2 - Un
usage de l'eau. La source, le canal, le béal, le bassin, le lavoir, la resclave, la fontaine, le jardin, la martelière, la noria, l'éolienne, la serve, la citerne, le moulin, le puits, la récavade, le sacré, le thérapeutique, le divinatoire, le miracle, l'ex-voto, la glace, le barrage, l'aqueduc. |
Le rapporteur du projet de code rural disait au sénat, dans
la session de 1837 : « Les eaux, suivant qu'elles sont abandonnées à
elles-mêmes, ou qu'elles obéissent à une direction intelligente,
deviennent, personne ne l'ignore, un élément de destruction ou de
richesse, arrêtent ou activent la végétation, ravagent ou fécondent les
campagnes, exhalent des miasmes pestilentiels ou contribuent
puissamment à la salubrité publique. Ces observations étaient le fruit
d'une longue expérience ... » (Du régime des eaux en Provence, avant
& après 1789 : d'après les lois et décrets, règlements, arrêts et
usages locaux - Léopold Seguin - 1862). |
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Marcel Pagnol passait ses
vacances au village de La Treille
situé à l'est de Marseille au pied du massif de l'Etoile. Il y a
aussi écrit et
tourné certains de ses films, dont Manon des Sources. A gauche, la fontaine de la Treille, et en vignette, une image extraite du film ; le sermon du curé résonne encore dans les collines provençales pour rappeler les problématiques de l'eau : " Il sait très bien le Bon Dieu que vous êtes là parce que la source ne coule plus. Il y en a qui sont inquiets pour le jardin, d’autres pour la prairie, d’autres pour les cochons, d’autres parce qu’ils ne savent plus quoi mettre dans le pastis. Ces prières que vous avez la prétention de lui faire entendre ce sont des prières pour les haricots, des oraisons pour les tomates, des alléluias pour les topinambours, des hosannas pour les coucourdes. Allez, tout ça c’est des prières « Adolphines ». Ça ne peut pas monter au ciel parce que ça n’a pas plus d’ailes qu’un dindon plumé. " |
LA SOURCE. Au départ, la source. |
LE CANAL. L'eau
est un bien
provençal très précieux, elle est par conséquent très souvent canalisée
pour na pas se perdre, comme ici à Signes ... |
... ou encore à Carcès. |
LE BEAL. A Ollioules, le béal
canal des
arrosants, est
alimenté par plusieurs
sources captées à l'ouvert des gorges d'Ollioules : la source Allemand,
la source de Marc ... La
plus importante est celle de Labus dont la température des eaux
avoisinent les 20°C. Cette dernière marque aussi le début du canal qui
est d'abord souterrain sur 352 m (ci-dessus). LE
circuit de l'eau à ne pas manquer. " Le canton d'Ollioules n'a que très peu d'eau courante, et la plupart de ces petits cours d'eau tarissent au commencement de l'été. Les riverains ont le droit de s'en servir à leur passage sans établir de nouvelles œuvres et en rendant ensuite l'eau à son cours naturel. Ollioules possède seul plusieurs sources abondantes, qui réunies au peu d'eau de la rivière par des barrages et canalisées ensuite, servent à mouvoir des moulins à huile et à farine et à l'irrigation d'un grand nombre de jardins potagers. Celui, sur le fonds duquel coulent des eaux pluviales, a le droit d'en dis poser sans être obligé de les rendre à leur cours. " (Usages et règlements locaux ayant force de loi dans les arrondissements de ... Toulon, Var - 1886). |
LE BASSIN. Entre la source et le village : le bassin, ici celui de la Perdrix servit de décor à Claude Berri pour le tournage de Jean de Florette et Manon des Sources en 1986. " L'eau se mettait sous pression et formait ainsi une nappe captive qui alimentait le bassin par résurgence, et le bassin lui-même alimentait la fontaine au moyen d'un tuyau de fonte qui amenait l'eau jusqu'au village par gravité. Ugolin, lugubre, murmura ; " Oh oui ! C'est le cas de le dire ! Quelle gravité !" (Manon des sources - Marcel Pagnol). |
LE LAVOIR. " A Barjols, un règlement de 1641 accorde l'usage des eaux aux arrosants, du mercredi matin au jeudi matin et du samedi matin à l'heure de minuit du lundi. Le reste du temps, elles sont affectées au service des moulins. La distribution de l'eau était opérée par ordre et non par volume. Un nouveau règlement du mois de mars 1833 consacra l'état de choses suivi depuis un temps immémorial, et il a aussi divisé les eaux par nombre d'heures. " (Du régime des eaux en Provence, avant & après 1789 : d'après les lois et décrets, règlements, arrêts et usages locaux - Léopold Seguin - 1862). |
LA RESCLAVE. A Ollioules, la resclave de Bonnefont, ce barrage aménagé permet au béal de traverser un cours d'eau - ici la Reppe - sans perte de débit. |
La même resclave vue vers l'aval. Le pont de Bonnefont en arrière-plan, ainsi nommé en référence à une source "font" en provençal, ce quartier était autrefois constitué de jardins où l'on cultivait fruits et légumes. Le seigneur d'Ollioules y possédait le sien. |
LA FONTAINE.
