provence, mère de Raymond Bérenger IV. La beauté de ce corps avait été chantée passionnément par le troubadour Elias de Payols, un gascon qui avait su si bien dire et si bien faire que ses poèmes troublants et la caresse de ses aveux lui avaient valu de belles terres au soleil de Provence, dans le terroir de Barjols. Devenue vieille, Garsende se retira dans l'abbaye bénédictine de La Celle qu'elle avait richement dotée, le 19 mai 1215. Les bruits de ce monde firent si bien silence autour d'elle que la date de sa mort ne nous est pas parvenue. Pourtant elle avait compté dormir jusqu'au jour du Jugement dans la tombe qu'elle s'était préparée et sur laquelle la représentation de la Résurrection de la Vierge était le symbole de ce qu'elle espérait. La Révolution et les antiquaires l'ont privée de cette dernière consolation. " ![]() "
Sarcophage
de Garsende de Sabran (vers 1180 - 1242)
comtesse de Provence. " Quelques réserves toutefois sur le fait que ce sarcophage ait effectivement servie au repos de cette comtesse provençale. Retrouvé vide, ayant un temps servi d'abreuvoir, il est revenu par héritage dans les possessions de La Celle (merci à la médiatrice culturelle de La Celle). "... représente la Résurrection de la Vierge. Celle-ci est étendue sur un lit en bois tourné. Sa tête repose sur un coussin dont on a rendu la broderie par un pointillé exécuté au trépan. Un pointillé semblable borde le drap de dessus et sert à nimber la Vierge et les personnages qui l'entourent. Près du chevet du lit se tiennent le Christ reconnaissable à son nimbe crucifère et deux apôtres, saint Pierre et peut-être saint Jean. Des anges, dont les grandes ailes sont à peine indiquées, tendent les mains ou balancent, au pied du lit, des encensoirs sphériques. Les trois premiers sont Michel, Gabriel et Raphaël, ainsi que l'indique une inscription, dont on ne peut plus lire que quelques lettres et qui est gravée sur le rebord de pierre qui encadre cette face principale. Le sarcophage ayant servi longtemps d'abreuvoir au bétail, le ruissellement de l'eau et les effleurements divers l'ont dégradé profondément. " (Sarcophage provençal du XIIIe s, M. de Dainville - 1925). |
" Je dois mentionner comme objets d'art qui y sont conservés, d'abord un christ sculpté sur bois, probablement d'origine italienne, et dont la tête, produit d'un autre ciseau que le reste du corps, est très-remarquable par le réalisme de son expression... " (Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France - Communication de M. L. Rostan, correspondant à Saint-Maximin, Var - 01/01/1852). Oui mais cette sculpture ne fut pas du goût de tout le monde et l'expression "Es lai coumo lou bouan diou de la cello" soit : "Laid comme le bon dieu de La Celle" devint vite un dicton vite répandu qui ne soignât pas la réputation de l'œuvre. Prenez le temps, prenez le temps, de vous arrêter devant ce Christ en croix. Amaigri, barbe courte, cette sculpture en bois peint date du XIVème siècle, une représentation pour le moins peu commune. |
Les fouilles archéologiques ont révélé de nombreux éléments sur son utilisation qui a duré plusieurs siècles. La cuisine médiévale réutilisait une partie du sol de béton antique, lié à l'installation de pressurage de la villa gallo-romaine, complété par un dallage. Les murs comportent des niches et des trous d'ancrage réalisés pour insérer des étagères. Une grande partie de l’espace était occupée par les foyers de cuisson disposés à même le sol. Ils y ont laissé des traces noires encore visibles, ainsi que sur le mur ouest. Vignette de droite : contre le mur mitoyen avec le réfectoire, une canalisation de blocs taillés amenait l'eau provenant de la source de Font Vieille. Vignette du centre : une fenestra, terme médiéval désignant un passe-plat, est aménagée dans le mur séparant la cuisine du réfectoire. Vignette de gauche extraite du film, à voir pour bien comprendre l'histoire du site. Ci-contre, côté
expo, reconstitution d'une cuisine de villa romaine.
|
LE RÉFECTOIRE. Située dans
le prolongement de la cuisine, cette salle était également effondrée.
Son déblaiement a été suivi d'une fouille archéologique en 2011-2012.