L'indispensable et
incontournable fontaine du village, ici à Moustiers Sainte-Marie. |
A Brignoles. La plupart des villes et villages possédaient
leurs puits ou citernes dans la commune. |
LE JARDIN. Ollioules terres de
jardins
depuis le Moyen-Age. C'est vraisemblablement à cette époque que les
marécages furent asséchés pour être transformés en terres cultivables.
Chaque famille, notables et seigneur compris, possédait un jardin. Si
la production servait avant tout la consommation familiale, à
Ollioules,
la production était suffisamment excédentaire pour être en grande
partie vendue. On y cultivait le chou, l'oignon, la laitue ou le poireau très employés dans la cuisine médiévale. Ils devaient figurer en bonne place aux côtés des cultures méditerranéennes, olives, grenades, amandes et surtout la figue, qui fit la réputation d'Ollioules sur les marchés marseillais. |
Au
XIXe siècle, l'arrivée du chemin de fer va marquer un tournant dans
l'histoire d'Ollioules et aura deux conséquences : les productions vont
pouvoir être vendues plus loin et de nombreux paysans vont se lancer
dans la culture de la fleur fraîche, génératrice de plus de revenus ;
de nombreuses familles ollioulaises vont s'enrichir par ce nouveau
négoce. Le canal a alimenté en eau jusqu'à 93 propriétaires jardiniers et 7 moulins (farine et huile) ou usines. Les droits de quantité d'eau étaient comptés en minutes, 1 minute permettant l'irrigation de 54 m². Les 9052 minutes des 10 080 que compte une semaine étaient réparties entre les différents utilisateurs, les 1028 restantes servaient à recompléter les réservoirs. Un garde assermenté veillait au respect du règlement, il signalait à grand coup de trompe les ordres d'ouverture et de fermeture des trappes d'irrigation. |
Concernant l'arrosage à l'ancienne dans les parcelles. L'eau du béal était conduite aux planches de culture par des canaux de terre tracés à la trinque, sorte de houe dont le fer forme un angle aigu avec le manche. On libérait alors le flux d'eau vers les différentes cuvettes creusées entre deux lignes de culture en rompant les esparciers, sorte de butte de terre, grâce à un habile coup de trinque. |
LA MARTELIERE. La distribution de l'eau vers les différents canaux de dérivation était assurée par l’ouverture ou la fermeture de martelières, plaque en métal actionnées verticalement. |
LA NORIA. " Ce même matin, sortant de son
mas, et pressé d'admirer sa terre, le maître de la vigne voisine vit
ses fèves flétries et ses arbres grillés comme si quelque vent néfaste
avait soufflé durant la nuit. - Ils ont soif ! se dit-il. - Et vite, il attela sa belle jument blanche à la noria féconde qui, de mémoire d'homme, n'avait jamais tari. Elle était, cette noria, comme une idole sur son tertre, toujours peinte à neuf et luisante entre les bambous opulents. La jument, cependant, inlassable et docile, tournait sans s'arrêter. " (Bulletin de l'Académie du Var - 1926). |
Toujours à Ollioules,
la
noria ou, en provençal : posaraca, poussaraque, pousarac ... Ce
dispositif connu
depuis
l'Antiquité permettait
d'alimenter des bassins dont le niveau pouvait
être supérieur à celui du canal. Constitué par un chaîne munie de
godets en terre cuite, bois, ou zinc et actionnée par des engrenages,
la noria était activée par l'homme ou le plus souvent par un âne ou un
mulet. Celle que vous pouvez voir ci-dessus date du XIXème siècle. Elle permettait d'amener l'eau du canal vers les aires de lavage du blé situées en amont du moulin de Palisson. |
Noria du Jardin de oliviers à
Sanary sur mer. La noria permettait d'amener des volumes d'eau beaucoup
plus important qu'un simple puits armé d'un seau, c'était un besoin
indispensable aux grandes surfaces comme ici. Vous pouvez voir un
bassin devant la noria et la poutre à laquelle on attaché le bât de
l'animal. |
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L'EOLIENNE
A Ollioules, cette éolienne a retrouvé ces ailes grâce au travail des élèves de la section Ferronnerie du lycée Langevin de La Seyne sur Mer et au Groupe de Recherche sur le Patrimoine Ollioulais. " Installée pour puiser l'eau sur le domaine de la Castellane en 1930, elle a fonctionné jusqu’en 1963 puis a été motorisée par un moteur à essence. C’est une éolienne multipales Aéromotor américaine, fabriquée sous licence par les établissements Simon Plissonnier (Forges Plissonnier, fabricant d’instruments et de machines agricoles à Lyon). C’est une éolienne Eclipse munie d’une palette de régulation. Lorsque la vitesse du vent augmente, la palette pivote dans le sens du vent, la roue s’efface alors, par un système de contre-poids. La roue revient dans sa position initiale quand la vitesse du vent diminue. La conversion du mouvement rotatif se fait par l’intermédiaire d’un engrenage réducteur qui permet de ralentir le mouvement de la tige de la pompe à eau. Ce mécanisme est prévu pour imprimer à une tige de commande de pompe un mouvement de va et vient vertical qui aspire l’eau au fond du puits et le refoule à l’extérieur. Cette éolienne multipales est constituée de 6 sections comportant 3 pales chacune. Cela constitue une roue de 3,5m de diamètre avec 18 pales. " (Extrait du magazine "Ollioules Informations"). |
LA SERVE, bassin
de rétention et
de régulation. Toujours à Ollioules, ce grand bassin
ou serve était une réserve d'eau
destinée à l'arrosage. L'eau n'étant pas apportée à la parcelle de
façon continue, le but premier des bassins est de stocker l'eau afin
d'irriguer entre les temps d'arrosage officiels, décidés suivant un
calendrier précis. Vous pourrez voir d'autres serves à La Valette du
Var. |
LE BASSIN D'AGREMENT, ici au Muséum d'histoire naturelle de Toulon. |
LA CITERNE COMMUNALE.
Quand les sources et les puits
ne suffisent pas, des citernes communales sont construites, comme ici à
Trigance. Et pour les réservoirs monumentaux de la Cadière, la ligne de
puits et la citerne de Trigance, c'est ICI. |
LE MOULIN. Nous
arrivons au moulin de Palisson
... " La
possession des moulins
et des eaux, leur mise en produit et surtout l'équitable répartition
des eaux d'arrosage, étaient un objet de vive sollicitude pour les
magistrats consulaires. Les titres et les documents relatifs à ces
questions intéressantes existaient en très-grand nombre, mais ils se
trouvaient répandus dans une multitude de dossiers de procédure. "
(Bulletin trimestriel de la Société des sciences, belles-lettres et
arts du département du Var, 1863). |
Comme la plupart des
moulins d'Ollioules, celui de Palisson, mentionné au XVe siècle, est
un ancien moulin à blé. Cette céréale était peu cultivée sur le
territoire
de
la commune, elle était en grande partie achetée dans le moyen Var, dans
la vallée du Rhône ou de la Durance. Jacques Parisson,
coseigneur du Revest,
possédait la moulin au XVIe siècle et le louait à la ville en échange
d’une rente annuelle en nature, l'altération de son nom donnera le sien
au moulin : Palisson (Ollioules.fr). Le meunier, qui touchait une rente annuelle pour entretenir et faire fonctionner le moulin, habitait sur place et disposait d'un jardin privé. |
La force de l'eau fait
tourner une roue à cuillères qui entraîne une meule. Ecrasé entre les
deux
meules, le blé devient farine et son. Vous trouverez les horaires de visite sur le site de l'office de tourisme d'Ollioules et pour en savoir plus sur les moulins à vent, à eau, à huile ... c'est : ICI. |
RECAVADE.