Selon un dispositif canonique, le réfectoire est édifié dans l’aile
opposée à l’église. Ce vaste espace de 23,40 m sur 6,90 m est percé au
sud par cinq baies de même facture que celles du dortoir et de la salle
capitulaire. La voûte en plein cintre, divisée en trois travées
soutenues par deux arcs-doubleaux, a été totalement restituée en 2014. Des banquettes maçonnées s’appuient sur trois côtés. Dans la partie orientale, la banquette surélevée marque les places réservées à la prieure et aux sœurs ayant des charges spécifiques. Les dimensions du réfectoire (162m² ) renvoient à des volumes propres aux grandes fondations monastiques régionales pour accueillir l’ensemble de la communauté lors des repas. En 1227, l'abbé de Saint-Victor limita à cinquante le nombre de moniales de La Celle et ce chiffre a probablement dicté les dimensions du réfectoire et du dortoir. En sortant du réfectoire, les dalles de couleur beige indiquent l'emplacement du lavabo circulaire du monastère primitif qui servait aux ablutions des moniales. D’un diamètre intérieur de 4,20 m, il a été rasé lors de l'agrandissement de la nouvelle galerie du cloître. À l’angle sud-est de la galerie du cloître, un escalier en bois ou une échelle meunière, aujourd’hui remplacé par un escalier métallique, conduisait à une porte ménagée sous la voûte pour accéder au dortoir. |
SARCOPHAGE DIT DE "SYAGRIA".
Reproduction en plâtre (original en marbre balnc). L : 2,20 m - H :
0,83 m. IIIe siècle après JC (remployé au VIe siècle). Mentionné par
N-C Fabri de Peiresc en 1626 à La Gayolle (La Celle, Var). Nous
l'avions déjà croisé au Palais des comtes de Provence à Brignoles, vous
pourrez donc suivre le lien pour plus d'informations. |
Côté
exposition, à découvrir plus largement ICI.
De nombreux objets exposés permettent de découvrir les cultures produites comme le vin et l’huile mais aussi les céréales et le textile. Le parcours de l’exposition entraîne ainsi le public à la rencontre de ces villae dont le rôle illustre l’adaptation de la population gauloise locale au mode de vie romain. De nombreux objets découverts à travers la Gaule romaine méridionale jalonnent cette exposition. |
Maquette de la villa Pardigon 3, Cavalaire sur Mer, Var. Propriété du centre archéologique du Var. |
LA
borne romaine
de Néron, découverte en 1745 entre Brignoles et Tourves. Double intérêt
pour
cette très jolie borne : une de + pour "la collection" et le fait de la
relier à Omer de Valbelle, notre bien-aimé gentilhomme, qui l'avait un
temps placée dans le parc de son château de Tourves. Suivez les 2 liens pour
des informations complémentaires. |
Mosaïque des
trois Grâces et de Dionysos, Vinon sur Verdon. A découvrir plus largement ICI |
On en profite
pour faire le tour du village tourné vers son église et pas vers un
castrum comme régulièrement. Au Moyen-âge, ces bourgs sont le plus
souvent
détenus par des monastères qui jouent le rôle de suzerains et qui
abritent dans leur dépendance une population laïque cherchant une
protection. |
" On a prétendu
que le village de la Celle a été ainsi appelé, à cause des cellules que
renfermait le monastère. Il est probable, comme l'indique le manuscrit
que nous avons sous les yeux, que ce village n'a été construit que
postérieurement à la fondation de cet établissement, mais la vallée
dans laquelle il est assis paraît avoir, toujours porté le nom de la
Celle. " (Statistique du département du Var - N. Noyon - 1846). |
Le lavoir. Il
faut attendre le XIXe siècle et les préoccupations hygiénistes de
cette période pour que la quasi-totalité des villages provençaux,
incités par des aides financières de l’Etat, se dotent de lavoirs
publics. En 1869, la commune de La Celle fait construire le sien, couvert, permettant ainsi aux femmes du village de laver leur linge debout et à l’abri des intempéries. L’utilisation de ce lieu de partage domestique est régie par des règles édictées par la commune. A La Celle, une journée par semaine est consacrée au lavage du linge de travail des mineurs, rougis par la bauxite des mines dans lesquelles ils travaillaient. |
Et pour les gastronomes, détour par l'Hostellerie, restaurant étoilé (éd 2021). " Le général de Gaulle appréciait sa terrasse ombragée, cernée d'impressionnants cyprès centenaires. " Maurice Beaudoin - Le Figaro - 14/09/2018) - il y aurait séjourné trois fois, profitant de ces séjours pour y écrire une partie de ses mémoires. |
Quelques-unes de ces pièces sont très-curieuses ; la dernière est le journal d'une religieuse commencé en 1789, intéressante et naïve relation de tout ce qui s'est passé dans le couvent aux derniers moments de son existence, et où sont enregistrés jour par jour les événements qui ont précédé sa suppression. On n'y peut lire sans émotion le récit de la sortie des religieuses ; les dernières se retirèrent le 14 mars 1792 ; Tous ces détails, racontés avec exactitude et simplicité, arrachent les larmes des yeux. Le journal continua néanmoins quelque temps encore après la sortie, du couvent, jusqu'au 22 septembre 1793, jour où les religieuses firent entre elles le partage des dernières dépouilles du monastère que la révolution avait épargnées ; alors le journal cessa, et la religieuse qui l'écrivait le termine en demandant à Dieu la grâce de pouvoir le recommencer bientôt. " (Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France, M. Rostan - 1852). Les restaurations se succédaient... J'attendais le jour
d'une renaissance prometteuse... Promesse tenue : " Rerour à la lumière
".
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