Toujours à Ollioules, aux abords des ruines du Détras, sur le panneau
explicatif : "Bien visibles encore de nos jours,
plusieurs parcelles planes soutenues par des murs de restanques en
pierres sèches ont permis de pratiquer les cultures traditionnelles en
Provence, dites "au sec" : vignes, oliviers, amandiers et des céréales
pauvres : épeautre, seigle, sarrasin, ainsi que des légumes secs : pois
chiches, lentilles, haricots. Un éléments peu commun dans la partie
basse du vallon du vallon des fours à chaux est à remarquer : plusieurs
murs de restanques barrent son lit. Ces structures appelées récavades
avaient pour but de casser la force du torrent pendant les très fortes
pluies et de retenir les limons charriés par l'eau à cette occasion. Il
devenait possible d'y planter des légumes qui poussaient sans arrosages
jusqu'au mois d'été." |
Dans les collines
Pas de différence notable, on retrouve à l'écart des bourgs, des puits, des fontaines, des citernes, des moulins, des canaux ... |
Le Foulon à grains du parc Saint Pons à Gémenos est aussi un moulin à eau dont les meules était entraînées par la force hydraulique. Le bien nommé "chemin du blé" reliait Cuges les Pins au moulin, c'est aujourd'hui un chemin appréciait des randonneurs. |
Sur le plateau de Siou Blanc, aménagement permettant de
canaliser l'eau vers un réservoir (en bas à gauche). |
Bassin à Vins sur Caramy. |
SACRE & THERAPEUTIQUE. Les Saliens, habitants du magnifique site de Glanum, lui attribuaient des vertus thérapeutiques. D'abord simple bassin taillé dans la roche la source est couverte d'un édifice au IIème siècle av JC. Le bassin (à droite), accessible par un escalier, était alimenté par une galerie de captage. |
LE DIVINATOIRE.
La fontaine Nostradamus à Saint Remy de Provence. Fontaine Ancienne "La Fonte Vieio" érigée en 1814. Buste de Nostradamus par Liotard de Lambesc, 1859. " L'Histoire dans les mains de Nostradamus est souvent un conte de Cendrillon ou de la Barbe Bleue ; il lit plus d'une fois dans le passé comme son père lisait dans l'avenir ; mais ce que le prophète a de mieux que l'historien, c'est que le premier a écrit pour les grands et les petits, & que le second ne paraît avoir pris la plume que pour les Grands. Son histoire est cependant estimable par les recherches qu'elle contient. " (Essai sur l'histoire de la Provence - C-F Bouche - ed 1785). Nostradamus est né le 14 décembre 1503 à Saint Rémy de Provence et mort le 2 juillet 1566 à Salon-de-Provence. Il était, au choix, apothicaire, astrologue, charlatan, homme de sciences (de son époque !), praticien périodeute ou encore « grand médecin de la Renaissance, s’intéressait aussi à la géographie, la philosophie et à de nombreuses sciences. Conseiller et astrologue de Catherine de Médicis, il est surtout connu pour ses prédictions et prophéties, les "Centuries", qui, encore aujourd’hui, excitent toujours la curiosité. » Extrait du guide touristique de St Remy. Et en 1808, à propos de Nostradamus : " il abandonna la profession de médecin pour prendre le métier plus lucratif de charlatan. A force de lui entendre dire qu'il lisait dans les astres, on se le persuada, et ses prédictions en quatrains rimes eurent un succès prodigieux. C'était le siècle des astrologues : Paris seul en comptait plus de trente mille. " (Voyages en France et autres pays - voyage de Chapelle). |
MIRACLE & DEVOTION.
Miraculeuses et lieux de dévotion. A Cotignac,
la
source Saint Joseph, permet "un
grand nombre de guérisons ...
On s'y transporte avec un tel empressement que l'autorité municipale
doit intervenir. Des sommes abondantes arrivent de toutes parts.
L'administration les recueille, et bientôt une grande chapelle est
construite au lieu de l'apparition." Egalement à la Sainte Baume, la source Saint Sidoine aurait des "vertus oculaires", St Sidoine avait été guéri de sa cécité par Jésus. " Le manque de pluie, des sécheresses obstinées sont le fléau qui pèse le plus habituellement sur nos campagnes. Contre cette pluie on invoque, outre la Sainte-Vierge qui, je viens de le dire, est toujours la première protectrice du genre humain et à qui, dans cette circonstance particulière, les habitants de Besaudun adressent leurs prières sous le titre de Notre-Dame de populo, on invoque, dis-je, Sainte-Christine à Cuers, Saint-Sébastien à Rians, Sainte-Marthe à Mujouls, Sainte-Maxime à Callian et à Mons. " Saint Probace à Tourves ... (Bulletin de l'Académie du Var - 1849). |
Ex-voto - Selon le vœu
! Rendez-vous (à ne pas manquer) à
la collégiale
Saint-Paul
d'Hyères pour découvrir une série exceptionnelle d'ex-voto associés
à la mer, les naufrages, l'eau, les puits, les noyades ou encore la
chute de ce pauvre animal dans une noria à Hyères en 1882.
Heureusement, cette histoire s'est bien terminée, d'où l'ex-voto ! |
LE PUITS.
L'indissociable couple : puits et jas. |
LA CITERNE (l'aiguier). Citerne de Beaumissard ou de Frédéric sur les pentes de la Sainte Baume, elle alimente un jas situé plus bas. |
LA GLACE. N'oublions pas la production de glace
au nord de la Sainte Baume entre le XVIIe et le début du XXe
siècle. |
LE BARRAGE. Saint Cassien, Sainte Croix, Carcès, du Noyer, du Trapan, de Dardennes ou encore de la Verne (ci-dessus) ... Une série de lacs assure l'alimentation en eau d'arrosage et de consommation de la région. |
A Quinson, le barrage sert à la production d'électricité. |
L'AQUEDUC. L'aqueduc romain de
Fréjus est
l'aboutissement de 42 km d'aménagements, en effet, les Romains étaient allés capter l'eau à Montauroux et Mons pour
l'alimentation de Forum Julii, aujourd'hui Fréjus. Si la plus grande
partie de ce canal chemine sous terres quelques tronçons aériens sont
encore
visibles dont les arches Sénéquier, le pont de l'Esquine et
naturellement dans Fréjus. Souterrain, aérien, mais aussi enchâssé, pas de limite au génie romain, ce canal compte en effet l'herculéen et très impressionnant ... |
... Aqueduc de la Roche taillée à Mons.
" C'est dans le quartier de Beauregard que l'on voit ce fameux rocher d'une hauteur considérable, coupé en deux par les Romains, l'espace de quatre vingts pas en longueur et de cinq pas en largeur, pour continuer l'aqueduc des eaux de Siagne a Fréjus, qui commence un quart de lieue au-dessus. Je l'ai vu avec admiration. On l'appelle Roque-Taillade. On remarque un arc vers le milieu, qu'on laissa expres dès le commencement, de peur que les deux cotez ne vinssent à se joindre en s'éboulant. Il est d'une qualité très-dure, et se trouve situé au bord d'un précipice au bas duquel la rivière de Siagne coule à grand bruit. Il était impossible aux entrepreneurs de l'éviter. On employa pour cela non-seulement le fer, mais encore le feu et le vinaigre, à ce que j'en ai pu juger. Les coups de marteau paraissent très distinctement dans les deux cotés de Roque-Taillade, coupée à diverses reprises, et d'une manière à faire juger que ce rocher avait été amolli de la fàçon que je viens de dire. Cette ouverture étant faite, on construisit le canal au niveau du reste dans le fonds. Ce canal subsiste encore dans toute la longueur de l'ouvrage, et se montre à l'entrée et à la sortie du rocher. " (Description historique du diocèse de Fréjus - Jacques-Félix Girardin, Joseph Antelmy - 1872 ). A trois quarts de lieue de Fréjus, d'énormes tronçons de ruines commencent à poindre çà et là parmi les oliviers. C'est l'aqueduc romain. L'aqueduc neuf et complet était beau sans doute il y a deux mille ans, mais il n'était pas plus beau que cet écroulement gigantesque répandu sur toute la plaine, courant, tombant, se relevant, tantôt profilant trois ou quatre arches de suite à moitié enfouies dans les terres, tantôt jetant vers le ciel un arc isolé et rompu ou un contrefort monstrueux debout comme un peulven druidique, tantôt dressant avec majesté au bord de la route un grand plein cintre appuyé sur deux massifs cubiques et de ruine se transfigurant tout à coup en arc de triomphe. Le lierre et la ronce pendent à toutes ces magnificences de Rome et du temps." Victor Hugo Carnets - octobre 1839 Le superbe aqueduc, que les Romains avaient construit pour conduire les eaux de la Siagne à Fréjus, traverse la terre de Beauregard. On en voit les vestiges à Roquetaillade, c'est le nom que l'on a donné à un rocher taillé à plus de 20 pieds de profondeur & à 15 environ de longueur. L'aqueduc traverse ce rocher. Lorsqu'on considère les travaux des Romains en Provence, l'on admire combien ils ont dû employer de temps & quel devait être le nombre des ouvriers. (Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs ... Claude-François Achard - 1787). |
LE CANAL. Terminons ce circuit
avec
le canal de Provence qui sécurise l'alimentation en eau de la Provence.
" Avec ses 5 000 kilomètres de canaux et de canalisations, la Société
du Canal de Provence mobilise des eaux issues essentiellement des
réserves du Verdon qu’elle transporte, puis distribue dans les
départements des Bouches-du-Rhône, du Var, des Alpes-de-Haute-Provence
et de Vaucluse. " (Société du Canal de Provence). Après c'est la mer,
l'évaporation, le robinet ou la nappe phréatique. |
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